Noir, tout est si noir. Noir palpable, un noir aux larmes d'encre, au goût de terre morte. Noirceur qui s'interrompe à la portée de ma vue, là où naît le néant. Tout n'est que déchéance au crépuscule de ma vision. Plus rien ne palpite, plus rien ne souffle. Que le fruit pourri de toutes les volontés qui se sont flétries comme une rose trop souvent respirée. Car sans toi, plus rien ne vit, plus rien ne brille, excepté, peut-être, la mort qui elle-même n'est plus tout à fait la promesse de paix d'autrefois.
Assise nue sur la pierre froide et rugueuse de ton lit immortel, je songe. A toutes ces éphémérités qui nous ont saoulés, nous ouvrant les portes de la décadence, nous promettant jouissance perverse sans remords, sans regret moral. Étendue, la peau frigorifiée, je me remémore les bruits d'ambiance, ceux de l'aisance, des demandes suppliantes. Son de cuir mordant la chair déjà rougie, éclair de lame perçant l’épiderme tendre qui s’étire fébrilement faisant d’elle une bouche béante, affamée, désirant tout engloutir. Tous ces liquides, comme j’aimerais encore que nous déversions encore l’une sur l’autre tant de torrent passionnel liquéfié. Nous boire quelques instants, le temps d’étancher notre soif immorale, d’apaiser le feu inhumain qui brûle notre raison, nous complaisant dans la consommation de la folie et le sang.
Fluide de vie, élixir divin, gage d’un partage absolu. Unir dans l’obscène le rouge, le blanc, le clair. Une fois, une seule et dernière fois.
Debout au coté de ton corps au teint légèrement olivâtre reposant dans ta prison de granit, je t’observe, comme si souvent je l’ai fait lorsque tu étais chaude et ta poitrine soulevée par la vie. Mais cette nuit tu es si belle. Calme et paisible, l’air sereine. J’attends que tu lève les paupières que d’une main tu me caresses le visage, souriante, et que ma main se mette entre tes cuisses, écartant tes lèvres pour libérer ta jouissance. Je te vois là, dans ton lit de pierre, faisant pression sur ma nuque en élevant ta tête quelque peu émaciée, entourée de ta sombre chevelure aux couleurs désormais mates, dans l’intention d’un baiser. Ta bouche s’ouvrant sur un gouffre, un lac sans fond, glacé et asséché.
Puis-je ma bien aimée?. Puis-je te dévêtir comme autrefois ?.
Je t’assieds, seule ta mollesse m’oppose une résistance lorsque je tire sur ta longue robe. Lentement, dans un bruit de tissu glissant dans le silence, tu te révèles à moi. Tes jambes sont noircies jusqu'à tes cuisses qui sont légèrement plus claires. Ta vulve se perd dans des teintes verdâtres et violacées. Ta tête tremble un peu sur mon épaule lorsque je libère tes seins et chaque fois qu’un organe en toi cède. Te déshabiller entièrement ?. Non, je te repose, le tout remonté jusqu’au-dessus de ta poitrine, comme lorsque nous nous désirions trop pour se préoccuper de ce genre de futilité, ou ces autre fois qui ne nous permettait pas de mettre nos vêtements trop loin.
Debout à tes pieds, mon sexe dégoulinante d’excitation, je relève tes jambes à la texture d’un abricot trop mûre, les appuient sur les rebords. L’odeur de l’innommable caresse mon visage, s’insinue avec force dans mes orifices. Si désirable, totalement abandonnée à mes soins, j’attends l’écho de ton ‘‘prends moi’’. Ma langue perce tes lèvres se dirigeant entre tes jambes. J’écarte les renflements de ton intimité, dégageant des effluves qui empoissonnent mes sens, brûlent le peu d’humanité qui survivait encore dans un coin égaré de ma raison. Ainsi dépourvu de rationalité, je te lèche avec avidité, t’ouvrant toute grande à ma bouche sauvage. Le clapotis de tes restes entassés dans ton bassin me dégoûte et me fascine. Je m’empêche au dernier moment de pénétrer mes doigts dans cette grotte prometteuse de viscosité car tu mérites mieux, et je ne veux désormais vivre pour t’honorer.
Sans tarder mais avec douceur, je m’étends sur toi. Enfin réunies, dans un contact charnel au-delà de la mort. La résistance de ta vulve contre mon sexe est jouissif. Je me sens macabre, écœurante, d’une perversité qui, je sais, t’aurait fait frémir d’envie. Mon intense lubrification vient à bout de me frayer un chemin jusqu'à tes entrailles.
Mon sexe baigne totalement dans un mélange de chair putréfié, de jus épais et nauséabond.
Ton corps sursaute. Je fixe ton visage, attendant que tu aspires de façons saccadées, que tes bras s’agrippent à moi, enfonçant tes ongles m’imposant un rythme plus accéléré. Mais rien…
A genoux entre tes jambes ou règne un chaos de forme cramoisi, je sillonne lentement et profondément ton rubis. Sans attendre j'enfonce à nouveau mes doigts en toi, j'entend chaque battement de mon cœur. Ouvre ta bouche mon amour, pour que je puisse mettre ma langue. Ton visage couvert de sang semble s’éveiller, je me sens défaillir, tes paupières s’entrouvrent et me fixent langoureusement. Tout mon corps explose en toi, les oreilles emplies de tes encouragements qui m’implorent de venir en toi. Mes bras tremblent, ma force me quitte, doucement je me repose sur toi. Mon souffle s’éteint, j’entends l’écho de mon cœur battre dans ta cage thoracique vide.
Sous mes derniers spasmes ton bassin s’effondre sous moi. L’air est une symphonie de léger craquement et de matière spongieuse et humide cherchant à fuir. Mais plus rien m’importe maintenant. Mes yeux se referment sur toi, juste au moment ou tu te retournes vers moi souriante, l’étoile dans mes yeux et une main dans mes cheveux, m’accueillant à jamais à tes cotés, dans la mort comme tu l’avais fait autrefois dans ta vie.
Merci Agathe1971 de l'avoir lu en entier et de ton gentil message.
C'est moi ou c'est bien une nouvelle à caractère nécrophile avec une histoire de vampirisme.
Je l’interprète ainsi.
Tu te trompe Reloted, ce n'est ni de la nécrophilie, ni une histoire de vampirisme.
Mais bien une histoire d'amour, certes d'une compagne trop vite disparue, mais comme l'indique mon titre " la mort n'est pas une fin ", cette femme qui ce sent tellement seule depuis sa disparition, qu'elle vient lui rendre visite au delà de la mort, froide certes, mais à ces yeux elle es et resteras à jamais son amour, même si c'est morbide, elle l'aimera telle qu'elle es.