Citation de Studio54 : Beauxoup de vérités dans ce que tu dis, mais la gouvernance d un pays tel que la France ne doit pas etre chose aisée. Définir ce que veut le peuple majoritairement et le traduire par la loi ne doit pas etre une sinécure...je ne suis pas dans les coulisses du pouvoir mais je doute que quand des réformes sont faites elles vont toutes a l encontre de nos propres intérêts.
Tu as initié ce sujet sur la question du régime monarchique. Donc je vais essayer de recentrer mon propos pas sur ce point là en particulier mais sur un principe de fond : comment un président de la république, même un monarque, quels qu'ils soient, peuvent-ils croire avoir la compétence nécessaire pour diriger un pays de nos jours ? Compte tenu, notamment, de la complexification des sociétés et du monde en général ? Comment un gouvernement pense t-il lui aussi réunir les compétences nécessaires pour diriger un pays ? Peut-on ne serait-ce que répondre à cette simple et toute basique question... ?
Le fait est que l'exécutif a une représentation macro-économique et macro-sociétale du pays. Ce sont plutôt les élus parlementaires, députés et sénateurs, qui à leur échelle représentent tant la population que les élus de terrain. C'est cet organe là depuis lequel devraient remonter vers l'exécutif les échos de ce qui traverse la société. Mais dans les faits toujours, le pouvoir présidentiel actuel (je veux dire par là : de la 5ème république) est un pouvoir hiérarchique descendant.
Il devient très difficile de nos jours de ne diriger que d'un point de vue systémique une société qui, par nature, est devenue extrêmement complexe et protéiforme. Et on ratifie le traité constitutionnel européen après un referendum qui l'avait pourtant rejeté. Et on fait passer en force la loi travail, malgré l'opposition de l'assemblée nationale et d'une partie de la population dans la rue. Et on essaie de créer un nouvel impôt régional alors que nous sommes déjà écrasés par la pression fiscale, etc, etc.
Alors bien sûr : les réformes ne sont pas toutes censées aller à l'encontre de nos propres intérêts. Dans ce cas, j'attends avec impatience le jour où les parlementaires seront traités aux mêmes conditions que les salariés du privé par exemple. Parce que c'est bien gentil de vouloir aligner le privé et le public : mais les élus eux ?
Quant aux réformes à proprement parler, il faut bien comprendre que dans les ministères ce ne sont pas les ministres qui ont le "pouvoir" : ce sont les hauts fonctionnaires. Et s'ils ne veulent pas de la réforme du ministre, et bien il y a de fortes chances pour que son vote ne soit suivi que de peu d'effets sur le terrain.
Non malheureusement tant Mitterrand que Jacques Chirac, Sarkozy et Hollande montrent factuellement que le pouvoir est centralisé au niveau présidentiel, que l'appareil politique est censé se mettre au service de l'exécutif, et que les députés doivent dans une large mesure accepter les orientations décidées par le pouvoir et retraduites aux niveaux inférieurs par les appareils eux-mêmes. Du genre : si tu ne votes pas cette loi, c'est l'exclusion et tu peux dire au revoir à ta ré-élection.
Tu sais, j'ai fréquenté et je fréquente toujours quelques amis qui sont très proches du pouvoir politique (tant à droite qu'à gauche). Je ne peux pas avancer certaines informations ici parce que nous sommes sur un forum public. Mais si tu savais comment certaines choses se négocient entre deux portes, tu tomberais de l'armoire. Les hommes politiques ont bien compris la nécessité d'une certaine mise en scène censée faire écho aux citoyens. En d'autres termes il y a la façade, et il y a les coulisses.
Sais-tu par exemple que peu de temps après le décret de la loi sur les 35 heures, les hauts responsables du pouvoir de l'époque mettaient déjà en doute la pertinence de cette loi ? Et pourquoi n'a t'on jamais entendu parler de cette remise en question ? Tout simplement parce qu'elle était un fer de lance des valeurs socialistes.
Tu faisais référence aux lois : mais la France est un pays où le nombre de lois est démentiel. Bientôt il faudra avoir une formation de juriste pour savoir ce que l'on a le droit de faire ou pas dans ce pays ; puisque du point de vue du droit : nul n'est censé ignorer la loi. Un nombre pléthorique de lois, faites, défaites, refaites, superposées mandature après mandature, mais pour quel résultat concret exactement ?
Citation de Studio54
Nos gouvernants seraient ils a ce point masochistes pour nous accabler quelques soient les décisions prises? ils œuvrent normalement pour être réconduits dans leur responsabilités, c est du moins ce que j ose espérer. Mais l'intérêt général est une notion bien compliquée quand il s agit de répandre le bonheur sur 65 millions de français.
Personnellement je crois que le plus grand problème de nos dirigeants aujourd'hui, c'est qu'ils n'ont aucune vision à moyen et long termes de ce vers quoi diriger la société. Quand on voit les décisions qui sont prises, décisions industrielles, financières, sociales, structurelles, et même politiques : franchement ça fait peur. A l'heure où nous sommes confrontés à des enjeux considérables et mondiaux, il n'y a rien : aucun projet (sauf en façade), aucune prospective.
Sais-tu par exemple que les problèmes que rencontrent les producteurs laitiers aujourd'hui sont connus, identifiés, analysés et mesurés depuis plus de 20 ans au ministère de l'agriculture ? X rapports pendant des années, chaque ministre se refilant la patate chaude, "passe à ton voisin", parce qu'aucun d'entre eux n'a eu le courage de prendre les mesures qui s'imposaient ?
Sais-tu que pendant l'entre deux tours de la dernière présidentielle, lorsque les élus socialistes accusaient Sarkozy d'avoir favorisé les "riches" en relevant le plancher d'entrée dans l'ISF ils mentaient ? Et que Sarkozy, pendant ce même entre deux tours, mentait quand il disait vouloir "un demandeur d'emploi -> une formation" ?
Bref : la politique actuelle est un jeu de scène. Il y a certes des élus (car je ne mets pas tout le monde dans le même panier bien entendu) qui croient à la responsabilité dont ils sont investis par leurs électeurs. Quand ils ne subissent pas la pression de leur appareil en cas de désaccord avec la "note" présidentielle.
Bref :-)