Et vous quelle est votre poème du moment - Page n°2

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Agnodice
19/12/2022 à 23:11

Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux.

Je ne suis pas heureux et pourtant tu suffis.

Bougeoir ou météore, il n’est plus de coeur gros

ni d’avenir sur terre.

Les marches du crépuscule révèlent ton murmure, gîte de menthe et de romarin, confidence échangée entre les rousseurs de l’automne et ta robe légère.

Tu es l’âme de la montagne aux flancs profonds,

aux roches tues derrière des lèvres d’argile.

Que les ailes de ton nez frémissent.

Que ta main ferme le sentier et rapproche le rideau des arbres.

Ma renarde, en présence des deux astres, le gel et le vent, je place en toi toutes les espérances éboulées, pour un chardon victorieux de la rapace solitude.

(René Char)

Recueil: Feuillets d’Hypnos

Traduction:

Editions: Gallimard

Il y a bien longtemps (en Première L) une jeune Professeur de Littérature m'a fait découvrir ce poème que j'adore d'un poète admirable pour sa plume et son engagement.

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Ancien membre
20/12/2022 à 03:11

Citation de Agnodice #434982

Oui, J'aime beaucoup la musique des poèmes de René Char aussi !

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Visitoramus
03/04/2023 à 03:25 - 07/04/2023 à 00:06

"if" de Rudyard Kipling traduit en "tu seras un homme mon fils"

Je le trouve touchant et l'histoire derriere aussi

Mais ces derniers jours, j'ecoute beaucoup "if tomorrow starts without me" de David Romano. Je trouve interessant d'avoir le cheminement et la perspective du décédé, réconfortant celui qui reste; comme les etapes du deuil mais vues à travers les yeux de celui qui part.

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Ancien membre
08/09/2023 à 15:55

J apprécie sylvia plat :

"Mais je voudrais être horizontale.

Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre

Absorbent les minéraux et l’amour maternel

Pour qu’à chaque mars je brille de toutes mes feuilles,

Je ne suis pas non plus la beauté d’un massif

Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,

Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales.

Comparés à moi, un arbre est immortel

Et une fleur assez petite, mais plus saisissante,

Et il me manque la longévité de l’un, l’audace de l’autre.

Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,

Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.

Je marche parmi eux, mais aucun d’eux n’y prête attention.

Parfois je pense que lorsque je suis endormie

Je dois leur ressembler à la perfection —

Pensées devenues vagues..

Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.

Alors le ciel et moi converseront à coeur ouvert,

Et je serai utile quand je reposerai définitivement:

Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et les fleurs m’accorder du temps."

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Nujabes
21/05/2024 à 21:49

Ce n'est pas un poème à proprement parler; mais je considère ce passage comme tel :

"On ne vit pas dans un espace neutre et blanc ;

on ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier.

On vit, on meurt, on aime dans un espace quadrillé, découpé, bariolé, avec des zones claires et sombres, des différences de niveaux, des marches d’escalier, des creux, des bosses, des régions dures et d’autres friables, pénétrables, poreuses".

Michel Foucault

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Narikya
21/05/2024 à 22:44 - 21/05/2024 à 22:52

Un poème de Michèle Lalonde qui date d'une époque où l'indépendantisme québecois avait une dimension sociale et internationaliste :

Speak white

il est si beau de vous entendre

parler de Paradise Lost

ou du profil gracieux et anonyme qui tremble dans les sonnets de Shakespeare

+++

nous sommes un peuple inculte et bègue

mais ne sommes pas sourds au génie d’une langue

parlez avec l’accent de Milton et Byron et Shelley et Keats

speak white

et pardonnez-nous de n’avoir pour réponse

que les chants rauques de nos ancêtres

et le chagrin de Nelligan

+++

speak white

parlez de choses et d’autres

parlez-nous de la Grande Charte

ou du monument à Lincoln

du charme gris de la Tamise

de l’eau rose du Potomac

parlez-nous de vos traditions

nous sommes un peuple peu brillant

mais fort capable d’apprécier

toute l’importance des crumpets

ou du Boston Tea Party

mais quand vous really speak white

quand vous get down to brass tacks

pour parler du gracious living

et parler du standard de vie

et de la Grande Société

un peu plus fort alors speak white

haussez vos voix de contremaîtres

nous sommes un peu durs d’oreille

nous vivons trop près des machines

et n’entendons que notre souffle au-dessus des outils

+++

speak white and loud

qu’on vous entende

de Saint-Henri

à Saint-Domingue

oui quelle admirable langue

pour embaucher

donner des ordres

fixer l’heure de la mort à l’ouvrage

et de la pause qui rafraîchit

et ravigote le dollar

speak white

tell us that God is a great big shot

and that we’re paid to trust him

speak white

parlez-nous production profits et pourcentages

speak white

c’est une langue riche

pour acheter

mais pour se vendre

mais pour se vendre à perte d’âme

mais pour se vendre

+++

ah !

speak white

big deal

mais pour vous dire

l’éternité d’un jour de grève

pour raconter

une vie de peuple-concierge

mais pour rentrer chez nous le soir

à l’heure où le soleil s’en vient crever au-dessus des ruelles

mais pour vous dire oui que le soleil se couche oui

chaque jour de nos vies à l’est de vos empires

rien ne vaut une langue à jurons

notre parlure pas très propre

tachée de cambouis et d’huile

+++

speak white?

soyez à l’aise dans vos mots

nous sommes un peuple rancunier

mais ne reprochons à personne

d’avoir le monopole

de la correction de langage

+++

dans la langue douce de Shakespeare

avec l’accent de Longfellow

parlez un français pur et atrocement blanc

comme au Viêt-Nam au Congo

parlez un allemand impeccable

une étoile jaune entre les dents

parlez russe parlez rappel à l’ordre parlez répression

speak white

c’est une langue universelle

nous sommes nés pour la comprendre

avec ses mots lacrymogènes

avec ses mots matraques

+++

speak white

tell us again about Freedom and Democracy

nous savons que liberté est un mot noir

comme la misère est nègre

et comme le sang se mêle à la poussière des rues d’Alger ou de Little Rock

+++

speak white

de Westminster à Washington

relayez-vous

speak white comme à Wall Street

white comme à Watts

be civilized

et comprenez notre parler de circonstance

quand vous nous demandez poliment

how do you do

et nous entendez vous répondre

we’re doing all right

we’re doing fine

we

are not alone

+++

nous savons

que nous ne sommes pas seuls.

https://www.youtube.com/watch?v=sCBCy8OXp7I

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Inframince
27/05/2024 à 19:09 - 27/05/2024 à 19:15

Parle terre et bénis-moi d'abondance

fais couler le ciel melliflue depuis mes hanches

dressées comme des montagnes

sur une vallée ouverte

creusée par la bouche de la pluie.

Et j'ai su quand je l'ai pénétrée que j'étais

grand vent au creux de ses forêts

les doigts bruissant des murmures

le miel a coulé

de la coupe fendue

empalée sur une lance de langues

sur le bout de ses seins sur son nombril

et mon souffle

hurlant dans ses entrées

depuis des poumons de douleur.

Goulue comme un goéland

ou une enfant

je me balance fort sur la terre

encore et plus fort

encore.

(Audre Lorde, Love poem, 1973)

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Libra8
27/05/2024 à 20:28

Mémoire

La mémoire n'est pas seulement

dans la tête. Il est minuit,

tu as existé jadis, tu existes

encore, toute ma peau

aussi sensible qu'un oeil,

empreinte de toi

rayonnant contre moi,

allumette brûlée dans une pièce sombre.

(Margaret Atwwod, Laisse-moi te dire)

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Nujabes
28/05/2024 à 20:35

Mon eau n’écoute pas

mon eau chante comme un secret

Mon eau ne chante pas

mon eau exulte comme un secret

Mon eau travaille

et à travers tout roseau exulte

jusqu’au lait du rire

Mon eau est un petit enfant

mon eau est un sourd

mon eau est un géant qui te tient sur la poitrine un lion

ô vin

vaste immense

par le basilic de ton regard complice et somptueux

(Aimé Césaire)

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Narikya
28/05/2024 à 22:11 - 28/05/2024 à 22:12

Des nuages s'étirent, s'étirent irréels,

Entre les branches noires enlacés.

Tout l'hiver devant ma fenêtre, qui s'en va

Et la danse de lumière sur les crêtes lointaines.


Cet oiseau jamais aperçu !

Et le printemps et mon amour.

Mes yeux qui s'éclairent, mes lèvres qui éclosent,

Mon corps


Il fait très doux et très clair.

Le monde est calme autour, en tendresse.

Oh ! un moment, rien qu'un moment de calme pour

toute souffrance.

Car Dossie pleure les cris matinaux de ses enfants.


Du monde je ne vois qu'un rectangle bleu

Strié de noir luisant.

Les branches tendent leurs bourgeons au soleil,

Lèvres ouvertes, lèvres offertes.


Je n'entends que le chant de l'ami inconnu,

Le pas monotone d'un pion

Et mon amour qui pousse dans le silence

Du printemps.

Léopold Sedar Senghor

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Libra8
01/06/2024 à 09:57

moi, je remue la marmelade de prunes sur le poêle

avec la longue cuillère en bois de ma grand-mère,

je regarde le jardin, toujours le même à la fin de septembre,

je regarde la vie, toujours plus grande que nous

et je comprends qu'elle n'a pas de synonyme.

(extrait de Ciel à perdre d'Aksinia Mihaylova)

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Inframince
02/06/2024 à 14:20

Un texte qui ne relève pas du poème mais plutôt de la prose poétique. Il m'avait été proposé au collège sous forme de dictée et le sentiment de paix qui s'en dégage m'avait durablement impressionnée. Je constate que cet effet est resté intact.

"J'appartiens à un pays que j'ai quitté. Tu ne peux empêcher qu'à cette heure s'y épanouisse au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. Rien ne peut empêcher qu'à cette heure l'herbe profonde y noie le pied des arbres d'un vert délicieux dont mon âme a soif... Viens, toi qui l'ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose ! Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs, qu'un fruit mûrit on ne sait où, - là-bas, ici, tout près, - un fruit insaisissable qu'on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l'automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu'une pomme tombée vient de choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près...

Et si tu passais en juin, entre les prairies fauchées, à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais à leur parfum s'ouvrir ton cœur. Tu fermerais les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un muet soupir...

Et si tu arrivais, un jour d'été dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie.

Il y a encore, dans mon pays, une vallée étroite comme un berceau où, le soir, s'étire et flotte un fil de brouillard, un brouillard ténu, blanc, vivant, un gracieux spectre de brume couché sur l'air humide... Animé d'un lent mouvement d'onde, il se fond en lui-même et se fait tour à tour nuage, femme endormie, serpent langoureux, cheval à cou de chimère... Si tu restes trop tard penché vers lui sur l'étroite vallée, à boire l'air glacé qui porte ce brouillard vivant comme une âme, un frisson te saisira, et toute la nuit tes songes seront fous...

Ecoute encore, donne tes mains dans les miennes : si tu suivais, dans mon pays, un petit chemin que je connais, jaune et bordé de digitales d'un rose brûlant, tu croirais gravir le sentier enchanté qui mène hors de la vie... Le chant bondissant des frelons fourrés de velours t'y entraîne et bat à tes oreilles comme le sang même de ton cœur, jusqu'à la forêt, là-haut, où finit le monde... C'est une forêt ancienne, oubliée des hommes, et toute pareille au paradis, écoute bien car..."

(Colette, Les vrilles de la vigne, « Jour gris », 1908.)

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Coret
02/06/2024 à 19:20 - 02/06/2024 à 19:23

Ce n'est pas le poème du moment, sinon celui que je préfère pour sa force. Et il y a plus fort que la douleur?

C'est Elegía a Ramón Sijé, de Miguel Hernández de la génération du 27.

"Je veux être, en pleurant, le jardinier

de la terre que tu occupes et stérilises,

compagnon de l'âme, si tôt.

.

Nourrissant les pluies, les escargots

Et orgues ma douleur sans instrument,

aux coquelicots découragés

.

Je donnerai ton cœur en nourriture.

Tant de douleur s'accumule dans mon flanc,

...qu'il me fait mal de respirer.

.

Une gifle dure, un coup glacé,

une hache invisible et meurtrière,

une poussée brutale vous a mis à terre.

.

Il n'y a pas de plus grande étendue que ma blessure,

Je pleure mon malheur et ses décors

et je ressens ta mort plus que ma vie.

Je marche sur le chaume des morts,

sans chaleur ni réconfort de personne

Je vais de mon cœur à mes affaires.

.

Tôt le matin, la mort a pris son envol,

tôt l'aube s'est levée,

tôt on roule sur le sol.

.

Je ne pardonne pas la mort en amour,

Je ne pardonne pas la vie inattentive,

je ne pardonne pas à la terre ou au néant.

.

Dans mes mains, je soulève une tempête

de pierres, de foudres et de haches qui s'entrechoquent

assoiffée de catastrophes et affamée de désastres.

.

Je veux creuser la terre avec mes dents,

Je veux déchirer la terre

partie par partie avec des dents chaudes et sèches.

.

Je veux creuser la terre jusqu'à ce que je te trouve

et embrasser ton noble crâne

et te désaimer et te ramener

.

Tu reviendras dans mon verger et sur mon figuier :

sur le haut échafaudage de mes fleurs

Ton âme de ruche fera l'oiseau de ton âme de ruche

.

de cires et de labeurs angéliques.

Tu reviendras à la berceuse des grilles

. des fermiers aimants.

.

Tu éclaireras l'ombre de mes sourcils ,

et ton sang ira de chaque côté

disputant ta fiancée et les abeilles.

.

Ton coeur, déjà usé de velours,

appelle dans un champ d'amandes étincelantes

ma voix gourmande d'amant.

.

Aux âmes ailées des roses...

de crème d'amande je t'appelle,.. :

nous avons beaucoup de choses à nous dire,

compagnon de l'âme, compagnon"

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Nujabes
03/06/2024 à 19:14 - 03/06/2024 à 19:21

Jaune est le jour.         

Bleue est la nuit.        

Vert s’étend le monde.

Lumière et ténèbre s’épousent

dans l’obscur comme dans la clarté

La couleur révèle le cosmos,

les couleurs distinguent chose après chose.

Quand la pluie et le soleil

lassés des querelles des nuages

unissent encore le sec et l’humide

dans la noce des couleurs alors

brille le sombre autant que le clair –

et depuis le ciel rayonne en arc

            notre oeil, notre monde.

Hannah Arendt

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Inframince
04/06/2024 à 20:38

Sur une grande route, il n'est pas rare de voir une vague, une vague toute seule, une vague à part de l'océan.

Elle n'a aucune utilité, ne constitue pas un jeu.

C'est un cas de spontanéité magique.

(Henri Michaux)

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Libra8
04/06/2024 à 22:44

Compte tenu du peu de temps que nous disposons

pour vivre et penser aux choses, je consacre

un délai à peu prés correct à ce

        papillon.

(Il pleut en amour, Richard Brautigan)

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Nujabes
05/06/2024 à 19:39

Aspire soupire 

Meurs un peu

Doucement meurs

Agonise contre la pupille étends la jouissance

Double le mât gonfle les voiles

Navigue et cingle devers Vénus

étoile du matin

-la mer comme un vaste cristal étamé-

                   endors-toi naufragé.

Gioconda Belli

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Coret
05/06/2024 à 21:12

[...] Joie de vivre, tu es celle que je connais le mieux.

Sans vraiment m’en apercevoir, tu es mon amie depuis mon premier souffle.

Et grâce à toi je rêve et grâce à toi je chante, je danse et j’imagine.

Et grâce à toi je pleure, je bouge et je regarde mieux.

Joie de vivre, tu es l’enfant,

tu es le pur et tu es l’amour

Joie de vivre, tu es le clown

tu es la tendresse et tu es l’élan

La joie de vivre est un notre moteur et notre trésor.

Elle est ce qui nous rend souriant, généreux et bienveillant,

tandis que la peur nous sépare, la colère nous blesse, la tristesse nous isole.

Comme la nuit et le jour, nous sommes l’ombre et la lumière

Une palette de vives couleurs qui en nous demeurent

Ses contrastes et ses saveurs peuvent être étrangers à nos cœurs

A nous de trouver l’équilibre, pieds nus, sur le fil.

Sérénité je te respire,

Tu mêles toutes les couleurs et nous amène au blanc.

Tu es la lumière, la terre et le vent.

Je te cherche, je te trouve, te perds et te retrouve.

Sérénité je t’acclame, je t’apprends, je te partage,

et de gouttes de sueur en gouttes de pluie,

je me sens chaque jour un peu plus sage.

Emeline Verdu

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Llaho
06/06/2024 à 17:18 - 06/06/2024 à 17:18

Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur

Monotone.

Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l’heure,

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure

Et je m’en vais

Au vent mauvais

Qui m’emporte

Deçà, delà,

Pareil à la

Feuille morte.

Paul Verlaine. ( Entendu aujourd'hui 6 juin dans un taxi)

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Inframince
06/06/2024 à 19:40 - 06/06/2024 à 19:41

"Aimer ceux qui sont ainsi : quand ils entrent dans une pièce, ce ne sont pas des personnes, des caractères ou des sujets, c’est une variation atmosphérique, un changement de teinte, une molécule imperceptible, une population discrète, un brouillard ou une nuée de gouttes."

Gilles Deleuze

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Nujabes
06/06/2024 à 21:44 - 06/06/2024 à 22:23

Ne sachant pas lequel choisir de cette auteure, je mets les trois :

I.

Exaltation

de mon identité sereine

tu nargues le ciel

qui m’a donné la vie

tu nargues mes espoirs

et mes refrains passés

tu bouscules mon ventre

orgasme

au lendemain

de ma frayeur

tu es mon désir

sur l’eau vive.

II.

Tu es

le grain de sable

dans la machine

à faire le temps

Tu es

tam-tam puissant

balayant la savane

et nous n’aurons pas besoin

de foudre

pour tisser des soleils.

III.

Montre-lui

les cris des dessous de la terre

les étés accablants

et les pluies destructrices

apprends-lui

à retenir son souffle

à la cadence

des feuilles premières

retiens sa main

jusqu’au bout du chemin

qu’elle vainque elle-même sa peur !

Il faut accoucher

de l’enfance

cracher le venin

qui rompt ta violence

enlacer le présent

et partir sur les quais

la quiétude du fœtus

est la nuit de tout temps.

Dis-lui

les victoires parcourues

et les chemins de midi

dis-lui aussi

la senteur du petit matin

et le cœur à tout rompre

il n’existe pas

de lune sans éveil

pas de chant

sans touraco.

Véronique Tadjo

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Inframince
07/06/2024 à 20:16

Si une mouette venait

M’apporter le ciel de Lisbonne

Par le dessin qu’y trace son vol,

Ce ciel où le regard

Est une aile qui cesse de battre,

Défaille et s’abîme en mer,

Alors quel cœur parfait

Battrait dans ma poitrine,

Mon amour dans ta main,

Cette main où se logerait

Si parfaitement mon cœur.

Si un marin portugais,

Revenu des sept mers du monde,

Était, qui sait, le premier

À me conter ses découvertes,

Si un regard d’un nouvel éclat

S’enlaçait à mon regard,

Alors quel cœur parfait

Battrait dans ma poitrine,

Mon amour dans ta main,

Cette main où se logerait

Si parfaitement mon cœur.

Si, tout près de quitter la vie

Tous les oiseaux du ciel

M’apportaient dans cet adieu

Ton ultime regard

Ce regard incomparable

De toi, amour qui fut le premier,

Alors quel cœur parfait

Mourrait dans ma poitrine,

Mon amour dans ta main,

Cette main où battait

Si parfaitement mon cœur.

-

Gaivota (Mouette), chanson/fado interprété.e en portugais par Amelia Rodrigues sur un poème d'Alexandre O'Neill. Musique d'Alain Oulman.

https://youtu.be/bhagDjqN_ww?si=sHXrk79pdbnHbz12

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Nujabes
09/06/2024 à 19:36

Poème du soir :

(...)

Emportez tout, les haines, les amours.

Nous reviendrons foule sans nombre,

Nous reviendrons par tous les chemins.

Louise Michel

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Libra8
10/06/2024 à 08:43 - 10/06/2024 à 08:43

Le moine a quatre-vingt sept ans. Ses pieds n'ont

plus

de graisse pour se défendre des pierres.

Il a oublié son chapeau, plus large depuis quelques

années.

Près du ruisseau il voit une femme rencontrée

cinquante étés

plus tôt, toujours jeune fille pour lui. Une fois

encore ses mains

tremblent lorsqu'elle lui tend une timbale d'eau.

(Jim Harrisson, l'Eclipse de lune de Davenport)

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Inframince
10/06/2024 à 20:24 - 10/06/2024 à 20:25

Feu de sarments dans tes yeux feu de ronces sur tes joues feu de silex sur ton front feu d'amandes sur tes lèvres feu d'anguilles dans tes doigts feu de laves sur tes seins feu d'oranges dans ton cœur feu d'œillets à ta ceinture feu de chardons sur ton ventre feu de glaise à tes genoux feu de bave sous tes pieds feu de sel et feu de boue un incendie réel tout droit sur la falaise un faisceau de saveurs où je me reconnais

Mère ma ténébreuse.

(Jean Sénac)

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Coret
10/06/2024 à 20:45

Ils condamnent leur liberté

Avec le sourire de la trahison

Toujours ils vont s’agenouiller

Au temple en ruine de la raison

Que peuvent-ils encore espérer

À se soumettre de cette façon

Les hommes comme prisonniers

De leurs pensées sans horizon.

— Stéphen Moysan

La mort du romantique

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Inframince
11/06/2024 à 00:36 - 11/06/2024 à 00:36

Je viens de tomber là-dessus, toujours de Jean Sénac, irrésistible 😁 :

Je t’aime. Tu es forte

comme un comité de gestion

comme une coopérative agricole

comme une brasserie nationalisée…

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Llaho
11/06/2024 à 08:44

Devant la porte de l’usine

le travailleur soudain s’arrête

le beau temps l’a tiré par la veste

et comme il se retourne

et regarde le soleil

tout rouge tout rond

souriant dans son ciel de plomb

il cligne de l’œil

familièrement

Dis donc camarade Soleil

tu ne trouves pas

que c’est plutôt con

de donner une journée pareille

à un patron ?

Le temps perdu. Jacques Prévert

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Nujabes
11/06/2024 à 18:53 - 11/06/2024 à 18:56

Rebelle silencieuse

délicate comme de la dentelle

enrobée de lumière

ton corps doré-bourbier

du reflet de ta rivière

Hausser les ailes turquoises verdoyantes !

Tu veux exploser,

cracheuse du feu d’artifice !

Tu en as marre du tremblement incessant.

Dans ton âme amoureuse,

terminé le silence patient.

Ne voltige plus,

voler loin

caresser les vents du Nord

utiliser les nuages

pleurer tout ce que tu veux

hurler à faire peur.

Il faut prévenir La Terre

de la défaillance finale.

Plus jamais d’impitoyable loi de silence.

Chantonner, bourdonner, rigoler

jusqu’au retour à ta chère rivière.

Ta voix retrouvée

dans une sagesse transparente.

Chloe Douglas

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Coret
11/06/2024 à 20:47

Toi, vis, sois innombrable à force de désirs

De frissons et d'extase,

Penche sur les chemins où l'homme doit servir

Ton âme comme un vase,

Mêlé aux jeux des jours, presse contre ton sein

La vie âpre et farouche ;

Que la joie et l'amour chantent comme un essaim

D'abeilles sur ta bouche.

Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment

Les rives infidèles,

Ayant donné ton cœur et ton consentement

À la nuit éternelle.

Anna de Noailles



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