Identité floue, un peu perdu. Témoignages ou ouvrages bienvenus.

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Narikya
27/04/2023 à 17:12

Bonjour,

Je suis un nouveau venu en ces lieux. Je suis ici au bout d'un long cheminement et sur les conseils de ma psy qui m'a suggéré de m'adresser à des personnes trans ou non-binaires pour essayer de mieux me comprendre.

Je suis une vieille chose qui s'approche des 50 ans.

Biologiquement, un homme, indéniablement, avec un look de viking vieillissant.

Psychologiquement, c'est plus compliqué.

Depuis toujours je suis marqué par un fort sentiment de décalage, que j'ai toujours essayé de minimiser parce qu'une part de moi ne tient pas à revendiquer une insondable altérité, parce que je veux me sentir aussi proche que possible de tout autre être humain, peut-être par crainte ou par conformisme. Un mélange de tout cela sans doute.

Fils d'une mère allemande et d'un père d'origine russo-germano-ukrainienne, je dispose déjà culturellement d'une légère singularité (même si c'est loin du choc culturel d'origines plus exotiques).

Second point, j'ai dû reconnaître dernièrement que j'étais sans trop de doute HPI (ce que ma psy a confirmé et exploré un peu). Un trait que je ne voulais pas revendiquer tant le narcissisme latent que je présupposais dans cette étiquette et la communauté qui va avec m'effrayait. Mais plus que les questions de QI qui m'intéressent assez peu (savoir que je peux produire un raisonnement erroné parfois quelques millisecondes plus rapidement que d'autres ne me fascine qu'assez peu), par contre tout le plan psychologique adossé aux traits HPI sont plus éclairants à mes yeux, en particulier le concept d'hyperstimulabilité qui me permet de mieux comprendre mon rapport compliqué au monde et aux autres.

Dernier point, le plus douloureux et compliqué à gérer, je dois confesser que je souffre de dysphorie de genre depuis plus de quarante ans à présent.

C'est compliqué d'être un homme.

Pas trop physiquement, même si je sens que je me sentirais plus à l'aise avec une apparence plus androgyne. Mes fantasmes, mes rêves m'ont souvent pousser vers un désir d'être femme, androgyne ou métamorphe (c'est claire que pouvoir être homme ou femme selon les moments, les besoins, les situations serait un tel bonheur, mais le monde n'est pas un univers d'heroic fantasy).

Je ne suis pas forcément en phase harmonieuse avec mon corps, mais il n'y a nul rejet chez moi. Et l'idée de transition ne m'évoque (à titre personnel, je conçois bien que pour d'autres il en soit autrement) qu'une impasse et ne me fait en rien rêver.

C'est le rôle social d'homme qui est difficilement supportable.

Que ce soient les sollicitations d'autres hommes qui veulent m'intégrer à leurs blagues sexistes, leur culture machiste, leur goût de la domination, du conflit, de la dureté, du "quand on veut, on peut" et tous ces trucs qui provoquent chez moi un rejet profond. Quand je n'ai pas le droit d'être rejeté comme lopette, "bon petit soumis" ou autres amabilités du même genre par des masculinistes bas du front.

Mais aussi le regard féminin.

Que ce soit celui de celles qui exigent de moi que je corresponde à l'archétype viril, que je sois solide, un roc, que je ne pleure pas, que je ne sois pas fragile (en particulier quand elles vont trop loin et sont incapables de se comporter avec tact ou retenue et qu'elles ne supportent le miroir que ma détresse leur renvoie) ou celles qui veulent m'assimiler de force au patriarcat, aux mâles toxiques, en supposant mon inactivité domestique, ma fermeture supposée aux idées féministes ou ne comprenant pas que pour un enfant élevé par un père toxique comme moi des slogans comme "tous les hommes sont des porcs" soient extrêmement blessants ou ironisant sur le concept de "not all men" ou sur mon obligation de ne pas me sentir visé quand elles font des des généralités sexistes à l'égard des hommes.

J'avoue que j'ai du mal à trouver ma place (et même si j'ai su survivre aux périodes suicidaires et à construire une petite famille et une certaine réussite professionnelle). Et que je me rends compte que cela fait une éternité que j'ai mis bien des problèmes lourds sous le couvercle, juste pour survivre, tenter d'être heureux, me réaliser un peu.

Mais tout cela me rattrape et s'éclaire un peu dernièrement. Les débats au sein de notre société, des rencontres et la position LGBTQi friendly de mes filles ont bien aidé à enfin déciller un peu mes yeux.

Voilà où je me trouve. Un peu effrayé, déstabilisé mais en même temps un peu plus lucide sur moi-même. Mais ne sachant pas trop comment aller moins mal, même si ma situation est plus enviable que ceux ou celles qui sont à la lisière du suicide, que le mal est moins aigu. Néanmoins, je ne suis pas vraiment heureux. Et je ne crois pas l'avoir vraiment été un jour.

J'avoue que je suis demandeur d'ouvrages explorant cette zone grise de personnes souffrant de troubles de l'identité de genre mais qui n'envisagent pas de transition ou explorant les questions de binarité et non-binarité, mais pas cette littérature militante dont je ne nie pas l'utilité mais ne m'aide pas vraiment. Ce dont j'ai besoin, c'est d'éclairages psychologiques pour me comprendre, me trouver, me saisir plus que de réflexions sur le patriarcat ou les normes sociales.

De même le point de vue de personnes naviguant dans des eaux relativement proches ou observant cela de l'extérieur avec un regard empathique et précis seraient sûrement d'un réel secours.

Je ne sais pas trop. Je suis un peu perdu, effrayé, déstabilisé par le bilan d'une vie à passer à côté de cette double crise identitaire du HPI et de la dysphorie.

Alors je me tourne vers vous, au cas où, mes frères et sœurs.

Merci par avance à ceux ou celles qui prendront le temps de me lire ou même de me répondre.

Narikya

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Alyssa
27/04/2023 à 20:49

La complexité de la question identitaire, couplée a des questions existentielles qui peuvent venir mettre le chaos dans tout ces raisonnements et sentiments, est une chemin long et pavé de questions pour toutes personnes.

Alors pour un HPI, hypersensible et multi-identitaire par définition, c'est d'autant plus complexe de savoir laquelle de nos facettes identitaires est celle qui permet de se sentir le plus a l'aise :)

Perdus dans un infini de questionnements, cela s'applique malheureusement aussi a notre identité.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que l'identité de genre ne signifie pas forcément d'être en corrélation avec l'expression de genre: Se sentir binaire ou non binaire ne veut pas forcément dire que tu veuilles la montrer a tous, ou que tu veuilles absolument transitionner par exemple.

C'est avant tout un long cheminement, ou tu dois chercher au plus profond de toi ce qui te correspond le plus. Ca peut passer par différentes questions, comme par exemple "dans un monde je serais seul.e avec moi même, qui serais-je?" "Si les autres voyait toutes mes parties identitaires en simultané, comment j'imagine qu'il me verrait?" "Comment aborde tu ton corps? Comme une prolongation de toi? un simple réceptacle de ton être? un objet hideux qui t'accompagne de force?" ect ect

La complexité pour les HPI, c'est que pour nous, faire des choix c'est avant tout renoncer a des possibilités. Donc forcement, quand ca touche a une question aussi "importante" que l'identité (en général, y compris l'identité de genre), c'est tout de suite le chaos. Mais c'est également ce qui nous pousse a connaitre tout les tenants et aboutissants d'une question, comme tu essayes de le faire en venant ici :)

Une chose importante: ne pas confondre son hypersensibilité et sa féminité. Etre hypersensible ne signifie pas que tu dois renier forcement ta masculinité. Pleurer en tant qu'homme lorsque quelque chose te choc ne veut pas dire que tu es forcement transgenre binaire ou non binaire non plus :)

Mais dans tout ca, le plus important c'est la façon dont toi tu ressens les choses. Ou est le mal de se poser cette question? Tu n'es pas moins légitime a te poser la question. Chacun a sa propre définition de la féminité ou de la masculinité, donc chacun a sa propre vision de l'identité de genre et de la binarité/non-binarité. Après tout, pour certains, être non-binaire c'est se sentir femme et homme, pour d'autre, c'est être ni l'un ni l'autre ect ect...

PS: petite info comme ca, je ne retrouve plus ma source et j'aime pas ne pas sourcer, mais j'avais lu fût une époque qu'une étude tendait a prouver que le cerveau d'un HPI était généralement, anatomiquement parlant, plus androgyne que la moyenne. Les marqueurs de la dysmorphie sexuelle (dysmorphie, pas dysphorie) avait tendance a être plus effacés chez les HPI.

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Narikya
28/04/2023 à 10:57

Citation de Alyssa #452195

Bonjour Alyssia et merci beaucoup pour ce retour ! 😊

J'avoue que dans ce que je lis ou dans les propos des gens avec qui je parle de ce trouble identitaire, je suis souvent renvoyé à ce que je ressens, pense de la question. Mais il faut bien avouer que je ne sais pas.

Qu'il m'est difficile de me faire confiance sur ce point, parce que je ne sais pas à quel point je me cache des choses ou non.

Que je suis aussi en grande partie troublé, perturbé, dépassé par tout cela. Il est des questions que je ne me pose pas parce qu'elles ne me viennent tout simplement pas à l'esprit...

Et que j'ai été fortement conditionné à me méfier de mes désirs et envies, parce que je sais ce que c'est de vivre avec des gens qui se maîtrisent peu, qui se laissent aller à leurs pulsions, émotions sans trop de filtres et se moquent en bonne partie des conséquences sur leurs proches. Et que je me suis construit en partie à l'inverse parce que je ne veux pas devenir ainsi.

Ce n'est pas que les gens qui suivent leurs désirs soient forcément égotistes ou toxiques, parce que vivre systématiquement dans le déni de ce que l'on est ou veut est aussi une pente pathologique, c'est seulement que mon expérience personnelle et ma manière de voir le monde rendent complexes cette démarche.

J'ai peur de faire du mal autour de moi. J'ai peur de me comporter comme un con. J'ai peur d'être l'esclave d'impulsions qui manqueraient de profondeur.

J'ai sans le doute tort à bien des égards, mais c'est profondément ancré en moi.

C'est pour cela que lire des témoignages, des ouvrages me sécurise, m'aide à penser, à digérer tout ça et à accepter ou à changer graduellement.

J'avoue que j'ai longtemps considéré mon corps comme le truc qui contenait mon esprit. Je me relie tout doucement plus à lui en faisant du chant notamment, pour apprivoiser la voix profonde et fort peu androgyne qui en sort.

Je partage ton point de vue sur le fait qu'il ne devrait pas y avoir de lien a priori entre sensibilité et féminité.

Seulement, une bonne partie de la société, des hommes et des femmes me renvoient cela comme miroir. Et ce n'est que dernièrement que je parviens enfin à dénouer un peu cette question en rattachant cette partie de ma manière d'être à mon hyperstimulabilité et à mon histoire personnelle, donc à sortir un peu cet aspect des problématiques de genre. Mais c'est long. Les stéréotypes avec lesquels on a été élevé pèsent lourdement.

Merci en tout cas pour tes paroles amicales et ton retour.

avatar contributeur de Occamj
Occamj
28/04/2023 à 12:01

Bonjour,

J'avoue que dans ce que je lis ou dans les propos des gens avec qui je parle de ce trouble identitaire, je suis souvent renvoyé à >ce que je ressens, pense de la question. Mais il faut bien avouer que je ne sais pas.

Poser des mots sur son ressenti... on dirait moi il y a 4 ans :)

Alors, courage. ça va venir. Moi aussi, je manquais de ce vocabulaire personnel pour me définir. Le temps a pallié cette déficience.

Nous sommes différents (je suis une personne trans binaire et j'ai fait une transition de genre, et je ne crois pas que tu sois sur cette voie-là), mais le cheminement reste en gros le même.

Plus que des lectures (je te conseillerais bien "Trouble dans le genre" de Butler, pour commencer), je te dirais d'agir. Que voudrais tu FAIRE, idéalement, pour te sentir mieux, pour exprimer un genre non-binaire ? Commence par faire une liste, laisse-toi aller à rêvasser, fantasmer (pourquoi pas), à des situations, des vêtements, que sais-je, où tu voudrais te trouver.

C'est plus concret que des interrogations sans fin sur "ce que tu es" (j'aime bien aussi l'introspection ceci dit), et ça va peut-être déclencher des choses. Pour moi ça a été le cas.

J'ai aussi consulté une psychologue, qui m'a été d'une aide précieuse dans mon cheminement.

Bienvenue ici !


Jeannette et sa faucille

avatar contributeur de Narikya
Narikya
14/05/2023 à 10:34

Quelques graines que j'ai récoltées çà et là...

a) L'intervention de Jean Chambry à la société de l'information psychiatrique :

https://www.youtube.com/watch?v=IjkcSu43F0k

C'est agréable d'entendre une personne bien intentionnée qui fait un peu le bilan de son expérience de praticien en exposant les frictions et problèmes avec les patients, la communauté trans, les parents de manière que je trouve plutôt ouverte et empathique.

Un passage intéressant sur le seul cas de regret de transition physique qu'il a croisé (1 cas sur 200) : une personne qui n'envisageait pas les conséquences sur sa sexualité. Les difficultés de trouver un partenaire qui accepte son statut particulier. Une question douloureuse et complexe.

b) Psychologie(s) des transsexuels et des transgenres:

https://www.cairn.info/psychologies-des-transsexuels-et-des-transgenres--9782738125835.htm

Un bouquin intéressant même s'il s'adresse plus aux praticiens qu'aux patients finalement.

Une histoire du traitement réservé aux personnes trans avec le détail des abus passés.

Une réflexion sur une prise en charge plus accueillante et moins infantilisante ou dominatrice.

Des exemples de cheminements.

J'ai apprécié le chapitre 3 (disponible sur Cairn - voir lien - en achat séparé) qui fait le lien avec certains traumas identitaires. Évidemment parce que je m'y suis retrouvé, mais je peux comprendre la méfiance de ceux ou celles qui ne souhaitent pas que leur spécificité soit réduite à une pathologie ou une conséquence traumatique.

Les exemples nombreux et variés d'éléments que l'on retrouve dans l'archéologie personnelle des patients qu'elle a rencontrés est entré en résonance avec mon vécu.

La construction d'une identité par rejet d'un père modèle de masculinité toxique (sans la violence physique) ajoutée à une crise identitaire multiculturelle et psychique (HPI) colle bien avec mon histoire personnelle, mon vécu, mes réflexions tout au long de ma vie.

c) Blog Genderdysphoria :

https://genderdysphoria.fyi/fr

Ce blog est une vraie mine d'or à mes yeux. Tant de réflexions qui résonnent en moi !

Notamment celle-ci :

"Par exemple, j’ai moi-même réalisé, après avoir fait mon coming out auprès de ma femme, que toutes mes tentatives de rencontres antérieures avaient été absolument saphiques par nature. Mon premier réflexe avait toujours été de devenir un bon ami de ces personnes. Les rendez-vous n’étaient jamais qualifiés de rencart parce que nous nous asseyions et parlions quelque part, en traînant ensemble. Par conséquent, plusieurs de mes relations ont pris fin simplement parce que j’avais trop peur de faire le premier pas pour ne pas détruire l’amitié. Je passais la moitié de la journée à penser à elles et à vouloir être près d’elles, non pas par désir sexuel, mais par engouement personnel. Ma première petite amie m’a carrément dit, lors de notre premier rendez-vous, que je ne ressemblais à aucun homme qu’elle avait fréquenté parce que j’aimais parler au lieu d’essayer d’être physique. Elle a rompu avec moi deux mois plus tard parce que je n’avais pas l’assurance qu’elle attendait d’un partenaire."

C'est tellement ma vie.

Le refus de me comporter comme le stéréotype machiste de base. Et le rejet brutal que cela peut provoquer chez votre partenaire qui découvre que sous son vernis féministe de façade, elle aime les mecs dominants, assurés, etc.

Et la plaie terrifiante et purulente que cela provoque après.

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Ancien membre
14/05/2023 à 13:26 - 14/05/2023 à 18:00

Salut Narikia.

J'ai lu ton témoignage avec intérêt, (aidé par une écriture assez virtuose).

Je m'y reconnais bien. Moi-meme élevé aussi par un père écrasant et toxique, moi-meme ayant aussi un versant de ma personnalité plutot féminin qui apporte beaucoup de confusion auprés des femmes, qui, comme tu le dis si bien, ont finalement souvent besoin d'une vraie altérité pour se sentir bien.

Je ne puis te conseiller quoi que ce soit, sachant que l'on fait souvent tout ce qu'on peut pour trouver sa voie, sans toutefois y parvenir véritablement (enfin pour ma part en tout cas). J'éspère que ce n'est pas trop conflictuel avec ta compagne.

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Harmonique
14/05/2023 à 14:52

Citation de Narikya #452148

Même si je ne suis pas HPI et que je me qualifie plutôt de sorcière pour ne pas dire hypersensible, je trouve dans ce que tu dis beaucoup d'analogie avec moi, sur le plan sexuel on pourrait faire un copier-coller.

Je suis arrivée sur Betolerant en mars 2022 et j'ai eu un grand coup de blues lorsque j'ai lancé ce topic

https://betolerant.fr/forum/22259/travestissement-et-transidentite-ou-est-la-frontiere

Le titre ne l'indique pas mais c'était une bouteille jetée à la mer pour demander s'il avait quelqu'un comme moi sur Betolerant Il y a eu une personne qui s'en rapprochait encore loin de moi mais son témoignage ma fait pleurer.

Depuis il y a le témoignage de Simalice puis le tien qui m'aurait fait sans doute verser un torrent de larmes à l'époque.

Mon rapport avec mon corps est proche du tien. Je ne ressemble pas à un viking au moins ceux-ci avaient une abondante chevelure mais plutôt un chauve qui peut dégarni mais avec bon support pour une perruque.

J'ai maigri de 10 kilos depuis que je me suis découverte, j'ai maigri également des pieds c'est fort appréciable et quand je me regarde dans une glace je ne vois ni une femme ni un homme sans doute un peu des deux. Mes complexes vis à vis de mon sexe ont totalement disparus depuis que je me suis découverte. Maintenant si je devais le perdre il ne me resterait plus qu'à me flinguer ou commencer une transition à l'envers.

Je me suis au fil de mon évolution sur Betolerant déclaré homme en mars 2022 puis non binaire 3 à 4 mois après puis Trans non binaire en décembre. Je me suis interrogée si je n'étais pas dans le déni d'une Trans binaire. J'ai imaginé les prises d'hormone, les opérations réparatrices j'étais pas au meilleur de ma forme. Et lorsque le moral est plutôt bon je ne veux pas de tout cela je veux juste que l'on respecte ce que je suis dans ma tête et surtout pas l'homme que je me suis imposée pendant 60 ans.

Aujourd'hui il ne me manque qu'une chose quelqu'un dans le réel qui puisse me comprendre comme c'est déjà le cas avec mes amies de Betolerant.

Je suis dans une association Trans et je suis la seule non binaire. Heureusement la structure est très accueillante mais il a fallut convaincre que mon parcours n'est pas le même que le leur. Certaines n'ont pas compris alors j'ai craqué au bout de une heure de discussion sur la vaginoplastie avec détail physique ce qui me vaut des animosités. J'ai regretté qu'il n'y avait pas de garçon Trans on m'avait totalement oublié.

Je pense que je suis plutôt courageuse et je vais continuer ma quête de complicité et de confort dans les sorties. J'espère t'avoir aidé de part mon témoignage.

Je voulais te demandé si tu te genres au féminin parfois et comment tu te situes par rapport à cela.

Monique

💋 👠 💓 🎼

avatar contributeur de Narikya
Narikya
14/05/2023 à 22:22

Citation de Dime #454840

Merci pour les mots gentils et le petit message d'adelphie (comme ça je ne préjuge pas de nos genres respectifs ^^).

C'est loin d'être simple avec ma compagne, mais pas trop conflictuel. Cela fait bien longtemps qu'elle a opté pour un compagnon bizarre. Et nous avons de vraies complicités sur bien des plans.

Bon courage aussi à toi pour ton sentier parallèle au mien ! :)

Citation de Harmonique #454849 Même si je ne suis pas HPI et que je me qualifie plutôt de sorcière pour ne pas dire hypersensible

je n'utilise pas personnellement le terme d'hypersensibilité (dont la pertinence scientifique n'est pas encore bien établie a priori), mais celui d'hyperstimulmabilité. Même si au-delà des querelles de terminologie et d'écoles de psychologie, je pense que nous devons probablement vivre une expérience commune de grande sensibilité et d'émotions parfois exacerbées.

Je ne sais si tu as fait aussi cette expérience déroutante d'un ressenti émotionnel ambivalent : parfois, à avoir du mal à ressentir les choses, à se sentir comme dans du coton ou derrière une barrière de verre ; parfois au contraire, cette sensibilité extrême, à fleur de peau, cette sensibilité extrême au conflit. Ce sentiment un peu romantique (et romancé) d'être comme un ange sans défense et sans ailes paumé sur terre. Un ange déchu. Confus.

Citation de Harmonique #454849 Et lorsque le moral est plutôt bon je ne veux pas de tout cela je veux juste que l'on respecte ce que je suis dans ma tête et surtout pas l'homme que je me suis imposée pendant 60 ans.

Clairement, nous nous retrouvons là-dedans.

Pour le moment du moins, car, comme toi, je m'interroge. Je me demande quelle est l'intensité et la nature de mon mal être, de mon inadéquation.

En même temps, à mes yeux, la transition totale paraît comme une impasse.

Et avec le temps et le chant, j'apprends à apprivoiser cette voix large et profonde qui sort de mon corps. Cette voix si semblable à celle de mon père. Si mâle, ample, puissante.

Mon métier m'avait appris à l'utiliser pour survivre et donc à me raccommoder un peu avec elle (pour gérer des groupes d'adolescents, c'est appréciable, même si cela brise mon image intérieure de petite fleur fragile).

Mais quand je chante (même si j'ai toujours cette envie de monter dans les aigus, vers le ciel), je peux prendre un grand plaisir à sentir tous mes résonateurs vibrer à pleine force. et dans ces moments-là, j'aime ma voix, ma masculinité, cette partie de mon corps qui permet ça.

Enfin je sens, dans ces moments-là, cette unité du corps et de l'esprit, cette possibilité d'exprimer à fond mon espace intérieur, mes émotions. De laisser tout cela s'écouler.

Et je suis heureux.

Et je dois dire que je ne supporte pas plus que l'on me refuse le statut d'homme que l'on me réduise à cela, voire pire à la caricature machiste de cela.

Comme un besoin d'être reconnu, accepté par ces demoiselles comme l'une d'elles mais aussi comme un garçon.

Citation de Harmonique #454849 Je suis dans une association Trans et je suis la seule non binaire.

Le destin est railleur ! Parfois, on découvre que même dans la minorité où l'on se trouve, on est encore minoritaire...

C'est fatiguant parfois, en effet, ma sœur/mon frère.

Citation de Harmonique #454849 Je voulais te demandé si tu te genres au féminin parfois et comment tu te situes par rapport à cela.

C'est encore une question assez ouverte chez moi.

Mais bon, au stade actuel, on va dire que j'aurais tendance à dire que je suis "plutôt un garçon". Et tout réside dans ce "plutôt".

Mon corps est celui d'un homme, indéniablement.

Et j'avoue que j'ai plutôt l'envie de le rendre un peu plus androgyne, en maigrissant. Pour s'approcher un peu plus d'une zone plus floue qui serait plus agréable.

Au fond de moi, c'est confus. Je suis un garçon, j'en ai l'expérience, le vécu. Mais pas seulement. J'ai aussi en moi des traits habituellement désignés comme féminins. J'ai besoin de me sentir en sororité avec des femmes. D'être dans un environnement féminin. De partager certaines de leurs expériences.

Je crois que j'ai besoin d'hybridation.

Mais ne plus me sentir seulement comme un homme est un progrès.

Je n'ai jamais aimé être un homme.

Mais je veux bien être un être hybride. Quelque chose qui limiterait les traumas supplémentaires, les bouleversements trop aigus. J'ai eu ma dose de souffrance, je voudrais aller tranquillement vers de l'apaisement.

Déjà, être un papa poule est un vrai bonheur.

Pour certains aspects être un peu la mère de mes filles est tellement salvateur. :)

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