Harcèlement scolaire : les conséquences

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Anonyme
06/05/2018 à 14:07

Bonjour,

J'ai été le bouc émissaire de ma classe, principalement de la 6ème à la seconde (En primaire, ça avait déjà commencé, et j'ai été sporadiquement emmerdé en première et terminale aussi) Mise à l'écart, rejet, moqueries, humiliations... dans mon malheur, c'est resté "soft", c'est à dire que je ne me suis jamais fait racketter, menacer de mort ou carrément tabasser, comme ce qu'on peut voir dans les faits divers sordides. Les violences physiques se sont limitées à des bousculades, croche-pied dans les couloirs, boulettes de papier... Je précise que ce n'était pas de l'homophobie. Oh, il y a bien quelques fois où on m'a traité de tapette en EPS vu que les sports collectifs, le foot, le rugby, etc. n'ont jamais été mon truc. Non, au contraire, les harceleurs se trompaient même sur toute la ligne car ils essayaient de me blesser sur mon pucelage, mon innocence (je ne savais pas ce qu'était une chatte à 11 ans, en dehors d'un animal (pardon je dis les choses tel quel)), mes déboires (purs fantasmes de leur part) avec les filles, etc. On m'a déjà demandé un million de fois pour me narguer "t'es déjà sorti avec une meuf ?".

À 30 ans passés, je sens que je suis encore affecté par ce passé difficile. Bien sûr, je peux passer de très longues périodes sans y repenser. J'ai fait du chemin, j'ai pris confiance en moi, j'ai pu réussir ma vie professionnelle. Je suis arrivé à m'aimer davantage et ne plus me trouver moche. J'ai déjà eu des relations avec des beaux mecs (à mes yeux), le type d'hommes que j'enviais à l'époque et qui auraient pu avoir l'apparence de harceleurs.

Mais bon, 5 ans de sévices psychologiques, même s'ils sont softs, font leur effet... ne serait-ce qu'au niveau inconscient : je suis solitaire, très peu d'amis, etc. Je ne suis pas trop à mon aise dans des rencontres avec un grand nombre de participants. Pas vraiment d'agoraphobie ici, je parle plutôt des interactions amicales dans un groupe de 4 personnes ou plus. J'ai intériorisé des comportements défensifs que je ne lie même plus au harcèlement scolaire, c'est inconscient. J'éprouve encore un peu de honte, la preuve c'est que je crée ce topic en mode anonyme... je sais que je n'ai pas à avoir honte intellectuellement, mais émotionnellement, c'est plus fort que moi. Je me suis déjà rebellé ou j'ai déjà essayé de répliquer aux différentes attaques contre moi, mais pas assez à mon goût, ni au leur, vu que ça les a pas empêché de continuer. Peu importe que leurs invectives soient objectivement complètement débiles avec le recul... (par exemple se moquer de la virginité d'un gosse de 14 ans, c'est juste ridicule), je regrette de ne pas m'être assez défendu. L'un de mes principaux harceleurs prenait le bus tout seul à mon arrêt, j'aurais dû l'affronter en face à face, mais j'avais trop peur que ça me retombe dessus par la suite (On notera quand même que ce type faisait moins le fier sans ses potes pour m'ignorer royalement ^^). Enfin voilà je pense que j'ai payé les conséquences de cette injustice non dénoncée ni même verbalisée.

Et ça revient de temps en temps, par vague, de façon consciente. Par exemple là je vais bientôt passer 2 semaines chez mes parents après quelques mois sans nous voir. C'est dans leur ville que se trouve mon ancien collège... je n'ai guère de bons souvenirs dans cette ville. Sûrement parce que le harcèlement a commencé de façon ""douce"" après notre déménagement en pleine année de CM1. Déjà très timide de nature à cet âge là, j'étais encore plus fragilisé en tant que nouvel élève dans un groupe déjà formé. On a commencé à me chambrer gentiment sur ma ville d'origine, et puis c'est monté en puissance petit à petit...

Bref, tout ça pour dire que j'en viens à vouloir lâcher prise sur le fait de m'en sortir totalement. Je n'ai pas l'intention de me complaire dans mon passé ou de baisser les bras, mais juste, simplement accepter d'être plus fragile. Je pense que j'ai longtemps minimisé les faits parce-qu'à l'époque, ce que je subissais n'avait même pas de nom. Sans dire que je le méritais, j'en étais venu à considérer ça comme "normal". On peut pas se remettre si facilement d'un tel conditionnement négatif si prolongé, surtout à une période charnière de la vie. En terme de maturité, j'ai parfois l'impression d'avoir le double de mon âge dans ma tête lol. Et pourtant, dans certaines situations, je retrouve les sensations et émotions d'un ado de 14 ans...

Paradoxalement, c'est peut-être en acceptant de ne pas être toujours fort qu'on devient plus fort ?

J'attends de lire vos commentaires avec impatience... ;) et votre expérience perso, en tant qu'ex harcelé, témoins, ou pourquoi pas ex harceleur ? (je vous jugerai pas)

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Ancien membre
06/05/2018 à 15:38

Bonjour,

Alors, j'ai beaucoup de choses à dire. Pour commencer je me retrouve dans beaucoup de choses que tu écris. ça a commencé en 6ème et c'est terminé en seconde, malgré qu'on m'ait changé de collège (mais toujours dans la même ville). Il y avait le racket, les insultes (mongol, mongolito, des jeux de mots méchants, débiles et blessants sur mon nom de famille et mon prénom, etc...). J'avais aussi le droit à des réflexions telles que, "ahhh, je ne trempe pas ma queue là dedans", ou si un garçon me parlait "tu vas à la pêche au thon", "je suis sûr qu'il y a pleins de toiles d'araignée là dedans"... Et j'en passe. On me frappait, me bousculait, crachait sur mes affaires. Une fois j'ai été poussée dans la poubelle, et on m'a dit, "tiens rentre chez toi". Charmant tout ça non? Tout les jours j'avais ma croix à porter. Combien de fois à l'arrêt de bus je dûs m'enfuir à cause d'agressions pour me cacher et rater le bus pour aller au collège. Et souvent, dans mon triste sort, une bonne âme, un prof de math dont je me souviendrais toujours du nom, me faisait monter dans sa voiture et me montais jusqu'au collège. Il me réprimandait un peu, mais jamais j'ai osé lui parler de mes soucis. Ce qui m'avait blessé, et qui est resté dans ma tête, c'est ce jeune en troisième qui avait trois ans de redoublement derrière lui. C'était un très bon dessinateur, il avait caricaturé la classe, tous étaient ressemblants, sauf une: moi. Il m'avait représenté comme un monstre difforme pleins de pustules et tout baveux. Je ne te fait pas dire le pincement au coeur quand j'ai vu le dessin. Et encore qu'au lycée une paire de fois j'eus le droit à des réfléxions plus que déplacés. Dont une (qui était coutumière des commentaires vaches sur mon compte), alors que j'achetais un préservatif pour faire une blague à une amie, elle m'avait sorti: " il sera périmé avant que tu n'ais besoin de l'utiliser". Allez savoir si ça a été le déclic, moi qui n'osais pas me défendre j'ai commencé à la harponner à coup de vannes calculés pour être biens vexantes dès que j'en avait l'occasion. Elle a été surprise et m'a demandé ce qu'il me prenait, je lui ai fait part de tout ce que je m'étais pris dans la figure par elle, après elle m'a foutu une paix royale.

Cette peur d'être en groupe, cette image de moi dégradée je l'ai connu. Et elle subsiste encore aujourd'hui. Je n'ai pas une bonne image de mon physique. A la fac, par exemple, je ne m'imaginais pas pouvoir être draguée. Un jour j'ai remarqué un étudiant, il était souvent à la bibliothèque de la résidence universitaire à lire des BDs, dans un coin. Moi j'y étais souvent avec mon amie, j'ai remarqué qu'il se marrait à la moindre de mes vannes pourries. Mais sans plus. A plusieurs reprises, nous voyant passer avec mon amie, il a cherché à nous inviter à boire un café, jusqu'au jour ou mon amie a accepté, moi je n'étais pas chaude du tout. On y est donc allés. Sortie de là, elle me dit qu'il était ému par moi. ça m'a énervé, je lui ai demandé si elle se payait ma tête et lui ai répliqué que c'était certainement après elle qu'il en avait. Un jour parce qu'il était la seule personne à qui je pouvait demandé un service, et que j'étais en galère j'ai dû aller le voir seule. Il en a profité pour m'avouer ses sentiments, je tombais des nues, j'étais décontenancée.

Toutes ces petites anecdotes pour dire que je ne pouvais même plus faire confiance dès lors que quelqu'un s'intéressait à moi. Sans compter qu'il y avait une honte secrète, car j'étais persuadé d'être vraiment "mongol", c'est à dire débile ou taré. Je n'arrivais pas à aller vers les autres. Toujours par peur de ce qu'il pouvait se produire. Car il faut dire que la solitude (peu d'amis aussi) et le fait que pendant plusieurs années il y ait eu de façon répétitive des attaques tant sur mon physique que sur mon intelligence, avait ancré en moi une conviction. Celle que je ne valais pas la peine, que je ne ferais rien dans ma vie et que je ne trouverais personne. D'ailleurs je vivais mes sentiments amoureux comme une malédiction.

Moi aussi j'ai longtemps eu des comportements défensifs, des réflexes, intégrés à force de coups et de brimades. Je voyais bien que parfois ça surprenait, et du coup ça me mettait mal à l'aise.

Globalement je pourrais te tire que ça a pourri pas mal ma vie. Alors quand tu parles d'avoir la trentaine et d'être encore affecté, je te crois et te comprends.

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Ancien membre
06/05/2018 à 16:23

Bonjour,

Vos témoignages font remonter beaucoup de souvenirs, encore aujourd'hui il m'arrive d'essayer de me persuader que tout ça n'a été qu'un long cauchemars, à défaut de pouvoir oublier. Mon caractère et mon attitude en sont encore largement marqués. Quand tu dis en être encore très affecté et avoir encore certains comportements, je n'en suis malheureusement pas étonnée, parfois je me dit que ça me hantera jusqu'à la fin de mes jours.

Tout à commencé tôt, en maternelle, j’étaie une gamine du genre introvertie, le fait que j’étaie malentendante n'a fait que renforcer cet écart et la cruauté des autres. Sans surveillance de la part des adultes, je revenait fréquemment le soir avec des bleus sur tout le corps, des griffures, des morsures, et même des marques de pieds quand d'autres enfants me mettaient à terre pour me marcher dessus. Pour les rares adultes qui ont assistés à ces scènes ce n'était que des « chamailleries d'enfant sans conséquences », même quand ma mère leur parlait des blessures qu'elle constatait.

Totalement traumatisée par l'école et en phobie scolaire, j'ai eu la chance de bénéficier de répit en primaire : une école regroupant tout ceux qui gênaient les gens qui se clamaient « normaux », j'ai pu reprendre un peu confiance en compagnie de gamins comme moi, ainsi que ceux qui avaient un pathologie qui les empêchaient de rentrer dans le moule et donc emmerdaient les professeurs des autres écoles.

Le collège à été le retour en enfer, nous étions plusieurs de cette école primaire, des prétendus amis qui pour la majorité on rejoint la masse des harceleurs pour leur échapper. Après deux ans de harcèlement et de comportement violent croissants, ma mère me change de collège en espérant m'aider. Grossière erreur, dès le début, on ne me laisse pas me bercer d'illusion sur ce qui m'attend. Je suis tombé sur une école de « fils et fille de », et ils ont tout les droits ! Une fille d'ouvriers comme moi n'a qu'à fermer sa gueule et encaissé, la direction et l'équipe pédagogique me l'on bien fait comprendre. Comprenez : quand les élèves se sont bien défoulés, ils sont plus calmes. J'ai donc été désignée comme défouloir. J'ai tenu deux ans avant de péter un câble, mon petit frère scolarisé dans ce même établissement et ayant subit le même traitement en est ressortit handicapé à vie...

Après un an de cours par correspondance et plusieurs séries traitements, ça a été le lycée, la même routine, mais le fonctionnement me permettait de m’échapper un peu. Mais l'accumulation m'a fait lâcher petit à petit : dépression, crises d'angoisses mais surtout l'anorexie. Je suis tant bien que mal arrivée au bac, je l'ai obtenu, de même que mon passeport pour la fac. Une autre mentalité dans son ensemble, là-bas, c'est souvent chacun pour sa pomme et pas le temps de chercher des noises au autres.

La fac a été en quelque sorte une renaissance, j'ai pu me rapprocher de ma passion, mais j'y ait surtout rencontré des personnes formidables. A leur contact j'ai pu revenir sur tout ce que j'avais subit, c'était toujours aussi horrible, mais le point de vue de ces personnes m'a énormément aidé à y voir plus clair et me reconstruire. La vision que j'ai de moi-même s'est beaucoup améliorée, j'ai recommencé petit à petit à vivre et rêver, je ne suis plus ce zombie qui tente de se faire passer pour ce qu'il n'est pas.

Je suis consciente que j'ai encore énormément de chemin à faire, certaines choses me hantent toujours. J'aimerais surtout reconstruire les relations que j'avais avec mes proches, la dépression et le reste m'ont beaucoup éloigné d'eux, c'est une des choses que je regrette le plus avec le fait de ne pas avoir remarqué que mon frère subissait la même chose que moi. De ne pas l'avoir soutenu, que le handicape qui le suit depuis l'ai privé de son rêve. Pour moi, c'est ma plus grosse erreur.

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Ancien membre
06/05/2018 à 17:01

Noekee: pour avoir été aussi dans le privé après que mes parents m'aient sorti du public à cause du harcèlement, entre autre. Et pour avoir travaillée x années dans les écoles publiques et un peu dans le privé: je peux dire que ce que tu dis ne m'étonnes pas. Le privé ne vaut pas mieux que le public. Voir les mentalités y sont parfois très spéciales. Donc payer en plus pour le même résultat ou pire, je trouve que c'est dommage.

J'ai l'impression que l'introversion, la timidité sont le fil conducteur de nos trois posts.

Autre chose, il y a eu beaucoup de choses qui ont changés quand j'ai pu mettre un mot sur ce qui m'était arrivé. Avant on ne parlait pas de harcèlement scolaire. Et avant je me disais que puisque au pire on m'agressait, aux mieux on m'ignorait (à l'exception de quelques rares amis), c'est que je devais mériter ce qui m'arrivait. Que c'est moi qui avait un problème. Jusqu'au jour ou la qualification de harcèlement scolaire avec sa définition et son cortège de témoignages m'ont permis de me dire, que non ce n'était pas moi, mais eux.

Moi questionnement actuel est, qu'est ce que ça montre de notre société tout ça? De ce que nous sommes en tant qu'êtres humains? Et le harcèlement existe aussi au sein de notre société d'adultes, au travail, dans le couple...

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Ancien membre
07/05/2018 à 20:30

(Vais lire avec beaucoup d'intérêt ce topic... Une fois que j'en aurai le temps... D'où ce message, pour le suivre ;) !)

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Ancien membre
08/05/2018 à 01:16

Effectivement, le harcèlement scolaire fait partie de ces situations qui laissent des traces, à vie, d'autant qu'il intervient souvent au moment de l'adolescence et donc durant la construction de l'identité. Cela dit vous pouvez aujourd'hui en avoir une vision "extérieure", vous avez du recul. Déjà parce que vous avez grandi, mais aussi parce que vous avez vécu d'autres expériences et que vous êtes plusieurs à évoquer un changement d'image de vous-mêmes ! Ce qui fait ce que nous sommes à un instant t, c'est une conjonction d'une multitudes de choses -et notamment de ce que nous avons vécu auparavant. Donc oui on a en nous les traumatismes passés. Mais ils ne nous gâchent pas nécessairement la vie comme au premier jour pour autant. On peut essayer de s'en servir pour produire du positif. Par exemple, on acquiert probablement une certaine capacité d'empathie, on est plus attentif à ce qu'on envoie à autrui, car on a bien conscience de ce que des gestes en apparence anodins peuvent provoquer. Comme vous l'avez souligné, on parle pas mal de "harcèlement scolaire" depuis plusieurs années, alors qu'auparavant c'était une notion très floue voire inexistante. Cela permettra aux élèves de mieux déceler les situations de harcèlement et de mieux y répondre, et puis les personnes harcelées hier se sentent comme reconnues aujourd'hui. Ces personnes sont en outre particulièrement importantes pour les actions de sensibilisation, car elles savent de quoi elles parlent.

Par ailleurs, vous semblez repenser aux situations vécues en vous disant "j'aurais dû me défendre". Pourtant il n'y a pas à culpabiliser de "ne pas s'être défendu". Ce n'est pas facile, ça ne se fait pas en claquant des doigts, le contexte joue aussi. La clé c'est d'en parler, mais encore faut-il savoir le faire et savoir trouver les bons interlocuteurs. En tous cas, la distribution des rôles dans une situation de harcèlement dépend de beaucoup de choses. Non vous ne méritiez pas ça, non ce n'était pas normal, non ça ne vous définit pas. Mais les groupes sociaux ont leurs dynamiques, et chaque individu trouve une place par rapport aux autres. Par une succession d'événements, en interaction avec ce que nous sommes, on est amené à endosser des rôles, qui nous plaisent ou non. Mais ce ne sont que des rôles -et c'est déjà suffisant.

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Ancien membre
08/05/2018 à 19:58

Tout à la fois très touchant et très intéressant ce topic. Bravo à toi, même en anonyme de permettre de délier les langues.

Je n'ai pas été concerné par ce problème aussi mon intervention s'arrêtera là.

Il y a juste un point qui me parle, cette fermeture au monde. Je l'ai connu aussi mais la raison n'est pas la même, pour tout dire j'ignore la raison pour laquelle du jour au lendemain, en primaire, je suis passé de bout en train qui monte sur les tables à l'introverti qui panique dès qu'on lui adresse la parole, introverti que j'ai ainsi été dans tout environnement scolaire. Mais pour mon cas seul un travail psychanalytique pourra me donner ne serait-ce que l'espoir de trouver la réponse.

Bref les symptomes me parlent d'où le fait certainement que ça me touche

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Ancien membre
09/05/2018 à 11:04

les mots sont un faible pansement aux maux....

quand ça fait mal, ça fait mal !

vos témoignages sont poignants. le système scolaire est débilisant dans leur "laisser faire"...

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Anonyme
10/05/2018 à 22:12

Bonjour,

et merci beaucoup pour toutes ces interventions.

Je vais réagir en vrac, désolé je ne peux pas répondre à chacun de vous individuellement...

Pour commencer, un mot sur ce système scolaire débilisant... "laisser faire" et parfois même complice involontairement. J'ai été exaspéré plus d'une fois par la connivence entre certains enseignants et les harceleurs populaires... Oh, les profs ne rigolaient pas quand j'étais harcelé (pas à ce point là, même si ça doit exister malheureusement), mais leur sympathie pour les abrutis me blessait. Au final, ce ne sont pas les agressions par elles mêmes qui sont le plus difficiles quand on y réfléchit, mais tout l'environnement et les gens autour.... je veux dire, on souffre en silence, et pendant ce temps là les profs et les harceleurs plaisantent. C'est là qu'on voit le visage sympathique des harceleurs, qui pourraient même nous faire rigoler aussi, s'ils nous laissaient tranquilles. On se sent plus que jamais seul. Pour tenter de mieux me faire comprendre, je vais vous prendre un parallèle avec les couples dont l'un des conjoints est un pervers narcissique. En réunion avec des amis, le pervers semble vraiment gentil et agréable, et le plus douloureux pour la victime, ce sont les marques de sympathie des autres avec son bourreau. Ça participe à son sentiment de confusion générale, en mode "après tout le problème doit venir de moi non, il est sympa avec tout le monde sauf moi, et pire encore, tout le monde l'apprécie".

Et je ne parle même pas de la masse des témoins (les élèves) rieuse ou indifférente.

Tout ça participe beaucoup à l'impression que ce qu'on vit est parfaitement normal, c'est un fait établi. On a implicitement signé pour en baver pendant des années.

Bref, malgré ce que je viens d'écrire, je suis dans un meilleur état d'esprit aujourd'hui. Je rejoins ce qu'a dit Evoli. Le harcèlement engendre des conséquences négatives à court-moyen terme, mais sur le long terme, on peut convertir cela de façon positive. Une empathie plus développée comme dit précédemment, mais d'autres points positifs aussi : on m'a harcelé car je ne rentrais pas vraiment dans le moule, je m'intéressais pas aux mêmes choses que mes camarades. Et bien je crois que ""grâce"" à eux, je suis encore plus indépendant d'esprit. Et puis avoir vécu des choses difficiles si jeune, en comparaison la plupart des problèmes qui se présenteront à l'âge adulte seront plus faciles à résoudre. Je regarde le verre à moitié plein...

Par exemple, après le lycée je suis allé en classes préparatoires scientifiques, qui sont connues pour être très exigeantes. La plupart des élèves vivent ces années de façon pénible, et certains craquent et abandonnent dès les premières semaines. Pour moi, c'était au contraire assez facile... bien sûr, le travail à fournir était important et stressant, mais au moins j'avais la PAIX. La sérénité psychologique n'a pas de prix...

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Ancien membre
13/05/2018 à 22:05

Ah, le harcèlement scolaire ! Ça fait égalelent partie de mes souvenirs de collège, non en raison de mon orientation, dont je n´avais moi-même pas conscience à l´époque, mais parce que j´avais décidé de bien travailler et que je n´étais pas très jolie ^^

Je passerai sur les souvenirs qui nous parlent de toute façon à tous... Je tenais juste à appuyer le constat fait plus haut : on considère ça comme "normal" alors que ça ne l´est pas. On se forge une carapace qui déforme notre perception de la réalité. J´ai cru que je m´en fichais, que mon isolement était volontaire... mais je me trompais. Pour preuve, je suis restée quasi-terrorisée lorsqu´une des filles de ma classe de seconde est venue s´asseoir en face de moi au réfectoire et à commencer à discuter. J´ai mis quelque temps avant de comprendre qu´elle était sincère et qu´elle ne le faisait pas sous couvert de moquerie. Bref, j´étais devenue parano. J´ai mis plus de quinze ans à retrouver confiance en moi... J´ai mis longtemps avant avant de vaincre ma timidité maladive.

J´ai écrit un livre traitant de ce fléau qui ronge et hante les écoles. Dedans, il y a mon expérience, mais sûrement celle de beaucoup d´autees gens aussi. Écrire aide à guérir :-)

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Anonyme
13/05/2018 à 23:01

Merci de ton témoignage Hildegarde !

Oui c'est affreux cette parano qui se développe. Ça me fait penser au film Carrie d'ailleurs (je vous conseille la version de 1976 par Brian de Palma). La pauvre Carrie flaire tout de suite le traquenard lorsqu'un garçon populaire, mais gentil, l'invite au bal. (après effectivement elle a eu raison de se méfier, mais le danger n'est pas venu de CE gars)

Petite remarque en passant : seules des femmes interviennent ici... et le seul homme qui a témoigné ne l'a pas vécu (Theudric). Je ne fais aucun reproche aux mecs de ce forum préférant rester discrets, c'est juste un constat de la difficulté à révéler cela en tant qu'homme... un peu comme les violences sexuelles j'imagine, on nous a appris à ne pas paraître "faibles". Ça reste ancré même sur un forum LGBT où on a une meilleure connaissance de ces schémas machistes. C'est bien pour ça que j'ai préféré témoigner en anonyme....

(Peut-être que je m'avance un peu, après tout il n'y a pas tant d'intervenants que cela, mais je le ressens ainsi...)

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Ancien membre
09/07/2018 à 21:15

Tous les harcelements sont degueulasse qu'ils soit d'ordre scolaire, sexuel, moral etc...

Le harcelement scolaire est d'autant plus ecoeurant que la victime et son ou ses bourreaux sont trés jeune et souvent dans l'incapacité de se défendre pour l'un et tres fort en groupe pour les autres.

Etant jeune je ne l'ai pas subie, pourtant je suis enfant unique, et très calme en apparence, mais je savais me defendre, et si on me cherchait on me trouvait, ..alors ne jamais se laisser faire, n'ayez pas peur, si on vous attaque defendez vous et on vous laissera tranquille (les sports de combats aident a avoir une maitrise de soi et surtout sa fait mal pour qui s'y frotte.)

Faites connaitre aux enfants l'histoire de Georges Saint Pierre le Champion du Monde du MMA, Ce garçon etant plus jeune etait un enfant chetif harcelé jusqu'à qu'il se mette aux sport de combat.

Par contre j'allais toujours a la rencontre de l'enfant isolé, l'enfant rejeté, mis a l'écart, je ne sais pas pourquoi , je ressentais deja leur peine et puis petit a petit , notre groupe s'aggrandissait....

Mon enfant est pareil que moi , je lui parle des injustices, de ne jamais se moquer de quelqu'un, de partager son gouter, j'en met toujours un peu plus, et elle fait un sport de combat....

Si elle etait victime de harcelement, que les profs ne faisait,rien, je deplacerait des montagnes, et sinon la changerai d'etablissement.

Ne jamais hésiter a aller voir ailleur si l'herbe est plus verte.

Un exemple, je l'ai changer d'ecole de danse, car l'ambiance de peste ne me convenait pas ( trop prout prout) et j'en ai retrouvée une nouvelle ou c'est une vrai cohésion de groupe...

Voila les Parents vous devez proteger vos enfants et surtout surveiller de pres leur état mental, questionner les copains pour voir si tout va bien, leur enseigner de belles valeurs, de respect, partage etc...mais aussi leur apprendre a ne pas tendre l'autre joue, ne pas devenir une victime.

Nous savons tous que nous vivons dans un monde tres dur, mais si la Haine existe pourquoi l'amour et le respect des autres ne serait pas possible, pourquoi la Paix serait une utopie ? et cela ddoit s'apprendre dès l'enfance..et les parents sont la clé de tout ça...

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Ancien membre
09/07/2018 à 21:37

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Ancien membre
09/07/2018 à 22:13

Bonjour,

Pour information, je suis un homme, puisqu'apparemment il n'y en a pas beaucoup qui témoignent.

J'ai été harcelé de la 5ème à la seconde, puis également emmerdé jusqu'à l'université. C'était de l'homophobie me concernant.

Ca n'a été que principalement verbal, il y a eu des indimidations, quelques bousculades, mais rien de bien méchant sur le plan physique.

J'étais très naïf, la première fois qu'on m'a traité de PD, je ne savais pas ce que cela voulait dire... Celui qui me l'a dit l'a compris et m'a expliqué. L'homosexualité était à l'époque pour moi quelque chose de totalement inconnu.

Mes harceleurs, autant filles que garçons, m'ont également mis à l'écart, rejeté, moqué, humilié... J'ai grandi dans un sentiment de honte perpétuel, pensant être anormal, bizarre, différent. Difficile donc de se construire dans ces conditions. J'ai tout gardé pour moi, fait semblant de rien à la maison, cachant ce qui se passait à l'école. J'ai mis toute mon énergie à faire en sorte que ma famille ne voit rien. Je ne voulais surtout pas qu'il me pose de question. J'ai affronté les choses tout seul, ça a été compliqué j'ai longtemps songé au suicide, sans avoir le courage ou la lacheté de passer à l'acte, selon les points de vue. J'ai toujours eu de l'espoir, pensant que les choses iraient mieux au lycée, puis à l'université. Ca a été à chaque une déception. Ma dernière année à l'université a été la seule où j'ai été tranquille. Mais le mal était fait.

Pour me protéger, j'ai refusé toutes sorties avec mes quelques amis, ce qui se passait à l'école devait y rester, rien en dehors devait me le rappeler.

J'ai vécu les conséquences de ce harcèlement. Manque de sociabilité, peu d'amis donc, manque de confiance... Jai beaucoup travaillé, encore aujourd'hui. Je me suis fait aidé. A 27 ans, maintenant, ça va mieux, je ne cache pas qu'il y a encore des bas, mais dans l'ensemble ça va. Jusqu'à maintenant j'ai mis la priorité sur ma vie professionnelle, afin d'y trouver un équilibre, à défaut de le pouvoir du côté de ma vie personnelle. Le changement se fait petit à petit, pour retrouver entre autre qui je suis... J'ai encore cependant quelques difficultés à assumer mon homosexualité, mais je suis là aussi sur la bonne voie ! Ce qui est sûr maintenant, c'est que je ne me laisse plus du tout faire, contrairement à l'époque, où je ne disais rien, feignant d'ignorer les brimades de mes camarades.

Il y aurait tant à dire, mais je vais m'arrêter là pour ce soir...

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Ancien membre
09/07/2018 à 22:50

C'est tellement triste de lire tous ces temoignages, mais surtout surtout ne jamais baisser les bras, la vie avant tout, ne pas sombrer, vous devrez vous battre contre vents et marées des milliers de fois, mais vous verrez l'apaisement viendra.

Quelquesoit votre vécu, si violent soit il, il vous rendra plus fort et fera de vous l'etre que vous etes aujourdhui, et il arrivera un jour ou vous serez en paix avec vous meme, le temps n'efface pas les douleurs, mais il les atténue, et tous les instants de bohneur vous les vivrez pleinement....

Surtout a vous tous qui avez vecu ou vivez ces moments douloureux, n'oubliez pas que comme dit la chanson de Goldman, "Nous avons tous été vainqueurs même le dernier des derniers

Une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés'

Et de votre souffrance vous saurez en tirer le meilleur, pour devenir des adultes bien dans votre peau et surtout fier de se que vous etes...n'oubliez jamais que le savoir est l'arme la plus redoutable contre la connerie, alors ne perdez plus de temps a vous apitoyer sur vous meme, faites de vos souffrance une energie puissante pour essayer d'etre les meilleurs dans vos domaine, intellectuel, manuel, artistique, humanitaire, ecrivez, dessinez, dandez, chantez, criez mais ne jamais lecher prise.

La terre est vaste, changer de villes, de régions, de pays, vous rencontrerer des personnes avec des mentalités differentes...

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Ancien membre
09/07/2018 à 22:58

heu désoleé, je corrige dansez au lieu de dandez et ne jamais lacher prise au lieu de lecher prise!!!

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Ancien membre
09/07/2018 à 23:03

Pour vous :

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Ancien membre
09/07/2018 à 23:08

J'ai vécu cela aussi, en moins extrême que certains d'entre-vous, une de mes particularités, c'est que l'on me jugeait "Pd" ou "homo futur" lol sans comprendre que ma sensibilté provenait de quelque chose de bien différent que de mes attirances sexuelles et ou amoureuses.

Mon enfance, ma vie, mon expression ont eu pendant longtemps des séquelles visibles.. car trop expressif, incapable de mettre un masque, je n'étais ni associable, ni retranché...jusqu'au primaire et collège, j'étais ouvert et déjà romantique, trop fleur bleue peut-être...pour la norme.

Au lycée comme auparavant, j'étais forcément différent, je me sentais plus proche et plus attiré par les filles que par l'envie d'être auprès de groupe masculins, avec qui finalement je n'avais que très peu d'affinités dans les comportements et les réflexions. J'ai eu des meilleurs camarades de classe gars, mais mon fond était bien trop sensible pour être compris et ressenti comme appartenant à la masse du masculin pur et dur.

Je me suis toujours senti garçon et homme, pourtant mon coeur lui n'a pas de sexe, il était juste "trop" sensible, et ces foutues étiquettes liées à des normes floues et des préjugés, sont venues se poser sur moi...je sais la peine qui en découle et le poids que cela réprésente.

Pour me défaire, des poids d'ado et familiaux, ma sortie, ma fuite se passa dans la drogue douce, et en partie dans l'alcool...une violence que j'ai réfoulée mais qui restait toujours à la porte du conscient...la peine jamais très loin, l'alcool toujours triste !

J'ai très longtemps baissé la tête, et j'ai longtemps navigué dans des questions sur ma véritable place et sur ma sexualité, parce que simplement des inconnus m'en donnait une qui ne me correspondait pas mais qui me remettait en question dans ma légitimité à la savoir et à la diriger.

Aujourd'hui j'en suis sauvé parce que j'ai ouvert mon coeur à ces différences que je portais et porte, que mes peurs ont finit par éclater dans des nuits où la seule lumière était l'Amour et la volonté d'Aimer quoiqu'il m'en coûte.

Ces gens étaient des ignorants, aveugles et parfois stupides aussi..ils ne savaient pas et préjugeaient c'est tout..je ne le regrette pas, je comprends que tout cela a aussi forgé celui que je suis aujourd'hui, qui ne peut se plier à plus fort que lui juste par obéissance et soumission, je veux davantage de justice, mais parfois il faut aller la chercher pour soi-même, car peu nous la donne, et même lorsque celle-ci est donnée, on ne pense pas toujours la mériter.

Avec mon empathie et compassion pour ceux et celles qui en souffrent

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Ancien membre
09/07/2018 à 23:24

Je vais vous faire rire, mais au college les gars de ma classe faisaient circuler une liste de classement des filles de la plus jolie a la plus moche, j'étais classée avant derniere lol, mais comme je m'en fichais royalement sa me touchait pas ....chemin faisant, le temps passant, le vilain petit canard est devenue une femme toujours sympa, plutot pas mal (enfin je me plais moi, c'est deja pas mal), je n'ai jamais rencontrée de difficultées pour sortir avec des garçons , j'y allais au culot, et sa marchais...

Les anciens éleves sont devenus des adultes bedonnants et pas terribles, qui sont jamais sortis de leur trou, quand je les croisent je me marre bien...moi j'ai voyagée, j'ai vécue ailleurs, et je suis bien dans ma peau....

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Ancien membre
10/07/2018 à 20:39

Bonsoir,

Pour ma part si ont parle de parcours j'ai vécu le harcellement physique et verbale à différent degré.

Arrivé en primaire : maternelle j'eus un professeur qui m'interdisais d'écrire de la main droite, m'étant rebiffé, ma main fut attaché.

J'ai toujours adoré l'école mais je ne peux pas dire qu'elle me l'ait rendu ^^.

Ayant des défficiences de naissance (surdité, accouphène, hyperracousie), que ce soit scolaire, familliale ou juste sociale c'est compliqué.

Une fois au collège j'ai passé une 6 éme éclair ou je n'ai absolument rien compris, accompagné d'un exces de zèle monstrueux des professeurs qui t'expulse en SEGPA car tu as des retard soi-disant.

Et à partir de là je suis allé dans ce que j'appelle un zoo :

Ce que j'y ai vu et vécu à été la première étape de mon enfermement sur moi-même, ce que certain appelle aujourd'hui inibition latente.

Dans cette structure, j'étais clairement habitué à la violence au quotidien j'étais le bisu comme qui dirait.

Des propositions salaces au quotidien, rumeur en tout genre.

Pour les plus lache ont me frappais par derrière, m'assomant dans les escaliers sinon des violence parfaitement gratuite d'une personne quelconque et tu sais que si tu oses répliquer le groupe de dix arrivent en suivant.

L'interclasse était rythmé par les machoires cassé, paupière brûlé, tentative de viole, de kidnapping, lynchage publique.

Eléve ou professeur tous pouvaient y passer (documentaliste aggressé à coup de poing, professeur retrouvé le crane en sang, un parent à donné une batte de base ball à son fils pour frapper un surveillant, etc)

Donc pour ma part c'était beaucoup d'intimidation, détérioration de bien (veste taché à l'encre, vole de matériel, insulte)

C'est au travers de ces années que je décidais de devenir invisible pour enfin avoir la paix.

Et de nombreux travaux sur moi-même m'attendaient ^^.

Voila pour le petit bout d'histoire.

Voyant le topic j'ai eus envie de raconté ce passage qui est le mien.

Je note que malgré tout si j'ai bien compris malgré tout vos déboires vous avez pu avoir vos diplomes et franchement bravo, belle preuve de volonté.

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Ancien membre
04/04/2019 à 15:22

Bonjour,

En lisant vos témoignages, je réalise que j'ai eu "de la chance" au collège. J'ai pris conscience assez récemment que j'avais été victime de harcèlement scolaire, en particulier au collège, mais il n'a pas été aussi violent que certains d'entre vous le décrivent.

Une fille, première de la classe, pas très sociable et dans une classe composée majoritairement de garçons (classe sport avec 5 filles pour 28 élèves), ça va vite. Et pour en rajouter, je suis quelqu'un qui pleure très facilement. Je crois que cette sensibilité a commencé en primaire et je n'en connais pas l'origine, mais c'est très handicapant, puisque c'est incontrôlable.

J'étais donc "l'intello", une victime facile je suppose. Tout comme ma meilleure amie, qui fait maintenant 1m85, qui était donc beaucoup plus grande que la "normale".

En 6e j'avais les oreilles décollées et quelqu'un de ma classe (qui était en plus mon voisin de classe) se moquait de moi à ce propos, ce qui m'a poussé à me faire opérer l'été suivant pour régler ce problème. Je ne me rapelle pas avoir beaucoup réfléchi à cette opération, mes parents m'en ont parlé, ça a dû me paraitre comme une solution simple pour régler le problème.

Les moqueries sur mes oreilles se sont donc arrêtées mais ça n'a pas réglé le problème en général. Ce n'était pas grand chose à chaque mais c'était récurrent, et je sais que ça duré tout le collège (la classe est restée la même durant les 4 ans).

Je n'ai qu'un seul souvenir de harcèlement physique : un soir en rentrant chez mes grands-parents, à 10 minutes à pied de l'école et sur le même trajet qu'un arrêt de bus, un garçon de ma classe s'est amusé à me faire des croches-pieds tout le long pour faire rire les autres. J'ai fini par craquer et réagir en lui attrappant les mains et en le griffant, et il m'a alors giflée. Je n'en aurai certainement pas parlé à mes parents si je n'étais pas arrivée en pleurs chez mes grands-parents : j'ai bien du leur expliquer ce qu'il s'était passé. Ma mère avait appelé la CPE, mais lui avait les traces de griffures et moi je n'avais rien alors ce n'était pas allé plus loin...

Même si je n'ai pas changé d'établissement, ça s'est arrêté au lycée. La classe a changé, mon groupe de vrais amis proches s'est agrandi (passant de 2, voire 1, à 5)...

Je ne me rappelle pas avoir eu de problèmes en primaire mais il est possible que ça ait commencé à ce moment là, j'ai une mémoire vraiment mauvaise d'avant mes 10 ans, et cela expliquerait peut-être ma tendance à pleurer pour rien.

Ce qui me surpend, c'est que je ne me rappelle pas que cet harcèlement m'ait beaucoup affectée. Bien sûr cela m'énervait mais je n'ai jamais eu peur, ou pas envie d'aller au collège à cause de ça... Mais je me demande si cela n'a pas eu d'effets inconscients comme éxacerber ma timidité et mon introversion. C'est assez récemment que je me suis dit "mais en fait, j'ai pas mal ramassé, au collège...".

Par comparaison, j'ai fait une prépa scientifique et durant la première année, une autre fille m'a pourri la vie, et là ça m'a vraiment affectée, je ne suis pas sûre que ce qu'elle faisait soit vraiment du harcèlement, mais elle était loin d'être bienveillante (elle n'est passée en 2e année, alors le problème s'est réglé tout seul).

Ce que je me demande, c'est si tous les gens qui ont été ces harceleurs s'en souviennet et regrettent, ou s'ils ont oublié ou s'en fichent...

avatar contributeur de Saryon
Saryon
08/04/2019 à 19:38

Bonjour

Je me reconnais dans tout les témoignages si dessus. J'ai été harcelé scolaire du CM2 au lycée: personne ne voulait trainer avec moi, j'étais tout le temps seul, les gens m'insultaient, voire me frappaient.

J'ai été différent: plutot faible physiquement, pas du tout viril, j'avais des problèmes d'audition.

Je me souviens d'une fois, j'avais reçu une lettre d'amour. Moi j'étais tellement seul, je voulais tellement y croire que j'ai marché. En faut, c'était des gars de ma classe qui avait monté ça avec une fille pour m'humilier un peu plus. Les enfants peuvent être encore plus cruels parfois que des adultes.

Les adultes, justement, parlons en. C'est ça aussi qui m'a traumatisé. ils n'ont rien fait. Mon trouble était visible pourtant. Je faisais le tour de la cour comme un animal en cage à chaque récréation. N'importe quelle personne qui a fait un peu de psychologie sait que c'est un comportement pathologique. Il aurait du se poser des questions ils ne l'ont pas fait. Aucun de mes harceleurs na jamais été puni. Pire, j'ai été deux fois collé pour m'être défendu et avoir réussi à blesser un de mes agresseurs.

J'ai été prof un moment et aujourd'hui quand ême c'est un sujet dont on parle beaucoup plus dans les formations. Il y a encore des cas de harcèlements malheuresement et beaucoup, mais en tout cas les profs sont mieux sensibilisés à ce qu'ils doivent faire quand ça arrive.

avatar ancien membre
Ancien membre
14/08/2023 à 10:40

Pour ma part, j'ai aussi connu le harcèlement scolaire, mais la cause en était l'homophobie. A l'époque, certains gars n'aimaient pas mon côté trop féminin à leur goût et ils me frappaient. Ils vivaient dans la même résidence que moi, je les supportais en plus à l'école.

Le harcèlement que l'on subit n est jamais vraiment du passé, ça reste collé au fond de sa conscience.

J'ai aujourd'hui 40 ans et je continue d'avoir parfois les mêmes peurs qu'à l'époque du harcèlement. Tout simplement parce que ça marque en profondeur l'identité en formation.

Le mieux, c'est d'accepter ce qu'on a enduré sans se sentir pour autant victime. Accepter le mal que les autres nous ont faits, c'est très dur parce qu'on a tendance à reproduire une chaîne de violences contre soi. On se déteste, parce que les autres nous ont détesté. Mais au final, qui sont les vrais perdants ? Les agresseurs sont les vrais loosers, ils sont les victimes de leurs pulsions animales, ils n'iront jamais plus loin, ils ne feront jamais rien de leur vie misérable. Dis-toi que le harcèlement, même si c'est très difficile de l'accepter parce que ça génère une honte fondamentale en soi, peut être vu comme un tremplin pour militer plus férocement pour la tolérance humaine. En tout cas, c'est la raison pour laquelle je suis devenu écrivain. Sers toi de tes douleurs, de tes peurs, pour en faire une création militante.



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