Je cesse de m'identifier comme personne trans

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Ancien membre
04/02/2022 à 18:13

J'ai déjà commencé à en discuter un tout petit peu autour de moi, et on en parlera à un groupe de parole peut-être prochainement (pas directement), mais j'en ressens le besoin d'en parler d'abord sur internet, et c'est plus sécurisant pour moi de poser cette interrogation quelque part où je ne connais (pratiquement) personne. Désolée de vous faire subir ça ^^

Mon désir de cesser de m'identifier en tant que personne trans n'est pas vraiment une question pour moi, j'ai un objectif assez clair. Là où ça coince, c'est sur les éventuelles conséquences d'une telle démarche, c'est très vite très flou.

Cette démarche n'est pas du tout dans un contexte de détransition, ni en lien avec le fait que je puisse être associée aux communautés trans, j'ai aucuns problèmes avec ça, ce serait même plutôt validant pour moi, paradoxalement.

Le problème vient de mon rapport de moi avec moi-même. J'ai une honte qui se révèle de plus en plus grande à mesure que j'essaie d'en distinguer les contours, et qui me bouffe, d'où ma volonté de cesser de m'identifier comme personne trans. Pour sans doute la majorité d'entre vous, vous avez déjà entendu parlé des personnes trans qui barre leur passé car iels étaient associé·es à un genre qui ne leur correspondait à cette époque, ou alors vous êtes directement concerné·es par cela. Et c'est ce qui se passe pour moi, sauf que les proportions deviennent de plus en plus grandes, et le hic est là. En plus, ça n'a aucun rapport avec de la survie ou de la transphobie, je suis acceptée comme je suis par mon entourage, dans la majorité des cas.

J'en suis au point où je dois nier des choses sur mon passé, ouvertement, que je mens volontiers, sans aucune honte ou gêne, afin de préserver mon intégrité psychique. Cette honte me bouffe du tout au tout, et est associée aujourd'hui à un sentiment de criminalité, je me sens criminelle, et en mentant j'en fais ma rédemption, comme si je n'avais pas commis de crime. Mais si je faisais l'erreur de m'identifier comme personne trans, je révèlerais que j'ai commis un crime, un espèce de crime originelle où seul la négation de mon passé peut me laver et me déculpabiliser de ce crime.

Je n'ai par contre aucuns problèmes avec le fait de dire que je prends des hormones, que j'ai changé mes papiers administratifs concernant mon identité ou que je vais faire une vaginoplastie, mais j'en parle comme s'il n'y avait rien avant, comme si j'ai commencé à exister il n'y a que quelques jours. Si je disais que j'étais trans, je dirais alors qu'il y avait quelque chose avant, or pour moi, cela me serait insupportable tellement cette honte me bouffe.

Je n'ai à ce jour pas trouvé de moyen de combattre ma honte, et j'ai peur de regretter d'y avoir touché. Je cherche juste à avoir en face, des message qui me disent comment vous réagiriez face à une personne comme moi? Qu'est-ce que vous pensez d'une telle manière de vivre, d'une telle démarche? Histoire de me confronter un peu à la réalité du dehors, quand mon vécu n'est pas considéré comme banale ou particulièrement signifiant, quelque chose que je ne pourrais attendre que d'une personne trans au fond.

J'en suis particulièrement surprise par ce développement, parce que cette honte était moins présente, voir pas du tout, au début des démarches, ça va faire plus d'un an et demi que je prends des hormones, j'ai fait les changements administratifs le mois passé, je vais faire ma vagino en automne normalement et j'ai fait mon premier "coming out" en 2018.

À vous la parole ^^

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Jessica69
04/02/2022 à 18:48 - 04/02/2022 à 18:49

Citation de Hanitya #389496

Les faits sont les faits. Les regretter ou pas, en avoir honte ou pas ne change absolument rien.

Si je fais quelque-chose de regrettable, je présente mes excuses et attend d'être pardonnée. J'aurais tendance à dire, si tant est que j'ai bien compris ta démarche, pardonne toi ce dont tu n'est pas responsable comme tu le pardonnerais à quelqu'un d'autre. Mais personne n'est responsable. C'est juste... Comme ça. Passe à autre chose de plus constructif. 🌺

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Ancien membre
04/02/2022 à 18:58

Merci à toi Alithia pour tes mots d'encouragements! ^^

C'est relativement normal que tu ne vois pas trop ce qui me fait honte vu que je ne le mentionne pas directement pour éviter de me faire du mal, ça doit rendre mon propos relativement incompréhensible... désolée pour ça...

Pour Jessica: Je ne me torture pas tant l'esprit sur ça (enfin pas plus que pour tout le reste)... je crois.

Ça me fait bizarre, mais je crois que je n'ai effectivement pas pensé à me pardonner, mais je ne saurais pas comment faire... Des pistes ? :')

Et comme je le mettais dans mon message, c'est l’interaction avec les autres qui risques d'être problématique. Forcément, si j'arrive à ne plus en avoir honte, le problème est résolu, et je ne pars certainement pas du bon pied en pensant que cette honte ne partira jamais. Et je me rends compte que j'ai écris mon poste avec ce postulat en fait.

(Et je suis suivie par une psy, et j'en ai commencé à parler. J'étends l'horizon ici, c'est tout)

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Ancien membre
05/02/2022 à 01:59

Avant-propos : je suis pas exactement sûre de pas être à côté de la plaque.

J'ai commencé ma transition il y a 10 ans, changé tous mes papiers en 2017 et à partir de mes 23 ans j'étais stealth (pas volontairement) et la pression associée m'a bousillée au point où je me suis mise à mentir de peur que les autres se rendent compte qu'ils se trompaient. Il y avait une honte très présente, une impression de trahir la confiance de mes proches et aux gens que j'aime. Je me sentais criminelle. Je sabotais toutes mes relations car je ne voulais surtout pas me compromettre en ayant La Discussion™. Il y a un peu moins d'un an, j'ai décidé de ne plus être trans. Pour moi ça s'est traduit par l'arrêt des hormones et "devenir" non-binaire. Ça m'allait bien, un temps, car ça laissait une ambiguïté pour mon entourage qui n'était pas sûr de ce qui se passait, et je pouvais un peu plus librement m'exprimer. Au final ça m'a aidé à y voir plus clair, mais j'ai depuis repris les hormones et je m'identifies à nouveau au terme trans. Grace à ça, j'ai pris conscience que je suis effectivement non-binaire mais que je préfères être perçue comme femme non-conforme.

Une de mes exe en revanche à eu un parcours différent dans sa dissociation de l'identification au terme trans. Tout le monde pensait qu'elle était cis, sauf son cercle d'amis très proche. Quand elle a eu sa vagino, elle s'est rendue compte qu'elle était indissociable d'une femme cis. Au début elle en rigolait, puis elle a sérieusement commencé à dire qu'elle était devenue cis. Je trouve que ce raisonnement fait sens. Ça ne l'empêche pas de militer dans les assos LGBT et d'aider les femmes trans de son entourage, elle n'a pas honte de son passé dans sa vision des choses mais elle voit cette évolution comme naturelle.

Tout ça pour dire : je pense que parfois on a besoin d'essayer des choses. Et ce genre de décision n'est pas irréversible. Tu n'auras pas à avoir de regret. Peut-être que ce ne sera pas la bonne décision et que tu reviendras en arrière, mais ça t'aura fait apprendre des choses sur toi-même et grandir. Peut-être que ce sera une décision qui t'apportera de la paix. Tout ce qui touche au genre et les questionnement qui en découlent sont des choses complexes et difficiles à cerner. Tout cela ne regarde que toi.

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Modération Bidule
05/02/2022 à 06:15

Je me suis posé la question de savoir ce que je voulais vivre après la transition. Au départ, je pensais que je tournerais le dos à mon passé.

Je pensais qu'il fallait que je tourne la page de façon définitive.

La vie m'a apprit une chose c'est qu'il y aura toujours des rageux et des haineux pour saisir l'opportunité de nuire. La volonté de détruire, qu'elle soit motivée ou spontanée existera toujours.

Se cacher c'est prendre le risque du getapen.

S'exposer, c'esr prendre le risque du lynchage.

Se cacher c'est aussi risquer de se retrouver seul, piéger par des personnes peu scrupuleuses.

S'exposer, c'est prendre le risque d'être stigmatiser et faire une croix sur le droit à l'indifférence....

Des fois je trouve que c'est compliqué quand mon seul désir, c'est juste de vivre heureux. Comme si ce voeux était un luxe.


Aller de fleur en fleur et ne prendre de chacune que le meilleur

avatar contributeur de Occamj
Occamj
05/02/2022 à 08:39

Bonjour,

Je crois qu'il est difficile de complètement faire la paix avec soi-même en tant que personne trans tant la transition de genre reste transgressive dans notre société. La transphobie intériorisée est une chose courante parmi nous. Notre "vie d'avant" ne peut être effacée. C'est incontestable. J'ai élevé 3 enfants en tant qu'homme, qui m'appellent Papa. J'en suis fière, mais une petite part au fond de moi voudrait que cela ne soit pas arrivé. Je ne suis pas parfaite ! Comme eux, j'apprends à trouver cela normal, à accepter, à passer à la suite. Cis...trans... ce ne sont que des mots. Ils ne me définissent pas entièrement.

Il existe, dieu merci, mille facettes de la personnalité.


Jeannette et sa faucille

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Ancien membre
05/02/2022 à 11:30

Citation de Uta S. #389557

Merci beaucoup pour ton retour!

Ton expérience en stealth est très intéressante, c'est notamment une de mes craintes que dans ma volonté de nier un passé qui serait rattaché aux personnes trans (et qui ferait que les personnes pourraient alors faire le lien avec ce qui me fait déjà actuellement penser que je pourrais être une criminelle), j'aurais l'impression d'être criminelle, une deuxième fois, mais par le "mensonge". La culpabilité finirait par me bouffer tout autant. Je crois que le stealth, me concernant, serait une très mauvaise idée, et je pense également ne pas avoir les moyens de réaliser une telle vie (il faudrait que je quitte ma ville déjà).

Ce que tu racontes de ton exe me parle beaucoup, je crois que ce serait l'idéal pour moi. C'est marrant comme s'en dégage une nette différence entre vivre en stealth, et vivre comme elle. C'est comme si l'indifférence que les personnes ont vis-à-vis de l'évolution de la sexuation des cis était garanti, mais pour une personne qu'on voudrait qualifier de trans si l'on devait connaître son passé. C'est cette indifférence que les personnes cis peuvent avoir vis-à-vis d'elle·ux(mais ne l'ont pas tous·tes) que je recherche, c'est ce que je me suis dis avant de me coucher hier soir. J'ai envie de cette perception de "naturel" qu'il·elles s'appliquent entre elle·ux, mais appliqué à l'ensemble des gen·tes, dont les personnes trans. J'aimerais qu'on cesse de faire la différence entre personnes cis et trans.

Merci encore pour ton message!

Citation de Kitsune #389560

La dichotomie entre s'exposer et se cacher est décrit dans un contexte où la transphobie peut venir à tout moment, et je pense que tu as raison, et c'est extrêmement injuste qu'on aille à vivre ça. J'aime beaucoup la mention de ce droit à l'indifférence, je le veux tellement ce droit, j'en peux plus de vivre avec cette menace, cette potentielle visibilité pouvant surgir de nulle part à n'importe quel moment, je me sens traquée parfois, même quand je suis chez moi.

Je nous souhaite de pouvoir vivre heureux·se ^^, nous le voulons tous·tes et pourtant des personnes nous retirent ça, consciemment ou non.

Merci pour ton message!

Citation de Occamj #389563

J'ai cette chance de n'avoir "rien" fait jusqu'à aujourd'hui, mon passé, que j'affirme ne pas avoir vécu, ne resurgira probablement jamais pour que ma culpabilité de criminelle puisse me happer face aux autres. Ce droit à l'indifférence mentionné avant me paraît du coup d'autant plus accessible, et je pense que ça l'est moins pour d'autres, avec d'autres vécus. Ce n'est pas mieux, pas pire, juste différent.

Le fait de dire que la vie d'avant ne peut être effacé, me fait penser à la démarche d'accepter ma honte, ou de la confronter, ou de faire juste avec. Peut-être que cela me ferait moins mal que ce que je pense, mais je n'en ai pas la force à ce jour, peut-être plus tard. Néanmoins, à ce moment de ma vie, c'est inaudible pour moi, devoir me confronter à ma croyance très ancrée que je suis au fond une criminelle, tout en sachant pertinemment que ce n'est pas un crime (sinon j'en accuserais d'autres que moi), ce serait reconnaître pour moi que j'en suis vraiment une.

Et en même temps, je pense en être une, aahh ce cerveau de merde. Je ne suis pas cis, je ne veux pas être trans, je veux pouvoir empêcher les autres de brandir cette épée de Damoclès. Qu'on me foute la paix, donnez-moi ce droit à l'indifférence...

avatar contributeur de Jessica69
Jessica69
05/02/2022 à 11:38

Ce qui est fait est fait.

Ce qui est passé appartient au passé.

Ce qui compte, c'est l'avenir et plus encore, le présent mais par dessus tout, toujours faire mieux, positif, dans la bienveillance, l'amabilité et la gentillesse,... Il y aura toujours assez de cons pour pour lâcher un peu de pression le cas échéant...

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Ancien membre
05/02/2022 à 14:47

Citation de Jessica69 #389578

Bien sûr que je regarde vers le futur, je suis juste dans l'incapacité de devoir reconnaître un passé qui n'est pas le mien. Ma culpabilité, ma honte, cesse à partir du moment que je rejette ce passé qu'on m'impose. Je ne regrette pas mon passé, je fais encore souvent des références à beaucoup d'expériences passées, et j'en ferai encore, il y a juste un aspect qu'on m'attribue que je rejette, et j'en rejette une partie des conséquences qui y sont liées. On ne peut pas vraiment dire que ce qu'on m'attribue est tout à fait négligeable, je la considère non-existante néanmoins. Je n'ai pas envie qu'on me reproche cette démarche... mais je crains qu'on me le fera, et je me demande si du coup c'est viable de faire une telle démarche, ou si je dois trouver des alternatives... que je ne vois pas pour le moment.

Citation de Rosso #389586

Il n'y a rien que j'ai perçu de façon négative ^^. Merci pour ton message!

(Je n'ai pas l'intention de restée tout à fait anonyme, toujours sous pseudonyme, mais une fois que je me serai un peu plus réappropriée mon visage par la photo, j'ai l'intention de m'y mettre plus sérieusement ^^)

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