Le jour ou tout est arrivé.

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Montana
27/08/2024 à 20:05

Vous pensez que c'est ma faute . Je n'ai rien fait, je le jure. Jamais je n'aurais pu faire ça. Qu'est-ce que j'ai pu dire. Dire que tout a commencé par mes mots.

« Je te hais», juste ça, et tout a changé, ma vie est maintenant vide, je me retrouve enfermée sans comprendre pourquoi.

« Je te hais », trois mots, juste trois et tout a basculé, Trois mots, une pensée, une réalité, qui suis-je. Je ne sais plus.

Mon père me répétait sans cesse que j'étais une erreur du monde, que je ne servais à rien, qu'il aurait voulu se débarrasser de moi.

J'ai toujours fait avec, j'essayais d'oublier ses mots atroces et d'être parfaite. Je voulais lui faire honneur et non le décevoir.

Il est vrai que je n'ai jamais eu une grande sympathie envers lui, pourtant il était mon père, mon géniteur. Mais jamais j'aurais pu le tuer. Il n'était rien de plus que mon géniteur, mais j'avais besoin de lui pour vivre. Il s'occupait de moi, me nourrissait, me laissait vivre chez lui. Il était froid, distant, méchant, il ne s’intéressait pas vraiment à moi, mais j'avais un toit et de quoi manger.

Pourquoi l'aurais-je tué?.

Je peux tout expliquer, mais vous ne me croirez pas. Personne ne me croit.

C'était la semaine dernière, j'avoue avoir un peu craqué, je me suis surprise à beaucoup pleurer. Les paroles de mon père se faisaient plus méchants, plus froids, plus cruels, je n'étais pas assez forte pour garder le silence, et j'ai fini par me confier à ma seule amie Déborah. Elle savait déjà beaucoup de la relation que j'entretenais avec mon père, et elle me soutenait toujours. J'invitais souvent Déborah à la maison lorsque je savais que mon père était de mauvaise humeur, j'espérais sans doute qu'il soit moins énervé, si une amie était présente et donc un témoin des tortures psychologiques qu'il me faisait endurer. Mais non, mon père faisait toujours comme si Déborah n'était pas présente et continuait à me rabaisser. Déborah, un soir ou elle était à la maison, m'a confié qu'à ma place, elle se serait défendue, et qu'elle ne l'aurait pas laissé la rabaisser comme ça.

Mon amie me disait tout le temps qu'à force d'encaisser, je finirais par craquer. Je ne l'ai jamais prise au sérieux, et je lui expliquais que j'étais assez forte pour supporter ça jusqu'à ma majorité, jusqu'à la fac, et que dès que je toucherai la liberté, je reprendrais ce que mon père m'a pris, ma confiance, mes émotions, mon enthousiasme. Je savais que tout ça serait dur, mais j'y croyais vraiment. Pourquoi aurais-je assassiné mon père si je savais qu'un jour j'aurais ma liberté.

Vous pensez peut être que je suis capable de mentir comme ça, que j'invente tout à la seconde. J'en serais bien incapable. Et même si j'étais coupable, pourquoi je perdrais mon temps à rêver encore de la liberté. Je ne l'ai pas tué.

Il y a donc quelques jours, alors que Déborah était chez moi, à m'attendre dans ma chambre, je suis allée donner mon bulletin à mon père. Comme toujours, il l'a regardé, signé, puis me l'a jeté dessus. Je l'ai ramassé une fois à terre, et je suis retournée dans ma chambre. J'ai regardé Déborah les yeux pleins de larmes, j'essayais de lui dire que j'avais encore échoué à tenter de gagner ne serait-ce qu'un sourire de mon père. Elle m'a serrée dans ses bras, a regardé mon bulletin et m'a félicitée pour toutes mes bonnes notes, et nous nous sommes assises sur le lit. Mon père est arrivé dans ma chambre en hurlant, j'ai paniqué, j'ai regardé Déborah, et mon père m'a giflé. Il a agi sous les yeux de Déborah, sans même la regarder, sans même la saluer, sans même lui montrer une quelconque attention. Puis il est parti en criant que je devais finir de faire la vaisselle que je n'avais pas faite ce matin. Une fois repartie de ma chambre, je me suis effondrée dans mon lit et Déborah est repartie chez elle.

Déborah a quand même continuer de m'envoyer des messages le reste de la soirée, elle pensait peut-être arriver à me redonner le sourire que mon père s'amusait à m'enlever. Si vous saviez comme je l'aime. Elle est comme une sœur, je tiens beaucoup à elle. Elle me disait de ne plus me laisser faire, de me défendre. Ce sont sur ses paroles que je m’endormis le soir. J'avais des maux de tête, j'étais épuisée.

« Parlez-nous de cette Déborah. »

Déborah, comme je l'ai dit, elle est ma meilleure amie, ma sœur de cœur. Elle n'est pas dans mon école, donc je ne la vois que chez moi. Si vous saviez, on avait souvent de bons délires ensemble. Mais, lorsqu'on se promenait ensemble, les gens nous dévisageaient. J'ai souvent surpris des passants murmurer sur notre passage, elle me disait toujours de ne pas y prêter attention. Je l'écoutais, elle était sage, plus sage que les autres jeunes de nôtre âge. Je crois bien que sans elle, je serais au fond du trou, et que peut être sous cet angle j'aurais pu assassiner mon père. Tout le monde me déteste, tout le monde m'en veut d'exister, mais Déborah, elle, je sais qu'elle m'aime, je sais que je compte pour elle, je sais qu'elle ne me lâchera jamais. J'ai besoin d'elle, je ne peux pas vivre sans elle. Elle est ma meilleure amie, elle est tout pour moi. Vous ne pouvez pas comprendre.

Vous, vous n'avez sûrement pas vécu ce que j'ai vécu, vous n'avez sans doute jamais vu ce que j'ai pu voir, vous n'avez à mon avis jamais entendu ce que j'ai pu de nombreuses fois entendre, et vous n'êtes jamais tombés aussi bas. Vous pensez que c'est facile de vivre sans quelqu'un. De vivre sans un proche qui vous soutient. Vous pensez que c'est facile, vous pensez que je suis folle, mais vous vous trompez, je n'ai pas tué mon père, et jamais je n'aurais pu commettre un tel acte de cruauté envers un monstre déjà né. Vous savez que je sais qui l'a tuée, vous savez que je vais l'avouer, vous savez tout ça, mais vous n'êtes pas capable de savoir pourquoi. Vous vous posez des questions, vous savez que j'ai les réponses, et là, vous essayez de lire dans mon esprit, vous essayez désespérément de m'analyser, vous essayez, sans jamais y parvenir. Et moi, je suis là, en face de vous, assise, je vous regarde dans les yeux, et vous, vous ne voyez rien. Vous voyez dans mes yeux de la culpabilité, vous voyez de la colère. Non, je n'ai pas tué mon père, je n'ai pas eu besoin de le faire, vous savez pourquoi. Parce qu'il y a toujours un ange gardien pour vous défendre. Continuez de me prendre pour le diable en personne, mais moi-même je sais que je n'ai rien fait. Et là, vous doutez. Vous doutez de ma parole. Vous doutez de mes mots. Vous doutez comme si je venais de vous éclaircir les pensées. Vous doutez comme si je venais de tout vous révéler. Vous réfléchissez, vous tentez encore de m'analyser, mais vous avez peur, parce que pour le moment, je suis en train de gagner sur vous. Je sais ce que vous voulez entendre, et ce que vous voulez nier. Je vous analyse d'un simple regard, et vous, vous qui me voyez, qui m'écoutez, qui me ressentez, vous n'êtes pas fichu de savoir si ce que je dis est authentique ou pure invention.

Et là, vous vous attendez à ce je dévoile qui a tué mon père. Mais je connais votre répartie, vous allez me dire que je mens, vous allez me faire interner à vie, et je finirais par mourir dans votre hôpital. Qui a tué mon père, Déborah. Vous ne vous attendiez pas à ce que je le dise aussi directement. Mais je n'ai aucune crainte, vous ne la ferez pas interner. Je paierais pour elle, puisqu'elle m'a sauvé. À mon tour de me sacrifier. Puis de toute façon, c'est mieux de marquer dans le dossier que c'est la jeune fille torturée qui est la meurtrière de son père. Une innocente enfermée, parce que cette version des faits plaît à tout le monde. La justice, quel bonheur.

« Ma chère, Déborah n'existe pas. »

Vous mentez, vous essayez encore de me briser, de tester mes réactions, de regarder si je perds le contrôle, comme le font certains. Mais non, je reste calme, car là, c'est vous qui mentez.

« La discussion est close. »

Allez en enfer. Vous enfermez une innocente. Pourquoi vous entêtez vous tous à me faire perdre la tête et à me torturer.

« Déborah n'est que pure invention de votre esprit. »

Vous mentez. Vous êtes juste incapable de la voir. Je sais qu'elle existe. Elle n’est jamais loin. Vous mentez. Je l'ai vue tuer mon père, je l'ai vu le couteau à la main, lui trancher la gorge, et il y avait du sang partout, tout était rouge, tout était ensanglanté, à tel point que je ne savais plus différencier le tapis du reste du sol. J'ai vu Déborah, lui trancher la gorge, tout ça parce que j'ai dit quelques heures avant à mon père « Je te hais » je lui ai dit clairement « Je te hais » et là Déborah a craqué à ma place. Je l'ai vue. J'étais derrière, j'étais là, j'ai regardé la scène, j'ai tout vu.

« Je crois que vous venez enfin de trouver votre place. Adieu. »

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Montana
28/08/2024 à 20:03

C'est bien une invention de son esprit.

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Visitoramus
30/08/2024 à 03:04

C'était donc pour ça que les gens là devisageaient dans la rue! Elle pensait marcher en discutant avec Déborah alors qu'elle devait sans doute parler seule! 😅

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Montana
30/08/2024 à 19:59

C'est tout à fait cela, en fait sait elle seule qui a tuer sa mère, mais pas Deborah qui n'existe que dans son esprit.

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Camizgg
26/10/2024 à 21:10

Citation de Montana #518198

J'ai bien aimé le fait que tu nous fasses mijoter, ça ajoute plus de suspense à l'histoire

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Montana
26/10/2024 à 21:14

Citation de Camizgg #521834

Je préfère garder le suspense à la fin, l'histoire est beaucoup mieux ficelée comme ça

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Camizgg
26/10/2024 à 21:21

Citation de Montana #521835

C'est vrai 🙂 C'est pour ça que je l'ai apprécié

P.S. : je pense que je vais plus lire que rencontrer sur ce site 😊

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Montana
26/10/2024 à 21:24

Citation de Camizgg #521836

Mais tu peut faire aussi les deux, lire et rencontrer des gens. Je sais très bien, que j'écrit énormément et que je publie pas mal d'histoire

😁

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