Et vous quelle est votre poème du moment - Page n°6

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Mozartracks
14/09/2024 à 16:38

[ ... ] Cueillant des chrysanthèmes à la haie de l'est,

le coeur libre j'aperçois la montagne du sud,

dans les lueurs du crépuscule la montagne à fière allure,

les oiseaux qui volent ensemble y retournent

dans tout cela réside une signification profonde

sur le point de l'exprimer, j'ai déjà oublié les mots. »

Tao Yuanming (365-427), En buvant du vin (Traduction des éditions Moundarren tiré de l'ouvrage Tao Yuan Ming, l'homme, la terre, le ciel, 1987.)


"Oh, my stars ! If it isn't Steven Universe ! We finally meet !"

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Libra8
15/09/2024 à 11:37

"On viendra tard, la nuit,

Quand la nuit se sera couchée

Que de ses bras

Tomberont les lunes majeures

Et que d'elles naîtront

Les dimanches aux violettes."

Le Pilleur d'étoiles, Claude de Burine

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Nujabes
16/09/2024 à 19:21

(Il y a de bien jolies choses à lire ici dernièrement)

Ce n'est pas un poème du moment, sinon un parmi ceux que j'aime :


Doucement mon doigt prend ton pouls

gong répété

et je compte des millénaires de gestation

l'errance des continents

la goutte qui revient

ouvrant le passage à la mémoire

une profusion d'images de cet animal qui se dressant

le regard vers l'horizon jette la lance

écoute l'écho de son cri

-

Il y a dans tes battements les jours de pénuries

les accouchements sans fin peuplant le monde

les années ponctuelles de migrations et d'oublis

le piétinement des troupeaux

les rivières qui débordent

l'appréhension des fuites précipitées

(...)

les ascensions d'abrupts

la faim et la soif sous la canicule

le feu et la clepsydre

la pleine mer annonçant les nuits de naufrages

-

De ton sang me parviennent

les voix rauques des tambours

les empires bâtis sur l'échine esclave

les préludes de guerre et de mort

les sabots ferrés les crinières rutilantes

les messagers du dieu de la vengeance

Tes pulsations annoncent

les enclumes les marteaux

les engrenages les poulies

n'arrêtant pas de se multiplier

les rafales d'assauts

la respiration des survivants

le compte à rebours de la fin

le son

le silence

des foules s'aimant pour le dernier risque

les corps en mutation

qui cherchent l'accord

le passage vers l'infini.

Myriam Montoya

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Mozartracks
16/09/2024 à 19:47 - 16/09/2024 à 19:47

«Si les porcelaines de Xing peuvent être comparées à la neige, alors les grès de Yue sont comparables à la glace»

Lu Yu (733-804), Le Classique du thé

Et vous quelle est votre poème

Vase en porcelaine du début du VIIe siècle provenant des fours de Xing 💙


"Oh, my stars ! If it isn't Steven Universe ! We finally meet !"

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Farf
17/09/2024 à 07:10

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Eluard - La courbe de tes yeux

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Modération Bidule
17/09/2024 à 09:34

Citation de Farf #519214

Magnifique. Merci pour ce partage


Aller de fleur en fleur et ne prendre de chacune que le meilleur

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Ancien membre
17/09/2024 à 14:06 - 17/09/2024 à 14:08

Frères humains qui après nous vivez

N'ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, se pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tot de vous mercis.

Vous nous voyez cy attachez cinq, six

Quant de la chair, que trop avons nourrie,

Elle est pieça devoree et pourrie,

Et nous les os, devenons cendre et pouldre.

De nostre mal personne ne s'en rie :

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

.

Se frères vous clamons, pas n'en devez

Avoir desdain, quoy que fusmes occiz

Par justice. Toutesfois, vous savez

Que tous hommes n'ont pas bon sens rassiz;

Excusez nous, puis que sommes transis,

Envers le filz de la Vierge Marie,

Que sa grâce ne soit pour nous tarie,

Nous préservant de l'infernale fouldre.

Nous sommes mors, ame ne nous harie;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

.

La pluye nous a débuez et lavez,

Et le soleil desséchez et noirciz:

Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez

Et arraché la barbe et les sourciz.

Jamais nul temps nous ne sommes assis;

Puis ça, puis la, comme le vent varie,

À son plaisir sans cesser nous charie,

Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.

Ne soyez donc de nostre confrarie;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!

Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,

Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :

A luy n'avons que faire ne que souldre.

Hommes, icy n'a point de mocquerie;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre.

.

François Villon

.

.

(Frères humains qui après nous vivez,

N'ayez vos cœurs contre nous endurcis,

Car, si pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous merci.

Vous nous voyez attachés ici, cinq, six :

Quant à notre chair, que trop nous avons nourrie,

Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie,

Et nous, les os, devenons cendre et poudre.

De notre malheur, personne ne s'en rit,

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

.

Si frères (nous) vous clamons, n'en devez (vous)

Avoir du mépris, quoi que (nous) fûmes occis

Par justice. Toutefois vous savez

Que tous (les) hommes n'ont pas (le) sens bien rassis.

Excusez-nous, puisque nous sommes transis (/morts),

Auprès du fils de la Vierge Marie,

(De façon) Que sa grâce ne soit (pas) pour nous tarie,

Nous préservant de l'infernale foudre.

Nous sommes morts, qu'âme (/que nul) ne nous charrie (/tourmente),

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

.

La pluie nous a lessivés et lavés

Et le soleil desséchés et noircis;

Pies, corbeaux nous ont les yeux crevés,

Et arraché la barbe et les sourcils.

Jamais nul temps nous ne sommes assis;

De-ci, de-là, comme le vent varie,

À son plaisir sans cesser nous charrie,

Plus becquetés d'oiseaux que (des) dés à coudre.

Ne soyez donc de notre confrérie,

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

.

Prince Jésus qui sur tous a maîtrise,

Gardez qu'Enfer n'ait sur nous seigneurie :

Avec lui n'avons à faire, ni à solder.

Hommes, ici pas de moquerie,

Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre. )

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Mozartracks
17/09/2024 à 14:58 - 17/09/2024 à 14:58

«Corps noir, craquelé comme de la glace, onctueux comme le jade»

Vers d'un poème écrit par l'empereur Qianlong en 1776

Et vous quelle est votre poème

Vase-maillet à anses en forme de poisson (grès, couverte céladon) daté des XIIIe - XIVe siècle, provenant des fours de Longquan (province de Zhejiang) 💙


"Oh, my stars ! If it isn't Steven Universe ! We finally meet !"

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Ancien membre
24/09/2024 à 20:10 - 24/09/2024 à 20:11

Mire, respire, sienta el viento,

o el calor, o la brisa, analice las

nubes, prediga que va a llover.

Y, sobretodo, escuche : no hay sonido

más reconfortante y más ignorado que el de

la vida cotidiana.


Regardez, respirez, sentez le vent,

Ou la chaleur, ou la brise, analysez le

nuages, prédisez qu'il va pleuvoir.

Et surtout écoutez : il n'y a pas de son

plus réconfortant et plus ignoré que celui de

la vie quotidienne.

Julio Cortázar

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Farf
25/09/2024 à 09:53

Tu m'as trouvé une fois de plus,

toi le voleur de coeurs. Dans l'extase de l'ivresse,

tu as fouillé le bazar et tu m'as trouvé.

Même à travers des yeux endormis et ivres d'amour,

tu m'as repéré. J'ai couru à la taverne.

Tu m'as trouvé.

Pourquoi je cours quand personne ne peut t'échapper ?

Pourquoi me cacher alors que tu m'as trouvé une centaine de fois ?

Je pensais que je pourrais te perdre dans une foule de gens.

Mais tu me trouves même dans une foule de secrets,

même derrière mes propres masques.

Quelle bénédiction d'être cherché et trouvé par vos yeux.

Quelle chance d'être pris dans vos tours et détours...

voyant aimant, voyant persistant,

cyprès imposant des innombrables jardins,

J'étais en train d'arracher une épine de mon pied

quand tu m'as trouvé.

Tu m'as couvert de fleurs

de vos lits fertiles.

Cher rossignol,

tes mélodies ont ouvert mes oreilles.

Comme une louche qui veut sa dose de lumière,

j'ai plongé dans le halo de la lune.

Au fond de ce pot sans fond, tu m'as trouvé.

Comme un cerf fuyant un lion, j'ai couru dans le désert.

Au plus profond des montagnes, tu m'as trouvé.

Blessé, j'ai versé mon sang sur tous les chemins.

Tu as suivi les gouttes et tu m'as trouvé.

J'étais un poisson accroché se tordant dans les vagues.

Au bout de la ligne, tu m'as trouvé.

Vous parcourez les cieux et attrapez des cerfs au galop.

Avec toutes ces compétences et cette patience,

tu m'as trouvé.

Au moment où tu m'as trouvé,

tu m'as donné une coupe débordant du vin de l'amour,

assez lourd pour correspondre au poids de mon âme.

Chaque gorgée l'allégeait.

Chaque gorgée, un baume.

J'ai bu jusqu'à plus soif.

Mon âme s'est envolée.

Je n'ai pas d'esprit, pas d'oreille, pas de langue aujourd'hui.

La source de la pensée et de la parole m'a trouvé.

Jalal Al Din Rumi - Tu m'as trouvé

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Laird
29/09/2024 à 18:42 - 29/09/2024 à 19:59

Écris cette nuit, durant une insomnie. 🙂

J'aimerais tomber amoureux

Que quelqu'un rentre dans ma vie

Accompagné de notes de Vivaldi

Avec les couleurs du printemps

De l'innocence d'un enfant

Des bêtises d'adolescent

Que seul notre amour soit grand

Tes regards me fassent bander.

Avoir dans le ventre des papillons par millier

Qu'on écrit différentes façons de s'aimer

Et l'on utilise pour la vie qu'on veut dessiner

Que cela ressemble à l'été

Nos baisers auront un goût sucré

Et la fragilité d'un pêcher

Les draps se froissent

Ou qu'ils se tendent

Nos cheveux ébouriffés

Au cœur des champs de blés

Je retombe à chaque fois amoureux

Que je vois tes sourire langoureux

Aux saveurs de l'automne

Aux couleurs rouges de la tendresse

Au doré de nos caresses

Se quitter parfois

Se retrouver souvent

Pour s'aimer toujours

Des moments à chiller devant la télé

Sous un beau ciel étoilé

Au côté d'une cheminée

Avec des bougies pour le dîner

N'importe où

Si c'est entre nous

A la douceur de l'hiver

Des oreillers traversant le logement

Avec nos aboiement

De débris de quelques verres

Nos disputes sont à notre image

Qui finira en effeuillage

Des ballades main dans la main

En forêt, le long d'une rivière ou le bord d'un chemin

Oui, je reconnais

J'ai des plaies cicatrisées

Et d'autres ouvertes encore

Des marques de mon passé

Font de moi, un homme plus fort

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Ami Cal 16
30/09/2024 à 17:18

Citation de Laird #519841

Très beau ! Merci de nous partager ce poème. 💕


La main de l'amitié.

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Libra8
01/10/2024 à 19:36

"un matin il a vu des ouvriers qui voulaient

qui devaient

détruire la maison et abattre l'arbre

Je vous demande seulement de goûter une poire

il leur a dit

le soir quand il est revenu du travail

la maison n'était plus là mais l'arbre

oui

alors il a su qu'ils avaient goûté

une poire"

Hélène Laurain, Partout le feu

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Farf
07/10/2024 à 11:32

Pas un poème, mais une pensée vagabonde

Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte absurde. Il arrive aussi bien que le sentiment de l'absurde naisse du bonheur.

Camus-Le mythe de Sisyphe

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Libra8
08/10/2024 à 13:55

"Je vais me raccorder au tempo d'alexandre et

plutôt deux fois qu'une je vais me retaper

Journalière tous les jours je vais me rassembler

ici même en des lignes d'amour de chance

Le coeur toquant réglo c'est pour tout voir en

beau contre mauvaise fortune en bodoni corps

douze

Et pour les pieds dactyles et les doigts dactylos

et pour les rues courues la campagne giflée

Je vais tout ramasser comme des morceaux

choisis je vais raccomoder mes hauts avec mes

bas je vais me revenir je vais me revenir"

Valérie Rouzeau, Va où

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Nujabes
10/10/2024 à 22:06

Et toi ne dis pas

que je perds le sens et le temps

de ma vie -

si je cherche dans le sable

le soleil et les pleurs

des mondes -

si je jette dans les choses mon âme

la plus grande -

et crois à d'immenses magies.

Antonia Pozzi

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Ancien membre
11/10/2024 à 10:39 - 11/10/2024 à 10:43

un à moi, et pardonnez moi... mais ce matin, oui, il se trouve être particilièrement "du moment".... (vers libres.. )

.

La vieille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Depuis vingt ans elle est là à attendre

Qui ? Quoi ?

Nul ne le sait

Souriant de votre jeunesse et de votre insouciance

Elle que vous ne remarquez qu’à peine

Oh elle en a vu

La vieille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Tellement vu qu’on ne sait si elle souffre

Ou si elle est indifférente

Elle est digne

Attentive au Monde

Devant un unique verre

Qu’elle ne finira surement pas

La vieille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

À qui l’on parle quand il n’y a personne d’autre

D’autre qu’elle

Mais on ne peut garder ce que l’on a sur le cœur

Alors

Elle peut entendre

Qu’importe au fond

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Elle ne pleure plus sur elle

Elle sait que tout cela n’a plus d’importance

Qu’elle est au bout du chemin

Si encore pour elle il y en avait un

Mais cela

Personne n’en sait rien

La vielle pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Elle pleure pour les autres

Pour ceux qui sont incapables de verser une larme

Pour la révolte aussi

Pour ce mal qui la ronge et la blesse

Tous ces enfants perdus

Comme si elle communiait avec le malheur du monde

Et de moins en moins on la remarque

La vieille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Il y avait des habitués naguère

Mais ils sont partis peu à peu

Avec un plus beau

Un plus riche

Un plus

Elle ne sait pas au juste pourquoi

On la quitte

Comme ça sans rien dire

La vieille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Elle a encore de beaux restes

Et combien sont ceux qui naguère

Ont profité de son corps

Voire de son cœur

Maintenant tout cela est loin

Perdu dans les limbes des rêves

Des souvenirs

Du passé

Elle ne demande plus rien

La vieille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Si

Qu’on la regarde dans les yeux

Enfin si on a le temps

Si l’on a la patience

Que l’on vienne lui parler un peu

Si l’envie vous prend

Un instant

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Son sourire répondra à vos conversations

Comme une invite

Car elle a peut-être des choses à dire

Elle parle alors avec des mots simples

Pour vous rassurer

Pour vous aider

Comme si vous étiez tout pour elle

Unique humain sur Terre

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Mais elle se tait

Sauf si

Parce que personne d’autre ne vous écoute

Alors il ne reste qu’elle à qui parler

De votre vie

De vos amours

De vos rêves

De la tristesse

Alors elle vous répondra toujours

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Son rimmel coule

Une larme

Pourquoi ?

On ne saura jamais

Et c’est rare quand cela arrive

Elle ne sait plus rire

Elle ne sait plus pleurer

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

À peine sourire aux enfantillages du monde

Peu à peu elle se fond dans le décor

Oh pardon

Je ne vous avais pas vue

Simple politesse

Pour celui qui n’en a que faire

C’est son lot maintenant

Tout ce dont elle a droit

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Son éternel sourire indéfinissable aux lèvres

Se réjouissant des joies du Monde

Et des joies des autres

Des amours de la jeunesse

Ou consolant les amoureux

Glissant un billet parfois

Pas pour ce que vous croyez

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Pour que le plus jeune

Paumé

Largué

Puisse reprendre son train

Son bus

Rentrer chez lui

Garder espoir dans l’avenir

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Vous ne pouviez pas savoir

Vous ne pouvez pas savoir

Vous ne vouliez pas savoir

Peut-être est-ce pour cela

Que vous ne la touchez pas

Que vous n’osez pas

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Une sorte de peur

Un abîme entre vous et elle

Une douleur qui vous parait risible

Ou respectable

Suivant l’humeur

Et pourtant elle a tout pardonné

Tout oublié

Du mal qu’on lui a fait

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Elle ne sait plus que sourire

Elle a tout donné

Jamais rien demandé

Juste qu’on l’aime parfois

Enfin quand elle osait

Mais ça

Elle sait bien que ce n’est pas pour elle

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Alors elle est émue en voyant les petits amoureux

Un peu arrogant de leur découverte

Mais qu’importe

Réminiscence de sa jeunesse

D’un amour mort

C’est cela

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Quand elle n’est plus là

Cela se remarque à peine

Elle n’était qu’un décor

A peine plus qu’un meuble

Surement on se dira que cela fait bien quinze jours que l’on ne l’a plus vue

En fait

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Personne n’ose s’assoir sur cette chaise haute maintenant

Plus personne

Comme si cela portait malheur

Comme si elle était réservée au malheur

Comme si

Elle était tout ce que l’on ne voulait surtout pas être

Car elle était assise là

La veille pute au bord du comptoir, là-bas, au fond du bar

Elle est passée

A vécu

Elle est morte

Et il n’y a plus rien à dire

😶

("la vieille pute": c'est moi, évidemment..)

avatar contributeur de Laird
Laird
21/10/2024 à 07:01

Mon fils

C'est dans un grand froid d'hiver

Que je viens poser une rose au cimetière

Comme aux moments de mon deuil

Je m'incline sur ton cercueil

J'ai été incapable de te protéger

C'est pourtant mon rôle depuis que tu es né

J'étais rempli de haine, les yeux clos

J'ai agi seulement comme un salaud

Mon enfant est devenu un ange

S'amusant avec les mésanges

J'ai perdu mon fils

Car tu aimais Marc et pas Alice

Je t'ai rayé de ma vie

Sans aucun soucis

Te traitant comme un chien

Au moment, où tu en avais le plus besoin

J'avais juste à te renier

Pour oublier que tu étais gay

Aujourd'hui, je ne comprends pas

Comment un parent peut faire ça

Mon enfant, tu es parti

En étant amoureux de lui

C'est à ce moment là

Que j'ai compris quel trésor était enfoui là

avatar contributeur de Farf
Farf
21/10/2024 à 09:21

Il a plu.

L’heure est un oeil immense.

En elle nous marchons comme des reflets.

Le fleuve de la musique

entre dans mon sang.

Si je dis : corps, il répond : vent.

Si je dis : terre, il répond : où?

S’ouvre, fleur double, le monde :

tristesse d’être venu,

joie d’être ici.

Je marche perdu en mon propre centre.

O. Paz - Concert dans le jardin

avatar contributeur de Nujabes
Nujabes
11/11/2024 à 21:00

Je dis que c’est le printemps

malgré la guerre des clans

quand j’amarre le soleil

et que la déraison irise le bonheur

(…)


De Bagdad, il reste le poème.

Salah Al Hamdani

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Mozartracks
11/11/2024 à 21:04

Citation de Nujabes #522878

🌼


"Oh, my stars ! If it isn't Steven Universe ! We finally meet !"

avatar contributeur de Nujabes
Nujabes
11/11/2024 à 21:15

Citation de Mozartracks #522879

❣️

avatar contributeur de Libra8
Libra8
21/11/2024 à 07:51

"J'ouvre le livre d'Akhmatova. Quatre vers. Quatre poutres métalliques transportées par des bagnards en Sibérie, abandonnées depuis des siècles dans la neige de la page. Leur éclat raye mes yeux. Il faudra des milliers d'années pour que les déchets d'uranium ne soient plus mortels. Il faudra beaucoup plus, avant qu'un poème ne cesse d'irradier par son silence un lecteur de hasard".

Le muguet rouge, Christian Bobin

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