« Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie », exposition jusqu’au 1er février 2022

FRANCK-PARIS
19/07/2021 à 22:23

memorialdelashoah.org

recension par Par Magali Lesauvage Le quotidien des arts /18 juillet 2021 :

C'est une exposition qui fera date, après s'être longtemps faite attendre. Elle n’occupe cependant qu’une petite salle du Mémorial de la Shoah et a la rigueur froide des présentations documentaires. Pourtant, de ces lettres, photographies ou décrets officiels, pour certains reproduits en fac-similé, jaillit avec une grande vivacité une réalité effroyable, celle des persécutions imposées aux homosexuels et lesbiennes par le Troisième Reich en Allemagne, puis en Europe. Brillamment reconstitués par la commissaire Florence Tamagne, spécialiste de l’histoire de l’homosexualité, les récits individuels divers éclairent le contexte collectif – législatif, culturel, répressif. Sont ainsi évoquées des personnalités comme l'écrivaine Eva Kotchever, les frère et sœur Klaus et Erika Mann, les artistes Claude Cahun et Marcel Moore. Persécutés dès les années 1930 en Allemagne (100 000 sont fichés, surtout des hommes, le lesbianisme étant considéré moins « dangereux »), déportés dans les camps de concentration où ils portent le triangle rose (qui sera plus tard repris et « renversé » par les militants d'Act Up au-dessus du slogan « Silence = Death »), ils et elles n'ont obtenu le statut de victimes que très tardivement : ainsi, le paragraphe 175 du Code pénal allemand, criminalisant les relations sexuelles entre hommes, resta en vigueur jusqu'en 1994. C'est tout à l'honneur du Mémorial de la Shoah que d'exposer cette mémoire, 20 ans (seulement) après la reconnaissance du rôle de l'État français, lors d'un discours de Lionel Jospin, dans la déportation des homosexuels. Avec près de 1000 visiteurs quotidiens dans ses premiers jours, l'exposition démontre sa grande nécessité.

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