Comme, parfois, le bonheur et la solitude ensemble :
jardin d'école abandonnée à la friche. Une vieille pompe qui tire de l'eau rouillée. Quelques légumes persistants dans les grandes herbes ( poirée, scorsonères), et des rosiers qui sont devenus des bouillées d'épines.
( James Sacré, Figures qui bougent un peu)
De quoi souffres-tu ?
De l'irréel intact
Dans le réel dévasté.
(René Char)
Deux poèmes, le premier par affection, le second pour l'humeur du jour :
I.
Si jamais tu reviens en terre natale
A pas lents comme un cheval dont le soir accroît la fatigue
Oh va dans ce jardin
Retrouver la rose méconnaissable
Le chrysanthème à la crinière de lion
D'immenses araignées volent avec des papillons
Comme dans les fièvres de l'enfance
Souris ou pleure mais ne crains rien
C'est l'ombre qui remue avant d'être nuit claire.
Georges Schehadé
II.
Un jour
il n'y avait personne à qui demander mon chemin
je suis allé dans la direction
indiquée par la longue branche d'un pin
le bon chemin.
Ko Un
Avec les fleurs du printemps, la lune d'automne,
la neige de l'hiver et la brise de l'été.
Si dans ton coeur il n'y a pas
le moindre souci,
Chaque saison sera la plus belle.
Wumen Huikai (1183-1260)
Dans la douceur du samedi matin,
On se grille quelques tartines de pain.
Plongées dans nos pensées
Nous laissons le pain brûlé.
Le détecteur de fumée,
nous ramène à la réalité.
Vu qu'on a plus d'idées,
On retourne se coucher.
Redrose et Phoenix
Citation de Phoenix73 #514254
🤣🤣🤣😍😍😍
Citation de Phoenix73 #514254
😂
tant pis pour le pain brûlé, mieux vaut se recoucher
Ce qui respire au fond de la parole c'est la fraternité. C'est elle qui nous réclame à grands coups d'air et de dé-solitude. Alors va pour la douceur, va pour la conspiration de douceur même, pour dissoudre au moins un peu, dans cette atmosphère si épaisse, les virilismes, et les coups, et les morgues, et les rentes.
(Marielle Macé)
Poème du jour...
Qu’il est doux de s’abandonner, dans les serres chaudes du despotisme, aux langueurs de l’asphyxie, tandis qu’un souffle léger murmure à l’oreille : « (…) Laissons-nous mollement porter par le courant qui berce nos rêveries. » — Ce courant-là porte au cimetière.
Blanqui🏴
Citation de Nujabes #514392
Augusto Blanqui? Tout un tour de la place de l'italie j'ai du faire pour le trouver ! 🤣🤣🤣
Citation de Coret #514393
Lui-même 🐼
En cette journée particulière, voilà le poème qui me vient :
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près, » dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil ; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’œil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il ; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Étends de ce côté la toile de la tente. »
Et l’on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb,
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses fils, douce comme l’aurore ;
Et Caïn répondit : « Je vois cet œil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « Je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit : « Cet œil me regarde toujours ! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Énos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des nœuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’œil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : « Non, il est toujours là. »
Alors il dit : « Je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit : « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre ;
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
Victor Hugo, "Conscience", in La Légende des siècles, 1859.
"Je demande la paix et la parole"
(Fragments)
J'écris
pour la défense du royaume
de l'homme et de sa justice. Je demande
la paix
et la parole. J'ai dit
"silence",
"ombre",
"vide"
etc.
Dire
"de l'homme et de sa justice",
"océan Pacifique",
ce qu'ils me laissent.
Je demande
la paix et la parole.
Ils m'appelleront, ils nous appelleront tous.
Toi, et toi, et moi, nous nous relayerons,
dans les tours à verre, avant de mourir.
Et ils vous exposeront, nous nous exposerons tous
être déchiqueté wham! pour une balle.
Tu le sais bien. Ils viendront
pour toi, pour toi, pour moi, pour tout le monde.
Et aussi
pour toi.
(Ici
Même Dieu n’est pas sauvé. Il a été assassiné.)
il est écrit. Votre nom est prêt,
trembler sur un morceau de papier. Celui qui dit :
abel, abel, abel... ou moi, toi, lui...
mais toi, Sancho Peuple,
tu prononces de larges syllabes,
des paroles permanentes que le vent ne porte pas...
Blas de Otero - contre le fascisme en Espagne
À fleur d’elle
À fleur d’elle je suis et je vais dans les effluves les plus passionnelles
de mon regard qui découvre et explore les contrées les plus belles
et de mes doigts qui délicatement apprivoisent chacune de leur parcelles
À fleur d’elle je suis et je vais dans la danse la plus pure et originelle
de ma bouche gourmande qui savoure la plus exquise des mirabelles
me laissant suavement griser par le nectar le plus exceptionnel
À fleur d’elle je suis et je vais dans cette douce ivresse intemporelle
de mon être tout entier qui se donne à cette quête des plus sensuelle
espérant qu’elle garde de nos étreintes charnelles des souvenirs éternels.
Copyrights: ©À fleur d'Elles-Rebellious-2024
En dépit des ruines et de la mort,
Où s'achèvera toujours chaque illusion,
La puissance de mes rêves est si forte,
Que de tout renaît l'exaltation
Et mes mains jamais ne restent vides.
Sophia de Mello Breyner Andresen
Je veux aller là-bas,
et j’ai dès lors
Confiance en moi et en mes talents de pilote,
La vaste nappe de la mer s’étend
Et mon vaisseau génois navigue vers l’azur.
Tout scintille pour moi, dans sa splendeur nouvelle,
Le midi sommeille sur l’espace et le temps — :
Et ton œil seulement — monstrueux
Me regarde, infinité !
Nietzsche
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Extraits de Dolmen
Echappé des fables
tu vas - chercheur d’eau -
sans demander où est la terre
archive de l’ici
mais va plus loin
où l’on tresse
et frappe
’- à même le sol -
le tambour des langues
INSTANTS
tu peux tenir longtemps ici
dans le cratère - dans l’inachevé -
seul
avec la parole et la graine
demeurer où il y a toujours à faire
seul avec l’absent
un visage à la cime des mots
LACUNAIRES
Thierry Mezt
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De Metz aussi:
Tout ce que je pense n’a peut-être plus d’importance. On dirait qu’il ne reste plus que les outils – que l’instrument.
Un instrument pour chercher.
Un instrument pour construire.
Mais je suis en direction de ce qu’il n’y a plus à comprendre, pour ainsi le comprendre, y laisser de l’écriture.
Le temps viendra
où, avec allégresse,
tu t'accueilleras toi-même, arrivant
devant ta propre porte, ton propre miroir,
et chacun sourira du bon accueil de l'autre
et diras : assieds-toi. Mange.
-
Tu aimeras de nouveau l'étranger qui était en toi.
Donne du vin. Donne du pain. Redonne ton coeur
à lui-même, à l'étranger qui t'a aimé
toute ta vie, que tu as négligé
pour un autre, et qui te connaît par coeur.
-
Prends sur l'étagère les lettres d'amour,
les photos, les mots désespérés,
détache ton image du miroir.
Assieds-toi. Régale-toi de ta vie.
Derek Walcott
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
(Extrait de La rose et le réséda, Louis Aragon)
Citation de Inframince #514778
Très beau.
Citation de Nujabes
🍀
Les murs renversés deviennent des ponts.
Angela Davis
D'Afrique et d'Inde et d'Utopie,
Dans l'entrebâillement de la porte, là,
Paraît ton présent, Pandora.
Parée pour ta Révolution,
(...)
Femme debout sur fleurs haut levées,
Ecarlates, écartelées,
Bien plantée, fermement campée
Dans la confusion de tes sangs.
Suzanne Dracius
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes.
Noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants.
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Extrait L'affiche rouge - Aragon Louis.
17 juin - Déjà les habitudes, la routine : les poignées de main quand on arrive, la gamelle à midi, le boulot comme une absence. Dehors : un soleil, des passants, le va-et-vient d'une circulation, des fleurs en pot sur une terrasse. Presque ríen. On entend à peine. On devine un mouvement, une rumeur, des pas. Qui est là, si près de nous? Si près du réel?
Où Aller?
Le vrai travail- peut-être - est de se simplifier. De dire le moins possible mais d'écouter beaucoup. Ne ríen emporter le matin, ne pas s'alourdir. Être grain pour revenir feuillage le soir. Retrouver la maison avec les mots ensoleillés de dehors.
Les oiseaux autour de nous ne laissent Pas des traces.
Thierry Metz
Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part.
Gustave Flaubert, Madame Bovary
Le Papillon
Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses
S'enivrer de parfums, de lumières et d'azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles
Voilà du papillon le destin enchanté !
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté !
— Alphonse de Lamartine
Citation de Nujabes #515154
Citation de Coret #515247
😍
Citation de Narikya #515295
🌼
(...)
Et tu es réelle et tu es présente, ô nuit
Mère des fleurs qui éclosent
Au vert soleil du matin
Je te sais mère de ceux qui sont seuls.
Patrice Kayo
Souvenez vous de vous méfier. Et même de l'évidence : elle passe son temps à changer. Ne mettez trop haut ni les gens ni les choses. Ne les mettez pas trop bas. Montez. Renoncez à la haine. Elle fait plus de mal à ceux qui l'éprouvent qu'à ceux qui en sont l'objet. Ne cherchez pas à être sage à tout prix. La folie aussi est une sagesse. Et la sagesse une folie. Fuyez les préceptes et les donneurs de leçons. Jetez ce livre. Faites ce que vous voulez. Et ce que vous pouvez. Pleurez quand il le faut. Riez. J'ai beaucoup ri. J'ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n'est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle
Citation de Farf #515931
👍👍👍
Le cerveau humain est une machine merveilleuse. Mais sa fonction première est de nous faire survivre dans la savane, pas d’inventer des systèmes politiques complexes.
J'ai arraché de moi
cette robe qu'était mon amour
toute tissée d'amour
le beau cadeau qu'il m'avait fait
je ne pouvais plus la porter
parce qu'elle était d'aube d'été
j'ai dû l'arracher de violence
si violemment
que mon coeur est resté dedans.
Charlotte Delbo