Ambivalence, ambiguités, non-binarité, féminité ?

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Ancien membre
11/09/2024 à 06:54

Bonjour.

En fait je ne sais pas par quel bout prendre ma problématique.

J'avance en âge, et quand je fais le bilan de mes rencontres féminines, j'y trouve une constante : le reproche de ne pas me comporter comme "un homme-un vrai", à savoir une non-adhésion, non pas voulue, non pas déterminée, aux codes sociaux de la masculinité.

Je ne vais pas décliner ici sur un mode exhaustif les goûts et les couleurs présumés virilistes qui de tous temps m'ont indifféré et continuent de m'indifférer. En manière de survol, je me bornerai à citer mon désintérêt de l'esprit de compétition, du culte de la performance, du sport en général, ma phobie des discours machistes et plus généralement de tout ce qui est en rapport avec les extrêmes.

Les femmes que j'ai connues me trouvaient "gentil", "présent", "à l'écoute", tout en me reprochant un manque d'initiative et mes goûts décalés, parfois à l'opposé de ce qui est "populaire", mainstream, qui passe à la télé (que je n'ai pas), le fait que je me fiche des réseaux sociaux comme d'une guigne et surtout, que je ne conduise pas (je n'ai jamais passé mon permis). En gros, une certaine passivité. Pas l'attitude d'"un-homme-un-vrai" et moins encore le mode de vie supposément en phase avec l'âge que j'ai.

J'ai depuis toujours ressenti un attrait pour la féminité et la seule compagne avec qui j'ai partagé de longues années notait chez moi ce qu'elle qualifiait d'une "ambivalence". Elle fut la seule à s'en accommoder. D'autres préféraient m'avoir comme ami (ah, la friendzone, si familière aux non-binaires selon ce que j'ai lu ici et là), et une ex me voit comme le grand frère idéal.

Je tiens à préciser que je n'affiche pas un look particulier, qu'extérieurement je suis "mec", certes plutôt soigné mais ni piercings, ni bijoux, ni ongles peints, sans maquillage ni envie de ces artifices. Je ne me reconnais donc pas dans les personnalités non-binaires que j'ai pu voir dans certains reportages. Plus jeune, j'étais assez efféminé et il m'est arrivé d'être pris pour un homo, ce qui m'affectait beaucoup (même si je ne suis pas homophobe).

Alors, s'agit-il dans mon cas d'une non-binarité ou d'une façon différente d'être un homme ?

Physiquement j'ai grandi et évolué avec des seins développés (gynécomastie), ce qui ne m'a jamais gêné, et j'ai un petit sexe (ce qui n'a posé problème qu'à quelques-unes de mes partenaires). Sexuellement j'apprécie les longs préliminaires, avec un goût marqué pour le cunnilingus.

J'ai eu quelques expériences bisexuelles soft qui se sont avérées décevantes, que j'ai vécues dans un état que je décrirais de dépersonnalisation, et dont je n'ai retiré aucun plaisir. J'avais ce fantasme associé à une idée de féminité, que j'ai souhaité concrétiser, et vers lequel je n'entends pas revenir. J'ai eu par contre une expérience d'intimité en lingerie avec une femme qui m'a apporté un plaisir intense.

J'ai beaucoup lu sur la supposée part féminine présente en chaque homme, part que j'ai toujours ressentie en moi et que j'évitais d'évoquer en ce qu'elle est souvent assimilée à une homosexualité refoulée (de la psychanalyse à la pata-psy "pour les nuls", haro sur les différences et bonjour l'étiquetage péremptoire !). Je ne me retourne pas dans la rue sur un homme, je ne pourrais même pas imaginer embrasser un homme et encore moins partager sa vie, même s'il est des corps d'hommes que je trouve attirants dès lors qu'ils sont androgynes ou d'une féminité assumée.

J'essaie de comprendre et j'aimerais partager avec des personnes qui vivent la même "ambivalence", pour reprendre ce terme.

Commencer à faire des rencontres ?
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Ancien membre
11/09/2024 à 07:27

@Harmonique : Merci de ton accueil.

Non, je ne suis pas allé jusqu'au travestissement, excepté dans cette séquence d'intimité que j'ai brièvement décrite, et je ne me verrais pas évoluer dans ce sens, malgré quelques tentations que je qualifierais de ludiques, par un passé déjà lointain. Je suis surtout en quête d'un équilibre qui me permettrait de rencontrer et de vivre avec une compagne avec qui, du fait de cet équilibre conquis, je me trouverais enfin en phase, et non plus en décalage comme cela a souvent été le cas jusqu'à présent.

Bonne journée à toi.

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Harmonique
11/09/2024 à 07:42

Citation de CantaGalet #518901

L'important est d'explorer qui tu es, cela implique d'oser sinon tu feras du surplace. Quand on a notre âge le temps est compté.

En te connaissant tu montreras ton vrai visage et tu attireras les bonnes personnes.

J'ai beaucoup étudier le profil des Travesties pour comprendre que cela n'est pas ma famille avec tout le respect de celles ci.

Se maquiller et mettre une jupe à un concert de rock par exemple personne ne nous prendra pour une travestie et c'est un voyage vers soi-même unique en son genre (pour jouer avec les mots)

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Ancien membre
11/09/2024 à 08:16 - 11/09/2024 à 08:16

Pour moi, Harmonique, exprimer ma part féminine ne va pas forcément se traduire par le port d'une jupe 🙂 et de ce qui pourrait aller avec (je me verrais mal chausser des talons !). Je pense qu'explorer sa non-binarité va au-delà des attributs vestimentaires empruntés aux femmes ou inspirés des leurs et accordés à d'autres violons en tant que parts de marché (lingerie autre que les classiques boxers où nos attributs ont tendance à glisser sur le côté, collants que je porte parce que cela tient chaud et pour leur aspect pratique, que je ne troquerais sûrement pas contre des bas). Quant au maquillage, je n'y songe pas plus qu'à une épilation totale. Ma démarche ne consiste pas à m'approprier une identité féminine, en lequel cas j'opterais pour une forme de binarité qui m'exposerait, outre au ridicule me concernant, à de sérieux problèmes, et ne me correspondait pas, mais à établir une synthèse entre les deux pôles masculin/féminin qui existent en moi, à trouver un juste équilibre entre les deux 👫

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Harmonique
11/09/2024 à 08:56

Citation de CantaGalet #518903

Je suis d'accord avec toi que la non binarité est propre à chacun, chacune d'entre nous. Je te confirme qu'à partir de plus de 4 cm les chaussures à talons c'est très inconfortable et pas bon physiquement.

Je suis moi aussi en quête d'harmonie. C'est vrai que j'ai pris des risques pour cela. Aujourd'hui je ne le regrette pas car j'ai pu explorer mon seuil de confort, pouvoir faire vivre ma part féminine dans de multiples situations.

Hier j'ai adapté mon corps en maigrissant en m'épilant. Aujourd'hui que je n'ai plus l'injonction de ressembler à un mec je ne me suis jamais senti aussi bien malgré mon corps de vieille, j'adapte mes tenues au contexte. J'autorise la partie qui a toujours été bridée, prisonnière à vivre quelque soit le regard des autres. C'est le propre de la transidentité vivre enfin comme on l'aspire quelque soit le regard de la société. S'accorder le droit d'exister car la vie est courte.

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Ancien membre
11/09/2024 à 14:56 - 11/09/2024 à 14:57

Je distingue la part féminine de la féminité. La part féminine est une composante de la personnalité plus ou moins accentuée chez chacun, elle peut être exprimée visiblement comme tu le fais, Harmonique, ou refoulée comme c'est le cas chez beaucoup d'hommes. Cette part féminine procède à mon sens (s'il se trouve des spécialistes parmi nous, je serais heureux d'avoir leur avis) de facteurs physiologiques, "on est fait comme ça, on s'est développé ainsi", on est cambré, on a des fesses, on a des seins, on a un petit sexe, on a une sensibilité autre (il y a sans doute une part de génétique), et cela joue sur notre comportement, notre rapport au monde. Et il y a, nanti de ces attributs, la manière dont on s'est construit au regard de ses origines, son histoire propre, au sein de son entourage familial, social. Je ne suis pas très porté sur les théories psychanalytiques, mais à leur crédit, je crois que le rapport à la mère, aux femmes de notre entourage, l'absence du père, effective comme symbolique, quand on est enfant, entrent pour une bonne part dans cette construction.

Quant à la féminité, c'est ce qu'on n'est pas, qu'on n'a pas, qu'on ne peut pas avoir parce qu'on n'a pas d'utérus, on a un pénis et non une vulve, et au risque d'en choquer certain.es, même en cas de réassignation, le métabolisme natif, fonctionnement hormonal, conformation squelettique, demeure.

On peut avoir une sensibilité féminine, une part féminine plus ou moins exprimée, un rapport au monde qui ne sera pas genré au regard de l'attribut sexuel dont on est porteur, se sentir étranger au masculin tel qu'on l'observe, le voit vivre, le côtoie chez ses (dis)semblables, on peut avoir troqué le caleçon contre la petite culotte, le vivre plus ou moins bien. Ce qui importe c'est de savoir intimement et avec honnêteté, clarté et lucidité, où on en est avec cela. Est-ce un état, est-ce un faux self, est-ce effectif ou est-ce en rapport avec sa sexualité ?

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Vyna
11/09/2024 à 18:21

Dans notre société, qu'on le veuille ou non, tout est très genré. Quand on fait une transition de genre, c'est peut-être bien un échec de la société en fait (je provoque) : pour pouvoir se sentir libre de vivre comme on le ressens de l'intérieur, on sacrifie plein de choses, on fait de la chirurgie, on renonce à avoir des enfants (si on n'en n'a pas déjà), on se soumet au risque de l'exclusion sociale... tout ça pour pouvoir porter des robes ? Sérieusement ?

Bon, étant passée par là, je sais que c'est bien plus profond, et je compte faire un sujet que je n'ai toujours pas ouvert là dessus, pour essayer de comprendre ça en effet, ce qui nous pousse à faire tout ça... car c'est vrai que c'est fou.

Et du coup non, je ne suis pas choquée quand tu dis qu'en cas de réassignation, beaucoup de choses demeurent.

J'ai pas d'utérus, et mon génome est probablement XY (j'ai pas vérifié ^^ mais y a pas de raison). Pour autant j'ai fait toutes les modifications possibles sur mon corps, socialement, tout... juste pour qu'on me dise "madame" et "elle".

Voilà...

Paye ta binarité et tes stéréotypes de genre. Je me comporte comme une fille alors il faut que je me coupe la... Désolée je suis crue, franchement ça me tue pourquoi j'ai fait ça ? Je me le demande sincèrement en vrai, encore aujourd'hui. Mais je SAIS que si je me réveille demain et que c'était qu'un rêve je le refais dès que possible, car c'est tout, j'en avais besoin... c'est inexplicable.

Tu le dis toi-même dans tout ce sujet, quoi qu'on dise on attend toujours de nous de nous conformer à notre genre. Ca peut être tellement pesant que dans des cas d'extrême inconfort avec ces attentes on en vient à transitionner. C'est ça ou la dépression à vie. A l'époque où ce n'était pas possible, ça existait déjà et ça donnait des dépressifs à vie qui ne savaient pas trop ce qu'ils avaient. Aujourd'hui on a la solution, on peut changer de sexe, donc on le fait et on devient heureux (je raccourcis car vu les obstacles on peut ne pas être heureux même après). Mais on sait que la dysphorie de genre était la seule cause de la dépression.

Et du coup je suis pas d'accord avec ta définition de la féminité. Si, on peut l'avoir car pour moi c'est justement l'expression, l'image qu'on dégage, la féminité. Ou la virilité. Et aujourd'hui si tu ressemble à une fille tu ne peux pas paraître "virile", juste garçon manquée. Si tu ressembles à un homme tu peux juste être "efféminé", "gay", tu as dit toi-même que ça te gênait. Je comprends. C'est pas une question d'être homophobe, c'est qu'on ne te reconnaît pas pour ce que tu es, on t'attribue tout de suite une autre étiquette qui ne te convient pas non plus, surtout si tu es hétéro dans ton cas. Et si tu es en dysphorie de genre, dire que tu es "efféminé", c'est une connotation péjorative, ou du moins un peu moqueuse, mais en aucun cas on se dira "ce mec est normal". Non, on dira, "il est gentil, un peu sensible non ?" etc... alors que si tu es une fille et que tu te comportes pareil on dira rien, tu seras "normale".

Mais c'est qu'une question de vocabulaire car en te lisant on est d'accord, il y a deux aspects, la féminité que tu appelles justement part féminine (mais pour moi ça c'est comme tu le dis en chacun de nous, on est pas un stéréotype pur de genre quel qu'il soit, on a toujours des variations qui peuvent plus ou moins être attribuées à l'autre genre), et le sexe biologique (utérus, XY, hormones, squelette etc...).

Ton témoignage est une des clés pour comprendre pourquoi aujourd'hui, pour se sentir bien quand on a une dysphorie de genre, on a besoin de la transition... ça s'ancre tellement fort dans notre cerveau quand on est petit, qu'ensuite cela devient un besoin physique. Si on se sent femme on doit en devenir une le plus possible, physiquement, pour pouvoir l'être socialement. C'est l'une des composantes, car toi a priori tu n'en as peut-être pas envie, mais tu illustres la difficulté que c'est de ne pas correspondre à son genre communément admis, par ses comportements.

Dans un monde non genré aurait-on ce besoin ? Pas sure. Mais pour ma part, si je me retrouvais téléportée du jour au lendemain dans un monde où le genre est un concept inexistant, juste le sexe biologique mais avec aucun impact sur l'apparence vestimentaire, les rôles sociaux, l'imaginaire collectif etc... bah trop tard mon cerveau est formaté j'aurais besoin de projeter une image physique de moi qui fait penser au sexe biologique féminin. C'est tout, trop tard, c'est ancré dans mon cerveau. Sinon je ne m'aimerais pas.

Le même bébé moi qui naîtrait dans ce monde ? Y aurait surement pas besoin, j'aurai grandi avec des amies filles cis car on aurait eu davantage d'affinités, et c'est tout, j'aurais jamais développé le besoin de ressembler physiquement à une fille, je pense. Pour moi ça s'est développé à l'âge où j'ai été forcée de constater que je devrai quitter le "monde des filles" pour aller de force dans le "monde des garçons" à l'adolescence car telle était ma place. Ce sentiment d'arrachement, de me forcer à me conformer à des codes sociaux qui ne sont pas ma préférence, se sont cristallisés en moi en un besoin d'être une fille. Je suis convaincue que c'est ça. Mais dès mes 6-7 ans je dirais, c'est là que déjà on se rend compte qu'il y a une différence de genre et qu'on n'est pas dans le bon, même si on est encore "tolérés" à cet âge, d'être dans un groupe qui n'est pas le nôtre... Quand on me refuse les pollypockets alors que c'est mon jouet préféré mais que "c'est pas pour moi" (chacun ses traumas ^^) Pour moi c'est ça la cause, et non une cause liée aux parents présents ou non car j'ai eu de la chance de ce côté là. Mais ce n'est qu'un témoignage pas une généralité, ça doit surement jouer aussi dans la construction. On a des préférences innées, qui majoritairement son alignées avec notre sexe bio, mais parfois non, et là commence une vie de compromis et de frustrations constantes, surtout qu'elles paraissent injustes.

Voilà je voulais surtout réagir à ta remarque sur la féminité, et ce qu'on "n'aura pas"... justement on sait ce qu'on peut avoir avec une transition : la reconnaissance sociale de notre genre de prédilection. C'est clair que ça changera pas la réalité biologique mais les gens ne sont pas censés le savoir.

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Ancien membre
11/09/2024 à 19:47

Il y a un sujet qui est peu évoqué dans les docus consacrés aux transitions (auxquels je reprocherais, pour certains, de verser dans le voyeurisme, m'enfin, faut vendre !), c'est celui de la sexualité.

Pardon de l'aborder, car je sais que c'est un terrain glissant.

Il y a la part du fantasme, la part du réel, la part de la solitude pour qui est, comme on dit, "hors-milieu". On nous présente souvent la nébuleuse LGBTQI+ comme une grande famille, avec ses repères locaux, associatifs, ses lieux de rencontre, mais que se passe t-il pour la personne trans esseulée, réassignée ou pas, qui crèche au fin fond de la Diagonale du vide ? Qui peut-elle rencontrer et comment ? Hors les sites dédiés où, comme sur n'importe quel site de rencontre, oui on a un bon feeling avec quelqu'un mais elle, il habite à l'autre bout du pays et l'écran n'abolit pas les distances géographiques. De l'autre côté de la vitre, il y a le bled paumé, le village, la petite ville loin de tout, le Bar des Négociants, la supérette, la station-service, le tabac, le petit restau qui ferme le dimanche. L'écran éteint, chacun est rendu à sa solitude.

Ce préambule un brin tristounet pour en venir au sujet du avec qui vivre, partager ses nuits et ses jours, lorsqu'on est femme, homme trans, MtF, FtM.

Si on était précédemment en couple hétéro avec un.e partenaire cis, cela implique de communiquer, ce qui ne va pas forcément tout résoudre. Evelyne, femme cis hétéro, a épousé François en tant qu'homme cis hétéro et voilà qu'à l'issue d'un long cheminement, après vingt ans de vie de couple, François est devenu Françoise (la question est évoquée par ailleurs sur ce forum). Ou c'est Evelyne qui est devenue Jacques, tandis que François est toujours un homme cis hétéro.

Autre cas de figure. Jean-Louis rencontre Fanny. Il la trouve séduisante et ils sortent ensemble. Jean-Louis est un homme cis hétéro, Fanny est trans, en protocole de réassignation, ou réassignée. Jean-Louis a beau être open, il ne va pas manquer de se dire que Fanny était Stéphane il y a encore quelques mois, quelques années. Jean-Louis se dit qu'avec Fanny, ils n'auront pas d'enfants. Fanny aura tiré un trait sur sa dysphorie de genre pour aborder d'autres facteurs de stress et potentiellement, de dépression.

À voir les situations de mésentente, les quiproquos, les dialogues de sourds que l'on peut rencontrer lorsqu'on est non-binaire, même si l'on peut partager avec sa/son partenaire, une sexualité "normale" à défaut d'être épanouie (car on n'osera pas s'ouvrir à sa/son partenaire quant à certaines attentes, par crainte d'être rejeté.e), on a du mal à imaginer ce que peut être la sexualité, la vie affective, entre des partenaires dont l'une, l'un est trans et l'autre hétéro ou gay, pour rester dans les angles tranchés. On peut être exceptionnellement ouvert, esprit libre, je pense l'être, mais en tant qu'hétéro, je n'imaginerais pas au-delà d'une amitié avec une femme trans, fusse-t-elle séduisante.

Après, ce sentiment d'être étranger à ceux de son groupe, je l'ai connu et avec le temps, j'ai su développer un faux-self assez efficace aux fins de me fondre non pas dans le moule, mais dans la foule. C'est dans la relation affective, d'intimité, que resurgit la vraie nature, quand "on se lâche" au contact de celle à qui on accorde sa confiance (je reviens à mon histoire personnelle). Cela peut passer et même bien se passer, tant qu'on a en face de soi quelqu'un qui a suffisamment d'intelligence et de vécu, et qui traduira en singularités, en excentricités, ce qu'elle notera d'étrangetés, de distance au regard des attitudes codifiées qu'une femme attend d'un homme. Avec celles formatées à l'idéologie "un-homme-un-vrai" (car c'est une idéologie), l'expérience sera plus brève et tourmentée.

Commencer à faire des rencontres ?
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Phoenix73
11/09/2024 à 20:21

Citation de Ordalie #518937

Une relation T4T ? Tu peux définir stp. 😁

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Ordalie
11/09/2024 à 20:25

Citation de Phoenix73 #518942

Relation entre personnes transgenres (trans for trans)

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Phoenix73
11/09/2024 à 20:27

Citation de Ordalie #518943

Merci à toi.

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Vyna
11/09/2024 à 23:38 - 11/09/2024 à 23:47

Les relations T4T, à un moment j'ai été tentée. Sur une application en trois lettres qui veut dire Elle (il paraît qu'on n'a pas le droit de dire les noms d'applis), il y a un badge pour ça. J'ai été tentée de filtrer là-dessus, mais bon il faut être premium, et ensuite... autant dire que ça limite les choix.

Être avec une autre personne transgenre, c'est être avec quelqu'un qui ne va pas nous juger pour ce qu'on est, c'est sûr. Mais on reste quand même un faible pourcentage de la population. Il se trouve que j'habite aux abords de la diagonale du vide. A l'ouest de chez moi c'est Poitiers, la "grande ville" (lol, non), et à l'est, on est dans la diagonale. Vraiment. C'est le désert (mais c'est très joli).

Sur un site comme beto, il y a deux ou trois personnes qui apparaissent à moins de 50km de chez moi, mais pas souvent. En plus je suis assez exigeante pour aller au-delà d'une simple amitié. En fait j'aime bien les amitiés. Au-delà, il faut que j'aie une étincelle magique qui ne survient qu'une fois de temps en temps, très rare (mais déjà ressentie pour plusieurs personnes dans ma vie). Quelque chose qui fait que j'ai envie de voir, si, pourquoi pas, on peut aller plus loin.

Se limiter aux personnes transgenres, ça réduit significativement les possibilités. J'ai donc fait des rencontres avec des gens qui marquaient "T4T" dans leur profil sur l'autre appli en question, sans le marquer moi-même car je ne vois pas pourquoi je me limiterais. Et j'ai rencontré de très belles personnes, mais pas ce sentiment amoureux.

C'est une question de statistiques, car pour les hommes et les femmes cis c'est pareil, il est rare que je ressente quelque chose qui me fasse vouloir aller plus loin que l'amitié. Ca ne se contrôle pas c'est tout...

Pour des raisons statistiques, si on est naïve comme moi et qu'on espère encore trouver le grand amour, on ne peut pas se limiter aux personnes transgenres même si ce serait plus simple car on serait "à égalité". Pas de risque de voir l'autre partir car c'était sympa d'essayer, mais bon... "maintenant place aux cis dans ma vie pour les choses sérieuses...."

Je suis méchante, c'est pas vrai, les gens qui sont entrés dans ma vie même brièvement, je ne pense pas qu'elles pensaient ça, sincèrement.

Je pense que des personnes cis peuvent tomber amoureuses de personnes trans.

J'aime croire que c'était le cas avec les personnes avec qui j'ai eu de belles histoires. Je ne pense sincèrement pas qu'ils/elles soient parties parce que je suis trans. Surtout que parfois c'est moi qui suis partie. J'ai mis du pluriel mais j'ai eu qu'une relation de chaque, avec un homme cis et une femme cis. Et pas longues (ça se compte en mois). Et à distance avec de petites périodes IRL.

Oui je suis naïve peut-être. Encore trop exigeante. Je veux ressentir les petits papillons dans le bidou. Je veux des vraies relations amoureuses comme celles que j'ai connues. Mais je m'ouvre à tout. En m'inscrivant sur betolerant j'avais marqué que je cherchais des hommes au début, j'avais pas prévu de rencontrer une femme qui me mette des papillons dans le ventre. Du coup maintenant je marque que je cherche des femmes, si ça se trouve je vais rencontrer un homme haha. On ne sait pas.

Et je pense que ça vaut aussi pour cis et trans. C'est trop théorique ta façon de penser, CantaGalet. Mais bon je suis pareille je théorise trop ces choses là en me disant : "c'est ça que je veux et c'est tout". En vrai une fois que tu es libre de schémas pré-établis et que tu te laisses aller dans le monde LGBT, que tu t'ouvres à toute possibilité de rencontre, tout est possible. Tu pourras peut-être tomber amoureux d'une femme trans, tu ne sais pas. Surtout si elle ne te le dit pas au premier abord et que tu le découvres par la suite, quand, trop tard, tu auras commencé à t'attacher à elle, car elle sera différente et appréciera aussi ton caractère ambivalent...

On peut en imaginer des choses.

Il ne faut jamais dire jamais (citation de Fievel ! et de Napoléon III à ce qu'il paraît aussi... bon...)

Être capable de se fondre dans la foule, tout en pouvant profiter de l'intimité avec une personne spéciale pour se révéler et vivre pleinement dans le cadre secret du couple, c'est bien. C'est même très bien et si cela suffit c'est vraiment une chance. Mais je pense qu'il y a plusieurs niveaux de dysphorie en fait. Tout réside dans la douleur que tu ressens quand tu dois reprendre ton faux-self (je ne connaissais pas ce mot mais j'en comprends bien le sens !)

Pour ce qui est de l'amour je ne pense pas que ce soit bizarre entre cis et trans, plus que ça ne l'est dans les autres couples. Ce sont juste deux personnes qui vivent ensemble et qui s'aiment, et qui ont su déposer leurs idées préconçues dans un placard pour vivre pleinement. C'est juste statistiquement plus rare car il faut une raison pour la rencontre, car en effet, par contre, en phase "recherche", une personne cis cherchera plutôt d'autres personnes cis, je crois... Mais si la rencontre est fortuite et que le sentiment amoureux s'installe, alors ça peut marcher !

Dans ton exemple, pour moi le plus dur c'est que Jean-Louis veuille rencontrer Fanny sachant qu'elle est transgenre. Mais si la rencontre est fortuite, et que l'amour a eu le temps de se développer petit à petit, alors le fait que Fanny s'appelait Stéphane avant, ce sera une anecdote marrante (la question des enfants c'est autre chose mais pour une rencontre passée 40 ans par exemple, ce n'est plus une question). J'en suis convaincue car j'ai des exemples concrets autour de moi (deux !) d'une femme cis et d'un homme cis qui sont en couple depuis des années avec une femme transgenre (pas la même ^^) J'y crois, moi aussi, du coup !

Pour les personnes trans dans la diagonale du vide, la solution réside donc dans le déménagement, car pour les raisons citées la rencontre par applis est compliquée je pense (très faible densité de personnes donc encore plus compliqué de rencontrer des trans pour les relations T4T si c'est le but, et d'autre part le fait que les cis cherchent des cis à la base). Il faut provoquer une rencontre par une présence active dans la communauté, dans les assos LGBT par exemple. Faire tomber quelqu'un amoureux de soi par la présence et les qualités qu'on dégage naturellement :) parce qu'effectivement on ne passera pas les filtres de nombreuses personnes sur les applis de rencontre.

Et ça, c'est valable pas seulement pour les trans, mais pour de nombreux profils cis qui ne cochent pas toutes les cases des recherches idéalistes des gens qui sont sur les applis...

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Ancien membre
12/09/2024 à 05:31 - 12/09/2024 à 05:35

J'ai esquissé, disons (j'ai tendance à faire longuet et j'essaie de ne pas lasser).

Au départ, Jean-Louis n'avait peut-être pas capté que Fanny était trans, et ça va aussi dans l'autre sens, si Fanny est une nana cis hétéro et Jean-louis un trans FtM. On ne va peut-être pas s'appesantir sur le côté vaudeville de l'affaire, pour envisager plutôt le caractère irrationnel de l'amour.

Sur ce point, j'avoue avoir beaucoup de mal. Toute ma vie j'ai papillonné et l'amour en tant que phénomène irrationnel, je ne peux pas dire que je l'aie croisé sur ma route. Des attachements j'en ai eu, profonds, d'autres rencontres sont restées des "relations" au sens littéral, j'entends par là des histoires que j'avais l'impression de vivre de l'extérieur, comme on lit un livre ; pour d'autres encore, j'en suis sorti avec pertes et fracas et quelques pansements. Certaines blessures ont laissé des cicatrices, d'autres peu de traces. Des attachements mais point d'amour au sens où on l'entend communément. Bon, ça c'est perso, je cherche l'explication, je la trouverai peut-être un jour.

J'ai une amie qui, parce qu'elle en était amoureuse, a enduré un type qui buvait en cachette, lui mentait comme un politicien, vivait sur son dos et ne supportait pas ses enfants. Elle a été amoureuse aussi d'un gars qui l'a promenée des années, jusqu'à venir lui présenter "la femme de sa vie". Si c'est ça l'amour... Mais c'est un autre débat. Je n'ai connu que des attachements à différents niveaux, des compagnonnages (j'aime assez l'aspect libertaire du terme) et je suis de la génération vintage qui pratique la galanterie, ce qui m'a valu (et je fermerai ensuite cette parenthèse), de me faire âprement pigeonner par certaines -de la même génération, doit dit en passant.

Tu évoques les applis de rencontres. J'y ai goûté un temps, ces sites gratuits où certains profils tiennent lieu de piliers, et d'autres où l'on pouvait organiser des sorties. Evidemment, les profils avec qui ça matchait habitaient à l'autre bout du pays et les gens rencontrés aux sorties étaient passablement des désespérés, qu'on ne voyait jamais en-dehors des sorties (cas de figure rencontré dans le milieu associatif). Déménager, Ok! Mais si on habite la Diagonale du vide, c'est peut-être parce que les loyers y restent abordables ? Ceci posé, la phase recherche nous amène à nous égarer dans des schémas pré-établis, comme tu le soulignes, et c'est ce qui m'a fait délaisser les sites de rencontres, le côté "cahier des charges", je veux ceci, j'attends cela, et ce "je sais ce que je veux et je sais ce que je ne veux pas" si courant chez les profils de femmes ayant passé la cinquantaine et au-delà. Sans ajouter de précisions quant à ce qu'elles veulent.

Si tu t'es amusée un jour à chercher des fossiles, tu auras observé que plus tu t'ingénies à en trouver, moins tu en ramènes. Et puis voilà que tu butes sur une superbe ammonite alors que tu penses à autre chose.

Il ne faut jamais dire jamais (on dirait un titre de film de James Bond). C'est ce que je me dis aussi. Ne négliger aucune possibilité, on a toutes, tous, à un moment ou à un autre, vécu une histoire a priori insensée, avec quelque ressortissant.e de l'autre bout du spectre. Il faut quand même quelques atomes crochus, de sorte à pouvoir communiquer, partager au-delà de l'alcôve.

Se fondre dans la foule c'est une technique d'infiltration, le parallèle n'est pas si hasardeux. Partout où j'ai vécu, j'étais un mec de chez mec aux mains lisses, propre sur lui, soigné, triant ses relations sur le volet, qu'on savait trouver où il y a des bouquins et des disques d'une certaine période. Plus jeune, rentré chez moi, je troquais le jean pour le kilt. Je me sentais à l'aise, ainsi. Je ne veux pas entrer dans les détails des sous-vêtements, car ce besoin, plus qu'une envie, que j'ai ressenti très jeune, j'étais enfant, m'a troublé et je l'ai associé longtemps à un dérèglement. Une femme, plus compréhensive que d'autres, admettait que je porte des collants. Mais elle n'a plus souhaité ensuite que nous ayons d'autres rapports qu'amicaux. Cela lui avait "coupé l'envie". Ce que je peux comprendre. Je pense qu'une nana en slip d'homme, affichant des manières hommasses, me ferait le même effet.

Si par dysphorie tu entends coups de cafard, spleen, taedium vitae, oui, il y a de ça. Et c'est fréquent, chez moi, cyclique, ça perturbe mon sommeil et je vis avec depuis toujours sans recourir à des médocs.

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