Transitionner à 55 ans - que puis-je espérer ???

Il m'a fallu tellement de temps pour comprendre - et, surtout, accepter - que j'étais, profondément, une femme. Ou en tous cas que cela faisait un demi siècle que je crevais de ne pas en être une aux yeux des autres et aux miens. Je ne me pose plus aucune question à ce sujet, mais j'ai (sans grande surprise) peur de ce que peut impliquer une transition aussi tardive, peur de ne jamais être acceptée, de me sentir fake (pas dans le sens de "faussement trans" mais dans celui de "faussement femme" - on remercie les terfs pour leur discours si empathique), de finir ma vie seule et moquée comme une pathétique parodie de lesbienne (ce que je suis aussi profondément, même si pas strictement).

Je sais certaines d'entre vous mesdames ont transitionné tardivement... je souhaiterais avoir vos témoignages, sans fard, sur les effets de la THS et ce qu'on peut en espérer arrivé à cet âge, sur les difficultés (sociales et autres) que vous avez pu rencontrer, et globalement sur tous ceux que vous auriez aimé savoir avant de transitionner. Je ne cherches pas à être rassurée, ni à ce qu'on me dise qu'il n'est "jamais trop tard", je voudrais surtout avoir une idée raisonnablement réaliste de ce que je peux espérer, en positif comme en négatif.

NB: j'ai au moins la chance d'avoir une morphologie pas trop virile (à l'exception de la pilosité hélas), et je ne suis pas non une femme hyper-féminine, je me sens plus tomboy / soft butch à vrai dire.

Merci d'avance pour vos réponses, ici ou en MP si vous souhaitez conserver certains éléments privés.

Citation de Betty Bee #408659

Salut Betty Bee,

Tiens, c'est marrant, j'allais t'appeler et j'ai eu un contretemps : nous pourrons en parler si tu veux dès qu'on trouvera un moment en commun 😉👍

Citation de Frolix8 #408727

Waw, merci Frolix pour ce post assez exhaustif, c'est plutôt rare que ce soit exprimé aussi clairement !

Ce que tu peux espérer ?

Déjà une vie différente, qui n'a rien à voir ni avec ta vie actuelle ni même certainement à ce que tu imagines (dans mon cas c'est tellement mieux que ce que je croyais . . . )

Certainement (si ce n'est sans aucun doute . . ) des soucis à gérer avec ton entourage, si ce n'est ta compagne voire ta famille quand il va falloir leur expliquer . .

Tout ça peut aussi bien te mener au paradis qu'à l'enfer, il faut en avoir conscience, et ne pas se cacher non plus qu'il est beaucoup plus difficile de se lancer tardivement qu'à l'adolescence . . moi même qui me suis lancée tard ne me suis jamais fait d'illusion, il y a un bien lourd passé à gérer . . et des que je me suis lancée dans la démarche de me créer moi même, je n'ai pas pu me retenir de penser que je risquais d'etre "une gosse de vieux" . . . je me le suis tellement répétée que ça a du marcher, aujourd'hui beaucoup de mes amis (MtF, FtM, ou meme bios) ont moins de 30 ans et on s'entend super bien . . .

Ne te fais pas non plus trop d'illusion sur la THS, elle a ses effets bien sur, mais ce n'est pas elle qui fera de toi une nana bien dans ses escarpins en public (et avec une voix parfaite . . . ), mais plutôt ton sens de l'observation, tes capacités d'auto apprentissage et d'autoanalyse . . .mais quand je lis ta fiche (ou quand je te lis par ailleurs . . . ) tu sembles posséder une certaine aptitude en ces domaines

Moi même me suis lancée tardivement, dans mon milieu professionnel une transition aurait été un véritable suicide, les "petits soucis" auraient été insurmontables . . surtout à quelques années de la retraite . . . du coup j'ai encouragé mon patron à me proposer une rupture conventionnelle (tres important, si c'est lui qui propose tu peux évidemment obtenir une bien meilleure indemnité que si c'est toi qui demande . . . )

C'est ainsi que je me suis lancée à 58 ans . . . avec une démarche de type "pas à pas" et dans un esprit d'expérimentation de cet autre personnage que je sentais en moi bien davantage que dans un esprit "marche ou creve" ou "changement du jour au lendemain". Evite les idées d'obligations de résultats et ne tente jamais de te mettre "au pied du mur", autorise toi de la flexibilité . . .

Finalement c'est allé assez vite, je t'avoue que j'ai beaucoup cogité pour trouver des solutions aux difficultés que j'ai pu rencontrer, mais peu à peu les choses se sont mises en place.

Et un petit détail qui peut surprendre, même aujourd'hui je n'ai pas engagé de THS . . . ce qui ne m'a pas empêchée de constater beaucoup des effets évoqués plus haut par Frolix . . . les seins, les noisettes, etc, même le plaisir sexuel est maintenant devenu totalement différent . . quant à la sensibilité à fleur de peau, j'ai découvert ça aussi sans le moindre dopant, un jour ou j'ai soudainement (et totalement spontanément) éclaté en sanglots en pleurant de bonheur à chaudes larmes . . Autre chose aussi, dans ma lointaine jeunesse je possédais une intuition assez troublante qui avait disparu depuis longtemps, c'est en train de revenir . . .

Petit conseil que je peux te donner également si tu n'as pas encore choisi de prénom définitif, j'ai découvert que mon prénom abrégé (Stéf, pas spécialement genré) était bien pratique pour mes amis historiques qui avaient un peu de mal au début avec mon nouveau genre . . .

Certain-e-s pourront penser que j'ai un parcours assez atypique, je n'ai même jamais eu besoin de psy ni ne suis jamais passée par la moindre assoce, mais je suis loin d'etre seule dans ce cas, beaucoup de mes amies ont un parcours proche du mien, si je peux t'aider ou si tu as des questions n'hésite pas, je répondrai avec plaisir à tes MP

supprimé

Bien sympa en effet et surtout tres instructif de lire un résumé aussi exhaustif que celui de Frolix, et il ne faut pas non plus comprendre de mes propos précédents que je crache sur la THS, dans mon cas j'ai préféré investiguer ma capacité à (bien) vivre socialement ma féminité (et m'assurer que j'en étais mentalement capable, donc limiter le risque de finir dans une exclusion extreme ou encore un cul de sac) avant que de penser à assassiner (j'aime bien la formule) le Dédé qui était resté si longtemps en moi . . .

Comme je l'ai dit dans un autre post, je pense qu'il ne faut pas cracher sur notre passé qui contient forcément du bon et du vital à côté de souvenirs moins glorieux, l'image que j'en ai est un peu celle d'un arbre qui essaierait de verser du dévitalisant sur ses racines pour les faire disparaître. Je préfére penser que ce sont souvent les porte greffes les plus vulgaires qui peuvent souvent donner lieu aux plantes parmi les plus magnifiques . . . exemple de l'aubépine qui permet de créer de magnifiques rosiers . . . et ça n'empeche pas de tailler les mauvaises branches (dont certaines sont même nuisibles) pour optimiser le développement, j'aime beaucoup cet exemple, dans la taille des arbres les professionnels de l'arboriculture privilégient toujours dans leurs actions les idées d'harmonie et de bien être dans leur environnement pour le développent des plantes . . . bien avant la technique et l'action du sécateur

Et même la chimie des fertilisants n'est pas toujours employée à profusion, et fait même souvent l'objet de stratégies bien spécifiques . . . chez les plantes aussi il faut parfois un peu souffrir pour devenir encore plus épanouies . . .

💋 💋

supprimé

Citation de Frolix8 #408799

Tu sais, nos idées peuvent sembler s'opposer mais je crois qu'on est bien d'accord sur le fond, la véritable difficulté consiste surtout à trouver le bon dosage au bon moment entre couper et ne pas couper, traiter ou ne pas traiter. . . et c'est bien particulier à chacun et chacune d'entre nous, sur ce point je t'avoue que je reste tres modeste, et dans mon cas perso ce ne sont certainement pas mes idées qui ont été bonnes mais surtout la chance . . . dont celle d'avoir rencontré certaines personnes au bon moment pour me donner "LA BONNE IDEE" dont j'avais justement besoin à cet instant . . . et dans mon propre parcours, j'ai même découvert qu'une idée qui est excellente à l'instant T ne l'est plus forcément à l'instant T+N . . .

Ce que je retiens de mes amies beaucoup plus avancées que moi , c'est que notre démarche nos condamne à un parcours qui peut dans certains cas nous mener loin avec de nombreuses étapes, plus ou moins dans l'ordre l'épilation définitive, la THS, le CEC, le bistouri facial, la chirurgie maxillofaciale, la vaginoplastie, la mammoplastie . . . parfois le divorce aussi . . . ou même bien pire . . .

Et je t'avoue que j'ai beaucoup d'admiration quand vois celles qui peuvent avancer de façon naturelle, en ce sens que c'est le succes de l'étape précédente qui leur donne envie d'aller encore plus loin, tout le contraire de parcours ou ce serait justement l'échec d'une tentative précédente qui les encouragerait à une sorte de "fuite désespérée en avant avec le couteau dans le dos" . .

Et même pour des chirurgies lourdes, l'état d'esprit dans lequel on s'y rend n'est pas neutre, l'une de mes meilleures amies vient de benéficier d'une vaginoplastie (méthode greffe de colon qui est assez délicate) pour se sentir "mieux encore dans sa peau, en particulier quand elle va à la plage", et avec le soutien et l'encouragement de sa propre épouse, elle détient le record absolu de durée de rétablissement des chirurgiens qui l'ont opérée alors qu'elle a bientôt 60 ans, ce n'est certainement pas un hasard . . . et malgré sa transition et ses transformations elle est encore plus au "top" dans son activité professionnelle en étant restée dans le même poste . . .

On aimerait tant qu'il en soit ainsi pour toutes nos consoeurs . . . et pour nous mêmes aussi, car ce sont des personnes comme cette amie qui contribuent à améliorer notre image dans le "grand public" . . .

Bonjour,

J'arrive sur le site et j'avoue que je suis bluffée par tant de sincérité et de courage.

Il en faut pour se livrer ainsi et accepter cette partie de soi qui a si longtemps vécue cachée.

Bravo et surtout sache que je suis capable d'écouter et d'échanger. Il me faudra un peu de temps je pense pour me livrer mais j'y travaille.

Au plaisir

Citation de Betty Bee #408659

Bonjour mes chères consœurs

Je m'appelle Alexandra, je suis nouvelle sur le forum et j'ai lu vos témoignages, j'ai fait ma transition à 60 ans, mais que d'années perdues et de regret d' avoir laissé passer le temps, être transgenre ça ne s'invente pas, on ne se réveille pas un beau matin en se disant, je suis transgenre en ce qui me concerne d'aussi loin que je me souvienne je l'ai toujours été

mais à cette époque qui fut la mienne, on n'aborde pas le sujet de peur d'être rejeté, ou traiter de malade, heureusement les choses ont évolué, ce n'est pas que les mentalités ont complètement changées, mais c'est à nous de les faire avancer, il est temps de se faire accepter comme des hêtres humains et non comme des bêtes de foire, nous avons notre dignité, je m'insurge contre une société puritaine moraliste et critique

mes chères consœurs, nous ne somment qu'une minorité, mais qui s'agrandi, la société nous à attribuer un genre, à notre naissance, vue notre anatomie, mais, nous somment tributaire de ce que dame nature à décider pour nous et nous ne pouvons contourner sa décision à moins que d'accepter son sort

si vous êtes sûre de votre genre et après décision médicale qui n'est pas superflue ni négligeable malgré le démenti de certaine personne

et réflexion de votre part. Car il ne faut pas avoir des regrets après la transition qui est irréversible, si vous remplissez ses critères n'hésitez plus chères consœurs

aussi comme le proverbe le dit reculer pour mieux sauter alors la décision vous appartient

ne vous formalisez plus et vivez dans le corps et le genre qui est le vôtre, pas dans celui qui vous a été attribuer et décider à votre naissance.

C'est une dame d'un certain âge qui a réussi sa transition tardive, et ne regrette rien si c'est d'avoir trop hésité

Bises et courage.

Merci un peu tardif à toutes pour vos témoignages... Mon état émotionnel n'est pas d'une stabilité absolue en ce moment (deuil + vilain burnout), et je ne me sentais pas capable de revenir sur ce sujet ces derniers temps.

"Une vie différente", oui, cela c'est ce que j'espère - j'aurais presque envie de dire "une vie" tout court tellement je me sens depuis toujours dans l'attente que ma vie commence enfin. Mais cela ne me dit pas grand chose de ce que je peux à mon âge espérer d'un THS, et j'avoue que c'est un de mes grands points d'interrogation. J'ai bien sûr fait mes devoirs (je suis une bonne élève lol), mais je ne trouve pas grande littérature sur la corrélation entre l'âge de début de traitement et l'intensité des effets.

"Tout ça peut aussi bien te mener au paradis qu'à l'enfer" - je pense en avoir bien conscience oui, d'où mes doutes et questionnements. J'avoue que j'ai un peu de mal avec l'idée d'être trop "visiblement trans" (physiquement je veux dire), mon expérience pour le moment est que plus je m'essaie à être féminine et plus ce qu'il y a de physiquement masculin dans mon apparence me fait mal - l'effet "un homme en robe" me rend terriblement dysphorique. Et souffrant également d'anxiété sociale, je crains qu'avoir cette image de moi-même n'achève de me paralyser - en même temps que j'espère que me percevoir enfin et sentir enfin perçue comme femme me libère au moins en partie de cette problématique (pas dans le sens de me rendre soudain hypersociale et extravertie non plus hein 🤣).

"soucis à gérer avec ton entourage", oui, ça je m'en doute bien. A vrai dire mon plus grand frein à l'heure actuelle, c'est comment expliquer ça à mon fils de 26 ans - dont la mère est totalement défaillante (et que j'élève seul depuis ses 15 ans), qui a lui-même quelques soucis personnels à gérer, et pour qui je sais être un modèle et un repère important. Je crains que cela soit sérieusement perturbant pour lui - non pas que je soupçonne la moindre once de transphobie de sa part, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça doit faire bizarre quand ton papounet t'annonce qu'il est une "elle" 🤔

Fin brefle (oui, "brefle", j'aime bien, ça ressemble à "trèfle")... Certains des effets connus des THS féminisants m'inquiètent un peu - j'ai toujours été très sensible et très émotive entre autre, j'ai toujours pleuré pour un rien, je ne suis pas sûre d'avoir envie de plus de ça 😅, et puis je ne sais pas comment je vivrais la perte de libido et de fonction érectile (oui je sais c'est un peu concon-tradictoire) -, mais j'ai surtout peur à mon âge (et comme beaucoup j'imagine) de rester coincée dans un "état intermédiaire" qui ne fasse que renforcer ma dysphorie ☹️

Alexandra, merci pour votre témoignage, je comprends aisément la détermination (ou la force de l'impératif intérieur) qu'il vous a fallu pour transitionner à cette époque et à votre âge. Je pense que j'ai pour ma part encore beaucoup de travail à faire sur cette m... de transphobie intériorisée qui m'a bloqué depuis si longtemps et me retiens encore.

Bonjour,

Je peux t'éclairer sur les effets du THF sur une personne MtF de 56 ans, moi en l'occurrence (3 ans et demi):

Bon d'abord on part pas dans le noir, on se fait suivre par un.e endocrinologue, qui s'y connait là dedans de préférence (attention, s'y connaitre = avoir déjà vu des trans... pas forcément la spécialiste hyper-pointue, qui d'ailleurs ne connaît pas non plus tous les secrets des traitements endocrinologiques pratiqués par ex. aux USA). Sous cette supervision, on va faire des analyses tous les 3 à 6 mois, et on va écouter son corps, qui envoie aussi des signaux d'alerte si cela ne va pas (surtout si on a une pathologie préexistante: diabète, migraines, dépression...). On commence. Grand moment le début !

Tout dépend des produits et de leur dosage. En gros:

• les oestrogènes: faciles à prendre, dosage faible au début (le temps de développer les récepteurs idoines), puis on augmente. Souci: contrôler la prolactine, et atteindre des dosages sanguins convenables. Ceux-ci dépendent de la personne !

• les anti-androgènes: il y a plusieurs variantes. L'androcur (ACP) est le plus puissant, et ses effets sont brutaux, en général: perte de libido, diminution des érections, et surtout dépressiogène (ce qui peut paraître contradictoire: la fin des érections matinales a été une bénédiction, mais j'avais quand même des baisses de moral). Certaines supportent bien, d'autres pas du tout. Heureusement, plusieurs produits sont possibles. Avoir un entourage stable, un métier passionnant, des amis rigolos : ça aide !!

• plus tard, on peut rajouter de la progestérone (là c'est le grand débat... utile ou pas ?). En tout cas en général, c'est bien toléré.

Les résultats varient énormément d'une personne à l'autre. En général, la pousse des seins est perceptible dès 3 mois, visible à 6 mois. ça plafonne au bout de 2 ou 3 ans, mais ça peut revenir si on pratique une orchidectomie (que certaines pratiquent rapidement). Pour ma part, à ce stade, je suis à un petit B. ça balotte quand je cours sans soutif. Rah lovely. Et mes testicules, ben... je les vois plus, ils se sont rétractés.

Les changements psychologiques ont été pour moi spectaculaires, avec la disparition quasi-complète de la dysphorie au quotidien (il subsiste des triggers - si on me dit t'es moche, tu ressembles à rien, on voit bien que t'es pas une nana...), et une satisfaction intense à certains signes secondaires que l'on néglige souvent dans les descriptions: peau douce, pilosité évaporée (je doit m'épiler les jambes une fois par mois max), creusement de la taille, gras sur les cuisses... Avant le THF, on aurait dit un cintre avec une robe dessus. Maintenant, je peux porter sans souci tous les vêtements d'une femme cis, je vois bien que ça "tombe" comme il faut. Le mégenrage s'est évaporé au bout de 18 mois environ (l'épilation faciale est aussi cruciale, il faut dire). L'euphorie de genre est toujours présente, elle justifie (pour moi) tous les sacrifices. Le THF a changé ma vie, il a fait émerger ma réalité profonde. Le voile s'est déchiré. Je pleure plus souvent (pas très souvent) mais c'est surtout que je m'autorise à pleurer maintenant. Punaise, que c'est bon.

A part sur ce forum, plus personne ne mentionne ma transidentité. Ceux qui savent s'en fichent (ou bien m'ignorent, mais je dois pouvoir les compter sur une main ceux-là), en tout cas ils ont la gentillesse de ne pas me réduire à ça, et les autres ne savent pas. Je passe pour une grande quinqua avec des traits un peu masculin, de jolies jambes et un joli sourire. Il faut dire qu'à cet âge, beaucoup de femmes ont pris quelques kilos et quelques rides, ce qui équilibre la chose (je suis svelte et les hormones m'ont rajeuni visuellement). Sexuellement je suis totalement transparente (vous en connaissez beaucoup qui se retournent sur une femme un peu mûre qui s'habille chic mais discret ?), ce qui me va très bien, vu que je suis casée.

Ma libido est revenue sous une forme totalement, radicalement différente. Parfois je peux jouir rien qu'en serrant la main de mon aimée (je suis clairement demisexuelle). Je peux avoir 10 orgasmes à la suite. Merci THF !

Mais interrogez 100 MtF, vous aurez 100 variations. Parfois le traitement agit peu, il faut augmenter les doses (même si ça fait couiner l'endo). Au final, certaines se contentent de peu, d'autres veulent un bonnet D et passent à la chirurgie. Je ne connais aucune fille qui regrette son THF.

Attention: les trans* qui ne prennent pas de THF sont aussi valides que les autres. Si vous voulez être une fille et garder des érections fières et puissantes, VOUS AVEZ LE DROIT. J'en connais (peu).

Pfiou quelle bavarde.

Citation de Occamj Je pleure plus souvent (pas très souvent) mais c'est surtout que je m'autorise à pleurer maintenant. Punaise, que c'est bon.415140

Oh que oui . . . . c'est certainement la plus belle découverte que j'aie pu faire moi aussi . . . je crois que c'est ce jour là que j'ai pris conscience que ma vie avait vraiment basculé . . . un moment inoubliable, le Dédé qui était en moi avait définitivement lâché prise . .

Citation de OccamjMais interrogez 100 MtF, vous aurez 100 variations. Parfois le traitement agit peu, il faut augmenter les doses (même si ça fait couiner l'endo). Au final, certaines se contentent de peu, d'autres veulent un bonnet D et passent à la chirurgie. Je ne connais aucune fille qui regrette son THF.

Attention: les trans* qui ne prennent pas de THF sont aussi valides que les autres. Si vous voulez être une fille et garder des érections fières et puissantes, VOUS AVEZ LE DROIT. J'en connais (peu).#415140

Je confirme, pour ma part je n'ai jamais pris le moindre traitement (biscotte pathologies préexistantes, j'ai la liste au complet . . . ) mais la plupart des effets décrits par Occamj se sont produits spontanément de façon progressive . . dont le bonnet B . . . et même la taille qui s'est sacrément affinée . . .quand aux érections il y a longtemps que j'ai oublié . . . J'ai la certitude que chez nous aussi il peut y avoir une sorte d'effet placebo par le pouvoir de l'esprit . . . donc même si vous ne pouvez pas avoir acces aux traitements ne desespérez pas et n'hésitez pas à vous lancer . . . de toutes façons et même si les pilules peuvent aider, n'oubliez pas qu'elles ne font pas tout . . . le Girl Power est aussi (et surtout) dans votre esprit . . . et comme par hasard c'est aussi surtout de ce côté que se passe le "combat" avec la dysphorie . . . ne la voyez pas comme une ennemie à combattre mais plutôt comme un signe qui vous indique une direction à investiguer

Citation de OccamjPfiou quelle bavarde.#415140

Peut etre mais il y a tant de belles idées à lire que je te pardonne volontiers

Citation de Occamj #415140

Merci Occamj, en ce qui me concerne tu peux continuer à être bavarde, ça me convient (et puis je me sens moins seule 😅). Toi et Stéphanie avez l'air tellement épanouies vues d'ici que j'en ai envie de pleurer (même si j'imagine que ce n'est pas toujours été rose au quotidien).

Toi et Stéphanie avez l'air tellement épanouies vues d'ici que j'en ai envie de pleurer

Bonjour,

J'espère ne pas paraître cruelle: pleure. Vas-y. Ne pas pouvoir vivre dans mon genre profond m'a parfois donné des nausées. J'ai parfois pleuré comme une conne une heure dans les toilettes. J'ai parfois regardé les horaires de train pour savoir à quelle heure je pourrais éventuellement me jeter dessous (conseil: évitez). Beaucoup de trans passent par ce genre d'état. ça m'arrive encore, une ou deux fois par an, lorsque je maudis la nature de ne pas m'avoir donné un corps de fille d'origine. Comme toute l'humanité, je pleure parfois sur mes désirs inassouvis, sur mes occasions manquées. C'est juste humain, ensuite on repart de plus belle.

Mais le meilleur est possible. Réconcilier son genre intime (ce que Julia Serrano appelle si justement "subconscious sex") avec son genre social est tout à fait possible. Rarement sans sacrifices (séparation dans mon cas). Rarement sans quelque effort. Mais c'est possible. J'en connais une ribambelle, des dirigeantes, des cadres supérieures, une prof dont les élèves lui ont fait une standing ovation à la rentrée des classes. Regardez Marie Cau ! Paul Preciado ! Lynn conway (my hero) ! Wendy Carlos !

C'est po-ssi-ble.

Citation de Betty Bee #415302

Retiens surtout que nous nous sommes toutes deux lancées tardivement (tres tardivement dans mon cas, j'avais environ ton age), avec deux démarches sensiblement différentes qui résultent certainement de caracteres et d'environnements différents, mais que aujourd'hui nous avons la chance de constater des résultats (et des plaisirs) similaires . . . et comme elle le dit nous ne sommes pas les seules . . .

Ne te leurre pas non plus, aujourd'hui nous avons toujours des soucis, mais qui sont différents, et surtout en regardant les difficultés que nous avons déjà surmontees nous savons que nous devrions avoir la capacité de les résoudre . . . dans mon parcours j'ai eu longtemps l'impression de monter péniblement une côte interminable à vélo, jusqu'au jour où j'ai senti que j'avais passé un col derrière lequel il n'y avait plus qu'une descente . . .

Le seul conseil que je puisse te donner est d'essayer d'éviter de te construire en faisant trop de dégats autour de toi, mais ce n'est pas forcément toujours évident, essaie au moins de conserver les plus précieux de tes proches afin d'éviter de te retrouver un jour "totalement seule". . . c'est essentiel . . .

Dans tous les cas comme le dit Sovara tu ne conservera pas "tout le monde" essaie surtout de limiter les pertes et les ruptures irréversibles. Que les autres soient surpris de tes envies de changement ne signifie pas qu'ils sont des sales cons, mais simplement qu'ils ont besoin de temps pour s'y faire . .

Evite aussi de trop foncer tete baissée et réfléchis un peu avant de passer à l'action, si tu as attendu plus de 50 ans tu n'es plus à une journée pres . .

Mais là encore tous les schémas sont possibles, l'une de mes amies a transitionné à 56 ans et ça s'est super bien passé aussi bien dans sa famille que dans son taf (elle intervient en entreprises pour mettre à hauteur les systemes et réseaux informatiques, depuis sa transition elle a même encore progressé dans son travail au grand bonheur de son patron) alors que dans mon cas j'ai préféré utiliser mes dernieres années d'activité pour préparer une "rupture conventionnelle anticipée" et aménager la naissance de Stephanie . . .

Je ne crois pas qu'il y ait de "bonne" ou de "mauvaise" approche, le seul élément important est de ne pas avoir de regrets . . .

Bonjour,

Je crois que l'énorme avantage de transitionner tardivement est que l'on a connu plein d'expériences et d'épreuves de toute nature, ce qui nous permet d'aborder cette étape avec un peu de "bouteille". En général, passé la cinquantaine, on connaît le prix des choses (financier, affectif), et on ne fonce pas tête baissée. On sait aussi mieux ménager les autres (je me rappelle combien j'étais parfois brutale et intransigeante dans mes réactions il y a 30 ans). Bien évidemment, le revers de la médaille est que l'on mesure pleinement ce qu'on a manqué. Pour ma part, au final, c'est du 50/50: j'ai gagné un confort de vie essentiel, mais j'ai du dire adieu à tout un pan de ma vie où j'ai connu l'amour et de très bons moments. Le privilège de l'âge est de pouvoir apprécier les demi-succès avec philosophie.

Je dois cependant dire qu'au fur et à mesure de ma transition, mon impatience a grandi, et j'ai parfois précipité les choses, car ayant attendu si longtemps, j'ai voulu désormais profiter de chaque seconde de ma vie de femme. Mais il restait un petit Jemini Cricket au fond de moi pour me tempérer.

100% d'accord avec ce que dit Stéphanie: chaque schéma de transition est différent, mais il faut se préserver des oasis de confort dans certains aspects (logement, amis, boulot) au minimum, sinon on ne tient pas.

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Citation de My-Laine #418427

Pour celleux ne l'ayant pas déjà lu, je mets le lien :

https://betolerant.fr/forum/22350/reprise-du-parcours-de-transidentite-apres-plusieurs-annees

Et pour toi, si tu ne l'as pas encore lu, je mets le lien vers ce post comportant de nombreux témoignages :

https://betolerant.fr/forum/18303/quand-j-etais-petite-petite-petite

Bonne exploration du site, je te souhaite de croiser de belles personnes (du dedans) !

Bonjour Betty Bee, bonjour à toutes,

J'ai 62 ans et je viens de commencer le traitement hormonal il y a une semaine, après consultation et examens médicaux cet été.

J'ai attendu ma retraite et le décès de mon père pour sortir enfin de mon placard.

Depuis ce mois de mai, le jour et la nuit, à chaque instant, socialement et dans l'intimité, je suis femme. Je l'ai probablement toujours été sans mettre le doigt dessus avant 2019.

1 semaine de gel d'oestrodose (2/jour) et la 1ere piqure de limitateur de testo, et j'ai des fourmillements dans la poitrine, ou est-ce dans la tête ? Je m'en fiche, Je sens dans mes mains que mes seins sont un peu plus pleins et inhabituellement chauds.

Je prends soin de moi, je m'écoute pousser les cheveux.

Demain, rdv pour prendre mes mesures (1m84) chez une couturière/créatrice locale qui va m'habiller pour l'hiver.

Cet été, juppes, chemisiers sandales (43/44, Je viens de commander des bottines dans la même boutique à Tours), robes...

Ah, mon médecin traitant (une jeune femme) à obtenue l'ald pour ma dysphorie de genre (mais pas le remboursement du traitement hormonal !). Mon épouse m'accompagne avec amour et tendresse... elle n'est pas du tout attirée par les femmes et nous vivons, depuis quelques mois, comme deux soeurs. Je l'aime la respecte et la comprend. Certains moments sont difficiles pour nous deux, mais tous les autres sont superbes : nos shopping entre femmes, notre quotidien, les visites fréquentes des enfants, toustes fan de celle que je deviens, que je suis.

Me voilà en pleine euphorie !

Bien à vous,

Victoria

Citation de Victoria Mai #420337

Je te remercie pour ce beau témoignage. On écoute pousser tes cheveux avec toi.

Il n'est jamais trop tard pour le bonheur et je souhaite que tu profite à 100 pour 100 de ta nouvelle vie.

Monique 💋👠🎼❤️

Bonjour Victoria Mai

Très heureuse de lire que tu as le soutien de ceux que tu aimes ! Voilà une belle preuve d'amour. J'imagine que tu y es sans nul doute pour beaucoup !

Belle continuation à toi !

bravo pour ton parcours Victoria, je souhaite bien en faire autant, mais sans attendre le deces de mes parents, en esperant qu'ils m'acceptent. je te souhaite la plus belle féminité et je t'avoue, suis envieuse de ta situation, patience, j'y arriverai aussi. bises

Citation de Carmen2203 #420372

Carmen c'est sûr que tu es sur le bon chemin, cela ne fait aucun doute. Et pour tes parents je croise les doigts pour leur bienveillance.

Monique 💋👠🎼❤️

Citation de Betty Bee #408659

J'ai commencé ma transition à 40 ans, en 2016...

Bien que j'en ai pris conscience quand j'avais 5 ans, c'était en 1980.

Pas d'internet, pas d'info et des tabous XXXXL déjà sur l'homosexualité, mais pour moi enfant l'homosexualité ce sont deux garçons ou deux filles ensembles, sauf que je suis une fille et tout le monde me dit que je suis un garçon. Je suis QUOI ?

J'ai grandi avec cette question à laquelle je n'avais pas de réponse, persuadée d'être seule, m'interrogeant même sur la possibilité de ne pas venir... de cette Planète !?

Puisque j'étais la seule à être différente, c'était pas déconnant.

J'ai rencontré celle qui est devenue ma femme en 1997 (époque où il n'y avait toujours pas internet)

Elle a vu en moi une douceur et une sensibilité qu'elle n'avait pas trouvé chez ses ex violents et j'ai pensé naïvement, que, peut être en étant avec une femme, j'apprendrais à devenir un homme.

La vie a fait le reste, je n'ai pas cherché à rompre, et me suis pliée à ce que la vie m'avait imposé puisque je ne pensais pas que je puisse être autrement physiquement.

Et un jour internet est arrivé à la maison, j'étais "marié" et j'avais 2 Filles.

Mais je ne pouvais me résoudre à laisser ma femme avec 2 bébés ou 2 enfants en bas âge. J'ai donc assumé mon rôle de "père" et de "mari" autant que j'ai pu. Jusqu'à ce que ma seule obsession pour ne faire de mal à personne fut de me foutre en l'air.

J'avais tout préparé, le lieu, la façon, mais pas l'appel de ma soeur 2 jours avant, pourtant pas au courant de mes desseins.

J'ai tout perdu, mes Filles, ma famille, 99% de mes "ami·e·s", ma maison, mon boulot...

Après plus de 5 ans de solitude et de galères, je vous passe les détails, je suis un couple avec un mec génial (rencontré ici sur ce forum) je suis une femme épanouie et franchement il n'y a aucune comparaison possible entre ma vie aujourd'hui et ma vie d'avant.

Ce que tu as à gagner à faire une transition ?

Tout.