Poème du jour :
Comment, ce qui de l’un rend la mort légitime,
Pour l’autre, aux yeux des lois, cesse-t-il d’être un crime ?
(…)
Quelle main a tracé cet article barbare,
Qui des lois, par les lois, tout à coup nous sépare,
Consacre l’arbitraire, et, pour le même tort,
Accable le plus faible, excuse le plus fort ?
(…)
Souffriras-tu qu’au nom de l’honneur, du devoir
Un code, effroi du crime, en devienne
complice;
Que l’époux meurtrier échappe à la justice (…)
Constance Pipelet
J'imagine qu'une des raisons pour lesquelles les gens s'accrochent à leurs haines avec tellement d'obstination, est qu'ils sentent qu'une fois la haine partie, ils devront affronter leurs souffrances.
James Baldwin
"C'était la soif, la faim, et toi tu fus le fruit.
C'était le deuil, les ruines et tu fus le miracle.
Femme, femme, comment as-tu pu m'enfermer dans la croix de tes bras, la terre de ton âme.
Mon désir de toi fut le plus terrible et le plus court, le plus désordonné, ivre, tendu, avide.
Cimetière de baisers, dans tes tombes survit le feu, et becquetée d'oiseaux la grappe brûle encore.
Ô la bouche mordue, ô les membres baisés,
ô les dents affamées, ô les corps enlacés."
Pablo Neruda
On dit qu'avant d'entrer dans la mer,
Une rivière tremble de peur.
Elle regarde en arrière le chemin qu'elle a parcouru,
Depuis les sommets, les montagnes,
La longue route sinueuse qui traverse forêts et villages,
Et voit devant elle un océan si vaste
Qu'y pénétrer ne paraît rien d'autre
Que devoir disparaître à jamais.
Mais il n'y a pas d'autre moyen.
La rivière ne peut revenir en arrière.
Revenir en arrière est impossible dans l'existence.
La rivière a besoin de prendre le risque et d'entrer dans l'océan.
Ce n'est qu'en entrant dans l'océan que la peur disparaîtra,
Parce-que c'est alors seulement
Que la rivière saura qu'il ne s'agit pas de disparaître dans l'océan,
Mais de devenir océan.
Khalil Gibran
Citation de Farf #516241
C'est si beau, merci pour ce partage que je vais garder près de moi.
Citation de Lowe #516369
😌🙏
Citation de InframinceJames Baldwin#516050
🤲
Petit poème du soir :
On cherche
toutes les nuits
avec peine
au milieu de terres lourdes et suffocantes
ce petit oiseau de lumière
qui flamboie et nous fuit
dans une plainte.
Idea Vilariño
Très chouette !
C'était un soir d'une exquise transparence;
Le vin léger en abrégeait la présence.
Entre-temps, n'est-ce pas que le soleil las
S'était couché joue contre terre, là-bas?
Les collines, dans le zéphyr, ondoyaient.
Epée Au clair, la face de l'air brillait.
Bénissez ce lieu propice aux libations.
Ce séjour qui admet pour seuls compagnons
La voix d'une colombe, un Rameau qui ploie
Et le vin pourpre du soir que la nuit boit.
Al- Rusâfî - Les Almohades (1147-1223)
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.
Le cancre Jacques Prévert.
Hello !
Bon je vais commenter que maintenant le tapis. Et du coup j'ai attaqué la 1ère page. Mais j'aime beaucoup le poème de Khallil Gibran issu du recueil "le prophète". Le poème sur l'archer. Faut dire que j'ai longtemps fait du tir à l'arc du coup l'image me parlait. D'ailleurs à vérifier mais je ne serais pas étonnée que l'auteur ait pratiqué le tir à l'arc vu les images. Et en vrai je trouve l'analogie assez juste et ça rappelle que les parents ne possèdent pas leurs enfants, ne peuvent pas les contrôler mais ils ont malgré tout leur rôle à jouer. En tout cas la lecture du poème fut agréable pour moi 😀👍merci pour le partage.
Bon je n'ai pas vérifié si le membre qui a posté est toujours inscrit. Mais en tout c'est une bonne découverte.
"Pour moi, la poésie était un don. Elle était comme de l'eau qui jaillissait d'une source intérieure et que j'endiguais vers la page sans effort. Elle me semblait naturelle, de l'énergie émise par un organe de mon corps, sorte d'antenne olfactive, amoureuse, sensorielle, qui de temps à autre se chargeait d'électricité et laissait surgir un éclair d'illumination. Si j'avais en main du papier, une plume et autour de moi le silence quand le premier vers parvenait à ma conscience, cet éclair générait un poème".
Gioconda Belli
"Si nous sommes incapables d'aimer, c'est peut-être parce que nous désirons être aimés, c'est à dire que nous voulons quelque chose de l'autre : l'amour. Au lieu de venir à lui sans revendication et ne vouloir que sa simple présence"
M. Kundera
😌
"L'amour, je sais, est la seule réponse
et l'amant funambule
le seul danseur.
Lorsque l'amant tombe du fil
aujourd'hui,
le filet qui le reçoit
c'est notre prière,
non pas à l'inconnaissable de Dieu,
mais de l'un à l'autre - :
ce mortel qui tombe est notre frère!"
(Jimmy's Blues de James Baldwin)
J'attends
toi qui me connais
c'est pour toi
tu as allumé toutes les étoiles
toutes les lampes
et je sais
quand tout sera calmé
éteint dans le désespoir de la fatigue
tu arriveras
t'approcheras de moi par derrière
avant le premier cri d'oiseau qui réveille
tu t'approcheras
défaisant ta longue écharpe vert-pâle
tu es l'aube.
Gu Cheng
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants.
Aragon. L'affiche rouge (extrait)
Bleutée
Fragile
L'Illusion
Racole
Sur nos chemins de terre
Porteuse de risques et d'étoiles
Elle naît d'entre les dunes
Comble nos vides
Rachète nos chagrins
Si l'œil lucide
La traverse
Elle s'écroule
Essaimant voiles et chimères
Blessant le souvenir
Chute provisoire
En attente
Du prochain envol.
A. Chedid- L'Illusion
Il faudra encore une colline avec un chemin
En pente douce vers la mer
Un là-bas bleu qui brille entre les arbres
Il faudra encore des toits rouges
Des flamboyants, des camélias
Des roses avec toutes leurs épines
Le soleil qui croule dans la mer
Comme sur les chromos démodés
Des pays qui n'existent plus
Il faudra sous les platanes
Une terrasse d'ombre avec du vin
Je refuse de mourir de soif
Avant de disparaître
A qui pourrai-je donner
L'enfance qu'il me reste?
+++++++++++++++++++++
C'est dimanche
Et ces deux-là
Se promènent
Main dans la main
Dans la rue déserte
Et petite
Aux boutiques fermées
Il n'y a strictement
Ríen à voir
Que l'ordinaire
Du vide
Le temps qui passe
Et qui s'efface
De leur vie
Ils ne sont plus très jeunes
Mais c'est là leur dimanche
Ces quelques Pas
Dans la lumière
Et l'envie toujours
De se tenir
Par la main
Jean-Michel Maulpoix
Poème : Pour J.B-P
J'attends comme un fruit bientôt trop mûre
Que tu vienne pour la première fois me cueillir.
Moi, fragile et blessée, je t'aime peut-être trop
Mais toi, fière et distante, tu ne m'aimes pas assez,
Vierge de toi et dépourvue de toutes impuretés,
J'attends ce jour où tu décideras enfin de me cueillir.
L'automne puis l'hiver vont arriver à pas de géant.
Vais-je tenir ou périr terrée dans un coin délaissé ?
Je languis tes baisers, tes caresses, tes étreintes et même tes reproches,
Comme une enfant qui attend le passage de la petite souris.
Qu'ai-je fait pour récolter tant de froideur ?
Belle comme un pavot d'Himalaya qui illumine une zone montagneuse,
J'attends, frustrée, le coeur rempli d'espoir et sanglotant lourdement.
Quelle fée bienveillante exhaussera cette triste prière ?
Ce n'est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Ce n'est pas en sept fois
Ni en cent ni en mille
Ce ne sont pas tes erreurs
Ce ne sont pas tes triomphes
Ce ne sont pas tes années
Tes entailles ou ta joie
Ni en ce corps à corps
Que je saurai ton corps
Ce ne sont pas nos rencontres
Même pas nos désaveux
Qui élucident ton être
Plus vaste que ses miroirs
C'est tout cela ensemble
C'est tout cela mêlé
C'est tout ce qui m'échappe
C'est tout ce qui te fuit
Tout ce qui te délivre
Du poids des origines
Des mailles de toute naissance
Et des cloisons du temps
C'est encore cette lueur :
Ta liberté enfouie
Brûlant ses limites
Pour s'évaser devant
A. Chedid- Au fond du visage
Ici sur les pentes des collines, face au couchant
Et à la béance du temps,
Près des vergers à l’ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l’espoir
(...)
Si tu n’es pluie, mon amour
Sois arbre
Rassasié de fertilité, sois arbre
Si tu n’es arbre, mon amour
Sois pierre
Saturée d’humidité, sois pierre
Si tu n’es pierre, mon amour
Sois lune
Dans le songe de l’aimée, sois lune
(Ainsi parla une femme à son fils lors de son enterrement)
Ô veilleurs ! N’êtes-vous pas lassés
De guetter la lumière dans notre sel
Et de l’incandescence de la rose dans notre blessure
N’êtes-vous pas lassés, Ô veilleurs
(…)
Nos tasses de café
Les oiseaux les arbres verts
A l’ombre bleue, le soleil gambade d’un mur
à l’autre telle une gazelle
L’eau dans les nuages à la forme illimitée dans ce qu’il nous reste du ciel.
Et d’autres choses aux souvenirs suspendus
Révèlent que ce matin est puissant splendide,
Et que nous sommes les invités de l’éternité.
Mahmoud Darwich
tu arrivais encore tu arrivais déjà
ta silhouette découpe le noir
dans le noir de la rue et aussi
des almanachs
(Maud Joiret, Marées Vaches)
Agé de cent mille ans, j’aurais encore la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir: Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Desnos -Demain
Mini-pensée du soir :
"Comme si les chemins familiers tracés dans les ciels d'été pouvaient mener aussi bien aux prisons qu'aux sommeils innocents".
Albert Camus, L'Étranger.
"sais tu que les hommes ont peur que les femmes rient
d'eux
quand les femmes connaissent plutôt l'effroi de leur
propre et potentiel assassinat"
Maud Joiret, Marées vaches
Si quelqu'un t'embrasse cette nuit sur les yeux, voyageur,
Si les branches exhalent un doux soupir,
Si une petite main serre tes doigts,
t'étreint, te laisse, te resserre et s'en va.
-
Si tu ne vois pas cette main, ni la bouche qui embrasse
Si c'est l'air qui tisse l'illusion d'embrasser,
Oh voyageur, qui a les yeux comme le ciel
Dans le vent, confondue, me reconnaîtras-tu ?
Alfonsina Storni
Je crois que je…
Petit matin
Réveil câlin
Sourire divin
Soudain tes mains
Je crois que je…
Viens dans mes bras
Colle-toi à moi
Prends tout de moi
Ne te gêne pas
Je crois que je…
Plus de douleur
Finies les peurs
Que du bonheur
Dans la torpeur
Je crois que je…
Fenêtre ouverte
Le vent s’entête
Sur nos visages
Faut être sage
Je crois que je…
Défaire les nœuds
Ouvrir les yeux
Là sous la couette
Cacher ta tête
Je crois que je…
Un pied par terre
Mon dieu l’enfer
Nouvelle journée
Faut se lever
Je crois que je…
Regard charmé
Voire amusé
Toi au réveil
C’est mon soleil
Je crois que je…
Café ? Moi thé
Le déjeuner
Caleçon XL
Me donne des ailes
Je crois que je…
Ébouriffé
Senteur bébé
Vas-tu sourir ?
Vas-tu dormir ?
Je crois que je…
Effet café
Premier baiser
Bonjour amour
Demain, toujours
Je sais que je…
t'aime.
l'apologie de la différence est requise.
Que sont mes amis devenus ;
Que j'avais de si près tenus…
Et tant aimés.
Ils ont été trop clairsemés,
Je crois le vent les a ôtés.
L'amour est morte.
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte ;
Les emporta.
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre…
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver.
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte,
En quelle manière.
Que sont mes amis devenus ;
Que j'avais de si près tenus…
Et tant aimés.
Ils ont été trop clairsemés,
Je crois le vent les a ôtés.
L'amour est morte.
Le mal ne sait pas seul venir.
Tout ce qui m'était à venir…
M'est advenu.
Pauvre sens et pauvre mémoire ;
M'a Dieu donné, le roi de gloire.
Et pauvre rente…
Et droit au cul quand bise vente.
Le vent me vient, le vent m'évente.
L'amour est morte.
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte ;
Les emporta.
(Rutebeuf)
Pas un mot ne perce l'obscurcissement -
Pas un dieu ne lève la main -
Où que par ailleurs je regarde
La terre qui s'amoncèle.
-
Nulle forme qui se détache,
Nulle ombre en suspens.
Et sans cesse j'entends :
Trop tard, trop tard.
Hannah Arendt.
Citation de Nujabes #519032
Là où il y a la haine, que je mette l'amour,
là où il y a l'offense, que je mette le pardon,
Là où il y a la discorde, que je mettre l'union,
Là où il y a l'erreur, que je mette la vérité,
là où il y a le doute, que je mette la foi,
Là où il y a le désespoir,que je mette l'espérance
Là où il y a les ténêbres, que je mettre la Lumière
Là où il y a la tristesse, que je mette la Joie.
Que je ne cherches pas tant à être consolé qu'à consoler....
A être compris qu'à comprendre...
A être aimé qu'a aimer....
Relevons nos manches... Car c'est chaque petit geste que nous posons au jour le jour, dans notre pauvreté, qui relevra le monde.
l'apologie de la différence est requise.