STOP à la fétichisation des personnes transgenres. betolerant est le seul site de rencontre trans à ne pas considérer la transidentité comme un vulgaire fantasme fétichisé.
Bonjour à toutes et à tous,
Permettez-moi de me présenter, je me nomme Valentine, j'ai 22 ans. Je suis née dans la peau d'un homme. Dans ce post, je vais essayer de vous décrire ma vie, mon ressenti, mes émotions et plus ou moins où j'en suis de manière générale. Ce que j'aimerais, c'est dans un premier temps disposer de votre avis quant à ma vie et dans un second temps, si vous le souhaitez, donner votre ressenti, la manière dont vous vous considériez avant votre transition.
Je pense avoir souvent ressenti un malaise par rapport à mon genre. Je suis actuellement en questionnement et je me permets de prendre ce nom et de me genrée au féminin dans un but expérimental. Si je devais résumer ma vie, je commencerais par dire que durant mon enfance, j'étais harcelée, je subissais souvent des violences (mentales) et que l'un de mes réflexes à ce moment était de me construire une carapace. Si elle a eu le mérite de me protéger des agressions des autres, le revers de la médaille était que j'ai longuement eu beaucoup de difficulté à nouer des relations sociales (aujourd'hui encore je suis aliénée), j'ai un mal de chien à me confier à qui que ce soit et j'ai beaucoup de difficulté à ressentir et à comprendre mes émotions. Tout cela fait n'a évidemment fait qu'ajouter de la confusion quant à ma nature.
D'ailleurs, concernant les premiers aspect complexe lié à mon genre, je pense que ces derniers sont apparu pour la première fois en début d'adolescence, vers 14 ans. Cela a commencé par l'apparition de ce que je considérais être un "fantasme" ou je souhaitais être de l'autre sexe. J'ai longuement espéré et rêvé devenir une femme pour de multiple raisons (la première étant à l'époque de nature sexuelle), même si je gardais ce "fantasme" pour moi, je n'arrivais pas à chasser cette idée de ma tête. Par exemple, j'ai longtemps tenté de faire des rêves lucide pour pouvoir réaliser ce rêve mais la charge émotionnelle me réveillait malheureusement. J'ai continué de rêvé de tout cela sans réellement "percuter" jusque mes 18 ans. Durant cette période, tout comme aujourd'hui d'ailleurs, le désir de devenir une femme n'était pas constant. Ma vie était semée d'épisode de désir intense comme de période très calme. Durant ces périodes tumultueuses, disons que j'étais très à fleur de peau et je pense que me considérer comme émotionnellement stable est mensonge, je pleurais parfois, je changeais d'émotion en un claquement de doigt. Avec du recul, je pense pouvoir affirmer qu'il s'agissait de "micro-dépression" si l'on peut dire. Arrivés à mes 18 ans, au cours de l'un de ces épisode particulièrement intense, en pleine période d'année préparatoire pour l'école militaire, j'ai décidé de chercher à comprendre par moi-même, la crainte du regard des autres m'empêchant de parler de ce "fantasme".
Après avoir compris, je me suis effondrée, j'ai pleuré, je tremblais, j'étais en détresse émotionnelle. Je ressentais le besoin vital d'en parler, je me suis dirigée vers mes amis de confiance, je n'ai pas osé en parler à mes parents. J'ai vidé mon sac et ces derniers se sont montré compréhensif. Cependant, je n'étais pas prête à aller plus loin qu'en parler. Trop peur du regard des autres, de mes parents, et du processus expliqué par Wikipédia de l'époque trèèèès flippant. Après cette délivrance que représentais cette discussion avec mes amis, mon état émotionnel s'est calmé et j'ai repris ma vie de manière plutôt "normale" (après tout, qu'est-ce que le normal me disais-je). J'ai terminé mon année, je suis rentrée à l'école militaire dont l'ambiance générale apparente ne laissait pas vraiment place à ce genre de questionnement.
Néanmoins, les crises revenaient de temps en temps, une fois tous les 2 mois, je profitais de chaque crise pour m'explorer un peu plus (je le fais toujours) mais un an après ma réalisation, j'ai eu le besoin de parler à quelqu'un ayant déjà franchi le cap, de surcroît, à l'armée. Cette chaleureuse personne m'a beaucoup aidée en m'expliquant son parcours, les tenants, les aboutissants, les aspects pratiques. Mais au terme de cette rencontre, je me sentais insatisfaite. J'avais l'impression que peu importe la transition, je me retrouverais dans une espèce d'entre deux et ce n'étais pas ce que je désirais. J'ai donc terminé cette crise avec la conclusion que je ne pourrais, même si je le souhaitais, devenir une "vrai" femme (je frôle la transphobie je sais mais j'ai besoin d'être crue pour vous exposer ma réalité sans l'édulcorer). Je n'avais aucune animosité à l'encontre des transgenre à ce moment mais je me disais, ce n'est pas pour moi.
Ce n'est pas pour moi, oui mais jusqu'à la crise suivante deux semaines après au cours de laquelle j'ai décidé d'en parler à mes parents, ces derniers ont relativement bien accueillis la nouvelle (pour des parents découvrant que leur fils veut devenir une fille). Nous avons discuté du sujet. J'avais peur, peur de les blesser, de les fâcher et de les décevoir, je n'ai pas été capable de leur dire ce que je ressentais et je me suis laissé convaincre qu'il s'agissait d'une phase notamment à cause d'un aspect, celui que j'étais encore vierge. J'avais déjà pensé à ce point sans jamais vraiment le développer. Le fait que, comme j'étais vierge, que je n'avais jamais eu de relations, de petite amie, et que de facto, je souhaitais devenir une femme pour pallier le fait que j'étais vierge. Nous n'avons plus jamais parlé de ce sujet depuis et sincèrement, j'ai cru mes parents, je voulais croire qu'ils avait raison et qu'ils me connaissaient mieux que moi-même. S'ajoutant à cela le fait qu'il ne s'en doutait pas, que je ne me travestissais pas (car je me trouvas ridicule) que je n'ai jamais parlé de tout cela (à cause de ma carapace et de ma crainte du regard des autres). Je me suis laissé croire à tout cela.
Quelques mois après cette conversation, je suis tombée amoureuse d'une fille. Nous nous sommes mises en couple et cela fait actuellement plus de deux ans. Malgré notre relation, les crises n'ont jamais cessées. Dans le but de nous protéger, j'ai toujours gardé cela secret, de peur de sa réaction. J'ai refoulé mes sentiments durant les crises, en profitant des fois ou nous découvrions pour sonder son avis sur la question. J'ai dans un premier temps exposé ma vision comme un simple fantasme. Et notre relation a perdurée normalement... Jusqu'à il y a deux semaines. Aux cours d'une enième phase de doute intense, je lui en ai parlé, elle a, elle aussi bien accueillie la nouvelle (pour une femme qui voit que son homme, l'amour de sa vie (selon ses termes), souhaite devenir une femme). Durant cette phase, que je traverse toujours, j'essaie à nouveau de re-creuser la question.
Il faut savoir que je n'ai jamais détesté mon corps d'homme. Il m'arrivait de l'apprécié et de même parfois le vouloir plus viril. Je n'ai jamais eu de problèmes avec mes organes génitaux masculin. Contrairement aux personnes que j'avais pu observer ces dernières années, qui avait un rapport plus mitigé dirons-nous, c'est le cas de la plupart des personnes avec qui j'ai pu discuter ces 2 dernières semaines et de ce que l'on m'a dit, de la plupart des personnes transgenres de manière générale. Par la suite j'ai également poncé le site : "https://wikitrans.co/" chaudement recommandé par l'une des femmes trans avec qui j'ai pu discuter. Je me suis assez bien reconnue dans ce qu'ils expliquaient (notamment les petits "jeux du bouton" où je me reconnaissais particulièrement).
Aujourd'hui, ce qui m'empêche je pense de faire le pas, c'est la pression sociale, dans le domaine militaire et civil mais surtout le regard de mes proches, et de ma compagne qui devra encore plus que les autres être confrontée à cette réalité. Elle a peur et j'ai peur et j'aimerais pouvoir la rassurer, mais comment le puis-je ? D'un côté ces aspects me freine sincèrement, de l'autre je commence à comprendre que je peux lâcher prise, que je peux assumer les comportements féminin que je peux avoir comme me faire cajoler, câliner par ma compagne (qui elle-même rigolais en me disant que ça devrait être l'inverse du temps qu'elle ne savait pas pour moi), que j'arrive à répondre aux questions du style : "Tu veux juste le corps d’une femme ou tu aimerais avoir le corps d’une femme + qu’on t’appelle madame + changer de prénom et tout le reste ?" et que je peux toujours assumer ce que j'aime faire en tant qu'homme en étant une femme.
J'aimerais conclure en disant que cette petite autobiographie m'a beaucoup aidée, j'ai les mains qui en tremble. Aujourd'hui, je pense pouvoir affirmer être trans et vouloir devenir une femme. Je pense qu'à l'heure actuelle je dois effectivement lâcher prise. J'ai tant essayé au cours de ces 4 années de me prouver le contraire en vain que désormais je ne vois qu'une solution : accepter qui je suis. J'aimerais toutefois vous demander votre avis quant à ma situation, ce que vous conseillez et également comment vous viviez votre nature avant votre transition.
J'espère avoir rendu ces minutes de lecture intéressante,
Je vous souhaite en tout cas une belle soirée et à très bientôt !
Valentine,
Citation de Judeline #429877
Bonsoir Judeline,
Merci pour ta réponse, je suis navrée que ta transition se soit si mal déroulée, ça n'a vraiment pas dû être facile à vivre. Je suis toutefois heureuse de voir que tu aies su rebondir. Je te souhaite tout le bonheur du monde ! Je te souhaite une magnifique soirée !
Encore merci pour ta réponse,
Valentine,
Bonsoir,
Tu trouveras ici autant de biographies différentes que de personnes transgenres. Parfois ça se passe très mal, parfois beaucoup mieux. Pour ma part, la très grande majorité de mon entourage a accepté ma transidentité. J'ai dû cependant gérer une séparation, et tâcher d'expliquer cela à 3 ados. Pas facile...
4 ans plus tard, il n'y a guère que mon ex à refuser l'évidence. J'ai achevé ma transition sociale. Je suis une femme, je l'ai d'ailleurs toujours été, c'était juste une évidence que je me refusais à accepter, pendant si longtemps... Et pourtant je ne regrette pas d'avoir vécu ma vie d'avant, qui a été riche et remplie d'amour par ailleurs. Je suis juste... tellement mieux maintenant, comme un serpent après la mue ! Je suis enfin pleinement moi !
Cette transition m'a beaucoup coûté, psychologiquement, cependant je la vois comme une étape de vie aussi nécessaire que tout autre accomplissement de valeur dans ce monde. On obtient rien sans sacrifice.
Et pour la société, pour tout dire je lui dit merde, je suis ce que je suis, et je ne m'excuse pas d'être trans. Qui m'accepte me suive.
J'ai quand même la chance d'avoir des amis et un boulot très ouverts, j'ai eu beaucoup de chance. Et puis j'ai retrouvé l'amour.
Life goes on.
C'est ça il ne faut rien regretter.
Un jour le psy de l'hôpital me demande ce que je changerais si je devais recommencer ma vie, s'attendant certainement à ce que je dise que je commencerais ma transition plus tôt.
Il me dit que j'ai le temps de la réflexion.
Alors je réfléchis peut être 10 minutes ou 15 je ne sais pas, pour finalement répondre que je ne changerais rien.
rien ? - me demande-t-il surpris
Plus tard j'ai vu un proverbe qui résume ce que je viens d'écrire :
"Si j'effaçais les erreurs de mon passé, j'effacerais la sagesse de mon présent. "
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