L’alcool alimentaire, un sujet polémique adapté au débat

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Ancien membre
26/08/2018 à 16:38

Il ne vous aura pas échappé dans la presse qu’une meta-analyse de centaines d’études vient de montrer que l’alcool, quel que soit le titre de la boisson, augmente de 0,5% les risques à long terme sur la santé dès le premier verre journalier . Une seconde étude montrerait qu’un peu d’alcool tous les jours jusqu’à concurrence de 10 verres par semaines n’aurait pas de conséquence mesurable. Tout ceci est très en dessous des seuils toxiques chroniques actuels qui sont de plusieurs verres par jour en France. Il est probable que le sujet sera l'un de ceux de la rentrée, et qu'on se rassure ne sera pas le seul. Cela m’a suffisamment impressionné pour que j’ouvre une cannette de ma bière préférée, une blonde à 7% d’alcool, que je vais décompter de mon forfait hebdomadaire ^^

Il n’y aurait pas besoin de longues études pour deviner qu’un aussi bon solvant des matières organiques, très volatile et rapidement absorbé par l'organisme qui cherche à l'éliminer au plus vite, doit cuire pas mal de cellules avant d’intoxiquer le système nerveux, puis être métabolisé en déchets plus ou moins brûlables et éliminables, outre qu’il rend dépendant bien plus fréquemment qu’on le dit.

Depuis la nuit des temps les animaux de la savane africaine se déchirent une fois par an avec les fruits du marula qui fermentent après être tombés trop murs, c’est même un des rares jour festif où ils n’ont plus envie ni la capacité de se becter mutuellement. Et on a la preuve que les humains , au moins les hommes, se déchirent lors de festivals depuis au moins 12000 ans après avoir fait fermenté des végétaux et avant même d’avoir su les cultiver. Cette fermentation se fait toujours selon les mêmes méthodes chez les dernières populations premières (dites aussi primitives), leurs boissons fermentées peuvent d’ailleurs être délicieuses (par contre leur distillation à trop basse température contient fréquemment de l’alcool méthylique très toxique). L’antiquité a honoré cette boisson divine qui désinhibe les esprits tout en rafraîchissant les corps sous les climats chauds et réchauffant les coeurs dans les régions froides. Et de nos jours le tout premier investissement industriel introduit dans un pays qui se développe est une brasserie, cela se vérifiera probablement dès que la Corée du nord s’ouvrira, ou quand le régime des mollahs tombera en Iran (pour l’instant il n’y a que des bières sans alcool, réservées aux étrangers). Il est aussi bien connu que le plus tôt on habitue les jeunes à l’alcool, le plus ils seront des consommateurs compulsifs ou réguliers, comme pour le tabac et la plupart des drogues. Enfin, les cultures sont généralement tolérantes pour leurs drogues traditionnelles imbriquées dans leur économie, et interdisent les drogues des pays concurrents (il y a bien sur des contres exemples, tels que les pays du Maghreb qui produisent un vin qu’ils consomment peu parce que l’ébriété est interdite par leur religion). Sans oublier que l’alcool, comme d’autres drogues, ont été efficacement utilisées comme des armes chimiques chez les amérindiens, en Océanie, en Chine, etc.

Force est de constater que tous ces êtres vivants qui par le passé ont consommé de l’alcool sous une forme ou une autre sont morts, mais que dans le cas contraire ils seraient morts aussi... Toutefois ce n’est pas par hasard si des religions ont interdit l’ébriété et que des médecins, associations ou administrations se battent contre l’alcool : de nos jours ses excès font encore de gros dégâts en terme de mortalité accidentelle et dépendance des jeunes, et chez les gens plus âgés sont des facteurs ou cofacteurs de maladies graves, accidents cardio-vasculaires, cancers, maladie du foie et j’en oublie, outre une fréquente dépendance à l’alcool (jusqu’à 20 % chez les employés des grandes sociétés où on dispose de chiffres), et une cause fréquente de la maltraitance familiale.

La consommation d’alcool par habitant a significativement diminué au XX siècle, sa vente interdite aux mineurs, sa publicité encadrée. Mais dans le même temps l’alcool contribue moins aux dépenses énergétiques car les gens sont aussi devenus infiniment moins manuels. L’alcool semble donc devenu principalement festif et significativement consommé par dépendance.

C’est dans ce contexte que la politique sanitaire s’est orientée vers une consommation avec modération, sachant qu’il y a des gens plus vulnérables, dont les jeunes plus festifs et les vieux ayant cumulé les doses toxiques, certains d’entre eux étant dépendants psychologiquement ou physiquement. L’industrie du vin a ouvert une contre offensive en valorisant les bienfaits supposés des autres composants des bons vins, l’industrie des alcools forts et des bières a conforté son avenir en augmentant la dépendance des jeunes.

Cette fois-ci l’offensive vient du camp des résistants, partisans de diminuer le seuil toxique chronique à la consommation à 2 verres par jours pour un total de 10 verres par semaine chez les adultes,. Ce qui entraînerait un manque à gagner significatif chez les alcooliers.

Personnellement je suis toujours partisan de la prudence et de la modération en restant attentif à l’évolution des connaissances, rarement d’afficher des objectifs irréalistes mais plutôt d’utiliser la méthode dite « du cliquet » qui permet de resserrer les contraintes sans étrangler les gens, et tienne compte que les moyennes de consommation cachent souvent de fortes disparités. Donc pourquoi pas baisser la limite et instaurer une journée sans alcool (et d’autres sans viande, sans poisson, sans sexe, etc, et même une journée sans prévention). Mais toujours partisan de profiter avec modération les choses tant qu’elles existent (alcool, viande, poisson, sexe, etc) ^^

Bon j’ai assez causé, je lance le débat ^^

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Ancien membre
26/08/2018 à 20:38

Je suis tout à fait d'accord avec toi Lindos, et les excès ne se limitent pas qu'a l'alcool malheureusement 😩

Vive la modération !

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Ancien membre
26/08/2018 à 21:18

Damon14,

"Certaines peuplades fument le chanvre ou l'opium depuis je dirais la nuit des temps, ils ne meurent pas précocement pour autant."

Ou machent des feuilles de coca, fument à la pipe à eau pour intensifier l'effet du tabac, etc.

Mais la plupart du temps elles cultivent leur propre consommation, ne peuvent pas se permettre d'être trop souvent déchirées ou trop dépendantes car leur survie dépend de leur état physique, sont mal soignées et souvent douloureuse, travaillent dur sans être toujours assez alimenté, et les drogues les aident à tenir, et elles mouraient toutes plus jeunes que nous sauf quelques exceptionnels vieillards, souvant d'infection ou d'usure généralisée.

Il existe encore des populations traditionnelles que laissent aller les jours de fête malgré les lois actuellement souvent répressives. Je pense notamment à des populations montagnardes d'Asie où tout le monde est déchiré les jours de fête y compris les femmes, et les grands enfants ont droit à des boissons plus faiblement alcoolisées. Mais le lendemain tout le monde doit être capable de travailler dans les champs (il n'est pas rare qu'en fin de nuit certains glissent des sentiers et tombent dans l'eau des rizières, ça les dégrisent ah ah).

Par contre les populations paupérisées et souffrantes qui se laissent piéger par des drogues importées par des dealers, plus dures ou qu'elles ne connaissent pas, deviennent dépendantes, se ruinent pour en acheter, et tombent en déchéance. J'évoquais plus haut les améridiens qui ont été cuits à l'alcool quand ils ont survécu aux épidémies apportées par les conquérants ou colons. Mais cela existe encore aujourd'hui chez des populations traditionnelles en voie rapide de paupérisation ou déracinées, en tout cas les vieux car les jeunes émigrent.

Il y a nécessité de protéger les plus vulnérables, et éviter les excès.

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Ancien membre
27/08/2018 à 09:58

Autre argument qui je joue pas en faveur de la prévention de l'alcoolisme, c'est que contrairement aux cancers liés au tabac qui fait des hécatombes (style 90 pour cent de moralité dans les cancers du poumon après de multiples opérations et traitements et d'intenses souffrances d'étouffement, qui ne peut pas satisfaire la médecine qui perd ses patients), et hormis les accidents souvent dus à l’alcool et drogues qui sont sont la première cause de mortalité et de handicaps des jeunes, mais peu visibles car rapidement inhumés ou envoyés dans des centres de réadaptation pendant des mois ou années, l'alcoolisme conduit plus souvent à une lente dégradation de l'organisme et de l'insertion sociale sans que les gens en aient vraiment conscience, avant l’incapacité et les pépins à répétition ou final.

Ce n’est déjà pas simple d’anticiper des risques lorsqu’ils semblent lointains, mais lorsque la désinhibition et l’ébriété sont valorisés, que les risques sont diffus, et les gens atteints n’en ont pas conscience ou le cachent par pudeur ou légitime secret médical, c’est encore plus difficile.

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Ancien membre
27/08/2018 à 16:29

Bonjour,

Je suis plutôt d'accord avec Damon14 :

On sait que les mélanges sont fortement déconseillés. On sait aussi que pour produire mieux et plus, nombre de produits chimiques sont utilisés. Que ce soit dans le vin ou ailleurs. Par exemple l'ajout de sel et de sucre dans les plats préparés.

Maintenant, si le gouvernement veut être juste, il faudrait supprimer tout adjuvant dans tous les produits de consommation courante, supprimer les carburants, aérosols, la plupart des peintures...

Certes tout n'est pas nocif de la même manière, mais de nos jours on tend à prouver que tout est potentiellement cancérogène ou autre. Merveilleux. Mais si on écoute tout on ne vit plus. Donc pour tout la seule solution reste la modération et la variété de nos consommation.

Je ne veux pas jouer la carte du "oué non mais j'ai un oncle, il buvait comme un trou et fumait un paquet par jour et il est mort à 98 ans", mais un peu quand même, j'avoue 😆 . Non, sans aller jusque là, le verre de vin au repas c'est une institution depuis des décennies en PACA et les seules personnes que j'ai pu voir ayant des problèmes de santé (somatique) liés à l'alcool avaient une consommation réellement excessive. Le plus gros risque que je vois c'est plutôt le comportement généré par les effets de l'alcool (accidents, violence...). J'ai du mal à croire qu'en soit on risque grandement sa vie en buvant un verre par jour, mais plutôt que c'est un tout avec d'autres petits comportements à risques : ok, je veux bien croire que tu puisses avoir plus de risques d'AVC en buvant un verre par jour, si tu es sédentaire avec une mauvaise alimentation... bref, principe de combos quoi. Ou alors tu n'as vraiment pas de bol !

Personnellement, je me mets pour tout une seule limite (à une exception près) : l'addiction. J'aime bien boire une bière le soir, mais est-ce que je ressens un manque si je ne la bois pas ? J'aime bien boire de l'alcool en soirée, une soirée sans alcool me poserait-elle problème ? Tant que la réponse est négative à ces questions, pour moi tout va bien. Après, je ne suis pas du genre à aimer "me bourrer la gueule".

Je pense vraiment que j'ai largement plus de chance de me tuer sur la route en prenant ma voiture deux fois par jour que de mourir à cause de ma consommation d'alcool.

Donc pourquoi pas baisser la limite et instaurer une journée sans alcool

Oui, bon, le souci de ce genre de journée, c'est toujours le même : ne suivront et ne se sentiront concernés que ceux qui n'ont pas de réels problèmes avec l'alcool 🙂 les autres ne le feront pas. Journée sans tabac, je ne connais pas beaucoup de fumeurs que ça intéresse.

De toute façon, que faire ? On ne le promouvoit pas, mais l'interdire reviendrait à créer une économie souterraine comme pour le cannabis : on connait tous au moins un fumeur, même sans le savoir, c'est cliché, donc à quoi bon interdire ?

Augmenter toujours plus les taxes ? Certainement la solution que privilègierait le gouverment. Si encore ça finance l'assurance maladie directement, mais est-ce que c'est vraiment le cas ? Est-ce la consommation baissera significativement ou simplement le pouvoir d'achat des consommateurs ? Et surtout, est-ce que ça amènera à une compréhension ou est-ce que ça paraîtra plutôt punitif ?

Et le problème de la prévention, c'est toujours le même : en faire, c'est bien, mais comment la rendre efficace ? Les gens ne sentent jamais concernés et se foutent totalement de la conséquence de leurs actes pour les autres.

C'est pareil, je pense qu'on a un gros problème "d'alcool social" effectivement : c'est limite mal vu de ne pas piccoler en soirée ou quoi, mais comment faire prendre conscience aux gens que 1) osef de l'avis des autres et 2) l'alcool ce n'est pas fait pour être "branché". Parce que d'un côté trop boire peut conduire à un problème d'insertion sociale, mais d'un autre côté ne pas boire le peut aussi parce que tu parais "chiant" aux yeux des autres... Ce qui est un problème notamment chez les jeunes.

Je penche plus pour la modération et la prévention contre les excès de manière générale, évidemment, mais dans notre société individualiste, je trouve que c'est un réel casse-tête : les jeunes ça rentre par une oreille et ça ressort par l'autre, les vieux considèrent qu'ils "savent" et que tu n'as rien à leur apprendre... et ceux qui t'écoutent n'avaient pas de problème à la base 😆 J'arrondis mais c'est un peu ça. Ajoute à ça le fait que les gens font de moins en moins confiance aux médias et aux études scientifiques (notamment à cause des lobbies, ce qui n'est pas forcément faux d'ailleurs) et qu'ils en profitent pour n'écouter que celles qui les brossent dans le sens du poil.

Il y a des mesures que je trouve bien, par exemple, à certaines soirées, le principe de déposer les clefs à l'entrée et de les récupérer qu'après un test d'alcoolémie négatif. Aussi test de conduite sur circuit après un verre, mais pas facile à mettre en place pour tout le monde. Je pense que ce qui marque le plus niveau prévention, c'est le choc : par exemple, peut-être une journée avec un mémorial en centre-ville avec les morts liés à l'alcool dans la ville ? Ce que je constate, c'est que le "mieux" pour atteindre les gens c'est de se rapprocher d'eux géographiquement et par une situation dans laquelle ils sont susceptibles de se trouver eux-même.

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