Songe à ce que serait pour ton ouïe,
toi qui es à l'écoute de la nuit,
une très lente neige
de cristal.
(Philippe Jacottet, Pensées sous les nuages)
La course, la vraie, est une écharde plantée dans la pelote du soleil, à l'aube, quand seules murmurent les chevilles enflammées par vingt années d'impatience et de fièvre, quand le corps se tend jusqu'à effleurer la paume ouverte du ciel avec cette sensation si douce de ne vouloir jamais, jamais, redescendre.
(Cécile Coulon)
La vie n'est pas toujours facile, de Maxalexis.
Titre : La vie n'est pas toujours facile.
Recueil : Libre de penser (2001)
Libre de penser, de rire et d'aimer,
Profiter des secondes de bonheur,
De paix, de joie et savoir décider,
Sans aucune crainte et sans peur :
Savoir dire non, oser et choisir,
Construire, entreprendre et bâtir.
Il suffit de si peu de chose,
Un peu de courage si j'ose.
La vie n'est pas toujours facile,
Mais il suffit de redresser la tête,
D'affronter certaines adversités,
Avec beaucoup de sincérité.
Suivre son cœur, ses pensées,
Ses choix et ses propres idées.
C'est alors et seulement ainsi,
Que l'on devient acteur de sa vie.
Il faut dans la vie savoir aussi,
Tendre la main à qui en a besoin,
Sans espérer un retour... ni rien,
Juste se dire que c'était bien.
Alors s'installe l'harmonie avec soi-même,
Et ainsi le monde parait presque parfait !
Maxalexis
Le droit d'auteur.
Source : https://www.mon-poeme.fr/poeme-la-vie-nest-pas-toujours-facile/
En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d'en faire autant. Nelson Mandela
Quand je te vois parmi les fleurs, amour,
près de la rivière, en mars au verger,
j’ai envie de me mettre à gazouiller
comme les rossignols le font toujours.
Comme les rossignols le font toujours,
j’aimerais en chantant jusqu’à l’été
te consacrer mon amour, t’implorer,
là où m’ont violenté tes amours.
Infiniment plus grand que ta stature,
en prenant dans les vergers une pomme
beaucoup plus grosse que ton appétit :
beaucoup plus insoumis à la capture,
vers toi je me rends, grâce à ton arôme,
infiniment plus petit que petit.
Miguel Hernández
Cette montagne a son double dans mon coeur.
Je m'adosse à son ombre,
je recueille dans mes mains son silence
afin qu'il gagne en moi et hors de moi,
qu'il s'étende, qu'il apaise et purifie.
Me voici vêtu d'elle comme d'un manteau.
Mais plus puissante, dirait-on, que les montagnes
et toute lame blanche sortie de leur forge,
la frêle clef du sourire.
(Philippe Jacottet, Pensées sous les nuages)
Nous arrivons demain à Rio et je pourrai enfin t’expédier une lettre. Je t’écris par un matin radieux. La mer est jaune et bleue et tout conspire à me faire regretter de la quitter. Il a pourtant fait très mauvais ces derniers jours : pluie, vent, grosse houle. Mais même ainsi j’aimais cette mer et j’ai passé de longues heures auprès d’elle. J’ai reçu ta lettre à Dakar et elle m’a accompagné jusqu’ici, m’aidant à vivre enfin. La nuit où je l’ai reçue est la première où j’ai dormi vraiment. La nuit de Dakar faisait d’ailleurs rêve éveillé.
(…)
Mais je crois que j’ai été un peu fou pendant tous ces jours. Je ne sais pas si tu as bien aperçu l’état dans lequel les derniers jours de Paris m’ont laissé. Je suis parti complètement égaré, avec le coeur tordu, et des couleurs à crier. Il me semblait que j’étais couvert de plaies, je ne savais plus où me cacher et m’abriter. J’attendais que le bien me vienne de toi puisque le mal m'en était venu. J’attendais cette lettre de Dakar et, bien sûr, je l’ai réclamée de façon déraisonnable.
Mais la raison…!
Lettre d’Albert Camus à Maria C., jeudi 14 juillet 1949.
"Sigismond :
– Qu’est-ce que la vie ? – Une fureur. Qu’est-ce que la vie ? –
Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes mêmes ne sont que songes. »
(Calderon de la Barca, La vie est un songe)
A Patrice Lumumba et au Che
Ils m’ont ouvert le ventre
en sont sortis des oiseaux
cent oiseaux multicolores
qui ont chanté l’amour de vivre
—
ils m’ont crevé les yeux
en ont jailli deux sources claires
deux sources fortes et vives
qui ont rafraîchi la terre lasse
—
ils m’ont arraché les ongles
et chaque fois une fleur s’ouvrait
pour qu’un papillon s’y posât
ou une abeille parfumée
—
alors ils m’ont coupé les bras
mes bras se sont dressés en terre
et ils ont vu deux cerisiers
les cerises rougissaient vite
—
ils ont aussi cherché mon cœur
l’ont piétiné l’ont saccagé
ils ont senti qu’ils s’enfonçaient
un lac naissait sous leurs pieds sales
—
ils sont partis fous de colère
terreur de me sentir partout si proche
et les oiseaux au-dessus d’eux
chantaient que je n’étais pas mort
Michel Ménaché, Pavés et Fenêtres, 1971
Poème que je racontais à mes enfants quand ils etaient petits :
"Marguerite, elle est belle la mer,
et le vent
répend ces essences subtiles de fleurs d'oranger
je sens
dans mon âme une alouette chanter
ton accent
Marguerite,je vais te raconter
une histoire:
C'était un roi qui avait
un palais de diamants
une tente faite de jour
et un troupeau d'élephants
un kiosque de malachit
une grande cape de brocart
et une gentil petite princesse
si jolie,
Marguerite,
Aussi jolie que toi
[...]
Marguerite,elle est belle la mer,
et le vent
répend ses essences subtiles de fleurs d'orangers
Ton souffle
Maintenant tu vas être si loin de moi,
gardes, ma fille, une gentille pensée,
pour celui qui un jour a voulu te raconter une histoire."
Long poème de Rubén Darío
Mes villages ont peur de l'ombre
Mais l'ombre les prévient
Avant de les habiller de nuit
Une mère avive le tison pâle
Un enfant ramène les chèvres
Un père bénit le soir hésitant
Et l'ombre mord un pan du village
Si doucement que la peur s'estompe.
Malick Fall
"Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !"
Cyrano de Bergerac
Cette lumière, ce feu qui dévore,
Ce paysage gris qui m’accompagne,
Cette douleur pour une seule image,
Cette angoisse de ciel, d’heure et de monde,
Toutes ces larmes de sang qui décorent,
Torche glissante, une lyre sans âme,
Et ce poids de la mer qui vient me battre,
Et ce scorpion qui le cœur me remord
Sont guirlande d’amour, lit de détresse,
Où sans rêver je rêve ta présence
Parmi les ruines de mon sein ouvert.
Mais j’ai beau tendre au sommet de prudence,
Ton cœur ne m’offre que vallées couvertes
De ciguë et passion d’amère science.
Llagas de Amor
Fédérico Garcia Lorca
Je vais vous dire trois métamorphoses de l'esprit : comment l'esprit devient chameau, comment le chameau devient lion, et comment enfin le lion devient enfant.
(...)
Ainsi parlait Zarathoustra.
Nietzsche
(Ce livre est ma Bible)
Chaque être perdu emporte une part de nous;
Mais un croissant subsiste,
Que les marées appellent, comme la lune,
Par une nuit troublée.
(Quatrain d'Emily Dickinson)
Tout au long de cette vie laborieuse
Il est des moments teintés de bleu
D’une beauté aussi immaculée que la violette
Que l’anémone,
Quand le printemps en jonche
Les méandres d’un ruisseau, faisant mentir
La meilleure des philosophies qui ne vise
Qu’à consoler l’homme de ses griefs
Thoreau
Une fille nue nage dans la mer
Un homme barbu marche sur l'eau
Où est la merveille des merveilles
Le miracle annoncé plus haut?
( Paroles, Prévert)
Toi qui règnes au-dessus du sable
Où s'enfoncent tes racines
De quel côté gardes-tu tes réserves
Dis-moi ce que tu engendres chaque jour.
Kine Kirama Fall
Dans le chaos des jours,
Les mots se cherchent
Comme des âmes errantes,
Et dans le tumulte des vies,
La poésie émerge
Comme une étoile dans la nuit
Frankétienne.
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l'oiseau
Ah bon
excusez moi je croyais qu'on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l'oiseau.
(Prévert, Paroles)
Toujours sur le même thème :
J'allais à l'école les pieds nus et la tête vide
Contes et légendes bourdonnant
Dans l'air sonore à hauteur d'oreilles
Mes livres et mes amulettes se battaient
Dans mon sac dans ma tête riche.
J'allais à l'école sur le flot de mes rêves
Dans le sillage millénaire des totems
Je m'installais à rebrousse-poil
Et ricanai aux dires du maître.
Tu vas à l'école ganté de bon vouloir
L'espoir disponible et le coeur léger
Prêt à subir toutes les humiliations.
Tu vas à l'école en compagnie d'Homère
Des vers d'Eluard et des contes de Perrault.
N'oublie pas Kotje à l'orée du sanctuaire.
Malick Fall
Tout passe et tout reste.
Mais notre mission c'est de passer,
De passer faisant des chemins,
des chemins sur la mer.
Jamais je n'ai cherché la gloire,
ni à laisser dans la mémoire
des hommes ma chanson;
J'aime les mondes subtils,
légers et gentils
telles des bulles de savon.
J'aime les voir se peindre
en jaune de soleil et écarlate, voler
sous le ciel bleu, trembler
soudainement et se briser.
Marcheur, tes empreintes sont
le chemin, et c'est tout;
Marcheur, il n'y a pas de chemin,
On fait le chemin en marchant.
En marchant on fait le chemin,
et en regardant en arrière,
on voit le sentier que jamais on n'empruntera à nouveau.
Marcheur, il n'y a pas de chemin
mais des sillages dans la mer.
Il y a lontemps, dans cet endroit
Où les bois s'habillent en épines,
la voix d'un poète se faisait entendre:
Marcheur, il n'y a pas de chemin.
On fait le chemin en marchant,
coup après coup, vers après vers.
Il est mort, le poète, loin du foyer,
recouvert de la poussière d'un pays voisin.
En s'éloignant, ils l'ont vu pleurer,
Marcheur, il y n'a pas de chemin,
On fait le chemin en marchant,
coup après coup, vers après vers.
Quand le chardonneret ne peut chanter,
Quand le poète est un pèlerin,
Quand il ne sert à rien de prier,
Marcheur, il y n'a pas de chemin,
On fait le chemin en marchant,
coup après coup, vers après vers.
Chanson de Serrat dediée à Antonio Machado
Elle leur disait que la seule grâce qu'ils obtiendraient était celle qu'ils pouvaient imaginer. Que s'ils n'étaient pas capable de la voir, elle ne leur serait pas donnée.
(Beloved, Toni Morrison)
Mon corps a changé de cours.
Je suis entrée dans le souvenir.
Là où la lumière ne sert plus.
J'avais laissé un chemin
de mie et de pain.
Mais j'ai cédé à ma tentation
j'ai appelé les oiseaux.
Natalia Litvinova
Et tu vas et viens après avoir embrassé mon village
En jouant avec la marée tu pars, en pensant revenir
Tu es comme une femme parfumée au goudron
Qui se manque et qui s'aime
Que se connait et se craint, oh
Si un jour pour moi la faucheuse vient me chercher
Poussez mon bateau à la mer avec un vent de l'est automnal
Et laissez la tempête arracher ses ailes blanches
Et m'enterrer sans pleurer
Entre plage et ciel
Sur le flanc d'une montagne plus haute que l'horizon
je veux avoir une bonne vue
Mon corps sera un chemin, je donnerai du vert aux pins
Et jaune à la géniste
Près de la mer parce que je...
Je suis née à la Méditerranée
Chanson d'Ana Belén
Bien que rien ne puisse ramener
L'heure de la splendeur dans l'herbe
De la gloire dans la fleur,
N'ayons point d'affliction
Cherchons plutôt la force
Dans ce qui subsiste après...
(William Wordsworth)
(...)
Comment pourras-tu flairer
l'essence des fleurs qui s'envolent
si tes gestes se dispersent
au tourbillon des vents fous ?
-
Rallume ton être
ton corps tout entier
au flux de ta mémoire.
-
Tu es déjà
le café que tu savoures
la chair que tu touches
le parfum que tu respires.
-
Tu es la vie
Tu es le souffle.
Frankétienne
[...]
A vouloir fuir le son,
Tu deviens son toi-même,
Spectre de l'harmonie,
Fumée de cri et plainte.
Tu viens pour nous apprendre,
Le long des nuits obscures,
La parole infinie
Sans haleine et sans lèvres.
Percé de milliers d'astres
Et gonflé de musique,
Où mènes-tu, silence,
Ta douleur surhumaine,
Douleur d'être captif
D'un tissu d'harmonie
Qui aveugle à jamais
Ta fontaine sacrée ?
Et tes ondes troublées
De pensées, tu entraînes
Aujourd'hui la poussière
Des douleurs anciennes,
L'écho de tous les cris
A jamais effacés,
Le tonnerre lointain
De l'océan, figé.
[...]
Élégie du silence. Federico García Lorca