Comme beaucoup de personnes, j'ai eu une enfance triste. Mon père nous a laissées juste avant ma naissance et ma mère se droguait. Elle n'a pas perdu son temps pour revenir à son mode de vie de fêtarde. J'ai grandi dans une brume de drogues pendant les six premières années de ma vie. L'air enfumé inondait le couloir et se glissait sous ma porte, s'attardant pendant des jours.
Je sais maintenant que ma mère n'était pas une mauvaise personne, juste une victime de ses addictions. Quand elle réussissait à mettre de l'argent de côté, elle faisait les courses et remplissait les placards. Elle m'achetait parfois des vêtements de deuxième main . Les seuls meubles que j'avais dans ma chambre étaient un lit et un petit coffre à jouets noir et blanc. Non pas que j'avais beaucoup de jouets à mettre dedans, bien sûr, juste les trois que j'avais reçus pour mes anniversaires : un était une planche à dessin, un autre était une voiture verte et le dernier, ma fierté et ma joie, était une poupée de chiffon nommée Tessy.
Tessy était ma meilleure amie. On prenait des thés imaginaires ensemble, dormions ensemble et prenions même des bains ensemble. Parfois, je me souviens l'avoir entendu me parler.
Quand j'ai repensé à mes conversations avec ma poupée à l'âge adulte, j'ai pensé que j'étais une enfant traumatisée.
Je me rappelle de la voix de Tessy dans ma tête qui me disait que je devait lui ramener des couteaux, frapper le méchant monsieur qui dormais sur notre canapé. C'était toujours des mauvaises choses qui me causaient des ennuis à cause d'elle. Quand j'ai dit à ma mère que c'était Tessy qui me disait des mauvaises choses, mais ma mère n'a jamais voulu me croire.
Vers mon septième anniversaire, j'ai demandé à ma mère une fête d'anniversaire. Je voulais inviter les filles de mon école Je me souviens d'être restée dans la cuisine, le coeur gonflé d'espoir, je retenais mon souffle en attendant la réponse de ma mère. Elle s'est tournée vers moi et m'a ri au nez.
"Une fête d'anniversaire ?. Esther, c'est ridicule. Je ne peux pas me le permettre, j'ai à peine de quoi te nourrir."
Mon visage s'est décomposé alors qu'elle secouait la tête, marmonnant quelque chose en s'éloignant vers le salon. J'ai alors entendu de la musique et plusieurs personnes entraient. Je ne connaissais aucun d'entre eux. Ma mère organisait des fêtes tout le temps, et à moi, elle me le refusait.
J'ai senti mes larmes couler et je me suis précipitée dans ma chambre en claquant la porte. Tessy était allongée sur le lit et me fixait. Elle allait sans doute me dire de faire quelque chose de mauvais. Tessy n'a jamais eu d'ennuies, pourtant c'est elle la source de tous mes problèmes.
J'ai hurler de rage, j'ai pris un livre et je l'ais jeté le plus fort que j'ai pu vers le lit, elle a touché Tessy qui est tombé par terre. Je l'ai prise dans mes bras et je suis allée vers la salle de bain.. Je l'ai jetée dans la baignoire qui était toujours à moitié pleine tellement les canalisations étaient bouchées. Bien sûr, elle ne s'est pas débattue pendant qu'elle était sous l'eau, mais ça m'a fait du bien. Quelques minutes plus tard, après que ma colère sois passée sur mon jouet favori, je l'ai jetée dans mon coffre à jouet et je l'ai refermé. Je n'ai plus jamais voulu revoir Tessy, jamais.
Je n'ai jamais eu d'autre poupée après Tessy. Environ quelques semaines plus tard, la police est venue et m'ont emmenée vivre dans une nouvelle maison, dans un nouvel état. Ii y avait des jouets, mais aucune drogue. Je n'ai plus jamais revu ma mère. En grandissant, mes parents adoptifs m'ont dit qu'elle était en prison, purgeant une peine de 30 ans. Je me suis concentrée sur mes études, ignorant toutes les lettres qu'elle m'envoyait depuis la prison. Elle m'a contactée à plusieurs reprise pendant mon adolescence, mais j'ai toujours refusé ses appels. Jusqu'à ce matin.
Maintenant, j'ai mes propres enfants et un mari adorable. J'ai une belle maison, un chien et une carrière en tant qu'institutrice. Je suis heureuse, je suis stable et je suis contente. Alors, quand j'ai reçu un message vocal de ma mère m'informant qu'elle avait été libérée sur parole et qu'elle souhaitait me parler, j'étais suffisamment stable pour la laissé me dire ce qu'elle voulait.
Comme mes enfants étaient rentrés de l'école, je suis sortie dans notre cabanon dans l'arrière-cour pour rappeler ma mère. Le cabanon était le domaine des enfants et ils l'utilisaient pour jouer en été. Je me suis assise sur mon vieux coffre à jouets qui servait actuellement de table et j'ai composé le numéro qu'elle m'avait laissé.
Quatre sonneries.
" Allô ? Esther ?"
" Bonjour, mère. Comment vas-tu ?"
" Oh Esther, merci de me parler. Je sais que tu as ta propre vie maintenant et une famille. J'aimerais beaucoup les rencontrer un jour !. Je voulais juste te dire à quel point je suis désolée. Pour tout."
"Mère, tu ne rencontreras jamais mes enfants, jamais. Et puisque je t'ais appelée, je vais te dire ce que j'aurais dû te dire depuis des années. Les drogues t'ont détruite. Et le pire, c'est que tu as failli m'entraîner avec toi. J'avais sept ans. Ce n'était pas une maison pour une enfant. Honnêtement, je suis surprise qu'il a fallu si longtemps pour te faire prendre."
" Esther, je sais que tu me détestes et que tu ne veux pas que je rencontre tes enfants et je suis tellement désolée pour Tessy ".
" Tessy ?". "Pourquoi tu te soucie d'elle ?".
" Je sais, Esther, crois-moi. C'était de ma faute, la drogue, les fêtes. Et Tessy, mon Dieu, si seulement j'avais fait attention, si seulement j'avais su. Elle est partie et c'est à cause de moi."
Alors que ma mère commençait à pleurer, je tapotais mes doigts sur mon coffre à jouets, avec impatience. Les drogues avaient clairement grillé son cerveau.
" Mère, pourquoi me parles - tu de Tessy ?. Je sais où se trouve Tessy." Juste en dessous de moi.
" De quoi parles-tu, Esther. ? Mon Dieu, où est-elle ?."
Je me suis agitée et j'étais mal à l'aise. "Eh bien, Tessy est dans le coffre, où elle a toujours été."
Il y a eu un moment de silence.
" Que veux - tu dire par là, que ta sœur est dans le coffre ?."
" Sœur ?. De quoi diable parles - tu ?. De nouveau sous l'emprise de la drogue si tôt ?. C'est un record, même pour toi. Tessy est une poupée de chiffon. Je l'ai enfermée dans mon coffre à jouets quelques jours avant que tu ne sois arrêtée pour possession."
" Esther.. oh mon Dieu, non, non, qu'as-tu fait ?. Je n'ai pas été arrêtée à cause de la drogue, Esther, j'ai été arrêtée à cause de la disparition de Tessy. Tu l'as toujours appelée ta petite poupée, mais je pensais que tu le savais !. Oh mon Dieu, Esther, non, qu'as-tu fait à mon bébé ?."
Mon esprit s'était vidé et sans émotion, j'ai posé le téléphone à côté de moi et je me suis levée. Je pouvais entendre le bruit étouffé des cris angoissés de ma mère. Des souvenirs s'agitaient au fond de mon esprit, menaçant de se déverser dans ma conscience. Ils ont poussé contre une porte dans mon esprit qui avait été verrouillée si étroitement pendant si longtemps que j'avais oublié qu'elle était même là.
Était - ce possible ?. Le traumatisme et les drogues m'ont - ils vraiment amenée à croire qu'une petit enfant était en fait une poupée ?.
Non.
Je me suis lentement retournée et j'ai baissé les yeux sur le coffre à jouets. Certes, c'était trop petit, on ne pouvait pas y mettre une personne. Tu ne pourrais pas. Mais alors, qu'en est - il d'une enfant très petite ?. Et elle, est - ce qu'elle rentrerait ?. Un enquêteur prendrait - il même la peine de chercher une enfant dans ce coffre ?. Nous avions ouvert le coffre à jouets à un moment donné au fil des ans, n'est-ce pas ?. Ou est-ce que quelque chose qui nageait dans les recoins sombres de mes souvenirs m'avait toujours arrêté ?. Je me suis agenouillée par terre et j'ai ouvert les fermoirs. Il vaudrait mieux ne pas regarder. Après tout ce que j'avais surmonté, cette nouvelle vie que j'avais gagnée par moi-même. Tout cela pourrait être défait en ouvrant ce coffre à jouets. Je ne devrais pas l'ouvrir. Je devrais le jeter dans une décharge et oublier qu'il a jamais existé. Je ne devrais pas regarder à l'intérieur.
J'ai ouvert le coffre.
Je n'ai jamais eu de poupée. Ma mère n'a jamais pu se permettre de m'en acheter une. Je n'ai jamais eu de planche à dessin non plus. Mais j'avais un coffre à jouets, un joli coffre à jouets noir et blanc. Et quand j'avais sept ans, j'ai noyé ma petite soeur de deux ans et je l'ai enfermée dedans.
Citation de Tignouss #532013
Merci d'avoir lu mon histoire et de l'avoir apprécier. C'est ce que je voulais comme déroulement.
Elle est très bien écrite ton histoire, mais elle est très troublante... on a envie d'en avoir la clé