Je me suis récemment interrogée, à la lecture des témoignages des personnes non-binaire du forum, si les couples non-binaire/binaire présentaient des caractéristiques spécifiques. En particulier, la personne binaire se pose t-elle des questions sur son orientation sexuelle ? Ou bien finalement, la non-binarité intègre-t-elle le couple lui-même, qui devient donc un "couple non-binaire" ?
Et à l'inverse, si une personne (binaire) vous dit que votre non-binarité l'empêche d'avoir une relation romantique avec vous, vous sentez-vous ...rejeté.e ? Est-ce de la non-binarophobie ? Apparemment on pourrait parler de diaphobie 😅 . Bref, à vous la parole, les non-binaires. Ceci est une demande sincère et naïve.
Merci de veiller à éviter de blesser par des prises de position à l'emporte pièce, comme déjà parfois constaté sur le forum trans.
Hello @occamj, il serait bien du coup de rappeler ce qu’est la ( non) binarité
Ah tu vas m'obliger à aller chercher le topic avec les définitions alors... je fais ça dès que je peux...
Citation de Occamj #462344
Mon côté sadique aime te faire bucher 😁
Je peux témoigner en tant que non binaire, la non binarité n'a jamais été abordée dans mes précédentes relations car je n'en avais pas conscience moi-même, j'étais dans le camouflage et je souffrais de transphobie intériorisée.
Je pense que mes anciennes compagnes n'avaient pas conscience non plus d'être avec un nb. Déjà il faut connaître ce genre, et je faisais en sorte de le masquer.
Je ne pense pas que le partenaire d'un.e non binaire s'interroge sur sa propre sexualité mais après tout je ne suis pas à leur place pour le savoir.
Malgré mes efforts de camouflage et d'auto persuasion j'ai pas mal de fois été éconduit, ou on m'a rapporté que telle personne me trouvait pas mal mais que ça ne pourrait pas aller plus loin car j'étais "trop gentil".
On me l'a dit souvent et je l'ai entendu par l'intermédiaire d'autres personnes. J'ai toujours pensé que ces personnes resentaient ma non binarité, ma différence.
En tout cas mon manque de masculinité.
Mais je ne me sentais pas plus rejeté que quelqu'un peut l'être pour d'autres raisons.
Le témoignage précédent (oui, je sais, je fais de l'archéologie) va dans le sens des réflexions que l'on peut trouver sur l'intéressant blog (https://genderdysphoria.fyi/), notamment le passage sur les relations amoureuses :
"Par exemple, j’ai moi-même réalisé, après avoir fait mon coming out auprès de ma femme, que toutes mes tentatives de rencontres antérieures avaient été absolument saphiques par nature. Mon premier réflexe avait toujours été de devenir un bon ami de ces personnes. Les rendez-vous n’étaient jamais qualifiés de rencart parce que nous nous asseyions et parlions quelque part, en traînant ensemble. Par conséquent, plusieurs de mes relations ont pris fin simplement parce que j’avais trop peur de faire le premier pas pour ne pas détruire l’amitié. Je passais la moitié de la journée à penser à elles et à vouloir être près d’elles, non pas par désir sexuel, mais par engouement personnel. Ma première petite amie m’a carrément dit, lors de notre premier rendez-vous, que je ne ressemblais à aucun homme qu’elle avait fréquenté parce que j’aimais parler au lieu d’essayer d’être physique. Elle a rompu avec moi deux mois plus tard parce que je n’avais pas l’assurance qu’elle attendait d’un partenaire."
Alors, on est là dans le témoignage d'une femme trans, pas véritablement d'une personne non-binaire, mais c'est une expérience dans laquelle je me retrouve.
Mon premier amour m'avait dit peu avant de me quitter que vivre avec moi, c'était comme être en couple avec un enfant, un bébé. Ce qui en dit long sur la virilité que je dégageais à ces yeux. Elle préféra retourner auprès de son ex, le macho de base qui la trompait sans cesse et plus vingt ans plus tard m'avoua qu'elle avait aussi été effrayée parce que je lui proposais "un vrai amour"... Et qu'elle ne savait pas comment répondre à ça.
L'impression que j'ai, c'est que les compagnes que j'ai eues (les relations qui ont eu une certaine réalité) ont été en même temps touchées par ma manière d'être.
Au point pour la première de m'envoyer une lettre d'excuse tous les dix ans et de se tourner vers moi à chaque rupture de sa vie, comme une sorte de recours possible... de point d'appui... et elle me décrit encore comme un des 3 elfes qui ont marqué sa vie et l'une des trois seules personnes dont elle accepte des reproches - les gens sont bizarres parfois).
Au point pour ma compagne de n'avoir jamais vraiment su comment me quitter.
Je ne saurais dire en quoi ça tient, ça reste mystérieux à mes yeux.
Et en même temps, agacées par ce côté trop doux, trop mélancolique.
Heureuses d'avoir une personne qui les écoute vraiment, saoulées de devoir lui rendre la pareille.
Comme s'il était contre-nature pour elles d'avoir un côté protecteur/maternel/empathique, mais que c'était agréable que moi, je l'ai.
Et agacées par mon manque d'assurance, de prise en main des choses.
Après, est-ce spécifique aux non-binaires ou juste à ma modeste personne en ma psychologie particulière ?
Néanmoins, les conversations en mp que j'ai pu avoir avec des hommes non-binaires comme moi sur Beto allaient dans ce sens avec la même ambiguïté rejet/attirance de beaucoup de nos compagnes.
L'article suivant traite de cette problématique si tu es intéressée : https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781003015888-18/197-love-love-neither-romantic-partners-affirmations-nonbinary-trans-individuals-paz-galupo-lex-pulice-farrow-zakary-clements-ezra-morris?context=ubx&refId=417fba04-f30a-467f-85a9-cc009e0fc3bd
Force est de constater que les témoignages de binaire en couple avec des non binaires ne sont pas légions sur le forum.
Sans doute nous n'avons pas assez de recul pour tirer des conclusions. Nous ne sommes qu'une poignée ayant dépassée la quarantaine à s'autodéterminer non-binaire. Les plus jeunes rejettent dans des proportions plus importantes les codes du patriarcat mais au moment de passer dans une relation de couple vont ils s'affranchir du rôle assigné à la femme et celui assigné à l'homme.
Depuis le début de cette nouvelle vie qui m'a permis de répondre à des questions que je me suis toujours posée, je ne vois que des similitudes avec nos sœurs binaires (difficultés à maintenir un couple, rejets d'une partie de nos proches, besoin de s'éloigner de notre enveloppe masculine). La différence réside essentiellement sur la plus ou moins grandes acceptation de notre corps d'origine et la possibilité de se mouvoir avec celui-ci.
Je pense qu'en matière de couple nous n'avons pas plus de facilité à nous faire accepter sauf de le cacher et de jouer un rôle qui n'est pas le notre. Encore faut-il pouvoir le jouer, je me reconnais totalement dans le témoignage de Narikya. J'étais dans l'incapacité de prendre le contrôle d'une relation charnelle, ni même de réagir aux sollicitations.
Citation de Harmonique #512001
Des mots qui sonnent juste. Précis. Saisissants.
Plus le temps s'avance, les discussions, les expériences, plus je ne perçois de réelle possibilité de bonheur que dans les bras d'une personne qui serait justement charmée par notre ambiguïté et la variété de nos facettes, une personne qui serait apaisée, grisée, comblée par le bonheur d'avoir un.e compagne.on qui soit parfois si féminine, parfois masculine, selon notre mix interne ou ni l'un ni l'autre, par ce chemin étonnant qui viendrait quelque part compléter un besoin chez elle.
Une bonne amie à moi m'adore positivement et m'aurait volontiers jeté dans son lit si je n'étais déjà pris a su créer avec moi un lien unique aussi parce que la femme en elle est tourmentée, qu'elle est en même temps avide d'une certaine image classique et sensuelle de féminité et en même temps que les dures épreuves l'ont amené à se construire une carapace en acier blindé et un mode de relation aux autres très masculin, notamment pour ne plus être perçue comme une victime potentielle et dans une volonté de reprendre en main son destin.
Et paradoxalement, c'est mon extrême fragilité qui seule a su percer l'armure, parce que j'étais un mec incompréhensible. Que l'on ne pouvait pas me mener par le bout du nez avec les trucs habituels. Que sa panoplie blindée et un peu cynique ne fonctionnait pas et qu'en plus en sentait en moi la même plaie purulente qu'en elle, les traumas, les tourments et une douceur qu'elle a toujours désirée tout cela dans l'enveloppe d'un homme.
Avec cette ambiguïté de mon côté protecteur par le langage, ma capacité à discuter avec elle pour tenter de limiter ses routines d'auto-dénigrements et l'aide que j'ai pu lui procurer pour ses études, et en même temps de mon côté porcelaine, dentelle, hyperfragile, hyper facile à blesser.
Le hasard a fait que cela a frappé au cœur et que j'ai gagné une confidente et amie.
De même, c'est une demoiselle bisexuelle qui porta la première un regard charmé sur ma particularité. Là encore, une fille solide, gouailleuse, blindée, mais désarçonnée par ce garçon autre, dont la manière d'être frappait sous l'armure.
J'ai cette impression, cette intuition (mais cela demanderait à être exploré, vérifié) que les êtres comme nous touchent plus particulièrement des compagnes (et probablement des compagnons) qui ont elles-mêmes un rapport un peu complexe à leur propre genre.
En tant que personne d'âge mûr, ayant vécu de multiples expériences de couple avec des femmes indéniablement cisgenres, j'ai souvent vécu ce sentiment de décalage au regard des attentes de mes compagnes, dont certaines ne cachaient pas l'impression d'avoir affaire à un imposteur, au regard de ce qu'elle désignaient chez moi comme un tempérament passif.
Elles avaient connu des "mecs de chez mec" cochant les cases convenues, sans entrer dans les généralités autour des matchs à la télé avec les potes invités, le port du survête le week-end, les apéros au bar, les soirées alcoolisées, la passion des motos et du rock, la virilité velue et hâbleuse particulière aux Méridionaux (je vis dans le sud).
Chez moi, rien de tout ça, et je voyais que, tout en plaisant (car on me prête de beaux restes et je prends soin de mon apparence), je ne leur fournissais pas des repères susceptibles de les rassurer. Toutes n'étaient pas sur ce registre, évidemment, mais attendaient autre chose d'un homme. J'étais taxé d'intello, de bobo, voire d'extraterrestre, et j'ai eu affaire à pas mal de femmes manipulatrices.
Citation de Phoenix73 #518912
Est-ce que cela te viendrait à l'idée de dire à une femme trans soit un homme ? C'est pareil pour un personne non binaire. C'est une injonction à être ce que l'on est pas.
On est sous le parapluie des personnes Trans.
La description de ton couple c'est juste ce que l'on voudrait avoir ne pas se sentir obligé de tenir un rôle, se compléter sans se poser la question qui est passif qui est actif.
Physiquement cela fonctionnait très bien, la difficulté est de trouver la personne avec laquelle on va s'épanouir. Être soi-même c'est tout.
Citation de Harmonique #518916 Est-ce que cela te viendrait à l'idée de dire à une femme trans soit un homme ? C'est pareil pour un personne non binaire. C'est une injonction à être ce que l'on est pas.
Je pensais que les partenaires avaient joué cette carte (sous influence culturelle) avant les coming out non binaire. Et pour le reste , je viens de me créer un énième noeud cérébral. J'aime la logique presque mathématique mais je m'aperçois de mes propres contradictions sur certaines choses qui est d'influence également patriarcale, societal, de ce qu'est un homme pour moi et une femme, qu'est ce qui va m'attirer en tant que bi. Tout depend du sujet, comme la sensibilité où je me rappelle d'une conversation musclé avec mme la rose et comment je peux l'aborder dans mon quotidien qui est contraire à l'argumentaire que je lui ai soutenu . Alors je démêle (si j'y arrive franchement pas gagné) et je reviens.
Citation de Phoenix73 #518920
Qu'est ce qu'un homme qu'est-ce qu'une femme ? Il y aura un topic la dessus bientôt De quoi se faire des noeuds au cerveau 😂
Cette histoire de passivité présumée chez un homme est indéniablement le produit d'une culture patriarcale profondément ancrée, et ni vous ni moi n'y pouvons rien. Je plaisantais quelque part à propos de l'héritage de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, et les diktats, parvenus jusqu'à nous, du judéo-christianisme, n'ont fait que perpétuer cet héritage.
A chaque fois qu'il m'est arrivé de pouvoir discuter de ma vision du couple avec une compagne qui était ouverte à ce débat, je la lui ai exposée : une communauté à deux où il y a partage des tâches, pot commun, où on se dit tout, où il n'y a pas d'un côté un.e chef.fe et en face un.e exécutant.e. Sans pour autant obtenir d'écho. On reste dans le "chacun dans son rôle prédéfini", ne pas se démarquer aux yeux des autres, parents, famille, collatéraux, amis, les gens, etc. Le mec prend la tête des opérations et dégaine sa carte bleue, le mec choisit le restau, le mec se doit d'en avoir dans le caleçon, le mec doit tout régler. Elle, son levier de chantage, c'est le sexe. Tant que le mec se comporte comme elle attend qu'il se comporte, il a du sexe. S'il se singularise, pas de sexe.
On m'a parfois reproché de ne pas me montrer brutal dans l'intimité. Pas domi, si vous préférez. Pas la prendre par les cheveux lors du coït en la traitant de ceci ou de cela ?
Je vous dresse une synthèse de ce que j'ai connu de pire. Heureusement j'ai eu droit à meilleure fortune. Mais il est certain, à ce que j'ai pu vérifier, que les schémas binaires sont bien ancrés, incrustés dans les mentalités.
Citation de CantaGalet #518925
Merci pour ton partage , je reviendrai des que j'ai un moment, je cogite , je cogite...
Je reviens sur le témoignage de l'"ancien membre", dans lequel je me retrouve. Il pointe un détail qui a son importance : la méconnaissance chez la plupart des gens de ce qu'est la non-binarité. Nous sommes entre initié.es, et nous avons déjà du mal avec ce concept, en ce qu'il semble qu'il est autant de façons d'être non-binaire qu'il est de personnes non-binaires. C'est plus un portrait chinois, esquissé par chacun.e, qu'un tableau clinique impliquant un listing de caractéristiques établies de façon péremptoire.
Attention, je ne veux pas dire par là que la non-binarité est une maladie, je prends juste l'exemple du tableau clinique pour sa rigueur scientifique : le produit d'observations opérées par des spécialistes aux fins d'établir un diagnostic.
La, le profane jugera notre comportement comme trahissant une homosexualité refoulée - un truisme qui nous vient de la théorie (j'allais dire l'idéologie) psychanalytique. Le mec "gentil", "à l'écoute", "attentionné" passera pour le "nice guy" évoqué sur les sites de séduction, ce qui peut se traduire par "le couillon de service habitué de la friendzone" qui accessoirement est promis à la casse s'il croise sur sa route une partenaire répondant au descriptif (à la mode) des personnalités présentant un trouble narcissique (je sais de quoi je parle).
L'"ancien membre" pose la question du "manque de masculinité", souvent évoqué. La masculinité étant entendue au sens de rapport au monde viriliste, machiste, du leader dans le couple qui prend les choses en main, en même temps protecteur, pourvoyeur des moyens de subsistance et détenteur des clés du coffre-fort renfermant ses propres deniers, appelés à financer loisirs, plaisirs, sorties et cadeaux. Moyennant quoi il sera assimilé au julot de choix par la copine et la famille, les amis, les proches de la copine. Tant pis s'il rentre bourré et s'il ramène cheveux et odeurs de parfum exotiques dans le lit conjugal, du moment qu'il remplit son rôle. Les apparences sont sauves.
Je caricature un brin, on va encore me le reprocher, mais ça correspond à du vu, entendu, confié. Si les histoires d'amour finissent mal, comme dans la chanson, c'est que c'est la vie, tout simplement, et que nous autres bipèdes sommes des créatures foncièrement imparfaites.
J'aime le témoignage de Narikya, ensuite. Où l'espoir réside dans ce qu'il exprime dans son premier paragraphe, je cite :
"Plus le temps s'avance, les discussions, les expériences, plus je ne perçois de réelle possibilité de bonheur que dans les bras d'une personne qui serait justement charmée par notre ambiguïté et la variété de nos facettes, une personne qui serait apaisée, grisée, comblée par le bonheur d'avoir un.e compagne.on qui soit parfois si féminine, parfois masculine, selon notre mix interne ou ni l'un ni l'autre, par ce chemin étonnant qui viendrait quelque part compléter un besoin chez elle."
Il décrit ce que nous attendons de l'autre et que l'autre attend de soi, là est la clé. Venir combler un sentiment d'incomplétude, un manque, quelque chose qui fait qu'on ne se sent pas entier. Et cela met de côté l'idée répandue qu'il ne faut pas attendre de l'autre qu'il soit là pour combler nos manques. Là, on est dans l'optique individualiste libérale, je suis le maître de ma destinée, je n'ai à compter que sur moi-même, je suis le responsable de ma vie, et autres balivernes. Si on est dans une quête de l'altérité, c'est que justement on se sent incomplet.e et qu'on recherche chez l'autre ce qui nous manque. Autrement, si on devait se suffire à soi-même, l'espèce humaine aurait disparu depuis des générations... et il ne resterait que des actionnaires.
Cette quête de ce qui nous manque, je crois qu'elle est flagrante, chez les non-binaires. Quelqu'un qui nous donne à exister en tant que ce que nous sommes, et qui, parce que nous sommes qui nous sommes librement auprès d'elle, lui, remplira sa part d'incomplétude.
Citation de CantaGalet #518974 le "chacun dans son rôle prédéfini", ne pas se démarquer aux yeux des autres, parents, famille, collatéraux, amis, les gens, etc. Le mec prend la tête des opérations et dégaine sa carte bleue, le mec choisit le restau, le mec se doit d'en avoir dans le caleçon, le mec doit tout régler. Elle, son levier de chantage, c'est le sexe. Tant que le mec se comporte comme elle attend qu'il se comporte, il a du sexe. S'il se singularise, pas de sexe.
Je ne l'aurais pas dit comme cela. Je pense en effet que le patriarcat à encore de beaux jours devant lui. Et je confirme quand on est pas un vrai mec, on fait tintin niveau sexe.
La binarité instaure un rapport de force entre les deux sexes. Malheureusement la non binarité est quelque chose de tout nouveau comme réalité vécue consciemment. Je ne suis pas née à la bonne époque.
Citation de Occamj #462321
Ma non-binarité s'est forgée dans mon âme plus qu'en apparence. Je ne me sens pas du tout obligée de l'affirmer. Sauf si nécessaire quand quelqu'un cherche à me cantonner uniquement à l'état de femelle. Je n'ai pas recours à des qualificatifs ou des artifices pour le montrer. Peut-être juste dans la façon unisexe de m'habiller. De 1 parce que j'aime ça. De 2 parce que c'est le moyen que j'ai pour le revendiquer. Malheureusement mes tentatives pour nouer des liens amoureux ont échouées jusqu'ici. Et pourquoi ? Et bien il s'avère que je ne suis pas assez coquette me dit-on. D'habitude j'ai tendance à laisser les choses couler et se faire naturellement. J'aborde le sujet de manière feutrée sans me justifier. J'explique les choses l'air de rien. Au fur et mesure. Plus fermement si je sens qu'on essaie de me piéger dans un rôle qui n'est pas le mien.
Mon expérience m'a mise face à des potentiels partenaires qui attendaient que je change sans se demander si c'était à eux d'évoluer.
J'arrive 10 ans après la bataille, mais bon, le sujet me touche et deux des intervenantes sont de plus des personnes que j'apprécie beaucoup, donc...
Citation de Phoenix73 #518912 Ayant moi-même vécu avec un partenaire passif, je n'ai jamais vu cela comme quelque chose de genré. Je dois avouer que c'est épuisant quand tu dois tout porter, même en terme de charges mentales et que tu n'as personne sur qui te reposer vraiment, surtout quand toi aussi, tu as des moments de faiblesse.
Effectivement, tout porter est épuisant en terme de charge mentale.
Et il est possible que le jeune homme tourmenté et fragile que je fus ait pu faire sentir cela à ma première partenaire.
possible.
Après, avec toutes mes partenaires, j'ai toujours eu cette capacité à les écouter vraiment, à être là pour accueillir leurs soucis, leurs états d'âme, sans toujours de solution (notamment quand j'étais plus jeune) mais avec une réelle attention.
Alors, certes, ce n'est pas un rôle actif, mais en terme de charge mentale, ça change aussi des choses.
Ma compagne actuelle en bénéficie régulièrement, mes filles aussi.
D'ailleurs, étrangement, c'est vers moi que toute ma tribu féminine se tourne quand elle va mal et a besoin de parler de ses petits bobos et d'être réconfortée...
Et pas vers l'élément "actif" du couple : ma compagne. Parce qu'avec elle, il faudra justifier le fait d'aller mal et batailler pour obtenir autre chose qu'une version plus ou moins élaborée du "quand on veut on peut".
Pourtant, c'est bien quand on ne peut pas vraiment se confier à sa moitié que je trouve qu'on a aussi l'impression de "tout porter". Parce qu'on vous propose des solutions toutes faites et une action immédiate, mais pas vraiment la possibilité de poser un instant les armes et pouvoir juste être écouté et réconforté avant de devoir retourner à la bataille.
Moi, c'est ce manque d'écoute et d'empathie chez les "actifs" qui me fatigue.
Certes, ils le compensent en partie par leur capacité à faire vivre la famille au gré de leurs initiatives et de leur énergie, mais seulement en partie.
Mes compagnes ont toujours trouvé chez moi ce support-là, celui de l'écoute, même fragile et maladroite et m'ont rarement offert la même chose, la même écoute, le même réconfort, trop occupée à jouer au vieux pirate, à la fille solide, même quand, dans les faits, elles étaient bien contentes de pouvoir se livrer et être considérée.
Et c'est là que j'ai l'impression qu'il y a une vaste supercherie dans un discours pseudo-féministe qui réclame cet homme tendre et à l'écoute, mais qui lui reproche quand même de ne pas être le machin protecteur et solide en même temps.
Sauf que la plupart des trucs solides, actifs et protecteurs que je connais le sont justement parce qu'ils/elles ne baissent que rarement la garde et ne sont pas hyper bon pour accepter d'écouter les soucis des autres, justement parce que ça ronge leur solidité.
Citation de Phoenix73 #518912 En revanche, je pense qu'une femme qui dirait à son partenaire "sois un homme", c'est juste la voix du patriarcat qui s'exprime. Rien de plus, rien de moins. Comme un appel à l'aide plus qu'autre chose.
Clairement.
Seulement, je n'entends pas trop dans le discours féminin majoritaire la nécessité pour les demoiselles de déconstruire AUSSI leurs stéréotypes de genre, leurs attentes.
J'entends les injonctions aux hommes de se déconstruire, et on refuse souvent toute remise en cause des femmes sur ces sujets. Quand je gratte dans cette direction à partir de mon expérience singulière, les réactions sont souvent épidermiques.
Or les non-binaires nés hommes que nous sommes avons fait l'expérience de la brutalité du patriarcat à travers les comportements des hommes ET des femmes à notre égard.
Et je connais bien des petites soldates du patriarcat autant que de machistes à la noix.
Alors certes, ces petites soldates sont aussi victimes du patriarcat et leur brutalité est moins intense.
Mais bon.
A vivre, ce n'est pas spécialement agréable non plus. ^^