Je ne pense pas que l'histoire du 1 -2 / 1-3 puisse marcher. Au contraire, c'est potentiellement très malsain, et je peux même le démontrer mathématiquement ;)
Dans une relation, on donne et on reçoit, or on ne dispose pas d'une quantité d'amour et d'énergie illimités : la personne qui a plusieurs amants* leur donne forcément moins d'attention individuellement. Or, l'équilibre des relations est un critère du polyamour.
Et là j'aimerais soulever une mauvaise foi coupable dans ce genre de relation : ce n'est pas parce que le polyamoureux traite ses deux amants de la même façon que la relation est équilibrée.
On peut modéliser les relations entre des personnes avec un graph pondéré orenté comme ci-dessous. C'est pas compliqué à lire ou à calculer.
Ici, chaque noeud est une personne et chaque flèche une relation entre deux personnes, plus ou moins entretenue dans un sens et dans l'autre. à l'intérieur des noeuds j'écris le montant d'amour dont bénéficie un noeud.
Je suis parti du principe, erroné, que chaque individu est capable de donner autant d'amour : 100 points.
Je suis aussi parti du principe erroné que le polyamoureux donne autant d'amour à ses deux amants.
On voit très clairement que dans une relation même idéalisée comme celle là, il n'y a que le trouple qui permet à chacun de s'y retrouver. Dans l'autre cas, le polyamoureux vampirise littéralement ses amants, dans le sens où leur relation est moins optimale qu'une relation mono-amour avec quelqu'un d'autre, dans le sens où chaque relation est déséquilibrée (avec une partie qui donne plus que l'autre) deux à deux, et dans le sens où le polyamoureux y trouve plus son compte que les autres globalement.
En toute objectivité, cette relation est néfaste à deux personnes sur 3 : c'est un mauvais ménage. Par principe.
Maintenant, je veux bien reconnaître les limites de ce schéma : les amants peuvent ne pas être investis autant dans leurs relations et ne pas avoir besoin d'autant d'attention. Peut-être que, en imaginant des pondérations qui ne sont pas 50/50 ou 100% on peut arriver à équilibrer le schéma, mais j'aimerais rappeler qu'ici on parle de poly-
amour : un amant sous-investi, dans une relation amoureuse, est-ce que c'est vraiment un amant amoureux ? Aussi, ne pensez pas qu'ajouter des amants va simplifier les choses : au bout du compte il y aura toujours quelqu'un de lésé.
Pour finir, j'aimerais soulever une autre mauvaise foi du polyamour : on parle d'amour là. C'est déjà compliqué de trouver une personne qu'on aime d'une façon romantique. Est-ce qu'on aime vraiment ses deux amants quand on se dit polyamoureux et qu'on
cherche à avoir deux amants pour se sentir "complet", pour ne pas "tout exiger" de quelqu'un ? L'amour, on peut le chercher, mais il ne dépend pas de notre envie d'avoir un amant, il dépend de la personne qu'on aime. Aussi, Si je veux parler jeux vidéos, je peux me trouver des potes qui jouent aux jeux vidéos, pas besoin d'exiger ça de ma partenaire, et pas besoin de tomber amoureux de la personne avec qui je vais partager cette passion. Il n'y a pas que l'amour.
Moi je vois ça comme une exploitation des l'autre qui, dans mon expérience (que vous imaginez négative, aussi vous m'excuserez si je prends parti très franchement ici) est associée à du chantage affectif : les amants sont tenus captifs dans une relation qui n'est pas bonne pour eux, par amour, et par la complainte du "mais pourquoi, au nom du ciel, n'a-t-on pas le droit d'aimer deux personnes en ce monde?" (avec pleurnicheries et tout ce qu'on veut). Et puis il y a cette injustice de dire "mais toi aussi tu peux prendre d'autres amants". Oui, peut-être, mais on n'est pas tous polyamoureux ! Et quand bien-même on le serait, on l'a dit, on parle d'amour : quelles sont les chances que 3 partenaires soient chacun amoureux de deux personnes qui les aime en retour ? Fumisterie...
Quand on aime quelqu'un, on ne se satisfait pas de le mettre dans une position dans laquelle il n'est pas heureux pour son seul profit. Et l'amitié, c'est beau aussi, c'est de l'amour aussi, ça peut aussi durer toute la vie (en fait, ça a même plus de chances de durer toute la vie). Pourquoi cracher dessus ?
En conclusion, pour moi, les seules relations polyamour qui marchent ce sont des relations sous forme de triade (qui me semblent difficiles à accomplir en terme de probabilités d'amour réciproque, et qui nécessitent une compatibilité des orientation sexuelles, mais théoriquement c'est joli, ça fonctionne), ou des relations qui ne sont pas du polyamour, mais du monoamour libre (ce qui est déjà difficile à accepter, peut déjà être déséquilibré et pose le problème de la sécurité vis à vis des MSTs, etc.).
Notez que je n'ai rien contre le fait d'aimer plusieurs personnes, voire de les aimer d'une façon romantique, voire de consommer cet amour, mais il faut s'assurer que chacun y trouve
vraiment son compte. Le consentement, ce n'est pas suffisant. Le consentement c'est un mythe. On consent à tout par amour.
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* j'entends "personne qui aime" ici