Pourquoi diantre faire une transition ? (il fallait cinq mots pour le titre)

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Vyna
13/10/2024 à 18:01

Bonjour,

Deux questions ont été posées aujourd'hui, auxquelles j'avais envie de répondre, et je remarque que j'ai répondu à côté (ou en ne réagissant qu'à une fraction de chaque sujet, en même temps, bref...)

Je vais donc créer mon propre sujet, pourquoi faire une transition ?

J'irai répondre dans les autres sujets ensuite (quand j'aurai le temps mais ça m'intéresse)

La question est ouverte et tout est dans le titre, si vous voulez apporter votre contribution sur ce thème.

Pourquoi faire une transition ? Je ne sais pas répondre.

La meilleure façon que je pourrais trouver pour essayer de faire comprendre à une personne cis ce qu'est la dysphorie, c'est de s'imaginer se réveiller du jour au lendemain (par une malédiction mystérieuse) dans le corps de l'autre sexe.

Quelle serait alors votre réaction ?

  • "Oui ok, et alors, y a quoi ?" ==> très bien, vous n'éprouvez aucune dysphorie quel que soit votre corps... ça existe sûrement des gens comme ça.

  • "Ah zut, ma copine/mon copain va plus vouloir de moi" ==> c'est pragmatique, mais vous ne souffrez pas de dysphorie, vous pensez à la conséquence immédiate de ce changement soudain

  • "Mais... non.... c'est horrible" (phrase prononcée devant le miroir) ==> vous étiez en euphorie de genre avant la malédiction, sans le savoir, et la fête est finie.

(- "choueeettte" ==> bah va vite faire ta transition, lol ! enfin non pas forcément, si c'est juste un fantasme mais que tu vis bien dans l'autre sexe, enfin je ne le conseille pas)

Dans quelle catégorie seriez-vous ?

Pour moi, c'est la simple explication qui peut pousser à faire une transition. Après il y a plein d'autres facteurs : suis-je prêt.e à vivre les conséquences d'une transition ? Puis-je vivre avec ma dysphorie, en fonction de son intensité ? Comment vais-je adapter ma vie à ma transition (enfants, famille, travail etc...)

Puis, ai-je envie d'aller jusqu'à l'opération chirurgicale, c'est une toute autre question encore...

Mais voilà en gros, le sentiment inexplicable qui conduit à la transition, cette fameuse dysphorie mystérieuse. D'où vient-elle ? D'un conditionnement social qui rend notre corps physique inadéquat par rapport aux normes de la société ? Autre chose ?

Moi j'en sais rien... Tout ce que je sais c'est que je souffrais de ne pas être une femme. En devenir une me semblait être une porte vers le paradis. Je ne suis pas déçue.

Aujourd'hui je vis ma meilleure vie de cis jusqu'à ce qu'on apprenne à mon sujet (ça peut prendre très longtemps et après plus de 12 ans dans ma région, dans certains groupes je suis encore incognito ^^ mais il va être bon de déménager bientôt, je pense que cela fera partie de ma vie à intervalles réguliers).

Un simple fantasme qui conduise à modifier son corps ? J'y crois pas... ça me paraît gros. Après... je ne sais pas il existe de tout dans ce monde.

Si ça existe, je m'abstiendrai de juger, mais je trouve que c'est quand même se ruiner la vie dans ce cas (pas de jugement, mais un étonnement sur cette motivation).

(ça c'est pour répondre à un autre sujet, je vais plutôt aller y répondre directement)

C'est décousu tout ce que j'écris, mais c'est dimanche (rien à voir mais bref).

Si vous voulez parler librement sur le sujet, faites vous plaisir. Parfois je suis frustrée de ne pas pouvoir "partager ma souffrance" avec d'autres personnes, c'est à dire faire comprendre ce qu'est la dysphorie. Parce que vu de l'extérieur, çà paraît absurde de s'infliger tout çà, mais ça ne l'est pas quand on vit la dysphorie au plus profond de son âme. En rassemblant différents témoignages, peut-être qu'on pourrait faire comprendre ce sentiment aux autres ? Mais bon, jamais facile de se mettre à la place des gens.

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Vyna
14/10/2024 à 20:05

Citation de Ordalie #520829

Mais je pense que c'est ça le fond du problème. Quand on te demande "pourquoi tu as fait une transition ? Pourquoi modifier ton corps ?" (Pour pas dire mutiler que certaines personnes diront à la place de modifier...) On ne peut pas répondre facilement. Pourquoi la dysphorie ?

Je ne sais pas. J'ai des idées, des indices, mais je ne sais pas vraiment.

Pourquoi être homosexuel quand il est plus facile d'être hétéro ? On ne peut pas répondre ! On le vit et c'est tout. L'identité de genre ça peut être aussi fort et irrépressible que l'attirance sexuelle.

J'aimerais bien que des personnes cis répondent à ma question ce serait intéressant : on peut imaginer un autre scenario. Toujours "magique" j'ai pas d'idée dans la vie courante, mais admettons.

Si pour une quelconque raison tres importante (mais pas vitale) comme mettre votre famille à l'abri du besoin en gagnant plein d'argent (désolée j'ai vraiment pas d'idée de scénario), un génie de la lampe disait que vous pouviez accomplir ce voeu en changeant de sexe. Que toute votre famille vous dit : ok tu peux le faire on te laissera mas tomber. On t'aimera toujours.

Est ce que vous le feriez ? Votre corps est complètement transformé, et socialement tous vos papiers sont changés.

Est-ce que, si vous le faisiez, vous auriez ensuite l'envie irrépressible de faire une transition pour retrouver votre genre d'avant (mais pas votre moi d'avant, ce serait un autre corps, sinon ça fausse l'expérience parce que vous pourriez avoir juste envie de redevenir vous même) ?

Ou pas du tout, aucune souffrance n'en découlerait ?

Vous vous réveillez demain dans l'autre genre, est ce que vous en souffrez ?

C'est ça l'euphorie de genre, aimer, se sentir tellement bien dans son genre de naissance qu'on ne s'en rend pas compte, mais que perdre ça serait tragique.

Il faut imaginer la dysphorie comme ça en fait, pour celles et ceux qui répondent qu'ils souffriraient, vous avez compris la dysphorie.

C'est la seule façon que je peux imaginer pour expliquer.

Mais en vrai quand on me pose la question, je ne fais pas tout ce scenario... Je dis juste "je sais pas pourquoi je l'ai fait, mais si c'était à refaire je le referai sans hésiter".

Car sinon, on arrive sur la preuve de la force du mal être que tu expliques Ordalie, même si les gens n'en comprennent pas la cause : ils peuvent bien l'observer. Une dépression grave pouvant entraîner de graves conséquences.

avatar contributeur de Ordalie
Ordalie
14/10/2024 à 20:42

je donne souvent cette analogie de la fraise.

Pourquoi des gens n'aiment pas les fraises ? Tout le monde aime les fraises !!

Et pouvez vous me décrire ce que vous ressentez quand vous mangez une fraise ?

C'est une question de ressenti, de liens qui peuvent venir de l'enfance. Cela renvoie à faire des tartes aux fraises avec sa grand-mère dans sa jeunesse, dans un moment de transmission d'un savoir culinaire. La petite tartelette aux fraises que son papa vous achetait en rentrant à la maison après une activité extra-scolaire. Ou l'excitation de sauter le mur d'un jardin pour aller déguster les fraises que l'on cueille vite avant que le propriétaire du lieu ne débarque. Ou encore la revanche de la frustration de ne pas en avoir eu avant parce que désargenter.

Ressenti, souvenir. La dysphorie est un ressenti quand je veux le définir,Iil peut être conçu dans l'esprit de tout un chacun. Compris plus difficile. Comme on comprend la gourmandise de la fraise, et s'étonner de croiser une personne qui n'aime pas les fraises. Pourquoi une personne n'aime pas son genre, en dehors d'une allergie à la fraise...

D'ailleurs, je n'utilise jamais les termes modification et encore moins transformation pour parler de ma transition médicale. Je parle d'évolution de mon corps.

Pour ce qui est de faire une transition, sans être trans mais pour sauver sa vie, j'ai en tête l'exemple de l'Iran qui condamne l'homosexualité mais autorise les transitions de genres qui permet de rentrer dans une ordre cis-hétéro-normée. Du coup, se pourrait il qu'une personne fasse une transition parce qu'elle risque la peine de mort en raison de son orientation sexuelle ?

Nécessité fait elle loi ?

avatar contributeur de Bidule
Modération Bidule
14/10/2024 à 20:45

Citation de Vyna #520743

Quand tu parles de fantasme, je pense plutôt à une sorte d'échapatoir espéré et pas toujours conscient. J'ai en memoir 2 ami qui ont fait leurs transition une mtf et un ftm. L'une à été "sauvé" par le gong, si je puis dire car il a réalisé qu'il souhaitait devenir femme pour légitimer son attirance pour les hommes. Il a été élevé par des personnes homophobes particulierement virulentes et ne se sentait pas digne d'amour.

Le 2 eme à toujours été une femme tres attractive et pensait qu'elle aurait encore plus de succès et surtout de plaisir sexuelle. Elle s'est rendu vompte de son erreur une fois les operations terminé, quand elle à realisé que son magnifique penis de 20 cm ne lui procurerait jamais les sensations de sa vulve.

En ce qui me concerne, j'ai pris conscience de mes problèmes identitaire quand j'ai compris d'où venait mon désarrois recurant (je passais ma vie à pleurer de douleur sans comprendre quelle etait cette douleur) à l'adolescence, j'ai déplacé mon problème sur le travail et je souffrais car j'attendais de mon job qu'il me donne une identité. Mais on est pas chaudronnier ou cuisto ou je ne sais quoi H24. Et ma frustration etait d'autant plus grande que je me donnais la peine d'être optimum au travaille.

J'ai pris ma vie en main radical. J'ai signé mon contrat avec la vie sous la forme d'un tatouage. Moi qui etais une loque, qui n'arrivais pas à garder un emplois et qui passais mon temps à fumer des joints, je ne travaille plus qu'en CDI, je gagne bien ma vie (en même temps je bossse minimum 12h par jours) et je prend soins de ma famille.


Aller de fleur en fleur et ne prendre de chacune que le meilleur

avatar contributeur de Vyna
Vyna
16/10/2024 à 22:31 - 16/10/2024 à 22:33

Citation de Ordalie #520840

J'aime beaucoup ton analogie avec les fraises, même si elle n'est pas évidente au début. En fait elle résume bien cette impossibilité d'expliquer "pourquoi" on ressent un attrait/une envie/un besoin pour quelque chose. Le goût des fraises, ou le fait de se sentir bien dans un genre spécifique. Ca n'a rien à voir en soi, ce n'est pas le même niveau d'intensité, mais c'est exactement ça.

Tu ne peux pas décrire pourquoi le goût des fraises t'évoque tant de choses magnifiques, te procure tant d'émotions. C'est enraciné dans ton esprit pour des raisons liées à ce que tu as vécu dans ton enfance (pour reprendre l'exemple que tu proposes) ou pour d'autres raisons qui te sont propres mais que tu ne peux même pas t'expliquer à toi-même.

L'identité de genre, le fait qu'elle ait plus ou moins d'importance en fonction des individus, ne peut pas s'expliquer. Ca se ressent. "Mais tout le monde aime être une femme !" (c'est ce que je croyais quand j'étais petite, en fait, non, je croyais que tous les garçons voulaient être des filles et, par analogie, je me disais que toutes les filles auraient voulu être des garçons, que c'était la base... et que c'était ce qui générait le sentiment amoureux... j'en étais persuadée !)

Mais non, tout le monde n'aime pas les fraises, tout le monde n'aime pas être dans son genre attribué, et certaines personnes sont juste indifférentes à tout ça. "Ca ou autre chose... tant que je peux manger mes chocapics tranquille..." (je sais pas pourquoi j'ai sorti cette exemple de nulle part 😆 )

Il faut accepter que les gens ressentent des émotions si fortes qu'elles font des choses qui de notre point de vue semble absurde (une transition de genre par exemple, jamais je ne prétendrai pouvoir faire comprendre viscéralement à quelqu'un ma démarche). Il faut juste constater que si on est prêt.e à se lancer dans une telle démarche, c'est que le besoin est très fort.

Citation de Bidule #520842

Ah oui ça c'est fou, comme ce que dit Ordalie sur l'Iran d'ailleurs. Changer de sexe pour pouvoir vivre son orientation sexuelle. Par contrainte (peur de mourir) ou pour mieux être accepté socialement. C'est fou. Franchement, voilà un exemple clair de personnes pour qui l'identité de genre est moins importante que la vie sociale par exemple. Enfin je l'espère pour eux.elles.

Mais faire une transition "par raison" comme ça, ça paraît dément.

C'est tragique de se rendre compte de son erreur. Le retour arrière n'est pas simple.

Mais ça met en perspective la relation qu'on peut avoir avec son genre. Dans le cas d'une dysphorie, le besoin d'être de l'autre genre, juste pour l'être, est si fort qu'on se lance dans la démarche sans hésitation, dès qu'on constate que c'est possible (encore la manie de dire on, je devrais dire "je"). Mais on voit bien qu'il peut y avoir d'autres raisons qui poussent à se lancer dans une transition, et si la personne qui fait ça se rend compte après coup qu'il.elle aimait bien son genre d'avant, ça doit être vraiment dur à vivre (ça me terrifie en vrai, quel gâchis de vie).

PS : "tout le monde aime les fraises !" >> ça m'a fait penser à tout le monde aime les gâteaux ^^ (petit moment musical gratuit pour bien dormir ce soir)

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