Le bonheur de la non-binarité ?

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Narikya
30/04/2023 à 15:18

Coucou,

J'ai une question aux personnes qui rodent ici et assument leur non-binarité : quel bonheur en retirez-vous ? Qu'est-ce qui s'est éclairé ? Quel poids s'est effrité ? (Même si j'imagine que parfois aussi, cela provoque aussi des réactions compliquées) Qu'est-ce qui est devenu plus facile, plus instinctif, simple ?

C'est une question intéressée. Au delà de la curiosité, c'est une idée qui m'attire et m'effraie en même temps, avec laquelle je suis en négociation. En réflexion.

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Narikya
30/04/2023 à 18:19

Merci pour ce premier retour ! 😄

Je lis avec attention ce que tu as la gentillesse de me livrer et la question du changement dans la sexualité m'interroge.

En vérité, je n'ai pas l'impression (après les choses peuvent évoluer éventuellement) que ma prise de conscience de mon trouble d'identité puisse aboutir à une transformation profonde de mon attirance sexuelle, plutôt à une forme de réconciliation.

Je me suis construit contre ma figure paternelle et son virilisme toxique. Une bonne part de mon mal être vient de cela : de mon rapport d'opposition puissant au modèle viril qui dominait dans ma jeunesse. J'ai vécu, et je vis encore en partie, dans la terreur de devenir ça. Cette figure que je déteste.

Mon rapport compliqué à mon genre vient de là. Je ne veux pas devenir ce type d'homme. Et être assimilé à cela tant par des hommes que des femmes (parce qu'elles aussi ont parfois bien besoin d'être déconstruites) est très douloureux.

J'ai donc depuis longtemps désiré la compagnie des femmes. J'ai d'ailleurs longtemps cru que les valeurs "féminines" me correspondaient plus. Mais un certain nombre d'expériences m'ont fait revenir sur terre et au bord du suicide et démontré que les femmes n'étaient pas forcément meilleures que les hommes.

Néanmoins, être papa de deux filles est un vrai bonheur et je suis soulagé de n'avoir eu aucun garçon. Vivre avec des femmes est agréable. Et c'est le corps féminin qui m'attire, pas le corps masculin. Mes fantasmes vont vers les femmes.

Je ne sais pas trop ce que je suis, mais ce qui est certain, c'est que je suis gynéphile.

Et j'ai plutôt l'impression que le cheminement que j'amorce pour sortir de ma dysphorie me mène plutôt vers une possibilité de pouvoir affirmer une sexualité avec des femmes sans me sentir sali par une image viriliste ou machiste bloquante. Comme un facilitateur.

De même que je semble plus attiré vers une forme d'androgynie ou de bigenrisme que vers une transition vers une position de femme. A ce stade des choses en tout cas.

Mais il est intéressant pour moi de découvrir le panel des formes de transidentité et de binarité parce que cela permet de me positionner petit à petit. Cela fait naître des images, des sensations, des pensées qui m'attirent ou non, me parlent ou non.

C'est pour cela que ton intervention est précieuse et je t'en remercie profondément.

Narikya

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Harmonique
30/04/2023 à 19:38

Citation de Narikya #452592 Néanmoins, être papa de deux filles est un vrai bonheur et je suis soulagé de n'avoir eu aucun garçon.

Tu aurais peut-être été un excellent papa ne reproduisant pas les erreurs que tu as subit.

Monique 💋👠🎼❤️

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Narikya
01/05/2023 à 14:45

Citation de Harmonique #452597 Tu aurais peut-être été un excellent papa ne reproduisant pas les erreurs que tu as subies.

Possible.

Et en même temps, difficile de proposer à son fils un modèle masculin peu en adéquation avec le reste de la société et qui m'a valu un tel rejet par mon premier amour que je fus à deux doigts du suicide après une expérience de mépris envers ma sensibilité qui continue encore aujourd'hui de me hanter.

Aujourd'hui, peut-être, serai-je en mesure d'éduquer un peu plus sereinement un petit garçon.

Mais avoir des filles fut un vrai soulagement et demeure un bonheur incroyable. Ce sera probablement la période la plus heureuse et lumineuse de ma vie.

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Stephanie 38
03/05/2023 à 09:50

Citation de Narikya #452666

Et alors ?

Moi même ai 2 garcons, et je suis tout autant fiere d'eux qu'ils se sentent eux mêmes fiers de moi . . . l'amour des enfants n'a aucun rapport avec les questions de genre . . le seul secret est qu'il faut commencer par etre fier-e de soi même, quelque soit le genre dans lequel on s'affiche . . . et bien sur etre fier de soi même est une chose, mais ça se mérite . . . ça ne se décréte pas . .

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Narikya
03/05/2023 à 14:42

Sauf que justement, je ne suis pas à l'aise avec mon genre, alors de là à en être "fier"... 🤔

J'essaie petit à petit de me sentir moins décalé, moins honteux, moins souffrant. Il est donc évident qu'à l'époque, je ne me sentais pas prêt à avoir un garçon (après, s'il était arrivé, j'aurais fait tout mon possible pour l'aimer, l'aider, le chérir, le soutenir, être à la hauteur évidemment).

Quant à l'idée de fierté d'être soi. J'avoue qu'au-delà de mon état actuel, c'est une pensée qui m'est profondément étrangère... J'aspire à être à l'aise avec moi-même. Mais fier ? Non, je n'en ai pas le désir. Ni le goût.

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Danaélia
16/05/2023 à 22:31

Salut, j’ai toujours eu une ambivalence avec mon genre de naissance : garçon. Je n’ai jamais aimé les groupes très mecs. Et je me suis jamais reconnu là dedans. Trop empathique, gentil, préférant la communication, la bienveillance.

Ce qui a pu parfois me provoquer des douleurs d’être homme.

Pour autant, je me suis aussi construit dans une certaine manière d’être homme. Un peu rêveur et poète. L’homme sensible Je suis bien avec mon corps. Et j’ai envie de pouvoir continuer à incarner cette partie de moi.

Mais quand j’ai pu expérimenter de me sentir femme, ça a été libérateur. Il y avait quelque chose de juste, de beau. J’avais un espace pour cette partie de moi. Impression de me sentir accepté.e et accueilli.e aussi. J’ai aussi pu m’autoriser certaines choses que je n'avais pas su m'autoriser dans mon identité d’homme.

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Harmonique
17/05/2023 à 06:29

Citation de Darco #455223

Citation de Narikya #452982

Quand je suis arrivée dans Betolerant il fallait fouiller dans les profils pour trouver des personnes non binaire. Aujourd'hui je constate que nous prenons la parole.

Personnellement c'est une fierté car je me sens plus riche depuis que j'en ai conscience. Je le montre par ma bague aux couleurs jaune, blanc, violet, noir.

Citation de Darco #455223 Mais quand j’ai pu expérimenter de me sentir femme, ça a été libérateur. Il y avait quelque chose de juste, de beau. J’avais un espace pour cette partie de moi. Impression de me sentir accepté.e et accueilli.e aussi. J’ai aussi pu m’autoriser certaines choses que je n'avais pas su m'autoriser dans mon identité d’homme.

Tu as tout dit sauf que l'acceptation ce n'est pas gagnée. Souvent rejet des siens, embyphobie même parfois chez nos sœurs Trans binaire.

Monique 💋👠🎼❤️

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Narikya
17/05/2023 à 23:14 - 17/05/2023 à 23:16

Citation de Harmonique #455231 Quand je suis arrivée dans Betolerant il fallait fouiller dans les profils pour trouver des personnes non binaire. Aujourd'hui je constate que nous prenons la parole.

J'avoue que cependant c'est assez difficile de trouver des ressources sur ce domaine. Je déniche essentiellement des témoignages, ouvrages, réflexions sur des personnes qui transitent physiquement, vers un autre genre binaire.

Mais sur ce que cela pourrait être de se sentir non-binaire, de vivre une non-binarité... très peu.

Et c'est un peu frustrant, alors que l'on tente de sortir un peu de la confusion et d'une impasse, de découvrir que l'on appartient finalement à une minorité dans la minorité. Et que les outils pour se construire sont finalement encore plus manquants.

Citation de Darco #455223 Salut, j’ai toujours eu une ambivalence avec mon genre de naissance : garçon. Je n’ai jamais aimé les groupes très mecs. Et je me suis jamais reconnu là dedans. Trop empathique, gentil, préférant la communication, la bienveillance.

Je me reconnais assez là-dedans.

Poète, rêveur, romantique, névrosé, un peu timide, sensible, j'ai longtemps été tout cela.

Je le suis toujours, mais des couches d'assurance, de militantisme, d'affirmation se sont ajoutées dans les situations ou domaines où je me sens légitime.

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Danaélia
18/05/2023 à 00:52

Citation de Narikya #455368

Merci de me partager tes échos 😊 Il faudra que tu me donnes la recette pour gagner en affirmation. Je me laisse bouffer parce que je suis trop gentil.le.

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Harmonique
18/05/2023 à 17:22

Citation de Darco #455375

Moi aussi je pense être gentille mais je pense que c'est une qualité. Certains ne méritent pas notre gentillesse.

Le véritable défaut c'est la naïveté et c'est à cause d'elle qu'on se fait parfois bouffer.

Monique 💋👠🎼❤️

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Danaélia
18/05/2023 à 20:23

Citation de Harmonique #455473

Oui je suis très naïve et en cause le fait d’être autiste.

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Narikya
19/05/2023 à 11:29 - 19/05/2023 à 12:05

Citation de Darco #455375 Il faudra que tu me donnes la recette pour gagner en affirmation. Je me laisse bouffer parce que je suis trop gentil.le.

Arf... difficile question ! 😄

On va dire que je suis et trop gentil et très affirmé, selon les situations, les cas...

Comme toi (et visiblement comme Monique), j'ai un fond très sensible avec une grande difficulté au conflit. Et je déteste me mettre en colère ; je m'y sens si minable et stupide. Élevé par un père très instable émotionnellement, qui se laisse aller à la colère plutôt que les larmes pour exprimer son mal être, j'ai été très insécurisé par cette manière de faire. Et je la rejette profondément.

J'ai beaucoup de mal avec les gens colériques ou dominants, par traumatisme, par sensibilité, par position philosophique. Ils m'angoissent, m'insécurisent, me pourrissent la vie. Et je ne veux pas leur ressembler.

Vers 14 ans, je me suis juré à moi-même que je serais plutôt brisé que briseur, je choisirais plutôt les larmes que la colère à chaque fois que ce serait possible. Que je préférais être victime que bourreau.

Et la lecture de l'Idiot de Dostoïevki (https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Idiot) n'a fait qu'accentuer cette prise de position.

Première faille.

Je suis rongé par le doute et quand on me fait une réflexion, il m'est difficile de ne pas me demander en quoi l'autre à raison. Je ne veux pas être comme mon père, enfermé dans mes certitudes, menant un débat seulement pour l'emporter sans vraiment tenir compte de ce qui est dit, en employant tous les moyens rhétoriques jusqu'à la mauvaise foi pour ridiculiser la position adverse.

J'essaye de valoir mieux que ça et de maintenir une certaine honnêteté intellectuelle.

Seconde faille.

Comme vous deux, je suis un être très sensible, un être de porcelaine, une fleur de cristal. Alors, c'est compliqué d'être trop affirmé, incisif, brutal. Je me sens mal quand je le suis, sale. Je garde des traces longtemps des moments de conflit qui me hantent plusieurs jours. Les émotions que ces moments provoquent débordent aisément, marquent. C'est compliqué.

Troisième faille.

Et je me sens bien quand je suis lumineux, gentil. Quand j'exprime une certaine douceur. Une capacité de compréhension, d'écoute. Ce sont des moments où je me sens moi-même. Même si je n'ai pas la force d'être altruiste tout le temps, malheureusement. Et que je peux aussi être replié sur mes problèmes, mes hantises.

Quatrième faille.

Mais je ne regrette pas. Je me préfère ainsi. Même si je ne suis pas toujours à la hauteur de ce que j'aimerais être ainsi. Un être doux, fiable, fragile et diaphane. Même si je suis trop gentil, mais cela m'évite d'être trop souvent injuste ou con.

Cependant, comme j'ai flirté un certain temps avec le suicide. Que j'ai été détruit par des demoiselles, mon père et quelques autres hommes toxiques, et que j'ai fait le choix de vivre (après m'être donné deux années pour surmonter en partie la situation qui me dévastait ou en finir pour de bon), alors j'ai appris à exiger sur quelques points un respect minimal et à ne pas me laisser détruire sans répliquer un minimum. En essayant de répliquer, de me défendre de manière aussi propre et digne que possible.

Mais quand ma survie ou les éléments les plus essentiels de ma structure psychique sont en jeu, c'est fini : je ne me laisse plus complètement rouler dessus. Je ne réplique pas immédiatement. Je mets toujours un temps avant d'accepter le conflit. Mais il est hors de question qu'on me mette à terre à nouveau sans résistance.

C'est fini. J'ai assez souffert. Et j'ai acquis à mes yeux le droit de vivre. Le droit d'exister. J'en ai payé le prix. Quelque part, je m'appuie sur les années de souffrance pour revendiquer mon droit à ce que l'on me respecte un minimum.

Pour le reste, la clé de mon assurance éventuelle est le sentiment de légitimité. Lorsque je me sens profondément légitime, je peux être très assuré, parce que je ne me bats pas pour moi mais pour ce qui me semble juste. Et dans ces moments-là, je me sens assez fort finalement.

Alors cela me demande de fouiller le sujet, de me renseigner, d'éviter les prises de position hâtive (ce qui fait de moi un être lent), d'essayer de ne pas avoir de choses à me reprocher autant que possible.

Mais quand j'atteins cet état, je peux être assez déterminé : obtenir l'écartement de ma chef d'établissement, progresser rapidement dans une structure militante, tenir tête à sa direction, être un débatteur coriace...

Mon métier m'a obligé aussi à gagner en assurance. Quand vous gérez des adolescents toute la journée, vous n'avez pas le choix. A un moment, il faut accepter le conflit, poser des limites, gagner en autorité sans devenir autoritaire, trouver votre charisme, etc. Question de survie.

Citation de Darco #455504 Oui je suis très naïve et en cause le fait d’être autiste.

C'est sûr que mon observation du fils autiste de mes meilleurs amis avec lesquels nous partons en vacances et en famille chaque été depuis vingt ans m'a démontré la difficulté pour une personne relevant du spectre autistique avec le conflit et aussi certains éléments du langage non verbal parfois. Même si évidemment toutes les personnes autistes que j'ai croisées n'étaient pas faites sur le même moule.

D'ailleurs, il y a une prévalence des troubles de l'identité de genre chez les personnes relevant du spectre autistique. Sans que j'ai compris pour quelles raisons. Mais j'ai lu cela dans mes recherches sur le sujet.

J'espère que tu arrives au mieux à faire face à tout ça. Notre société n'offre pas forcément une place évidente aux autistes alors j'imagine que pour un autiste avec un penchant non-binaire, cela ne doit pas être évident à première vue.

Merci pour tes réactions en tout cas.


Citation de Harmonique #452588 La non binarité est souvent liée à un changement dans la sexualité. J'écoutais l'autre soir le témoignage d'un frère non binaire. Il disait qu'il avait toujours eu une attirance pour les filles et que le fait d'assumer de plus en plus sa binarité faisait qu'il pouvait avoir une attirance pour un homme. Sa non binarité lui a fait comprendre ses attirances multiples.

Pour ma part c'est exactement l'inverse, je me suis aperçu en bon hétéro mal dans son genre que je pouvais avoir une attirance pour un homme. Cette attirance a réveillé la fille en moi et cette fille non seulement ne c'est pas endormie mais elle a pris conscience qu'elle a toujours été là tapie dans l'ombre.

J'avoue que j'ai commencé par résister à cette idée qui ne correspondait pas à la manière dont je vivais les choses : a priori, je me sens très gynéphile.

Même si j'ai accepté dès le départ que cela pouvait être différent pour d'autres et pour toi évidemment.

J'ai gardé cette révélation dans un coin de mon cerveau cependant et j'en ai trouvé l'écho dans cet ouvrage (assez intéressant au passage même s'il ne traite toujours pas réellement des non-binaires) : https://www.editionsladecouverte.fr/transfuges_de_sexe-9782348057373

On peut acheter des chapitres séparément ici : https://www.cairn.info/transfuges-de-sexe--9782348057373.htm

Le chapitre IV en particulier entre fortement en résonance avec ton témoignage, chère Monique ! 😄

D'abord, on évoque la vie des femmes trans qui ont d'abord été des hommes hétérosexuels mariés : "Avant leurs transitions, ces MtFs concilient une vie officielle en tant qu'hommes et une vie, plus ou moins clandestine, en tant que femmes. Déjà présente dès l'adolescence chez la plupart, la pratique du travestissement s'intensifie avec la vie familiale." (pp. 109-110)

"Plusieurs MtFs décrivent le travestissement comme une "soupape" de sécurité personnelle permettant de supporter le jeu constant de la vie d'homme hétérosexuel. Les deux existences sont généralement étanches [...]."

--> Même si ce n'est qu'une description d'une moyenne statistique et que je sais que tu te situes plutôt dans un spectre non-binaire (et que donc, ce n'est pas une description de ta vie), ce passage m'a fait penser à toi. Et à ton thread sur travestissement et transsexualité. En espérant qu'il t'offre motif à reconnaissance de ce que tu vis.

Deux autres passages m'ont marqué, ceux qui articulent orientation sexuelle et identité de genre :

a) "Ainsi, nombre d'entre elles (des MtFs) se font passer pour des homosexuelles. Se dire gay permet de maintenir l'illusion de la masculinité. En cela, la fonction de cette orientation sexuelle est proche de celle de l'hétérosexualité masculine : elle est vécue comme un compromis permettant de retarder la transition et les risques qui peuvent l'accompagner." (p. 111)

b) "Avant leur changement de sexe, être une femme hétérosexuelle était inenvisageable, comme en témoigne le discours de Benjamin qui était pourtant déjà attiré par des hommes à l'époque [...]. Le souci des futurs FtMs de ne pas passer pour une femme hétérosexuelle n'a pas d'équivalent chez les MtFs, la moitié d'entre elles étant d'ailleurs en couple avec un homme avant la transition. Ce n'est pas l'orientation hétérosexuelle en elle-même qui pose problème aux hommes trans', mais bien sa déclinaison féminine. A travers le rapport de pouvoir qu'elle peut instaurer avec le partenaire, celle-ci semble les assigner fortement au rôle féminin. Ainsi les futures FtMs empruntent presque tous la voie de l'homosexualité féminine, qui leur permet aussi d'apprivoiser la masculinité." 'pp. 113-114)

On lit là des articulations assez complexes entre orientation sexuelle et identité de genre, vie des phénomènes de rejet ou d'attirance, des stratégies psychiques de survie. Et le poids des stéréotypes de genre sur notre manière d'envisager aussi notre identité de genre ou notre orientation sexuelle.

Chose que tu avais parfaitement touché du doigt dans ton témoignage.

Et finalement, pour le moment, si je devais spéculer là-dessus. Je pense que je peux m'imaginer soit comme homme queer/non-binaire hétérosexuel ou à la limite comme MtFs lesbienne, mais je crois que l'un des éléments fondateurs de mon être, c'est pas gynéphilie : j'aime les femmes, les corps féminins, la compagnie des femmes (même si je ne les idéalise plus), être accepté(e) par mes soeurs, par elles. Je suis heureux de n'avoir eu que des filles. d'avoir d'une certaine manière tué le père avant brisant la lignée patrilinéaire. En me projetant dans une descendance féminine.

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Danaélia
19/05/2023 à 12:24

Citation de Narikya #455594

Je me relie vraiment à beaucoup de choses que tu as dites. J’aurais beaucoup à dire. Le traumatisme déjà lié au divorce de mes parents et de toute la violence symbolique que ça a engendré. Le fait d’aimer réellement la douceur, prendre soin, la gentillesse. Le fait d’avoir plus de forces de me battre pour les autres que moi même.

Et très bizarrement, je me relie en partie sur l'assurance. Il m'a fallu trouver des zones de liberté dans ma vie. Je suis devenu leader sans le vouloir au départ. Parce que j’ai une vision singulière, des valeurs. Je fais du théâtre, je n’ai pas peur du monde.

J’ai aussi développé un réseau plutôt conséquent grâce à mes écrits.

Donc c’est paradoxal. A la fois une personne de volonté avec de l’indépendance d’esprit. De l'autre, hyper empathique et j’ai beaucoup de mal à me respecter.

Oui il y a clairement un lien entre plus largement les lgbt et l’autisme. Et en effet, la non binarité c’est fréquent.

Je pense que c’est relié entre autre au fait que l’identité ne peut pas se construire de manière aussi simple. Les normes de genre restent des normes sociales. Et même si elles finissent par être comprises intellectuellement, elles sont intégrés plus superficiellement.

Le cas de l'autisme reste complexe. J’ai été diagnostiqué il y a 3 ans car j’ai eu beaucoup de chances. J’ai beaucoup de points communs avec l’autisme au féminin qui est plus difficile à déceler et qui mène à de l’épuisement à force de suradaptation.

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Narikya
19/05/2023 à 15:39

Citation de Darco #455609 Le fait d’avoir plus de forces de me battre pour les autres que moi même.

Quelque part, nous sommes un peu sœurs. ^^

Vers onze ans, je ne savais pas encore précisément ce que je voulais faire plus tard, mais une chose était sûre : je voulais être au service de quelque chose de plus grand que moi, plus important, plus essentiel.

Citation de Darco #455609 Je suis devenu leader sans le vouloir au départ.

Idem. Généralement, je me retrouve dans des situations de pouvoir ou de lead sans le vouloir. Le pouvoir m'angoisse. J'ai peu de mal faire, de l'ivresse du pouvoir, de devenir un con. 😎

Mais il y a des moments où quelqu'un doit prendre les choses en main, se lancer. Et comme j'ai le verbe facile et l'écrit précis quand je me sens légitime, alors souvent soit on se retourne vers moi, soit je me sens obligé d'y aller.

Mais cela ne dure jamais longtemps. Je ne suis pas un chef fiable sur le long terme, c'est trop de stress. Par contre, je peux me lancer corps et âme sur un temps donné.

Citation de Darco #455609 Je suis devenu leader sans le vouloir au départ. Parce que j’ai une vision singulière, des valeurs.

Et effectivement, j'ai l'impression que l'expérience d'un fort décalage (ta sensibilité, ton autisme, ta non-binarité ; mon multiculturalisme, ma sensibilité, mon esprit HPI, ma dysphorie de genre) amène à des prises de position assez hétérodoxes. Et un regard singulier. Avec une forte capacité à s'identifier à une bonne partie des gens en marge, parce que c'est un vécu intime.

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Harmonique
20/05/2023 à 05:19

Citation de Darco #455609

Citation de Narikya #455649 Quelque part, nous sommes un peu sœurs. ^^

Carrément, nous sommes sœurs. L'admettre c'est admettre notre légitimité. Ce qui nous relie est plus fort que ce qui nous sépare. Notre sensibilité, notre soif d'apprendre et trouver notre chemin, notre relation avec le monde tout nous parle, nous renvoie au plus profond de chacune d'entre nous. Les couleurs de la non binarité est un ciment qui nous lient toustes les 3 auxquels peut s'ajouter Lyys et bien d'autres.

Nos parcours se ressemblent. Pour ma part j'ai eu à gérer un groupe de jeunes en perdition, jamais je n'aurais pensé pouvoir le faire. J'ai beaucoup appris lors de cette expérience sur mes capacités et le résultat a été chez ces jeunes un sentiments d'abandon quand j'ai dû partir avant la fin de ma mission pour une situation plus perenne.

J'ai beaucoup de mal à m'imposer dans un groupe. Je suis effacée, je rumine et parfois je renverse la table car je suis une insoumise. Je suis prête à chercher auprès des autres la personne qui va être le moteur de ma pensée et à la suivre fidèlement et avec dévotion. En revanche si ma voix n'est pas représentée je la fais entendre quitte à m'isoler. Aujourd'hui je le vis avec mes frères et sœurs Trans qui se lance dans une transition biologique. Je me suis plus ou moins mise sur la touche mais elles ne me demandent plus quand est-ce que tu commences.

Pour le côté androgyne, c'est un rêve inaccessible à mon âge et mon exploration, mes expériences (un peu comme pourrait le faire un scientifique) vont vers comment je peux me faire vivre au féminin le plus confortablement possible.

Je n'aime pas les rapports de domination que cela soit dans la vie ou sexuellement. Je suis fleur bleu, J'aime m'émouvoir pour les beautés de ce monde cela va d'une petite pâquerette à une belle paire de fesses rebondies.

Mon attirance visuelle va clairement vers les femmes mais d'un point de vue humain homme/femme j'en ai rien à foutre ce qui m'importe c'est la personne. On ne peut pas condamner la vision du mâle dominateur et mettre tous les hommes dans le même plat. En tant que non binaire on peut se retrouver dans un groupe de femmes et souffrir du niveau de conversation qui n'a rien à envier aux conversations machistes. Les hommes ne sont pas tous des neuneus.

Je n'ai pas de vrais ami(e)s actuellement je sais que c'est plus difficile de trouver des hommes raffinées mais je ne me l'interdit pas. Il y a des hommes qui peuvent me lire ici et je sais que c'est une profonde injustice de s'en ramasser plein la tronche alors qu'on ne le mérite pas.

Citation de Narikya #455649

Pour les ressources des non binaires n'allant pas vers la transition, c'est peut-être une page blanche que l'on est en train d'écrire.

Monique 💋👠🎼❤️

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Narikya
20/05/2023 à 10:42

Citation de Harmonique #455698 En tant que non binaire on peut se retrouver dans un groupe de femmes et souffrir du niveau de conversation qui n'a rien à envier aux conversations machistes. Les hommes ne sont pas tous des neuneus.

C'est clair ! Je suis revenu de ma jeunesse pendant laquelle je mettais les demoiselles sur un piédestal !

La vie m'a appris qu'elles n'étaient en rien immunisées envers le sexisme, la brutalité, la beaufitude.

Que je suis généralement plus sensible que la majeur partie des femmes que je rencontre.

Et surtout que la plaie la plus purulente qui sommeille en moi, c'est une femme qui me l'a infligée. Lorsque votre premier amour vous explique tranquillement que vivre avec un être comme vous, c'est comme être en couple avec un enfant, un bébé... simplement parce qu'on est sensible, que c'est elle votre première expérience sexuelle, que vous préférez les larmes à la colère quand elle est injuste avec vous, que vous êtes sensible alors la seule issue qui vous reste paraît d'en finir.

Parce que détester d'être homme, essayer malgré tout de répondre au désir d'une femme et passer le cap de s'offrir à elle, pleinement, totalement, en essayant d'être doux, respectueux, de passer outre ses craintes, ses doutes, pour elle, pour parvenir à quelque chose de lumineux. Refuser la voix du machisme tout cela pour qu'elle vous rejette et retourne auprès de son mâle alpha qui la trompe régulièrement... C'est comme si l'univers vous hurlait à la gueule que vous n'êtes qu'une aberration pathétique. Et que votre fragilité, vous pouvez vous la caler quelque part !

Alors, oui, tu as raison, assimiler tous les hommes au stéréotype machiste, c'est faire œuvre de sexisme. Et c'est injuste.

Et même blessant pour tous les hommes qui subissent ce machisme, ce modèle dominant : les garçons fragiles, rêveurs, non-binaires, frappés d'un trouble de l'identité, trans', victimes d'un père toxique, violés, agressés sexuellement...

Et je dois dire que je ne suis pas fier de véhiculer parfois ce jugement généralisant sur les hommes, alors que j'en souffre moi-même. C'est compliqué de s'abstraire de tout cela et de garder toujours le mot juste. D'autant que je te rejoins et qu'en même temps mon ressenti est moins subtil. Plus marqué par des années de souffrance et de rejet.

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Danaélia
20/05/2023 à 12:13

Citation de Harmonique #455698

Citation de Narikya #455649

😊😊😊 (pour le "Nous sommes sœurs")

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Narikya
29/05/2023 à 11:03

Et si le bonheur de la non-binarité, cela pouvait être de se sentir parfois femme, homme ou juste soi.

Le bonheur d'entrer en fusion avec les pensées, les désirs de sa compagne, de pouvoir les saisir, les ressentir presque et d'être aussi son homme. De se sentir un peu elle et un peu soi. Mais aussi d'être accepté comme "sa compagne" en même temps que son compagnon.. ?

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Nymeo
29/05/2023 à 11:49

Bonjour,

Je viens apporter mon temoignage.

Je suis non binaire, agenre plus exactement. Cela fait environ 30 ans que j en ai conscience et environ 20 que je suis en paix avec cela. Je n ai jamais eu le besoin de faire de comming out officiel. Une poignée d amis sont au courant car c est venu spontanément au cours de nos discussion, et même si ça a pu leur paraître etrange au premier abords, ça n a pas modifié la perception qu ils ont de moi ni altéré nos rapports.

Il est possible que le fait que j ai une apparence de femme sis hetero lambda, et que je me fiche royalement de la façon dont les quidams me considèrent,doivent me faciliter la vie. Mais il m est neanmoins plaisant de rencontrer d autres personnes non binaire, ça me donne l impression de ne pas etre un extraterrestre.

Concernant une hypothétique prise de conscience simultanée concernant l orientation sexuelle, je n en ai pas eu.

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Narikya
13/06/2023 à 23:06

Je me rends compte qu'il est une personne avec laquelle je me sens dans un puissant cocon, parce qu'elle sait tellement de moi et moi d'elle. De nos heures les plus sombres (et les siennes furent particulièrement funestes).

Nous ne nous connaissons pour le moment qu'à travers les ondes et les protocoles numériques et pourtant c'est clairement une des personnes avec laquelle je me sens le plus à l'aise, notamment parce qu'avec elle je peux parler de moi au féminin ou au masculin, selon ce qui est le plus approprié en fonction du sujet, de la part de moi qui s'exprime.

Que je peux alterner pour appuyer un propos gifs masculins ou féminins pour me représenter d'une certaine manière.

C'est apaisant et plaisant de pouvoir se définir de manière mouvante.

De passer naturellement de l'un à l'autre.

Et d'avoir une personne qui accepte cela et vous définit selon les cas d'une manière ou de l'autre, naturellement.

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Ancien membre
14/06/2023 à 12:17

Citation de Narikya #452583J'ai une question aux personnes qui rodent ici et assument leur non-binarité : quel bonheur en retirez-vous ? Qu'est-ce qui s'est éclairé ? Quel poids s'est effrité

Je n'en retire aucun bonheur, c'est juste un constat qui n'a pas été facile à faire tant je ne me reconnais pas dans les différents témoignages et reportages sur le sujet.

Je ne l'assume pas non plus, c'est quelque-chose que je n'ai pas envie d'aborder à part avec des personnes très proches et quand je l'ai fait j'ai eu l'impression d'annoncer que j'ai une maladie.

Le réaliser m'a aidé à mieux me comprendre et à déculpabiliser, à expliquer certaines de mes difficultés.

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Ancien membre
16/06/2023 à 19:30

Étant non-binaire agenre. Rien que de le découvrir, celà a mis des mots sur mes ressentis et m'a apaisée quand à mes recherches de réponses sur la question "Qui suis-je ?".

Je ne suis ni lun, ni l'autre. Ni les deux. Je suis Agenre. Ce qui m'aide également à comprendre ma sexualité et le mot "diamorique" qui la définie 🙂

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Narikya
25/06/2023 à 15:37

Citation de Deltalice #460843 Étant non-binaire agenre. Rien que de le découvrir, celà a mis des mots sur mes ressentis et m'a apaisée quand à mes recherches de réponses sur la question "Qui suis-je ?".

J'avoue que je serais super curieux de comprendre comment cela t'aide concrètement, comment tu en es arrivée là. Je suis impressionné.

Pour ma part, je suis comme Lyys, mais encore moins avancé sur le chemin : je sens juste que me définir comme un homme, c'est trop douloureux.

Et même ça, c'est compliqué à assumer parce que si on regarde ma situation de l'extérieur, je suis plutôt bien intégré socialement, je vis en couple, j'ai une maison, deux filles que j'adore, des amis, un boulot, un certain respect... Je devrais aller bien.

Et de même, je devrais, en théorie, être capable de m'extraire des stéréotypes de genre, me dire que je ne suis pas concerné par tout ça et juste aller mieux. Mais en vérité, cela ne marche pas comme ça.

Et je ne sais même pas vraiment pourquoi.

Trop longtemps à m'être senti coupable d'être un homme ?

A détester le modèle qu'on me renvoyait tout en étant honteux de ce que je suis et fier à la fois ?

Peut-être que tout cela est trop imbriqué avec ma neuroatypie, ma sensibilité et que le sentiment de décalage ne se limite pas à la question du genre et ne peut donc pas se résoudre seulement par lui ?

Et j'avoue que je peine à trouver des témoignages, des ouvrages sur la non-binarité qui soient autre chose qu'une simple description de ce que c'est, ou un machin militant (qui a sa valeur, mais ne règle pas mes problèmes de compréhension de ce que je suis)...

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Ancien membre
25/06/2023 à 17:38

Citation de Narikya #462133

Si jamais tu souhaites poser des questions, n'hésites pas.

J'ai passé plusieurs années à déconstruire pour me reconstruire. Avoir des mots comme : "dysphorie" ou encore "Agenre", "Diamorique" etc sont vachement utiles pour savoir quel est mon point de départ, depuis quel oeil j'observe le monde qui m'entoure.

Je me suis recentrée sur mes impressions, sur mes émotions, sur mes comportements envers moi même et envers autrui. Par moment, j'avais une dysphorie lorsqu'on me disait "princesse" ou "elle". Ce n'était pas moi. Mais la dysphorie était tout autant présente lorsque l'on me disait "bonjour Monsieur" ou "t'es un garçon manqué" (j'en passe et des pires). Avec le temps, les codes imposés des couleurs "rose" et "bleu" me révoltait. J'ai souffert d'avoir été mise dans ces cases qui n'étaient pas la miennes. Alors j'avais encaissé en silence sans réussir à trouvé les mots qui permettaient de décrire mon ressentis et qui j'étais au plus profond de mon être. À force de lecture, de recherches, j'ai évolué.

J'ai encore du chemin à faire, mais cela reste une formidable aventure d'apprendre à entrer en contact avec moi même ! Et d'apprendre à me connaître et me découvrir.

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Némésis Inu
25/06/2023 à 18:00

Citation de Deltalice #462164

Que signifie diamorique?

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Harmonique
25/06/2023 à 18:56

Citation de Némésis Inu #462174 Que signifie diamorique?

Attention je surveille tous dérapage.

Monique 💋👠🎼❤️

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Narikya
25/06/2023 à 19:50

Diamorique, cela ne signifie pas que l'on parle breton ? 😁😎

Commencer à faire des rencontres ?


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