Noir est la nuit, rouge est le sang.

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Montana
01/03/2024 à 20:02

Je cherche une victime du regard. Une femme de préférence. La ville normalement bondée et agitée telle une fourmilière est maintenant tranquille et paisible. On entend quelques fois une voiture passer. Ce soir, la lune est belle. Plus j’avance le pas, plus je découvre de nouvelles odeurs. Ca sent le restaurant chinois, et aussi je respire la puanteur d’une usine. Il n’y a qu’une seule odeur qui me donne envie, qui m'anime, et toujours la même, qui fait ce que je suis. Cette odeur m’excite aussi les papilles et j’en deviens, à chaque fois fou de plaisir, la humer me donne tant de délectation, imaginer seulement y goûter. C'est une jouissance. Sans cela je ne vis pas, je ne serais rien. De toute façon je ne suis rien. Je vis dans un cadavre. Je suis mort. Et cela depuis des siècles. Ce soir je me couvre d’une cape longue et d’un capuchon noir pour cacher mon corps blême qui pourrait faire frissonner quelques pauvres âmes. Noir comme la nuit, où je fais mes seules escapades.

Tel un gamin, je m’amuse d’une rue à l’autre avec les vies de ces pauvres mortels. Ils me font pitié avec leurs corps si maigres. Leurs esprits sont si renfermés, causé par les intempéries du mauvais siècle. Ces êtres maintenant lâches et répugnants ont déjà été meilleurs, il y a de cela des centaines d’années. Je le sais bien, car j’y étais.

J’ai vécu des centaines d’histoires différentes, des centaines de vie en une seule et ce n’est pas encore fini. Ça ne finira jamais. Je vis ma vie comme j’en enlève à tant d’autres, car pour moi, c’est aussi normal que croquer dans une pomme.

Je suis un charognard, un chacal, un vautour, un suceur de sang. Je suis ce qu’on pourrait dignement appeler un vampire. Mais les humains ne crois pas en mon existence.

Il y a de ça un temps, mourir dans les bras d'un vampire était un doux sacrifice. Je passe facilement pour un de ces humains et ça me répugne amèrement. Cette race est si dégoûtante. Elle se contente de tuer pour rire et de jouer avec cette nourriture pour s’amuser. Ils se moquent d’être des êtres inférieurs et ils se moquent de vivre, ils se moquent également de respirer.

Quelques uns sont capables de se frayer un chemin dans ce monde éphémère mais on les oublie aussitôt. Jamais je ne m’inclinerais devant un humain, cela serait m’abaisser à leurs niveaux, ainsi que mettre mon nez dans mes excréments, tel un misérable chien. Eux qui ont évolué si vite dans cette race infirme.

Moi je me contente de vivre dans cette carapace qui était autrefois pleine de vie.

J’entends du bruit, une jeune femme qui vient de sortir d’un appartement. De la façon dont elle descend les marches, elle n’est pas dans son état normal. Elle est seule. Ce soir le nectar aura un goût différent. Je la suis du regard, elle se dirige vers un grand parc, de loin je la suis. Je joue au chat et à la souris. Cette souris, je la sens d’ici. Elle est toute jeune, elle vient à peine de fleurir. Je le sent a son odeur sucrée quelle dégage. Elle ne frôle pas encore la vingtaine. Ce n'est qu’une douce rose que je me fais ce soir.

Je découvre à son pas qu’elle se sent suivie. J’essaie de la convaincre du contraire en gardant mon pas régulier. Mais elle revient aux pas normaux, rassurée. C’est quand la proie est épuisée que je décide, d’un élan, d’attaquer. La cape au vent, silencieux tel un jaguar en pleine chasse, ma victime n’a pas le temps de se retourner que je suis là. J’entends son souffle. Elle n’a pas encore crié que ma main est sur ces délicieuses lèvres et mes crocs dans son délectable cou. Dans un bruit de craquement, elle s’évanouit. Je savoure ce fruit défendu. J’en bois jusqu’à la dernière goutte qu’elle puisse me donner en croquant chaque fois à des endroits différents. Quand ma rose n’a plus une seule goutte à m’offrir, je la laisse, inerte, à même le sol qui va être bientôt bondé de gens. Maintenant vidée de tout son sang , elle est blême. Son petit corps meurtri sera bientôt au grand jour, le soleil se lève. Je rejoindrai donc mes appartements après d’avoir dépouillé ce cadavre. La nuit à été bonne.

Je me prénomme Florin Petru et je suis né dans les années mille trois cents. J’ai déjà été, dans ma belle jeunesse, ce que vous appelez un humain. Ma renaissance a eu lieu quand j’avais à peine touché mon dix-huitième anniversaire de naissance. C’était dans une maison de débauche. Je dois avouer que je n’ai jamais su être fidèle, peut-être quelque chose que j’ai hérité de mon abominable père. C’était seulement la troisième fois que je franchissais cette porte. Malgré tout, ma femme je l’aimais du plus profond de mon âme, elle était tout pour moi. Même si ce n’était pas ma première fois, j’avais des remords en repensant à ma femme Mara qui m’attendait sagement à notre domaine, croyant que j’étais à la chasse. Une des putes qui étaient là, cette soirée là m'a mordu à la nuque quand on était au lit. J’aurais été loin de me douter que c'était pour me vider de mon sang, mais avec le sursaut que j’ai fait à ce moment, des tas de remords sont revenus tous au même moment, alors je me suis levé brusquement, j'ai pris mes habits et franchis la porte.

Elle riait d’un rire cynique et à la fois hautain et méprisant, je croyais qu’elle était folle. Mais je n'allais plus remettre les pieds ici. Marchant d'un pas rapide, la main dans mon cou à cause de la douleur, je fus dégoûté d’apercevoir mes mains ensanglantées. Mes vêtements, mes cheveux longs maintenant en broussaille étaient de cette même couleur. À la vue de tout ce sang, ma tête s’est mise à tournoyer. J'avais des hallucinations et des délires fantasmagoriques. Je suis tombé au sol, j’essayais de me relever, tant bien que mal, mais j’imaginais encore cette femme rire sans aucune explication logique. J’imaginais aussi ma femme, déformée par ma vision, maintenant floue. J’avais soif, terriblement soif. Ma bouche était sèche. J’avais besoin de m’abreuver et ça au plus vite.

Imaginez ma stupéfaction en me levant le matin, dans mon lit à côté de ma femme, croyant que tout cela n'était qu'un cauchemar. J’étais apaisé. Un homme doit se faire fidèle dans la maladie comme dans la mort. Je l’ai choisi, de faire ce solennel échange, le jour de notre mariage. La main sur mon front rempli de sueur et l’autre sur ma femme, j’entrouvris les yeux.

J’avais envie de vomir. Rien de pire n’aurait pu m’arriver. Mon destin s’était effondré là, sous mes pieds, pendant cette nuit. Ma femme dormait les yeux ouverts, sa robe de nuit immaculée de sang, son petit corps n’ayant plus rien de vivant. Je ne pouvais tout simplement pas y croire. Mon être rempli de désespoir, ma destinée sur mes genoux, je me balançais d'avant en arrière en pleurant tout ce que j’avais dans le corps. Le spectacle n’était pas agréable à voir, le lit de draps blancs était tel une charcuterie. Je pensais ne plus jamais m’en remettre.

En fait, cette même journée, à peine levé du lit, j’étais dans la salle de bain, une lame au poignet. Pas besoin de vous dire que j’ai raté mon coup. En fait, à chaque fois que je me faisais une entaille, celle-ci saignait à peine et se refermait comme par enchantement. J’étais désespéré. Je souhaitais rejoindre mon épouse. Je me sentais terriblement coupable de ce crime. En me remémorant ce cauchemar, je me voyais adoucir ma soif en la vidant de tout son sang.

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Visitoramus
01/03/2024 à 22:16

Enchantée Florin vilain garçon ! Moi c'est Francia 🤪

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Happiness
01/03/2024 à 23:36

l'histoire d'un vampire nommé Florin Petru. Qui se promène dans la ville en quête de sang, exprimant son dégoût envers les humains tout en se remémorant son passé tragique, notamment la mort de sa femme. Malgré ses remords, il est obsédé par sa soif de sang.

Chapeau Montana

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Montana
02/03/2024 à 20:12

Merci Happiness, tu vois ce texte ta plu, les autres que j'écrit, vont aussi te plaire, peut être différemment. Mais tu l'as bien résumé.

Un grand merci de l'avoir lu entièrement.

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Reloteb
04/03/2024 à 20:10

Comme d'habitude. C'est super !

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Montana
04/03/2024 à 20:13

Merci Reloteb d'avoir lu mon texte et de l'avoir apprécier.

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Reloteb
04/03/2024 à 20:23

Citation de Montana #500601

Je me demande si en donnant tes écrits à une intelligence artificielle. Elle deviendrait une IA de lettres pouvant faire des livres achetables dans une librairie.


Après les hommes et femmes de lettres. Les IA de lettres. Tu n'aimerais pas lancer le mouvement ?

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Montana
06/03/2024 à 20:10

Pas vraiment Reloteb.



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