Lettre d’Élisée Reclus, 1885
Voter c’est abdiquer.
Élisée Reclus (1830-1930) était un Géographe, militant et penseur de l’anarchisme Français. Dans cette lettre écrite en 1885, il nous livre son opinion sur le système du suffrage permettant de voter pour élire des représentants politiques.
Clarens, Vaud, 26 septembre 1885
Compagnons,
Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage. Le délai que vous m’accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.
Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.
Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.
Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ?
L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.
N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance.
Je vous salue de tout cœur, compagnons.
Élisée ReclusTelleme"
et en suivant je rajouterais ce ci...
« Mettez une grenouille dans un récipient rempli d'eau et commencez à chauffer l'eau. Lorsque la température de l'eau commence à monter, la grenouille ajuste sa température corporelle en conséquence.
La grenouille continue d'ajuster sa température corporelle à la hausse de la température de l'eau. Juste au moment où l'eau est sur le point d'atteindre son point d'ébullition, la grenouille ne peut plus s'adapter. À ce stade, la grenouille décide de sauter. La grenouille tente de sauter, mais elle ne le peut pas car elle a perdu toute sa force pour s'adapter à la montée de la température de l'eau. Très vite, la grenouille meurt.
Qu'est-ce qui a tué la grenouille?
Beaucoup d’entre nous diront l’eau bouillante. Mais la vérité sur ce qui a tué la grenouille était sa propre incapacité à décider quand sortir. »
Nous devons tous nous adapter aux personnes et aux situations, mais nous devons savoir quand et comment nous devons nous adapter et quand nous devons passer à autre chose. Il y a des moments où nous devons faire face à la situation et prendre les mesures appropriées.
Si nous permettons aux gens de nous exploiter physiquement, émotionnellement, financièrement, spirituellement ou mentalement, ils continueront à le faire.
Ce que je sais désormais c'est la nécessité de se laisser décider quand sauter. Pendant que nous avons encore la force.
« Fable de la grenouille; allégorie illustrant l'habituation. »
Citation de BeSweet #397891
voui...je me demande si je ne suis pas anarchiste finalement..... 😆
Bah écoute... Il paraît qu'on évolue tout au long de sa vie, ça implique forcément des changements voire même des retours en arrière parfois 😆
Citation de BeSweet #397893
ah ben... faut pas avoir peur des retours en arrière...parfois c'est salvateur....
Tu prêches une convaincue
Citation de BeSweet #397896
oui...j'avais cru comprendre..... 😉
Elisée Reclus 😍 ses livres faisaient partis de mes incontournables en étant ado. Sa plume et ses raisonnements sont justes et emprunt d'une telle délicatesse. Tu m'a donné envie de m'y replonger. Et si tu n'as jamais lu un de ses livre en entier je te le conseil fortement.
C'est triste de voir que c'est toujours d'actualité et que depuis qu'une caste s'étant érigée supérieure s'est octroyée le droit de diriger et de prendre des décisions pour le restant de la population, la dite population a toujours du mal à combattre et s'extraire de cette aliénation.
La lutte ne fait que continuer
Mince alors !!! Mais alors la race qui se gausse d'être homo sapiens depuis...... longtemps, en fait il y a eu un bug et on est resté au sapiens d'il y a ......longtemps ??? Rien ne se perd rien ne se crée, mais avec l'humain, du moins une partie (malheureusement ceux qui gouvernent par ex), rien ne se transforme, tout reste à sa place......
Pfff ! Allez au boulot, ça me changera les idées !!!
Citation de Zababa #397887
Ma très chère Zababa,, je n ai jamais lu ces Auteur(es) et comme d autres qui sont aux mêmes niveaux que le mien, on peut avoir des pensées qui rejoignent les personnes les plus instruites.... Avec le temps, on s aperçoit que l on a des idées sur la politique qui ne sont pas l exclusivité que d un seul et unique partie politique
Pourquoi? parceque dans la vie du quotidien, nous faisons face a diverses situations qui nous conduisent à penser d une manière ou d une autre et parfois dans tous ses contraires ... Parcequ il y a des Théories annoncées et dans la pratique, il peut y avoir des grosses marges, des incohérences ou des choses surprenantes qui se déroulent...
Les Discours Politiques vont bons trains, les textes de lois sont detournables par d autres textes de lois et on en perds souvent le bon sens et la logique.
Sans faire Science Popot , on se rends bien compte des Divisions de pensées car tout le monde ne va pas penser pareil... On ne pense pas pareil, selon ses sources d informations où selon ce que nous vivons ou selon où nous vivons...
Ma seule boussole en politique, c est ce qui me semble adaptable au plus grand nombre d entres nous ou par rapport à ce que je vie
Bonne journée
Citation de Zababa #397962
le premier que j'ai lu de lui:
et ensuite ceux que j'ai lu et que j'ai tous aimé:
L'évolution, la révolution et l'idéal anarchique
L'homme et la Terre
A mon Frère le paysan
L'Anarchie
La joie d'apprendre
Liste non exhaustive 😅
Citation de Nymeo #398385
merci beaucoup je vais m'y pencher.... 😃
Dire que je suis passé à côté de ce sujet
Alors Elisée Reclus , Proudhon , Emma Goldman , Malatesta et tellement d autres ... bon malheureusement mon niveau intellectuel ne me permet pas d apprécier tous leur écrits à leur juste valeurs , mais tant pis je m acharne
Bon du coup sans vouloir faire de pub je suis abonné au Monde Libertaire , c est un peu comme Le Figaro mais différent .
Citation de Rosso #398389
merci pour l'info 😉