Je m'appelle Charlotte, j'ai 19 ans et je suis lesbienne. Si je décide d'écrire c'est pour faire part aux autres de la période qui s'est déroulée avant mon coming-out, pendant et après afin de montrer que malgré ce que j'ai du endurer ça ne m'a pas empêché de continuer d'assumer qui je suis. Depuis très longtemps je me posais un tas de questions sur ma sexualité, et pour éviter ces questions je suis sortie avec différents mecs pour me prouver que ce n'était pas possible que je puisse aimer les filles. Ma meilleure amie a été la première au courant parce que je ne savais plus quoi faire, j'en avais marre de me mentir à moi-même en montrant quelqu'un que je n'étais pas en réalité. Ce qu'elle m'a dit est vrai : je ne pouvais pas être sûre puisque je n'avais jamais été avec une fille auparavant. Selon la religion catholique c'est anormal, complètement incompréhensible que deux hommes ou deux femmes puissent être attirés l'un par l'autre. Les propos des homophobes m'ont poussé à me sortir cette idée de la tête, ils trouvent ça répugnant et disent pleins de choses blessantes. Un jour j'ai décidé d'aborder le sujet avec ma grand-mère de façon indirecte. Selon elle, deux hommes ou deux femmes ensemble est une "déviance de la nature" en quelque sorte une erreur, un accident bref quelque chose d'anormal. Elle est même allée jusqu'à comparer les homosexuels à des mongoles donc l'homosexualité serait une maladie et tous les homosexuels seraient des malades dont on devrait se méfier, avoir pitié. Alors oui ça m'a blessé, oui j'ai eu les larmes aux yeux je me disais que ça pouvait pas être possible que des personnes puissent penser comme ça. J'ai donc décidé de m'inscrire sur ce site ce qui m'a vraiment aidé, j'ai fait de superbes rencontres dont ma première copine même si elle vivait à 400 km de moi au début de notre relation on a vécu quelque chose de fort, de vrai. Mon moment de pur bonheur n'a pas duré longtemps. un jour ma mère est tombée sur mon portable contenant des centaines de messages personnels échangés avec ma copine, c'est à partir de ce moment là que ma vie est devenue un enfer puisqu'en plus de devoir gérer le divorce de mes parents je devais subir la pression que me mettait ma mère. Elle aura tout fait pour me séparer de celle que j'aimais et pour me briser afin que je change, je vais donner quelques petits exemples : harcèlement moral à l'égard de ma copine, se faire passer pour moi par messages en prétextant une rupture, me priver de tout contact en supprimant ordinateur et portable, interdictions de sorties, violence et injures... Pour faire en sorte que j'aille mieux même pendant qu'un certain temps, je passais mes vendredis soirs en soirée avec des amis complètement bourrée et droguée. Plusieurs fois j'arrivais au lycée en pleurs, mais j'ai toujours eu le soutient de mes amis les plus proches et de ma famille qui ont été présents pour moi et qui m'ont empêché de multiplier mes conneries. J'ai passé mon année de terminale à me battre avec ma mère qui me voyait comme ma grand-mère, comme une erreur, elle était persuadée d'avoir loupé quelque chose dans mon éducation. Un jour je me suis dis que puisque je n'arrivais pas à en parler avec elle, il valait mieux que je mette par écrit ce que je voulais vraiment lui dire. On aurait dit que je lui avais fait une dissertation philosophique en 3 parties explicatives de mon cas (merci à ma prof de philo qui m'a fait écrire des pavés comme celui que je suis en train de faire :p). La réaction de ma mère ? Elle s'est mise à pleurer pendant un week-end et a voulu m'emmener voir un psy mais depuis on évite toutes les deux d'aborder le sujet même si elle sait que depuis le début je lui mentais pour aller voir ma copine. Bon la seule chose qu'elle ne sait pas c'est que je séchais des journées de cours pour aller voir celle que j'aimais. Mis à part le fait que ma mère ne supporte pas l'idée que sa fille puisse être lesbienne, le reste de ma famille l'a bien pris surtout mon père qui est vite devenu très complice avec ma copine au point d'organiser des petites fêtes surprises. Après que cette année merdique soit passée, je me suis promis de ne plus jamais me mentir à moi-même ni même aux autres, j'assume qui je suis. J'aime les filles, oui et alors ? Beaucoup de personnes continueront d'essayer de nous changer alors même si ça peut faire mal le message que je veux faire passer c'est qu'il faut toujours rester fort, en parler à ceux qui paraissent nous comprendre le mieux pour éviter de sombrer. Ne laissez personne vous empêcher d'être qui vous voulez parce qu'il s'agit de votre vie, votre avenir et au fond le plus important n'est-ce pas NOTRE bonheur au lieu de celui des autres ?
Commencer à faire des rencontres ?
Ancien membre 29/03/2015 à 23:31
La première chose qui me passe par la tête c'est "Ouah !". Personnellement, je n'ai pas encore fait mon coming-outpour tout un tas de raisons valables ou non mais en voyant ce que tu as écris, je vais attendre encore un peu... Je sais que mes parents n'ont absolument rien contre ça mais j'ai toujours cette angoisse lancinante qui fait que je ne dis rien. J'imagine même pas ce que tu as du endurer, heureusement que tu as des amis proches qui t'on soutenus. J'admire la force que tu as eu, je pense que je serai partie très loin à ta place (lâcheté quand tu nous tiens :) ). J'espère que tes relations avec ta mère (et peut être ta grand-mère ?) vont s'arranger, on dit que le temps arrange bien des choses. Ou à défaut "d'arranger" il peut "lisser", se qui est mieux que rien. Merci pour ce témoignage et bon courage pour la suite ! :)
Ancien membre 29/03/2015 à 23:36
Très émouvant ton récit ! Je suis tellement heureux pour toi que t es réussi à prendre le chemin du courage et de l'auto-sincérité. Tu peux être fiere de toi ! :D
Ancien membre 29/03/2015 à 23:38
Soit je me battais soit je lâchais prise, il n'y avait pas d'autres solutions possibles et je peux dire que c'est ma relation qui m'a sauvé parce qu'il était même pas envisageable que je quitte la fille merveilleuse que j'avais rencontré! J'ai un ami gay qui avait tenté de se suicider plusieurs fois à cause du regard des autres, et bien moi je pense qu'on n'a pas à s'adapter en fonction des moeurs de la société dans laquelle on vit. C'est ma vie privée et ça ne regarde que moi et la personne concernée alors ce que pensent les autres, ils savent ce que j'en fais ;) Après il ne faut pas avoir peur des réactions, forcément ça ne fait toujours pas plaisir d'apprendre que son enfant est homo mais chaque réaction est différente et il est hors de question que l'on se cache! Pour ma mère elle essaye de faire avec sans pour autant accepter j'ai arrêté de lui laisser le choix, et pour ma grand mère j'envisage de bientôt lui en parler parce que je ne veux plus mentir sur qui je suis.
Ancien membre 29/03/2015 à 23:41
Tu as bien raison. Je suis complètement d'accord, il ne faut pas mentir sur ce que l'on es. Car si on n'assume pas qui on es en face des autres, on peut difficilement communiquer de manière sincère avec eux =)
Ancien membre 30/03/2015 à 00:06
Tout d’abord bravo, il est très difficile de faire son coming out surtout dans certaine famille. Moi j'ai fait mon coming out il y a 1 an, oui être bi et l'accepter n'a pas était facile. Il faut dire que j'ai de la famille très religieuse (portugaise). J'ai toujours entendu certain propos qui me blessaient, tel que tu as eu. Je me détestais, détestais le fait d'aimer les filles. Depuis toute petite, on m'a toujours dit tu trouveras un garçon, tu te marieras, tu auras des enfants et puis point final. Mais je me suis toujours senti différente. Au collège comme j'étais un garçon manqué, j'ai eu certaines remarques qui m'ont encore plus blesser. Toujours cacher mon attirance pour certaines filles n'a pas toujours été facile. Je pense que le regard des autres joue beaucoup. Après avoir m'avoir accepter peu à peu, je l'ai dit à mes parents. Ça c'est très bien passé avec ma mère, il faut dire qu'elle est très ouverte pour ce genre de chose. Mon père et le reste de la famille l'acceptent peu à peu. C'est pas toujours facile et on passe par des moments de doute ou on rêve de ne pas être comme l'on est. Mais c'est pas possible, on ne choisit pas son orientation. Ma famille croit encore que c'est un passage qu'être bi n'existe pas vraiment. Que c'est qu'une attirance passagère mais je leur dis vous savez j'ai toujours était attirée par les filles, je voulais juste pas l'accepter. J'imagine que d'un certain coté c'est plus facile pour eux car ils ont l'espoir que je sois avec un garçon et que je vis la vie qu'ils voudraient. Malheureusement les choses ne passent pas toujours comme je le souhaite. Alors à toute les personnes qui ne l'on pas encore fait prennez votre temps, tâtez un peu le terrain avant de le dire, ne le dites pas sur un coup de tête. Il faut être sure aussi, parce que c'est quelque chose qui change une vie. Si vous préférez le garder pour vous c'est votre choix et certains le vivent mieux comme cela. Je pense que d'une certaine façon nous avons de la chance nous sommes dans un pays assez ouvert. Dans d'autre pays c'est quasi impossible à faire. J'ai rencontré de nombreux gays étrangers pour lesquels ils n'avaient pas le choix. COURAGE à tous et surtout n'ayez pas peur de ce que vous êtes Charlotte je me suis un peu retrouvé dans ton histoire et ça fait du bien de voir des personnes comme toi :)
Ancien membre 30/03/2015 à 01:23
Salut! En effet, parfois, il faut avoir du courage pour affronter les potentielles conséquences d'un coming out. Ceci dit, les réactions sont parfois meilleurs que celles auxquelles on s'attendait. Je me permets d'offrir mon témoignage, car ça a été assez particulier. Mon père a clairement toujours été homophobe, et ça partait parfois assez loin, jusqu'au fait de refuser que ses fils portent des vêtements roses. Ma mère n'exprimait pas vraiment d'opinion à ce sujet, donc elle se rangeait plus ou moins du côté de mon père. Je ne vais pas décrire plus le contexte, ça suffit pour comprendre le milieu dans lequel j'ai grandit, et donc les difficultés face à l'acceptation de soi. Avec le temps, j'ai finit par me poser les bonnes questions, et par arriver aux bonnes conclusions. J'ai continuer de mentir pendant quelques années à tout le monde, j'avais simplement peur du rejet. J'en suis finalement arrivé au point où je n'ai plus supporter le mensonge. J'ai d'abord parler à mes amis, puis j'ai simplement cesser de mentir. Quand on me demandait "Alors, il n'y a pas une fille dans la classe qui t'attire?", ou une quelconque question de ce genre, je me contentais de répondre que je préférais les mecs. Mais impossible de parler à ma famille. Dans ma tête, ça restait les gens qui m'avaient toujours dit que l'homosexualité était quelque chose de honteux, de dégoûtant etc... Donc je me trouvais sans cesse de nouvelles excuses pour ne pas aller leur parler, bien que je savais que ça me libérerait de le faire. Et puis un soir, lors d'un repas, le sujet de l'homosexualité est arrivé je ne sais trop comment dans la conversation. J'étais parti pour une minute, et quand je suis revenu, mes parents étaient en plein débat là-dessus avec mes frères et sœurs. Ma mère soutenait que l'homosexualité était quelque chose qui n'était pas naturel et mon père avait l'air d'être plutôt d'accord avec elle. Mes frères, eux, prenaient plus la défense des homosexuels. J'ai probablement montré un brin de véhémence en trop dans la défense du côté homosexuel. Toujours est-il que le lendemain, mes parents sont arrivés dans ma chambre avec la fameuse phrase: "Est-ce qu'on peut parler?". Et après une vague introduction, ils m'ont demandé de manière plutôt directe si j'étais gay. Je me suis dit que c'était inutile de se défiler une fois de plus alors que je réfléchissais à la manière de le leur annoncer depuis des mois, donc je leur ai dit la vérité. Et au final, tout se passe plutôt bien. En somme, je les ai évités les deux jours qui ont suivit, j'avais peur que leur regard ai changer, mais ça fait à présent une dizaine de jours, et nos relations se sont même améliorées: ça faisait quelques années que je leur parlais de moins en moins, et ça nous à permis de renouer le contact. On a plus discuter dans la dernière semaine que durant la dernière année. Je m'attendais à une réaction assez violente de la part de mon père, ne serait-ce qu'un refus, ça aurait été cohérent avec ce que j'ai pu observer de lui durant mon enfance et mon adolescence, mais j'ai eu tord de croire que ça se passerait mal. A vrai dire, ma mère se sens même coupable de ne pas avoir vu que je leur cachais quelque chose de difficile à porter. Donc ne redoutez pas forcément votre coming-out. Peut-être que vous ne faites que repousser l'inévitable. Le problème, c'est que plus tard vous le faites, plus vous aurez du garder le silence longtemps, ce qui implique une certaine souffrance psychologique chez certains. C'est à vous de voir quand sera le bon moment, mais prenez bien en compte le fait que les choses peuvent très bien se passer à merveille.
Ancien membre 30/03/2015 à 03:19
Wow c'est le premier mot qui me vient à l'esprit.. Vos comings out font preuve de beaucoups de courage Erklan, Laure et Charlotte ! Je le ferais surement un jour .. Je pense être dans le même état d'esprit que Erklan avant son coming out .. C'est à dire que j'arrêterais surement de me défiler s'il me le demandaient et je leurs dirais .. Et aussi beaucoups dans le refoulement : "Pourqoi aurait ils besoin de le savoir.. j'ai même pas de copain haha".