Mentir pour un don du sang ? - Page n°2

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12/12/2017 à 09:39

De nos jours, en France (mais aussi au Royaume-Uni), il y a deux principaux types de tests pour dépister le VIH : — la sérologie : on cherche les anticorps dans le sang pour en déduire la présence du VIH. C'est le moins coûteux des deux types de test mais sa fiabilité dépend du temps de la réponse immunitaire, variable d'un individu à l'autre. On s'accorde à dire que la durée pour une fiabilité totale est d'environ 6 mois maximum entre le test et la dernière relation sexuelle à risque, même si les derniers tests tendent à montrer que cette durée est moindre. Il est inquiétant de savoir que des études récentes menées au Canada et aux États-Unis ne portaient qu'exclusivement sur ces tests... — la virologie : on cherche cette fois-ci directement le VIH dans le sang. Cette technique s'est perfectionnée avec le temps. Aujourd'hui, on est capable de repérer 20 unités par mL alors qu'il y a vingt ans rien n'était détecté en dessous de 200u / mL. C'est le plus coûteux des tests et il est pratiqué pour les dons de sang (par lots de 16 poches) avec ceux du VHB ou du VHC (hépatite B, C). Ce test est donne des résultats fiables à 100% si le donneur ou la donneuse n'a eu aucune relation sexuelle à risque 3 mois avant le test. Le problème qui est souvent mis en avant, c'est non pas la prévalence (c'est-à-dire la population dont on sait clairement qu'elle a le VIH) mais l'incidence (celle qui est susceptible d'être contaminée). C'est dans cette optique qu'ont été justifiées les mesures prises contre les populations jugées à très forte incidence, à commencer par les HSH, dont l'incidence est 171 fois plus élevée que pour les personnes hétéro. Une incartade dans un couple gay est 171 fois plus risquée que dans un couple hétéro. 20 pourcents des gays refusent les tests de dépistage, généralement pour des raisons psychologiques (peur d'apprendre qu'on est contaminé, honte, déni, stigmatisation et défiance vis-à-vis des autorités sanitaires...) Le problème, ce qui est particulièrement gênant, irrationnel ET dangereux avec les mesures actuelles, c'est cette période de 12 mois entre la dernière relation HSH avant le don de sang. Comme on vient de le voir, cette durée est injustifiée d'un point de vue médical puisque la fenêtre de séroconversion est de 3 mois. Le problème vient du fait que cette durée s'appuie sur de la psychologie de comptoir. On a pensé qu'interdire aux gays de donner leur sang entraînerait mécaniquement leur assentiment et leur obéissance, la « compliance » comme le théorisent les chercheurs et chercheuses qui se sont penché.es sur la question du don de sang. Or, on sait que les réactions sont loin d'être celles escomptées. En élevant de manière irrationnelle la durée entre le dernier rapport HSH et le don (de façon à exclure la majorité des gays, de façon à ne permettre qu'à certaines personnes bi occasionnelles de donner leur sang), on suscite au contraire des comportements à risques, de la « non compliance ». C'est un véritable risque sanitaire qui se pose alors car si des gays donnent leur sang et mentent sur la durée du dernier rapport, alors les chances que le sang donné soit contaminée grimpent. Deux solutions pourtant très simples pourraient être envisagées : — d'une part l'abaissement de la durée entre don et HSH de 12 mois à 3 mois (comme au Royaume-Uni) mais aussi celle avec plusieurs partenaires ou un partenaire ayant lui-même plusieurs partenaires de 4 à 3 mois, — d'autre part la communication avec les populations à forte incidence, communication qui s'appuierait cette fois sur un discours rationnel (l'explicitation de cette fameuse fenêtre silencieuse entre autres). Beaucoup de gays continuent à donner leur sang et mentir pour la simple raison qu'ils sont ignorants des enjeux sanitaires liés au don du sang. Enfin, on pourrait citer le modèle italien où les couples gay sont traités sur le même pied d'égalité que les couples hétéro (sachant que l'incidence de chaque groupe est très différente) pour des résultats tout aussi concluants. Preuve que s'attacher à des comportements individuels et non des groupes à risque, qu'adopter une approche pédagogique envers les personnes qui viennent donner leur sang peut aussi susciter des réactions « compliantes ».
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