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Bonjour à tous. Je ressens actuellement le besoin de parler, de partager et peut-être me comprendre. Ca fait des années que je fais l’effort, mais je me sens toujours bien seul avec mes interrogations. Donc je vais vous raconter des parties de mon histoire.
J’ai 35 ans et, au fond de moi, je me sais homosexuel. C’est un fait que j’ai toujours évité, pas refusé, mais évité. A mon âge, la plupart des hommes ont appris à se connaître, on fait leurs expériences, se sont construits. Moi, je n’en suis encore qu’à l’état d’ébauche. Je suis quelques timides traits d'un croquis et n’ai pas assez d’assurance pour appuyer sur la mine. Pendant longtemps, j’ai caché un phimosis. Une excuse pour ne jamais m’engager, ne jamais m’attacher, par crainte de l’évolution de la relation. J’ai longtemps entendu ma famille vociférer lorsque l’image de l’homosexualité apparaissait à la télévision ou dans des conversations. Du langage fleurie qui continue encore aujourd’hui et qui me blesse dans mon silence. Ce problème médicale était donc, pour moi, un bon moyen de ne pas avancer dans ma vie sentimentale et de ne pas être confronté à une réalité difficile. Je n’ai donc eu aucun rapport sexuel jusqu’à subir une intervention, il y a 6 ans. Pour moi, le dépressif, c’était un geste lourd de sens. Il signifiait le début de ma liberté. Je choisissais de me défaire de ces chaînes pour me confronter, pour grandir, vivre. Mais rien ne s’est passé comme je l’imaginais…
Mon inexpérience, ma timidité ne m’ont pas aidé à faire ce grand pas. Déjà casanier, je ne me sentais pas d’aller faire le tour des bars. J’avais aussi trop peur de rencontrer des gens que je connaissais, car personne ne savait rien de moi...Peut-être même pas moi à cette époque. J’ai donc choisi la facilité (du moins, on le pense), l’internet, les applications de rencontre. Je me suis donc inscrit à des applications de rencontre. D’abord prudent, j’en ai eu un peu marre de voir les profils défilés et n’attendre qu’une seule chose et si possible avant la fin de la première conversation. Un soir, un garçon me contacte, il a mon âge, il a l’air sympa. Je lui partage que ma recherche n’est pas un plan direct, il dit comprendre. Je lui explique les grandes lignes de mon histoire, il semble attentif. Il me demande s’il peut passer chez moi. Je refuse. Il insiste. Je me sens seul. Il me rassure, ce sera juste une discussion autour d’un café, rien de plus. Après des minutes d’hésitation, j’accepte sous cette condition. Pendant une quinzaine de minutes, tout se passe bien, même si je ne suis pas à l’aise. Dans ma tête, je me dis que c’était une erreur de lui donner mon adresse. Je pense vite que j’ai raison car il tente de m’embrasser. A ce moment là, je trouve la force de le repousser. Mais s’il n’insiste pas, ces gestes sont de plus en plus déplacés et moi je ne sais plus comment réagir, comment refuser. Son idée n’était finalement pas de discuter autour d’un café. A cet instant, mon esprit a refusé de répondre. Mon corps lui a réagi, m’enfonçant dans mes doutes et le garçon en a profité. J’ai culpabilisé. Je me suis dit que c’est ce qu’il attendait, qu’il est venu pour ça et que j’avais été naïf de croire le contraire. Lorsqu’il a eu ce qu’il cherchait, moi je n’étais plus que l’ombre de moi même. J’ai agis machinalement tout le long et n’avait plus qu’une hâte, qu’il s’en aille. Il venait de me voler ma première fois. Il s’en est même vanté, en me demandant si c’était ma première expérience et qu'il n'aurait rien fait s'il avait su. Pourtant dans notre discussion à l’écrit, je ne m’étais pas empêché de l’avertir pour qu’il comprenne que je cherchais à nouer un lien de complicité, pour y aller en douceur. Cela fait 4 ans, et le temps semble patiner depuis ce soir là. parfois, des flashs me reviennent et le dégoût, la honte et la culpabilité me frappe si soudainement que j’ai envie d’éteindre mon cerveau pour ne plus y penser.
Pourquoi je vous raconte cela ? Tout d’abord, je me sens le besoin de me confier à présent. Mais aussi parce que cette expérience me donnait l’impression de ne plus avoir de désir. J’ai, à présent, peur d’aller trop loin parce que j’ai peur de ressentir les même chose. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pendant des années, j’ai éprouvé beaucoup de culpabilité d’avoir laissé ce soir-là se produire. J’ai eu la sensation que c’était normal. Que ce qu’on m’avait fait été une relation respectueuse, une expérience basique. J’ai eu cette impression d’avoir été faible, de ne pas avoir su dire “non”, assez de fois “non”. J’avais même oublié de l'avoir dit/montré, donnant des excuses à ce garçon, parce qu’il semblait pas si méchant.
J’ai abandonné les rencontres pendant de longs mois, peut-être une année, avant de me sentir le besoin d’avancer. Malheureusement, avec plus de prudence, j’en ai fait que très peu et aucune n’a eu de continuité, souvent à cause de moi. Et puis, l’année dernière, il y a eu ce garçon sur grindr. Il venait d’arriver dans ma ville. Je l’ai très vite invité à m'accompagner à un événement de ma ville. Nous avons passé un bon après-midi. Nous avons continué à échanger mais, lui très bosseur, nous nous sommes très peu vu. Très vite, il y a eu une eu attraction de mon côté, qui s’est avéré réciproque. Autant que cette timidité que nous avions en commun. Il m’a redonné confiance, il m’a donné envie et j’ai éprouvé du désir envers lui, je crois. Mais il y avait cette sorte de blocage qui me martelait la tête de “et si...”. J’avais peur de perdre le contrôle, de le blesser en le repoussant. Le fait que nous n’avons pas pu nous voir souvent n’a pas aidé. Sans compter qu’il est en couple libre. Mais avec lui, j’imaginais bien avancer un peu de mon côté. Et puis le covid-19, ...et puis ses concours. Nous nous sommes vu une dernière fois, ce qui me semble une éternité, il y a un mois. Il est parti pour une autre ville, accédant à ses rêves, son ambition, ce qui me réconforte, c'est bien ce point. Mais je dois repartir de zéro. Réapprivoiser, trouver un garçon compréhensif, patient, qui me plaise. Ca ne court pas les rues. Et je n’ose plus, parce que j’ai toujours cette peur qui m’habite, qu’on avait su atténué, mais qui s’anime à nouveau. Ce blocage qui me pourrit la vie et qui s’est installé pour plusieurs raisons. L’intolérance, l’abus et l’inexpérience qui ont créé ce petit croquis faiblard qui manque trop de confiance en lui pour tracer des traits plus colorés.
Je sais qu’il y a peu de questions dans ce récit. Mais j’ai besoin de m’y retrouver et de savoir ce que je traverse. Pour ça, j’ai besoin de regard extérieur. J’ai besoin qu’on m’aide à comprendre pourquoi ce blocage ? Pourquoi, il m’est si difficile d’avancer, de vivre ? Pensez-vous que cette première expérience que j’ai vécu est normale ? Je vous remercie de m’avoir lu.
Tu devrais peut-être en parler à des personnes compétentes... Courage à toi
Salut, tu ne devrais pas te comparer aux autres. Chacun avance à son rythme. Le but n'est pas d'aller le plus vite. Mais d'avancer, d'expérimenter, de chuter et d'apprendre. Tu es peut-être une ébauche. Cependant des ébauches de De Vinci valent des milions.
Le fait que ta famille est une telle image des gays. T'a possiblement mis en tête que c'était quelque chose de pas bien. Tu trouves confiance en cette personne qui ne t'a pas respecté. Un non, c'est non.
C'est normal que tu es tout ces bloquage en toi. L'amour commence par soit même, après les autres.
As-tu essayé de te faire aider par un professionnel, même un minimum?
Courage, tu as déjà fais le premier pas 🙂
Je vous remercie pour votre attention et vos réponses. Aujourd'hui, je met un mot sur l'expérience que j'ai vécu : de l'abus. Mais j'ai mis beaucoup de mal à me l'avouer. Se considérer comme victime n'est pas simple, car il y a toujours des personnes pour remettre en cause ton experience. C'est pour ça que ce n'est pas bien de se comparer aux autres, mais ne le fait-on pas tout le temps. :( .
Je ne pense pas qu'être gay n'est pas bien. Je ne me pose pas de question à ce sujet. Je suis même prêt à défendre que ce n'est pas le cas. Mais c'est la peur de ne pas être accepté qui me paralise. Mon père est homophobe. Chaque fois qu'on se voit, j'entends des insultes aux sujets des homosexuels. En moi, ça boue. Mais je ne remets rien en doute, je sais qu'il a tort. Mais je sais aussi que si il l'apprends à mon sujet, l'ambiance risque d'être difficile. Je n'ai pas envie d'être en mauvais terme. Je n'en ai pas la force. Des tensions, il y en a déjà. C'est malsain, mais j'ai besoin de ma famille malgré tout. Ma mère sait et la seule chose qui la dérange, c'est que mon père soit si fermé d'esprit.
Je vois un psychiatre régulirement depuis un peu plus d'un an, Je n'ai su lui dire tout ça il y a peu. Je me doute qu'un professionnel est plus adapté à ce que je vous raconte, mais la voix des autres comptes aussi. Et c'est bon de ce sentir compris. J'en ai franchement besoin.
(Petite anecdote que je m'aurai bien épargnié... Mon psy est sur Grindr...)
Et merci pour vos encouragements. ^
Tu sais je fais partie des victimes aussi alors même si chacun apprend à vivre avec je pense pouvoir dire que je comprends ce qui t'es arrivé pour ta première, dans mon cas j'avais 8 ans... Je n'en dirai pas plus, maintenant j'arrive à en parler et surtout à vivre avec
C'est une très bonne chose de mettre ce terme sur ton histoire. Tu auras toujours quelqu'un pour juger ce que tu dis ou fais. Il faut essayer de se défaire de cela (pas toujours facile).
Ta mère a plutôt l'air de bien le prendre. Tu peux essayer d'en parler à des frère et soeur, à des ami(e), à des personnes de confiance. Tu te sentiras un peu mieux, un peu plus solide.
Il est important de verbaliser. Mettre un mot sur un acte ignoble est le 1er pas sur le chemin de la guérison. Quoi qu'on en dise, un "non" est un non.
Accepter son statut de victime est encore une avancée. Ce n'est ni un défaut, ni une tare.
Il me semble essentiel que tu sois suivi par un professionnel.
Je te souhaite beaucoup de courage.
ça s'appelle du viol même si c'est toi qui l'a fait venir chez toi. Toi tu l'as repousser et il n'aurai pas du insister. Malheureusement tu as perdu tout tes moyens. Le chemin est long pour se reconstruire et refaire confiance à quelqu'un mais c'est faisable
je retourne le compliment 😂 😂 😂 😂
Merci d'avoir partagé ton histoire. Il a fallu beaucoup de courage pour s'ouvrir ainsi. Il n'y a pas assez de soutien accordé aux hommes victimes d'agression sexuelle. Il y a beaucoup de doute et de honte. Ce n'est pas de ta faute. Ce qui s'est passé n'a pas changé qui tu es en tant que personne. Tu n'es pas un homme brisé. Tu as de la valeur.
Il est naturel de craindre l'intimité en conséquence, d'avoir un blocage. Peux-tu faire confiance aux autres pour ne pas vous blesser de la même manière? Peux-tu être sûr de ne pas leur faire de mal? La vérité est que tu ne peux jamais le savoir avec certitude. Choisir un garçon qui est en couple et qui est occupé peut être plus facile car tu n'auras pas à t'engager pleinement. Te retenues pour te protéger des chagrin d'amour. Parfois, il est plus facile de rejeter quelqu'un avant qu'il n'ait une chance de nous rejeter.
Aimer signifie être vulnérable. Nous devons ouvrir nos cœurs pour laisser entrer quelqu'un d'autre. Tu risques d'être blessé à nouveau, mais cela signifie aussi que nous pouvons aimer et être aimés. Avant de te lancer dans une autre relation, tu devrais d'abord te reconstruire. Qu'est-ce qui te motive? Qu'est-ce qui t'apporte de la joie? Tu devrais établir des relations avec des personnes qui partagent des intérêts communs et des objectifs similaires et trouver de bons amis qui t'accepteront. Tu peux réapprendre à faire confiance. Bonne chance!
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