Je suis jeune encore mais quand je regarde vers l’avenir, il me semble que dans ma vie privée, les perspectives restent bouchées. En amour, je n’ai connu jusqu’à présent qu’une succession de murs. Et même si les années sont peu nombreuses, les blessures s’accumulent avant que je n’aie le temps de guérir les précédentes.
Cette entrée en matière brumeuse vous fera peut-être penser à une succession de relations ratées, brutalement interrompues par l’autre partenaire ? Il n’en est rien. Car il n’y a jamais eu de véritable relation. Je tombais amoureux, mais en face, il n’y avait rien. Et je le savais déjà avant même de « passer aux aveux » ; aveux que je n’avais par ailleurs pas toujours le courage de faire. Où pouvaient bien me mener ces attirances embarrassantes pour des garçons hétérosexuels, ou encore dernièrement, pour une fille frappée d’indisponibilité chronique doublée d’une hypocrisie consternante ? Certainement pas en couple. Même l’amitié n’était pas toujours possible, j’étais à chaque fois dans une position fausse, et cette dépendance maladive à l’autre, m’est devenue, au fil du temps, de moins en moins supportable.
Mon passé affectif n’est donc ni une succession d’échecs, puisqu’il ne s’est rien passé, ni même une succession de râteaux, car bien des fois – quoique pas toujours – j’ai gardé mes sentiments pour moi. C’est peut-être bien une succession de malédictions. Des crush « sauvages » qui me tombent dessus et ne mènent nulle part si ce n’est vers davantage de souffrances. Je me retrouve donc à craindre l’amour plus que tout, et donc à me méfier des personnes qui pourraient éventuellement m’attirer. Cette tension constante et cette rage qui se mue en haine parfois jusqu’à la misanthropie me rendent l’existence pénible.
La tentation de la solitude est grande. Elle m’apparaît en termes purement intellectuels comme une solution, puisqu’avec un peu de stoïcisme, on se satisfait toujours mieux de son sort lorsqu’on s’y résigne. Mais le cœur dit non. Ces amours intempestifs ne sont-ils pas symptomatiques de mon irrépressible besoin d’une relation intime ? La solitude lorsque je l’examine, ne me semble pas viable. Il me manquera toujours quelque chose si je n’ai pas quelqu’un avec qui partager ma vie.
J’en vois à mon âge qui sont en couple depuis un certain temps, et qui l’ont déjà été plusieurs fois. J’en vois d’autres, plus minoritaires, qui fréquentent Tinder et ont, au moins, des relations éphémères. J’en vois enfin, dix ans plus âgés, qui s’installent dans la vie, fondent une famille. Et leur bonheur me rappelle constamment ma solitude.
Insatisfait, mais n’en restant pas là, j’ai voulu reprendre ma vie en main l’année dernière. Je me suis inscrit sur Betolerant en me disant que si je ne pouvais rencontrer quelqu’un dans mon entourage, peut-être trouverais-je ailleurs. Le sérieux du site m’avait convaincu car je ne cherchais pas de relation éphémère. La sécurité relative d’une relation virtuelle m’avait rassuré, car je me sentais – et me sens toujours – incapable de « draguer » en face-à-face. L’idée même me m’effrayait et m’effraie toujours.
Mais « chassez le naturel il revient au galop. » Ma timidité dans la vraie vie s’est traduite derrière l’écran par une peur maladive d’aborder l’autre. Est-ce simplement par peur de rencontrer l’hostilité ou le rejet ? Ou plus fondamentalement parce que l’amour me fait si peur que le premier contact m’apparaît inconsciemment comme une autre malédiction, comme si je craignais qu’un jour, une vraie relation me fasse endurer d’autres souffrances (trahison, infidélité, rupture) ?
Voyant que l’expérience était peu concluante, je me suis désinscrit. Mais une nouvelle crush « sauvage » m’a rappelé l’urgence de la question affective. Car si je ne prends pas les choses en main, la vie s’en charge en m’infligeant de nouveaux supplices.
Vu la solidarité qui règne souvent sur les forums de ce site, je suis donc de retour avec deux questions.
Que faire pour me libérer du cycle de ces crush « sauvages » qui ne mènent nulle part ?
Qu’est-ce que vous me conseillez pour me lancer, pour vaincre cette timidité qui me paralyse en amour ?
Merci à toutes les personnes qui ont pris la peine de lire mon message jusque-là. Je pense qu’en m’apportant vos réponses, vous m’aiderez à avancer.
Alors hélas aucun remède miracle.
J'ai cru retrouver ma jeunesse en te lisant et même vieux, je reste le même. Apeuré de devoir entrer en communication avec un autre, de dire à quelqu’un « Hey toi tu me plais…. ».
Mais je réponds toujours quand on me parle et je me crée des occasions de croiser du monde. Enfin je reste un boulet niveau drague.
Donc pour ta deuxième question, je te dirai : apprends à te connaître et à savoir quelles sont tes limites. Une fois que tu les auras cernées, tu sauras quelle sera ta zone de confort. Parfois, tu te sentiras d’entrer dans une zone d’inconfort car à ce moment, tu t’en sentiras capable.
Ne fuis pas ta nature, accepte la et apprends à faire avec et non contre.
Pour ta première question (oui j’aime faire les choses dans l’ordre ^_^), tu dois vouloir quelque chose de beau et qui te comble en amour. Cette exigence effraye peut-être indirectement les autres. Je viens d’en faire les frais… je peux remballer mes sentiments car il a trop peur de moi, même s’il dit qu’il a eu le coup de cœur.
Vis des expériences. L’amour ne se trouve pas, c’est lui qui nous trouve. Un matin, au détour d’un regard, un crush sauvage deviendra peut être plus intéressant qu’un simple crush. Et de crush, il deviendra besoin etc…
Il faut laisser les choses se faire à leur rythme sans trop te changer ! Faire des efforts ne veut pas dire changer de personnalité.
Voilà ^_^
Bonjour et merci pour vos messages. Je ne pensais pas qu'on me répondrait aussi vite.
Citation de Cassiopee #288968
Pour information, je suis déjà suivi. Mais tous les thérapeuthes ont des limites et l'aide de ceux qui sont confrontés eux-mêmes à ces questions pourrait être un complément utile.
Pour répondre à Romangel, une partie importante de ma question est simplement d'arrêter de souffrir autant. Mon passé démontre que le naturel ne suffit pas pour empêcher cela. Il faut impérativement "faire quelque chose" pour que ça s'arrête... et peut-être après, un jour trouver le bonheur.
Les crush sauvages sont donc un problème. Attendre que la solution vienne d'elles n'est pas la solution je pense.
Citation de WinstonS #288967
Coucou WinstonS,
Je peux peut être t´apporter mon aide car à ton âge j´étais exactement dans les mêmes interrogations que toi. Et j´ai beaucoup réfléchi à pourquoi l´amour.
Et la résolution semble être que la recherche de l´amour ( qui se solde au début par des déceptions ) est directement correlée à une défaillance d´amour de soi même. On est alors tenté de le rechercher à l´extérieur, et on s´y perd par manque de critères sur la relation qui NOUS conviendrait.
Je te rassure, il n´y a aucune fatalité et tu n´es en aucun cas obligé de mener ta vie comme un ascète, parce que la beauté de la vie s´inscrit dans le lien, le contact à autrui.
Simplement en faisant toi ce que tu aimes, et par le même coup en apprenant à te connaitre, en te faisant confiance et en te respectant toujours ( je trouve ça assez dur le concept de s´aimer soi même, et je trouve que le fait de le relier au respect rend tout cela plus compréhensible ) tu vas peu à peu définir ce que tu attend d´une relation et tu auras davantage d´exigence pour ton futur amoureux.
Du coup les crushs sauvages, si tu continue de les accepter, auront moins d´impact sur ton monde émotionnel.
Petit à petit tu verras que l´amour que tu ressens au fond de toi, pour toi et pour le monde, tu parviendras à le matérialiser à l´extérieur et ça sera plus simple.
L´amour c´est toujours un sacré périple, mais je pense que ça vaut le coup. C´est une des choses qui nous fait sentir le plus en vie.
Citation de WinstonS #288973
Désolé d'avoir mal cerné ta problématique ;-)
(quelle peut-être la définition de "crush sauvage", quelles en sont les manifestions concrètes ? A te lire, sans te connaitre mais compte tenu de ton âge, une pensée me vient : ce qu'on ignore ne peut pas nous faire de mal, n'idéalises-tu pas une relation ?)
Pas de problème Romangel, merci d'avoir voulu m'aider :)
Pour répondre à Franckright, je définirais un crush sauvage comme un basculement affectif extrême qui m'attache à quelqu'un de mon entourage (connaissance ou ami, camarade etc) souvent rencontré en milieu scolaire (vu que je suis encore étudiant). C'est une relation d'attachement qui se traduit par une envie constante d'être avec l'autre, une obsession de la personne en question. J'y pense sans cesse, jour et nuit.
A cela s'ajoutent un certain nombre d'émotions négatives qui sont toutes le corollaire de mon impuissance dans ce cas là. J'en viens à craindre l'autre dont je dépends, de peur que mon trouble se voit, et qu'il ou elle se montre cruel(le) à mon égard. Quand je suis victime, d'un crush sauvage, je ne peux empêcher la spirale de l'attachement et de la peur qui s'y joint de s'amplifier. C'est une sorte d'inflation passionnelle incontrôlable.
Je ne sais pas si je suis très clair. Et en tout cas, je regrette de pouvoir être plus concret (car rien de tout cela n'est vraiment réel, tout est littéralement "dans ma tête). Toutes ces choses que j'ai décrites sont symptomatiques de l'amour et je pense que beaucoup en ont aussi fait l'expérience.
Le fait que ces crush n'aboutissent à rien est surtout frustrant... De là à idéaliser les relations que je ne peux que désirer en vain, il n'y a qu'un pas en effet. Mais j'essaie de me faire une idée précise de ce qu'est une relation en me nourrissant de l'expérience d'autrui. Ces expériences ne sont d'ailleurs pas toujours positives (en particulier dans mon environnement familial) et m'ont amené à me demander bien des fois s'il ne valait pas mieux être seul que mal accompagné. Mais il y a aussi de belles histoires, qui malheureusement se terminent trop vite... Un ami qui s'est fait plaquer il y a quelques mois me décrivait sa relation de couple comme l'essence même du bonheur. De là à idéaliser, il n'y a qu'un pas une fois encore...
Merci aussi Keiros d'avoir voulu m'aider.
J'en profite pour réagir à votre message par une autre question. Il me semble que vous avez fait (comme Ramangel) la transition entre le "désert" dans lequel je me trouve actuellement et une vie plus complête sur le plan affectif. J'aimerais savoir plus concrètement comment s'est faite la transition.
Vous disiez Keiros que le fait de s'accepter et de se respecter soi-même aide à faire des rencontres. Or, les deux sont intimements liés. Je m'explique. En ce qui me concerne, ma vie est d'autant plus satisfaisante que j'ai l'impression d'être aux commandes. L'idée que les autres, le destin, Eros, Dieu ou que sais-je décident à ma place m'insupporte. Et les crush sauvages en sont symptomatiques puisque je ne les choisis pas (ce qui m'interdit d'avoir une quelquonque exigence vis-à-vis de ces personnes dont je tombe amoureux).
Je sais bien que le contrôle dont je parle est impossible. Mais je suis convaincu, qu'un déploiement d'énergie - même vain - pour aller mieux est déjà quelque chose, car il me donne l'illusion d'une certaine maîtrise (en attendant qu'un nouveau crush sauvage ne mette tout par terre). Contribuer moi-même au changement qui me permettra d'améliorer ma vie plutôt que de l'attendre aura déjà de très gros impacts.
C'est pourquoi je vous demande Keiros, ce que vous avez fait pour accompagner ce changement dans votre vie. Merci encore.
Bonsoir WinstonS,
J'ai tenté de faire preuve d'une grande attention en te lisant. J'ai essayé de cerné ta problématique, mais tu as une façon d'ecrire si plaisante et si riche que je me suis peut etre un peu perdue. (Ce qui est une excellente chose!) Si je réponds a ton questionnement de travers je m'excuse par avance.
Concernant tes questions initiales, à savoir :
"Que faire pour me libérer du cycle de ces crush « sauvages » qui ne mènent nulle part ?" sachant que tu expliques qu'une crush sauvage c'est un "un basculement affectif extrême qui m'attache à quelqu'un de mon entourage( ...). C'est une relation d'attachement qui se traduit par une envie constante d'être avec l'autre, une obsession de la personne en question. "
Je ne peux pas réellement te donner de solution, parce que je ne suis pas à ta place, mais ce que je comprends, c'est que tu peux te retrouver dependant affectivement et soumis à une obsession concernant certaines personnes et que cela te fait beaucoup souffrir.
Personnellement, je pense que ces crushs sauvages ne sont pas liés à l'amour mais plus a une particularité relationnelle.
Alors comme ça, je te dirais que de mon point de vue effectivement une thérapie pourrait etre aidante, pas dans le sens ou je te juge comme "quelqu'un d'etrange qui doit se faire aider", mais dans le sens ou tu te sens en difficulté. Mais comme tu l'as dit les thérapies ont leurs limites et tu les a éprouvées.
Si je comprends bien, ce n'est pas tellement le problème des crushs, mais plutot de leur intensité et de la souffrance que cela génère pour toi. Alors si je n'ai pas de solutions miracle a t'apporter je peux peut etre plus simplement echanger avec toi autour de tout cela et peut-etre alors que tu pourra t'en defaire un peu...
Il n'y a pas de mal à être passionné. Seulement dans ton cas je n'ai pas l'impression que ce soit de la passion
Si tu cherches à ne plus être soumis à ces crushs, tu as du t'appercevoir que la volonté ne suffisait pas. Pour moi il ne s'agit pas de rester seul , mais de modifier la nature et l'etablissement de ces relations. Pour cela, je crois que seul un travail sur soi même, sur les raisons de ce qui t'afflige, ainsi que le temps et les experiences que tu peux et pourra faire t'aideront à cette tache garguentuesque-mais possible.
Cela dit j'ai une petite question pour toi, comment te sors tu de tes crushs, comment tu t'en remets ?
"Qu’est-ce que vous me conseillez pour me lancer, pour vaincre cette timidité qui me paralyse en amour ?"
Pour cette question, je crois que la timidité vient souvent de l'enjeu qu'on met derière ce que l'on voudrait. Reste a savoir si ce que tu veux c'est une personne ou bien connaitre l'amour. Pour certain, la timidité vient d'une angoisse de ne pas etre à la hauteur face à l'autre, d'un manque de confiance en soi, de la peur de finir seul, etc. Qu'en est-il pour toi ?
Tu dis que tu as eu des exemples plus ou moins glorieux d'amour, mais pour toi, qu'est ce que c'est l'amour, comment tu le définirai ? Quelle serait ta relation amoureuse idéale ?
Voila WinstonS, j'espère que mes reflexions ne sont pas trop éloignées de ta réalité et que je pourrai lire ta reponse bientôt. Dans tous les cas, je te souhaite grande force pour lutter contre tes démons, et rassures toi, nous avons chacuns les notres. Je finirai en te parlant de la légende des deux loups, occidentalisé par la fable des deux chiens. Courage à toi, n'oublie pas de nourrir le blanc.
Un copain peut difficilement être à plein temps un amant, un père, un ami, un fils, un psy, notre unique raison d'être notamment d'être heureux. A fortiori si on se sent moche, incapable d'être heureux, et de rendre heureux.
"Ma timidité dans la vraie vie s’est traduite derrière l’écran par une peur maladive d’aborder l’autre. Est-ce simplement par peur de rencontrer l’hostilité ou le rejet ? Ou plus fondamentalement parce que l’amour me fait si peur que le premier contact m’apparaît inconsciemment comme une autre malédiction, comme si je craignais qu’un jour, une vraie relation me fasse endurer d’autres souffrances (trahison, infidélité, rupture) ?"
Je pense en effet que la peur de la souffrance de l'échec peut faire préférer l'amour impossible, le confort de la solitude, dont on ne peut se trouver bien puisqu'on a besoin de l'autre. Une espèce de cercle viscieux dont on a du mal à sortir.
Pour commencer, merci pour ces nouvelles réponses.
Citation de Lishe #288994
" Alors comme ça, je te dirais que de mon point de vue effectivement une thérapie pourrait etre aidante, pas dans le sens ou je te juge comme "quelqu'un d'etrange qui doit se faire aider", mais dans le sens ou tu te sens en difficulté. Mais comme tu l'as dit les thérapies ont leurs limites et tu les a éprouvées."
Pour clarifier la situation, sur ce point, je suis actuellement une thérapie. Je vois des psys depuis très longtemps, ça remonte à très jeune. J'ai vu ma psy ce matin, et je lui ai même parlé de ce forum! Les réponses que vous apportez sont complémentaires à une psychothérapie. Nous n'irons pas ici extraire ce qu'il peut bien y avoir dans mon inconscient. Il s'agit de tirer parti des expériences que vous avez faites pour mieux avancer sur cette question.
"Si je comprends bien, ce n'est pas tellement le problème des crushs, mais plutot de leur intensité et de la souffrance que cela génère pour toi."
Lishe, vous avez effectivement bien cerné le problème.
"Pour cela, je crois que seul un travail sur soi même, sur les raisons de ce qui t'afflige, ainsi que le temps et les experiences que tu peux et pourra faire t'aideront à cette tache garguentuesque-mais possible."
Merci pour ce conseil. Ainsi, lors des prochaines séances, je travaillerai précisément cette question avec ma psy, question que je reformulerais ainsi : pourquoi mes crush sont-elles si "explosives" et pourquoi me font-elles tant souffrir?
Reprendre le contrôle de mon existence demande effectivement de comprendre les raisons qui me poussent à m'attacher ainsi à quelqu'un.
"comment te sors tu de tes crushs, comment tu t'en remets ?"
J'avais dit que je n'allais pas fouiner dans mon inconscient mais un peu de psychanalyse peut aider ici. Admettons qu'il y ait deux pulsions principales qui contrôlent le psychisme : Eros (pulsion de vie, qui je ne sais pourquoi, me pousse vers autrui en déclenchant les crush) et Thanatos (pulsion de mort, qui n'a d'autre raison d'être que d'arrêter Eros pour prendre le pouvoir en moi).
Dans ce modèle, voilà ce qui se passe lorsque je tombe amoureux : avant "l'instant crush", les deux pulsions sont au repos. Puis, Eros se réveille et m'attache à quelqu'un qu'il désigne. Cet attachement croit en intensité, entretenu qu'il est par tous les biais de confirmation possibles (l'être aimé a tant de qualités, je m'en sens tellement proche etc.)...
Jusqu'à ce que Thanatos se réveille pour empêcher Eros de gagner un contrôle total sur moi. Si le récit d'Eros est celui de la perfection de l'Autre, celui de Thanatos est au contraire celui de l'aliénation : "regarde cet autre qui fait de toi son esclave, alors même qu'il ne l'a pas demandé." Alors surviennent la colère et le souvenir des expériences passées. Cette colère devient haine de l'Autre car Thanatos est extrême.
Une lutte intense entre Eros et Thanatos s'engage alors. Commence alors une période d'équilibre plus ou moins longue placée sous le signe de l'atermoiement ("que dois-je faire ?", "dois-je mendier l'amitié de la personne aimée ?", "dois-je tout lui avouer ?" "faut-il couper tout contact ?" "faut-il se venger ?" etc). La force d'Eros et de Thanatos se compensent alors. Il y a autant d'amour que de haine.
L'énergie d'Eros s'épuise, puisqu'elle ne repose que sur du vent (puisque l'amour est impossible) et Thanatos finit par gagner. La crush est terminée... Mais la haine reste et je n'oublie pas. Elle est le trophé de victoire de Thanatos.
Ce qui "coûte" le plus là dedans, c'est la période d'"équilibre Eros/Thanatos" où les passions se déchaînent. Car oui, c'est bien ce que j'appelle des passions. Avec le temps, cette période devient plus courte car j'ai compris les leviers dont je dispose pour l'accélérer (clarifier la situation en "passant aux aveux" par exemple). Mais ça dure quand même plusieurs mois. Et la trace laissée par la haine étant toujours là, elle est difficilement supportable quand je recroise l'Autre une fois le crush terminée (c'est ce que je vis en ce moment et c'est très pénible).
" Pour cette question, je crois que la timidité vient souvent de l'enjeu qu'on met derière ce que l'on voudrait. Reste a savoir si ce que tu veux c'est une personne ou bien connaitre l'amour. Pour certain, la timidité vient d'une angoisse de ne pas etre à la hauteur face à l'autre, d'un manque de confiance en soi, de la peur de finir seul, etc. Qu'en est-il pour toi ?"
La logique des crush sauvages, c'est bien de désirer une personne en particulier. Nous avons vu que cela était voué à l'échec. Je dirais donc qu'en théorie, je veux plutôt trouver l'amour. Mais cela reste une théorie issue de mes réflexions, si demain une crush me tombe dessus, je ne pourrai pas m'empêcher de penser le contraire.
L'angoisse est là en effet, puisque l'enjeu est de taille. Ces crush sont le principal problème de mon existence (même s'il est loin d'être le seul). J'ai par le passé exploré une seule voie pour le résoudre : nier l'existence de ce problème en me jetant à corps perdu dans le travail, non pas seulement pour "oublier", mais plutôt pour compenser les blessures affectives par le prestige de la réussite. Mais un constat s'impose : je ne suis pas fait pour vivre seul. Les crush suffisent à le démontrer. Il faut donc trouver d'autres pistes, et la seule piste que j'entrevois pour l'instant, c'est de faire totalement l'inverse, d'aller au devant de la question en trouvant moi-même l'amour.
C'est à ce moment là que la timidité me bloque, comme si je ne me sentais "pas prêt". Il faut agir, j'en ressens toute l'urgence. Mais au moment de le faire, je me bloque.
Quant-au manque de confiance en moi, je dirais que j'évolue favorablement sur la question. Avant je me croyais moche, à la limite du repoussant. Je sais maintenant que c'est faux. Mais je suis confronté à une autre limite. J'ai plutôt un tempérament introverti. On m'a répété quand j'étais plus jeune que j'étais associal. J'ai même été diagnostiqué autiste asperger. Aujourd'hui je ne me comporte plus du tout comme un "associal". Mais depuis, aller spontanément vers autrui ne me paraît pas naturel, fût-ce pour autre chose que de l'amour. Quant-à séduire... C'est une autre histoire... Il y a encore du travail.
Enfin, pour conclure ce très long message, quelques définitions :
" Qu'est ce que c'est l'amour, comment tu le définirai ? Quelle serait ta relation amoureuse idéale ?"
C'est très logique de terminer par cela, j'en suis conscient. Mais en vérité, j'ai déjà défini l'expérience (ratée) que j'avais faite de l'amour en répondant à la question "comment te sors tu de tes crushs, comment tu t'en remets ?". Aussi négative soit-elle, c'est la seule expérience que j'ai pu faire de ce que l'on pourrait appeler "passion amoureuse".
Quant-à ma définition de l'amour idéal, je pense qu'il s'agit d'une forme avancée de complicité. C'est une relation d'intimité avec autrui. On partage sa vie, on vit à deux. Ma définition est tout à fait standard bien-sûr et je suis conscient de ses limites : d'une part, cela ne dure pas éternellement en général; d'autre part, la complicité est bien souvent altérée par les tracas de la vie quotidienne et l'irritabilité de l'un et de l'autre qui empoisonnent le couple.
J'espère avoir répondu à vos questions Lish, et je vous remercie encore pour vos réflexions.
J'en profite pour remercier aussi Lindos. Rester seul de peur de souffrir. Intéressant... Mais quand la solitude et la frustration des crush sauvages font déjà souffrir. Suis-je donc condamné à souffrir sans rien faire ?
Citation de WinstonS #288988
Re-coucou WinstonS,
( au passage la coïncidence m´a fait sourire car je cherche actuellement à entrer en contact avec des personnes diagnostiquées Asperger, mais là n´est pas le sujet du moment ).
Alors comment j´ai fait pour accompagner ce changement dans ma vie. J´ai adopté une autre manière de penser suite à ce que j´ai découvert de la vie, grâce à d´autres et je travaille à modifier mes perceptions en modifiant mes croyances, c´est tres simple. J´essaye de rester centrée, moi qui par nature est qqn de décentré. et Il me semble en être au début mais je sens déjà une différence vis à vis d´avant dans le ressenti. J´ai moins la sensation de subir qu´avant.
J´ai l´impression d´ailleurs que ta réflexion tourne autour de ça, le fait de subir, de se prendre des émotions de plein fouets dans la figure, des crushs sauvages comme tu les décris si bien, telle une nuée d´oies dans un ciel immaculé ;) D´ailleurs je me suis aperçue que c´est toujours lorsque l´on veut controler que l´on tombe dans l´hyper analyse des choses. La surprise sonne alors avec la mauvaise surprise.
Or, c´est une loi naturelle que tout ce que l´on veut contenir ressort avec d´autant plus de violence à l´extérieur: la colère, les larmes, la frustration etc. Plus on contient, plus cela déborde, se répète. Exemple: tu as voulu noyer la possibilité des crushs sauvages par le travail, résultat ils ont redoublé.
Du coup à présent tu tente une nouvelle tentative en partant à la recherche de l´amour véritable, avec toujours en fond la volonté de chasser ces rencontres un peu fades humainement mais pas dans la passion.
En fait je fais une supposition: je crois que ta sensibilité, que tu dissimule derrière ton hyper analyse des choses ( qui d´ailleurs est très juste! ) et le travail, a, pour tenter d´exister malgré tout, trouver le moyen de s´extérioriser à travers de ces " coups de coeur " sauvages ( la traduction française est là assez révélatrice ).
Tu penses que tu ne les maitrises pas, qu´il te tombe dessus comme ça, mais ce n´est pas le cas. C´est toujours toi qui décide consciemment ou inconsciemment. C´est tout simplement ton coeur qui essaye de s´exprimer. Donc il s´emballe et ça lui fait du bien. Et là tu ressens qu´il existe. Et ensuite cela cesse et ça te fait du mal et là tu ressens une fois de plus qu´il existe.
Dans tous les cas ton coeur te fait un coucou du ventricule pour te rappeler de ne pas le négliger dans ta vie. Or comme on ne retient que ce qui fait mal, tu veux que cela cesse donc tu met en place des stratégies d´évitement qui échouent.
Peut être le mieux ça serait de faire une place pour la sensibilité dans ta vie, accepter que tu n´es pas seulemet un être de toute évidence trés intelligent cérébralement mais également quelqu´un avec du coeur, des pulsions, de envies, des désirs, des moments de folies sympathiques. Et là tu trouveras probablement un meilleur équilibre deja en toi et puis bien sur à l´extérieur.
Car bien entendu que tu vas trouver "ton alter ego", et que les relations peuvent être trés épanouissantes.
( ps: désolé pour le ton un peu didactique de mon post, il n´y a absolument aucune volonté de ma part de donner des leçons, surtout qu´en écrivant cette réponse je me rend compte que ça répond aux memes questions que moi aussi je me posais^^. Comme je ne connais pas ta personnalité tout ça part bien entendu de présuppositions, je suis peut être à cote du propos )
Mais voilà ce que je te dirai pour t´aider ;)
Alors, j'ai envie de te dire que pour entrer dans une relation, la drague n'est pas un passage obligatoire.
Je suis restée amie avec mon compagnon Pdt 9 mois avant que les sentiments ne viennent enfin, de mon côté.
Bien sûr, il m'envoyait "signaux", des allusions, des gestes, des cadeaux, etc... Mais ça n'était pas de la drague frontale, c'était juste une façon subtile de me montrer qu'il s'intéressait à moi et qu'il tenait à moi.
Je te suggère d'être patient. Si tu craque sur qqn, n'y va pas avec en tête l'envie de conquérir ou de séduire direct, sinon tu vas perdre tes moyens.
Vois les choses sous un angle différent :
1- tu abordes la personne avec un sujet bateau, de façon la plus naturelle possible.
2- Si tu as eu l'occasion "d'enquêter" sur elle/lui avant, tente des sujets qui lui plairont.
Reste le plus détendu et ouvert d'esprit possible, soit juste toi.
Propose lui de se revoir en présence d'autres personnes pour ne pas l'effrayer (BBQ entre amis, Concerts avec des potes, Lazer game, Bowling entre amis, etc)
Profites en pour approfondir tes connaissances (métier, famille, vision de la vie en général, orientations, etc)
Tes questions doivent être espacées entre elles, pas plus de 2 questions à la fois sinon l'autre va penser à un interrogatoire et flipper.
Elles doivent aller crescendo : tu commences par une question bateau : "Quel sport pratiques-tu ?" et plus tu avancés dans la soirée, plus tu peux tenter des questions plus personnelles " As-tu des enfants ? Si oui, es-tu en couple actuellement ?"
-Le reste viendra naturellement si le contact est bien passé. Si il ne passe pas dès les premières 15 min, laisse tomber. Passe à autre chose.
Voilooouu ! Bonne chance, j'étais comme toi avant, je pensais devenir Nonne pr te dire ! ????
Je vous remercie beaucoup pour vos messages. Ils me donnent déjà de nouvelles idées pour réfléchir encore sur le sujet, et pour agir.
Le ton didactique du vôtre ne m'a pas offensé Keiros, bien au contraire. Etant assez désespéré sur la question, j'ai eu l'humilité de demander de l'aide. En dépit de mon expression un peu pompeuse qui me donne parfois l'air pédant et prétentieux, je dois bien admettre qu'en amour, j'ignore bien des choses.
A ce stade du débat, je retiens principalement deux recommandations de votre part :
Pour comprendre la répétition des crush sauvages, chercher en moi ce qui m'a, par le passé, attaché à l'autre de façon maladive. Les fruits de cette compréhension permettront, non pas d'empêcher les crush - car c'est impossible -, mais de m'en détacher plus facilement. Car il s'agit bien "de ne plus subir".
Comprendre aussi les raisons de mon manque de confiance/ma timidité.
Les pistes 1 et 2 passeront par ma psychothérapie, la piste 3 par tous les relais sociaux dont je dispose (Betolerant, associations étudiantes LGBT etc.).
Dites-moi ce que vous en pensez. Je reste ouvert si vous avez d'autres conseils ou contributions à ajouter au débat.
Citation de WinstonS #289142
En fait mon conseil est hyper simple: vis. Juste ça : vivre. Tes crushs sauvages sont une piqûre de rappel que parfois tu as envie de vivre sans te poser de questions.
J´ai découvert récemment que la vie était la solution à la vie. Je n´ai pas le même âge que toi ( désolé je me permet de tutoyer ), et avant je courais les cabinets de psy en tout genre et rien ne changeait. Parce que l´analyse appelle l´analyse.
Et je trouve que l´analyse tu la maitrise de long en large.
J´ai des soucis analogues de confiance en soi et de timidité. En fait il n´y a pas de formule miracle juste l´action et encore l´action. Car le manque de confiance en soi se nourrit de l´inaction. C´est comme faire un nouveau travail. Au début on est maladroit et puis au bout de 2 mois on devient expert dans le bon geste par la répêtition.
Si tu veux maitriser un domaine: répète, répète et encore répète.
Je sais par exemple que si je voulais devenir une experte de la drague, il faudrait que je rencontre beaucoup de filles, que je mette en place des stratégies, voir ce qui marche et le répéter encore et encore.
Je le pourrai, et tu le pourrai aussi. Bon simplement ce n´est pas mon objectif de vie. Mais plus fort que l´analyse, l´action nous prouve que l´on peut réussir..
Par contre, tout comme toi je pense, le véritable amour reste pour moi un sujet obscur. Quel y sera la place des émotions, des sentiments, de l´amitié, du désir, de la peur de la séparation dedans ?
J´espère que ça ira ;)
Donc oui je pense que ton plan d'action est le bon. Tu verras certainement une amélioration au niveau de tes ressentis.
Se libérer et vivre un peu, parfois avec l'innocence d'un enfant.
ps: est ce que le diagnostic d'autiste asperger t'a aidé à mieux te comprendre et à améliorer ta qualité de vie ?
Citation de Keiros #289232
"est ce que le diagnostic d'autiste asperger t'a aidé à mieux te comprendre et à améliorer ta qualité de vie ?"
En fait, cela ne m'a jamais vraiment aidé. En outre j'ai été diagnostiqué par une psychiatre pas forcément très bienveillante (qui m'a menacé d'internement quand je suis devenu végétarien pour dire...). Plus jeune, ça a plutôt nuit à ma confiance en moi, en me faisant croire que j'étais vraiment associal.
Puis je me suis dit que j'étais qui j'étais et que cela n'avait pas vraiment d'importance, que les autres pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient de moi et que cela ne préjugeait en rien ce dont j'étais capable. Depuis des années, je passe mon temps à chercher à me surpasser, c'est à croire qu'un jour je vais finir par être heureux...
Citation de WinstonS #289253
Les abus psychiatriques sont malheureusement une réalité quotidienne. Et j´en connais un rayon la dessus.
Le problème de cette " médecine de l´âme " ( étymologie qui fait froid dans le dos ) c´est bien qu´elle se base sur la présupposition d´une maladie, et/ou d´ un pouvoir qui en découlerait, d´une autorité du spécialiste sur la personne soi disant souffrante.
Je comprend qu´être diagnostiqué sans que cela provienne de ta volonté n´ait absolument pas la même portée que l´être quand on veut avoir des réponses à ses questions.
Etre Asperger ne préjudice absolument pas sur tes capacités ( je sais pas si ça se dit ^^ ), bien au contraire.
Si tu veux des conseils / et un soutien quotidien sans être obligé de te farcir un "pro" . je me permet de te conseiller la chaine You Tube " Une psy à la maison ". Elle est spécialiste de la douance, mais aborde également l´autisme asperger, et autre dans ses vidéos, les difficultés relationnelles des personnes " atypiques", la prévention contre les personnalités manipulatrices etc. bref il y a beaucoup de choix. Je pense que ça peut vraiment t´aider ! :)
Bien sûr que tu finiras par être heureux, ça ne fait aucun doute!
Bonjour Winston,
j'ai été inscrit ici il y a 2 ans mais je continuais de suivre, de temps en temps, ce qui se partage sur le forum. Et si je me suis réinscrit hier soir, c'est pour pouvoir participer à la discussion que tu as ouverte...
Si tu me le permets, mais n'y vois aucun jugement de ma part (car ce que je vais évoquer relève plus de mon expérience en ce domaine qu'autre chose) : ne rationnalise pas trop, ne sur-intellectualise surtout pas le regard que tu portes sur la "problématique" à laquelle tu es confronté. En lisant ce que tu as accepté de partager ici, il semble en effet que tu analyses beaucoup ; et que cette dynamique analytique soit en partie alimentée par le travail de soutien et de relation d'aide auquel tu as fait appel (psys).
Nécessairement, dans un processus de relation d'aide, on est amené à s'efforcer de comprendre les mécanismes qui nous plongent malgré nous dans telle ou telle autre problématique. Ca c'est tout à fait compréhensible. Mais on oublie une chose, j'espère parvenir à te faire cerner le truc en très peu de mots : la psyché qui se forge une analyse est celle-là même qui est conditionnée par la problématique en question. Autrement dit : elle essaye de comprendre une situation oui, mais avec un mode d'analyse et de raisonnement involontairement "déformés" par la problématique qui la tient. Et en ce sens, elle n'en a pas forcément conscience, se "cachent" au coeur même de cette analyse ce qu'on appelle en psychothérapie des "angles morts". C'est à dire des paramètres, des éléments qu'elle ne voit pas.
Ca peut avoir deux conséquences... La première, que l'on s'acharne à regarder dans une certaine direction, à tout retourner dans tous les sens pour comprendre ce qui ne va pas, tandis que le "noeud" est juste devant soi mais qu'on ne le voit pas. La seconde, que pour sortir de l'impasse on produit tout un tas d'efforts de toutes sortes dans le but de sortir de l'impasse, mais qu'au final on se pousse à bout jusqu'à l'épuisement puis jusqu'au renoncement "fataliste".
Tu le sais sans doute aussi bien que moi : psychologues, psychiatres, psychanalystes et psychothérapeutes n'ont pas le même rôle. Ce n'est pas parce qu'ils relèvent tous de la relation d'aide que les compétences, les démarches et les outils induits par ces différents métiers sont identiques. Le psychiatre est avant tout un médecin, le psychologue diagnostique et conseille, le psychanalyste "reste avec" le récit de son "patient". Le psychothérapeute, lui, engage avec la personne qu'il accompagne un réel processus de transformation. Malheureusement la psychothérapie n'étant pas un métier réglementé on peut y trouver de tout et de n'importe quoi, mais si l'on peut trouver un psychologue-psychothérapeute, alors dans ce cas l'accompagnement peut être particulièrement constructif.
Mais j'en reviens au point de départ de ton propos sur le forum... La question de l'amour...
Qu'on le veuille ou non, que l'on en soit conscient ou pas, l'amour nous renvoie systématiquement à la façon dont notre architecture affective et émotionnelle s'est construite durant la petite enfance. Pour deux raisons. La première, parce que notre premier modèle s'est fondé sur la relation que nous avons eue avec nos parents, sur celle qu'ils ont eue avec nous, et sur la façon dont nous avons vécu et interprêté leur façon de nous aimer ou pas. La seconde parce que dans la petite enfance, étant très jeune, la plupart de nos souffrances et peurs enfantines basculent dans l'inconscient par instinct de survie. Ces "blessures" ont pour conséquences une modification instinctive de nos comportements (pour éviter la souffrance) mais aussi l'inscription, au plus profond de soi, d'un certain nombre de croyances inconscientes. Des croyances qui ont cette capacité à nous "imposer" malgré nous (car toujours inconsciemment) leur réalité : des scénarii dont la vocation est de se répéter sans cesse, pour en arriver toujours à la même conclusion puisque ce sont des croyances.
Je vais essayer de te prendre un exemple, qui est en fait une "étude de cas" réelle en psychanalyse. Celui d'une femme qui, la quarantaine arrivée, consulte parce que n'en pouvant plus de sa vie amoureuse. Une vie amoureuse complètement détruite, un champ de bataille perpétuel, une équation de constats d'échecs récurrents et cette femme qui, à force, se retrouve aux portes de la dépression. Durant toute sa vie post-adolescente, elle est tombée amoureuse à de multiples reprises d'hommes qui, au bout du compte, ne partageaient pas avec elle d'amour réciproque. Voire même qui finissaient purement et simplement par la laisser tomber. Elle, par contre, était à chaque fois éperduement amoureuse, avec pour conséquences qu'elle vivait ces ruptures comme un désastre absolu, un abandon total, une trahison sans nom. Les échecs s'accumulant et à force d'y croire à chaque fois pour être toujours déçue au final, au bout du compte elle était totalement détruite, elle ne comprenait plus rien, elle se sentait condamnée à rester toute sa vie seule alors qu'elle était régulièrement amoureuse, un cauchemard qui n'était pas loin de la pousser vers le suicide. C'est ça qui l'a poussée vers un travail psychanalytique...
Et puis est arrivé un moment, durant ce travail, où une porte inattendue s'est ouverte. Est revenu à sa mémoire le fait que, petite fille, elle portait une admiration sans bornes pour son père. Elle l'aimait plus que tout, elle espérait de lui qu'il l'aime autant qu'elle l'aimait lui : chose qui ne s'est jamais produite. En fait son père ne lui témoignait aucune affection, aucun amour, et durant son enfance ça la faisait énormément souffrir. Au point de se convaincre au bout du compte qu'elle serait toujours désaimée, abandonnée par l'homme qu'elle aimait (croyance). Plus tard, inconsciemment, elle tombait amoureuse d'hommes dont son inconcient (car oui, l'inconscient est très intelligent) savait qu'ils la laisseraient tomber, qu'ils ne lui rendraient pas l'amour qu'elle voulait partager avec eux, qu'ils finiraient par l'abandonner. Elle se plaçait sans le savoir et inconsciemment, à chaque fois, dans des situations d'amour impossible. Pour que cette croyance profondément ancrée en elle se répète inlassablement, pour que le même scénario se reproduise à chaque fois. C'est terrible une croyance : sa raison d'être est de se répéter parce que son contenu a vocation à nous convaincre qu'elle est notre seule réalité. Et nous voici pris à répéter sans cesse les mêmes histoires, pour que les mêmes problématiques émergent, puis que les mêmes conclusions se produisent ; comme un ancrage en soi, à force de récurrence.
Cette "prise de conscience" l'a totalement libérée et elle a pu ensuite reprendre une vie tout à fait normale.
Si j'ai évoqué cet exemple, c'est pour mettre en relief le fait que l'inconscient nous fait revivre sans cesse les mêmes scénarii, parce que la raison d'être de ces scenarii c'est la conclusion à laquelle ça conduit, les conséquences que ça a sur soi (ne pas pouvoir aimer ou être aimé, être condamné à rester seul pour éviter de souffrir,...), et parce que l'analyse que l'on se fait d'une situation n'est pas toujours regardée depuis le bon angle de perspective ; parce qu'il y a, comme je l'évoquais au début, des angles morts que l'on ne voit pas et qui ont pour conséquence de déformer le sens des choses.
Le fait que tu aies des crushs me semble à priori tout à fait "normal" : c'est ce que ça éveille en toi, émotionnellement, les peurs, l'attachement et les attentes surdimensionnées, qui sont probablement l'indice d'une "souffrance" profondément ancrée en toi. Tu es à un âge où l'on ressent le besoin de se lier à une personne que l'on aime et qui nous aime, tout ceci est parfaitement "normal". Mais peut-être cela réveille t-il en toi un mécanisme qui relève d'un passé profondément ancré en toi, et qui fait obstacle à un apprentissage harmonieux de la vie amoureuse et du sentiment amoureux ?
Deux manières d'aborder le sujet : soit le prendre comme un "problème", soit en faire une opportunité. S'il y a effectivement quelque chose d'inconscient profondément inscrit en toi, nécessairement cette mémoire a pour conséquences un cortège de mals-être, d'insécurité, de manque de confiance en soi, de peu d'amour de soi qui te taraudent et dont tu es victime depuis des années. Peut-être ta psyché, en provoquant des situations telles que celles que tu as évoquées ici, utilise ce moyen pour attirer ton attention ? Et, en faisant le travail nécessaire, pour y mettre un terme ? Personnellement, tout en étant conscient du caractère pénible et douloureux des situations dont tu as témoigné, j'y vois une opportunité : celle de mettre un terme une bonne fois pour toutes à quelque chose qui te tient très certainement depuis des années et des années, afin de pouvoir vivre à partir de maintenant une vie qui soit le reflet réel de la vraie personne que tu es. Et afin de pouvoir pleinement t'épanouir dans la vie.
Si tu me permets un seul et unique conseil : sans couper court à l'accompagnement dont tu bénéficies, essaye peut-être de trouver en parallèle un psychothérapeute psychocorporel (sérieux évidemment) ; pour quelques séances seulement. Parce que ce qui relève de l'émotion et du sentiment a un lien étroit avec le corps. Le thérapeute psychocorporel peut t'aider à te reconnecter à certaines émotions lointaines qui pourraient mettre en lumière une blessure profonde puis, grâce à cela, t'en libérer définitivement.
J'espère que tu me pardonneras la longueur de ce post, mais : ne lâche rien !
De tout coeur avec toi,
Marc.
Citation de Marc56 #289555
Whouah merci Marc pour ton intervention. Je ne suis pas la personne qui a initié ce post, mais j ai beaucoup apprécié ce que tu as écrit et comment tu l´as écrit.
Tout est tellement vrai.
L´inconscient qui choisit spéfiquement des personnes ou des situations en sachant très bien l´issue, je n´avais jamais vu ça comme, mais cela parait plus que clair.
Tout le reste aussi.
Citation de Keiros #289558
Merci Keiros ;)
Ca me touche beaucoup...
J'espère que ça participera un peu de l'aide que nous essayons d'apporter à Winston :)
Citation de Marc56 #289559
Est-ce que tu es auteur dans la vie ? ( je me permet de te demander ). Car c´est supra clair.
Citation de Keiros #289568
Non mais le vécu, et surtout l´élan à le partager avec sincérité, font beaucoup je crois 🙂