Y a-t-il une vie après la haine ? Une culture du vivre ensemble est-elle possible au-delà du conflit ?
Peut-on envisager un futur apaisé après une guerre, quand les bâtiments et l'esprit des gens sont détruits ?
Si oui, comment rendre cela accessible ? Comment faire de cette intention une réalité ?
Avant d'écrire ci-dessous votre avis sur cette question, accepteriez-vous de visionner le film intitulé "Nous tous"
(il s'agit d'un film documentaire (de 1h30) de Pierre Pirard, qui a été projeté dans 87 villes de 52 pays il y a 2 ans) ?
-> https://www.youtube.com/watch?v=uMsG81QVgIo
Ma demande d'aide porte sur la manière d'étendre cette réflexion le plus largement possible.
D'avance merci pour votre contribution à ce sujet qui concerne directement la communauté LGBTQIA+
Citation de Anonyme #509246
De tout temps on a vécu avec des vagues de haine et des pauses devant l'incohérence de celles-ci.
De tout temps il y a eu des bourreaux et des victimes, des personnes qui tendent des ponts entre les communautés et d'autres qui les fond exploser.
Quand on construit un pont cela prend du temps pour le faire exploser cela prend une seconde.
Tout les bâtisseurs de pont savent que leur ouvrage est fragile. Et pourtant ils avancent prennent des risques, reçoivent des coups et parfois payent de leur vie leur effort
De tout temps la haine d'une poignée d'individu arrivent par la peur de l'autre à manipuler des foules, hier c'était les juifs aujourd'hui c'est les musulmans, les trans.
Le schéma est toujours le même on prend un cas pour en tirer des généralités et attiser la haine.é
Notre seul espoir c'est l'éducation, l'intelligence qui peut nous préserver de cet obscurantisme.
J'ai trouvé ce documentaire très intéressant tout particulièrement avec la différence entre les chimpanzés et les bonobos.
🏴
(Pour suivre)
il y a toujours des personnes qui se battent pour la paix et la mixité, mais malheureusement, la paix est bien plus fragile que la guerre, ce qui rend ces efforts de paix et savoir vivre ensembles difficile à mettre en place
il faudrait arrêter de révolutionner car on repart sans cesse sur les mêmes erreurs, mais il faudrait enfin penser à évolutionner
Citation de Anonyme #509246
Pour répondre à ta question : non.
L’humain aura toujours besoin de hiérarchie pour être reconnu et donc sera prêt à écraser l’autre sous de faux prétextes. Nos sociétés se sont bâties ainsi.
Merci pour vos contributions. Ce long reportage à la recherche de bâtisseurs de paix sur presque tous les continents a été bouleversant pour moi et je n'ai pas pu retenir mes larmes devant l'extraordinaire courage de ces personnes aussi humbles que téméraires, en Bosnie, au Liban, au Sénégal,... Je compte le regarder à nouveau dès que possible pour prendre des notes (ce que je n'ai pas fait au premier visionnage) et m'imprégner de ce vent d'optimisme au milieu des cyclones médiatiques qui poussent à l'inertie, la paralysie, au défaitisme. Un documentaire aussi rare qu'un joyau émergé d'une flaque de boue ✨
Citation de Anonyme #509321
Citation de Némésis Inu #509280
j'invite vraiment toutes les personnes qui ont un peu de temps à visionner la video que j'ai mis en lien.
L'expérience des renards est également intéressante.
On voit également que les germes de l'agressivité sont contenus dans l'éducation de nos garçons.
Le combat des féministes matérialistes n'est elle pas une issue possible.
Citation de Anonyme #509321
Bonsoir,
J'avais mis un petit drapeau (et pas des moindres) pour suivre car je trouve le sujet et la manière dont vous l'amenez très intéressants. J'ai regardé le documentaire; je l'ai trouvé très bien réalisé et touchant. En cela, merci.
J'ai pris certaines de vos questions comme bases de réflexion en essayant néanmoins de graviter autour des séquences du documentaire.
« Peut-on envisager un futur apaisé après une guerre, quand les bâtiments et l'esprit des gens sont détruits ? »
J’ai souri en découvrant que le documentaire prenait comme terre de départ la Bosnie-Herzégovine.
J’ai voyagé dans toute l’ex-Yougoslavie et l’endroit qui m’a le plus saisie est justement Sarajevo; je suis littéralement tombée amoureuse de cette ville (bon et de Mostar aussi).
Sarajevo est l’exemple par excellence pour répondre à cette première question. Je me souviens avoir ressenti la paix, dans toute son essence, chaque fois que je me réveillais en entendant simultanément le chant de l’appel à la prière en haut du minaret et la symphonie des cloches de l’église située à quelques mètres. Il y a quelque chose d’assez inédit et d’incroyable dans cette ville, à commencer par cette ligne blanche fictive apposée au sol ayant vocation à séparer le quartier musulman du quartier chrétien. Comme si ce simple trait résolvait l'équation de la cohabitation de deux confessions a priori ennemies; alors que tous les fidèles se mélangent et coexistent dans toute la ville au quotidien, sans plus porter attention à cette démarcation de fortune. Certains murs portent encore les stigmates et les plaies d’une guerre traumatisante, mais c’est comme si l’ébullition de la vie à Sarajevo avait permis au lieu de sortir du sinistre et de devenir un lieu fraternel.
En tout cas et s’agissant de la religion, laquelle participait aux tensions dans les années 90, je peux dire que j’ai ressenti sur place ce que voulait dire « la paix des peuples ».
Pour autant, dans les pays voisins il y a encore énormément de tensions et de rancoeurs; j’ai eu le sentiment d’être dans une paix artificielle et extrêmement fragile notamment en Serbie et en Croatie. Je pense qu’il y a des peuples qui ne se relèveront pas d’aussitôt; et ce n’est pas grave en soi.
Selon moi, l’apaisement des peuples est un véritable travail de reconstruction, de guérison et de réparation. Rétrospectivement et au travers d’exemples historiques et géopolitiques, j’ai le sentiment que cela doit passer par la reconnaissance de la souffrance et du statut de victime, par la guérison des traumatismes tant individuels que collectifs, par la réparation de ses atteintes matérielles et psychologiques tant que cela est possible et bien souvent par la sanction pénale des bourreaux (pour les exemples, voire notamment les procès de Nuremberg, les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie, TPI pour le génocide rwandais, les chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens pour les Khmer, le tribunal spécial pour la Sierra Leone etc…).
Il arrive que tous ces éléments ne suffisent pas. Le fiel de la vengeance nourrit les racines depuis trop longtemps; il ne faut pas négliger le fait que les blessures, les traumatismes et la colère se transmettent d’une génération à l’autre, parfois sur des siècles. Cela donne lieu à un sentiment très fort chez les héritiers d’une culture selon lequel il faut « venger ses ancêtres », « venger l’honneur de son pays ». Je ne me positionnerai pas sur la légitimité de ces raisonnements, mais l’idée est de rappeler que cultiver nouvellement la paix se heurte bien souvent à la défense d’une culture existante que l’on a considéré insultée, humiliée et attaquée.
Je pense qu'un futur apaisé post-guerre est de toutes évidences possible, mais cela nécessite davantage qu’une reconstruction matérielle ou qu’un travail sur l’esprit; c’est de l’ordre de la guérison et de la nécessité d’être restauré dans tout ce que l’on est en tant qu'individu et en tant que peuple. Je ne sais pas si pardonner aux responsables est véritablement libérateur, il y a là encore une sacralisation du "pardon" que je trouve parfois malsaine. J'entends que chez certaines victimes cela participe à l'apaisement, le témoignage de l'un des intervenants dans le documentaire en est l'exemple. Mais ce n'est pas toujours possible et ériger le pardon en élément clé de la restauration du soi peut faire culpabiliser certaines victimes qui n'y parviennent pas. Je pense que l'apaisement peut se construire par un éventail d'autres biais.
« Une culture du vivre ensemble est-elle possible au-delà du conflit ? »
Je pense que c’est une (grosse) erreur d’associer le conflit et l’impossibilité de vivre ensemble. L’un n’est pas exclusif de l’autre.
Je remarque souvent une espèce d’aversion pour le conflit, la confrontation, les tensions, les clash... Comme si c’était par définition mauvais, qu’il fallait obéir à une sorte de culte du calme, être toujours linéaire, paisible, ne jamais ressentir de colère et encore moins l’exprimer. Je trouve cela terrible.
Cultiver le vivre ensemble doit justement passer par le fait d’accepter que d’autres pensent différemment de soi et que ses propres idées puissent être débattues (et combattues). C’est le propre de toutes sociétés démocratiques : chacun se construit un idéal de société et le met en perspective avec les idéaux des autres; il y a nécessairement affrontements et je ne vois pas ce qui justifie que cela se fasse forcément de manière apaisée, avec le sourire et modérément. Les idées ne se détachent pas toujours des émotions, débattre c’est aussi cela; crier, pleurer, jurer (…) et là encore ce n’est pas grave.
En cela, ni le conflit en tant que tel, ni ses manifestations ne sont péjoratifs ou à éviter, au contraire. Dans l’absolu, cela doit rester une guerre intellectuelle et ne pas dégénérer ou se réduire en combat de l’affect (haine, peur, fanatisme…). Je ne vois donc pas le conflit comme une entrave à la possibilité de vivre ensemble; car vivre ensemble suppose selon moi nécessairement des conflits.
S’agissant de la culture du vivre ensemble, dès l’ouverture du documentaire, le sociologue Benoit SCHEUER met en lumière une mécanique que je trouve très très (très) vraie; il décrit les dérives de la pensée idéologique devenue banalisée, que l’on retrouve chez la majorité des politiciens. Selon lui, les idéologies actuelles fabriquent des identités fermées tout en désignant des bouc émissaires; cela a pour conséquences de jouer sur la peur de l’autre; cette peur devient le ciment d’une pensée commune.
Il ajoute que cette pensée essentialise l’autre; elle le déshumanise. Qu’il s’agisse du musulman, du juif, de l’homosexuel, du réfugié ou de l’immigré, celui-ci est réduit à un seul aspect. Il n’a plus d’identité, il n’a pas de personnalité, ni de caractère, ni d’histoire, il est réduit au seul trait que l’on considère comme problématique et cela mène fatalement à l’idéologie meurtrière : il est plus facile de penser que l’on tue un trait individuel que de se dire que l’on tue l’autre dans son ensemble.
Je trouve la logique de Benoit SCHEUER extraordinairement bien amenée, au delà d’être tangible.
La peur de l’autre; et plus largement la peur de l’altérité, est un préalable classique à l’essentialisation, laquelle mène automatiquement au rejet et justifiera in fine la violence.
Par ricochet, travailler sur ces peurs est nécessairement le préalable du vivre ensemble, avant même de le penser en tant que culture. Je pense sincèrement que c’est incontournable.
Je me suis demandée s’il était possible d’ériger une culture du vivre ensemble.
On trouve un panel de définitions de ce qu’est la culture, d’autant plus si on l’appréhende dans son sens large ou dans son sens stricte.
Personnellement, je prends généralement celle de la Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles (Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 août 1982) car elle est justement très large :
«La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»
Je pars du principe qu’absolument tout élément, toute valeur ou tout principe peut intégrer un système de pensées et de pratiques formant à terme une culture. Partant, je ne vois pas ce qui ferait objectivement obstacle à créer, renforcer ou alimenter une culture du vivre ensemble en passant par les canaux mentionnés dans la définition. Pour autant, je ne sais pas dans quelle mesure cela est possible en pratique.
Le propre de la culture est qu’elle soit partagée par le plus grand nombre, cela suppose que le « vivre ensemble » soit diffusé, prêché et popularisé par l’éducation, par les institutions, par les arts, par le droit, par toutes les composantes de l’environnement. Si certains domaines oeuvrent sans aucun doute à cela, d’autres sont gangrénés et prennent des directions totalement opposées (poke le libéralisme). Comme cela a été dit, tout ceci est politique. Nous sommes la politique et cela ne se limite pas au vote. Vivre ensemble suppose d’abord de sortir des peurs et d’en avoir envie; tout démontre que nos sociétés invitent au repli sur soi, s’ouvrir au monde et aux autres devient au contraire un véritable acte de résistance.
Au libéralisme et au repli sur soi s’ajoute la question du nationalisme, celle du culte de l’identité nationale. Déjà enfant j’étais mal à l’aise avec tout cela. Le culte du drapeau, de l’hymne, de l’uniforme, c’est encenser un territoire et tout un arsenal symbolique qu’on lui a ajouté. J’ai toujours eu du mal à admettre que l’on puisse faire prévaloir du symbolisme sur des vies humaines. Le nationalisme uniformise, cela crée une appartenance; le revers étant au mieux la méfiance, au pire le rejet de tout ce qu’il n’absorbe pas. Il m’apparaît difficile de cultiver un vivre ensemble dans un pays comme la France, si l’on ne questionne pas la place, la fonction et les effets du nationalisme.
Ce qui me rassure, c’est l’existence de celles et ceux que vous appelez « les bâtisseurs de paix ». Cette locution me fait sourire, car mes bâtisseurs de paix ne sont peut-être pas les vôtres; ils convergent pourtant vers une société plus égalitaire, plus libre, davantage bienveillante et dans laquelle vivre ensemble serait possible.
J’ai envie d’ouvrir la réflexion en questionnant ceci : qui sont finalement ces personnes qui bâtissent la paix et surtout comment bâtit-on la paix ?
Faut-il, pour obtenir la paix, combattre l’injustice, les inégalités, les oppressions sans nécessairement s'en défendre ? auquel cas, y’a t-il une manière plus légitime qu’une autre de se défendre face à tout cela ? Un bâtisseur de paix est-il nécessairement celui ou celle qui oeuvre de la même façon que les intervenant.es dans le documentaire, c’est à dire pacifiste, calme, « anonyme » ?… Peut-on cultiver la paix et le vivre ensemble sur un sol labouré par la haine, la division et la violence depuis des siècles ? Et puisque l’on est dans le discours imagé, faut-il dégager le terreau gangrené par la haine à coup de pelle pour y mettre le nouveau terreau sain ou faut-il gentiment parsemer le terreau florissant sur les couches putrides de l’ancien ?
De mon regard, les deux sont légitimes et non-exclusifs l’un de l’autre, les deux sont nécessaires. On recourt en certains endroits à la première méthode, à d’autres lieux on utilise la seconde. Parce que je considère qu’aucun profil ou type de militant n’a le monopole de la bonne manière de bâtir la paix. Lutter pour le vivre ensemble suppose différents moyens de luttes; je n’oppose pas ces moyens, j’y vois une complémentarité. L’Histoire démontre d’ailleurs que les bâtisseurs d’un monde plus juste n’étaient pas tous des icônes de sérénité : en matière d’égalité, je pense à certaines féministes que l’on ne verra jamais dans ce type de documentaire car elles n’entrent pas dans « les références légitimes » (poke Bourdieu), dans le domaine du travail, je pense aux enfants de Proudhon et de Bakounine, à l’anarcho-syndicalisme, aux révoltes insurrectionnelles des trois glorieuses, dans le domaine des libertés, je pense aux putsch et coups d’états sanglants, aux communards ou à toutes autres personnes qui n’entrent pas dans le portrait commun et modéré que l’on se fait du bâtisseur de paix.
Pour finir, dans le documentaire il est envisagé d’aller au delà de vivre ensemble pour « faire ensemble ». Je pense qu’en l’état actuel des choses, parvenir à vivre sereinement et librement au contact des uns et des autres est un défi suffisamment colossal; sans doute sera-t-il possible de « faire ensemble » lorsque les peurs auront cédé devant une vision plus humanisante de qui est l’autre, c’est à dire de voir, de palper sensiblement et de découvrir ses ressources, ses forces, sa valeur, ses qualités et faiblesses, son histoire; autant de prérequis pour le considérer comme un allié ou un ami.
Citation de HarmoniqueOn voit également que les germes de l'agressivité sont contenus dans l'éducation de nos garçons. Le combat des féministes matérialistes n'est elle pas une issue possible.#509327
Intéressant 🐼
Je vais regarder ce documentaire, Arte ne me déçoit jamais en la matière...
pour te repondre ont ne peux pas vivre sans les autres ni ensemble c’est souvent un éqjilibre instable entre les 2 donc forcément c’est le bordel
et pis c’est tout xD
Bonsoir les amis. J'ai eu plaisir à vous lire, et j'ai préféré attendre d'avoir le temps de tout voir et écouter avant de vous répondre.
@Coret :
« Vivre ensemble, améliorer les relations, c'est possible si on travail pour. Mais ce n'est pas dans les priorités politiques. »
? Oui ! Et c'est pourquoi souvent il vaut mieux que les citoyens s'emparent de la question sans attendre que ça vienne d'en haut
@Harmonique :
« la haine d'une poignée d'individu arrivent par la peur de l'autre à manipuler des foules »
« Notre seul espoir c'est l'éducation, l'intelligence qui peut nous préserver de cet obscurantisme. »
? 100 pour 100 d'accord avec toi
« J'ai trouvé ce documentaire très intéressant tout particulièrement avec la différence entre les chimpanzés et les bonobos. https://youtu.be/EKsOzeKuplk?si=JvltbCn3sWKrp809 »
? Oui, ce documentaire d'Arte « L'humain est-il méchant par nature ?» est intéressant à voir et pas très long (24mn), et l'exemple d'un matriarcat paisible chez les bonobos est parlant comme tu dis
« On voit également que les germes de l'agressivité sont contenus dans l'éducation de nos garçons. »
? En effet ! D'où la pertinence d'envisager autrement notre façon d'élever nos enfants
@Nozomi-San :
« il faudrait arrêter de révolutionner car on repart sans cesse sur les mêmes erreurs, mais il faudrait enfin penser à évolutionner. https://www.youtube.com/watch?v=QAe4vyDOccU »
? Tout à fait, prendre du recul pour analyser nos erreurs et apprendre d'elles serait une utilisation pertinente de notre faculté d'analyse et nous ferait mériter d'être qualifiés comme des êtres 'humains' et 'intelligents'. Et comme le dit Anonyvox dans « Un monde meilleur » : « le monde, on peut le changer ». Tu as l'art de trouver la chanson juste pour illustrer ton propos, comme avec « Une seule humanité » de Kény Arkana que tu m'as fait découvrir.
@Némésis Inu :
« Pour répondre à ta question : non. » « Nos sociétés se sont bâties ainsi. »
? L'histoire de l'aventure humaine compte en effet de nombreux exemples de sociétés basées sur la domination. Cela implique-t-il selon toi qu'aucun changement n'est envisageable, que nous sommes impuissants, condamnés à la répétition de nos erreurs passées ?
@Nujabes :
« J’ai voyagé dans toute l’ex-Yougoslavie et l’endroit qui m’a le plus saisie est justement Sarajevo; » « Je me souviens avoir ressenti la paix, dans toute son essence » « tous les fidèles se mélangent et coexistent dans toute la ville au quotidien » « j’ai ressenti sur place ce que voulait dire « la paix des peuples ». »
? Merci pour ce beau témoignage, qui nous transporte là-bas par la magie de tes mots
« Selon moi, l’apaisement des peuples est un véritable travail de reconstruction, de guérison et de réparation. » « j’ai le sentiment que cela doit passer par la reconnaissance de la souffrance et du statut de victime, par la guérison des traumatismes tant individuels que collectifs, par la réparation de ses atteintes matérielles et psychologiques tant que cela est possible et bien souvent par la sanction pénale des bourreaux »
? Oui, infiniment oui ! Dans les cas les plus graves, ça semble être salutaire, vivifiant de refaire circuler une parole qui nomme ce qui s'est passé et les lois enfreintes.
« cultiver nouvellement la paix se heurte bien souvent à la défense d’une culture existante que l’on a considéré insultée, humiliée et attaquée. Je pense qu'un futur apaisé post-guerre est de toutes évidences possible, mais cela nécessite davantage qu’une reconstruction matérielle ou qu’un travail sur l’esprit; c’est de l’ordre de la guérison »
? Un grand oui : il y a deux démarches chacune nécessaire : d'une part nourrir / restaurer sa propre culture (ce qui peut s'apparenter à une lutte identitaire, pour la faire survivre ou empêcher l'assimilation) / et d'autre part bâtir des ponts pour aller à la rencontre de l'autre (ce qui demande davantage de maturité, renoncer à le diaboliser ou à se croire supérieur à lui) : c'est là que naît le vivre ensemble, un début de culture de paix
« Je ne sais pas si pardonner aux responsables est véritablement libérateur, il y a là encore une sacralisation du "pardon" « certaines victimes (...) n'y parviennent pas. » « l'apaisement peut se construire par un éventail d'autres biais. »
? Oui ! D'où l'intérêt de la justice restaurative, car le vivre 'ensemble' est impossible à réaliser 'tout seul' !
« Je pense que c’est une (grosse) erreur d’associer le conflit et l’impossibilité de vivre ensemble. L’un n’est pas exclusif de l’autre. »
? Oups, je me suis mal exprimé : je parlais de conflit armé, comme en Ukraine ou en Palestine, pas du conflit démocratique entre des idées, entre les gens
« une espèce d’aversion pour le conflit, (…) une sorte de culte du calme, (…) ne jamais ressentir de colère »
? C'est le contraire de la CNV (« communication non-violente »), qui vise à exprimer pleinement son ressenti !
« accepter que d’autres pensent différemment de soi et que ses propres idées puissent être débattues (et combattues). »
? Heureusement : il n'y a pas de paix possible dans la pensée unique !!!
« il y a nécessairement affrontements » « cela doit rester une guerre intellectuelle et ne pas dégénérer »
? Oui, tant que les affrontements restent des joutes verbales et non des tirs de scuds !
Selon [Benoit SCHEUER], les idéologies actuelles fabriquent des identités fermées tout en désignant des bouc émissaires; cela a pour conséquences de jouer sur la peur de l’autre » « cette pensée (...) le déshumanise. (...) il est réduit au seul trait que l’on considère comme problématique » « la peur de l’altérité (...) mène automatiquement au rejet »
? Tu as parfaitement résumé la problématique qui empêche les gens de vivre ensemble sereinement !
« travailler sur ces peurs est nécessairement le préalable du vivre ensemble, avant même de le penser en tant que culture. Je pense sincèrement que c’est incontournable. »
? 100 pour 100 d'accord avec ça
« je ne vois pas ce qui ferait objectivement obstacle à créer, renforcer ou alimenter une culture du vivre ensemble en passant par les canaux mentionnés dans la définition. Pour autant, je ne sais pas dans quelle mesure cela est possible en pratique. » (...) « aller au delà de vivre ensemble pour « faire ensemble » lorsque les peurs auront cédé »
? Effectivement, dans le documentaire de Pierre Pirard, on voit bien que lorsque des personnes décident de 'créer, renforcer ou alimenter une culture du vivre ensemble' (faire du sport ensemble, du graphisme ensemble, etc...) par-delà les frontières des communautés, même dans un contexte tendu, les obstacles deviennent surmontables.
« Le propre de la culture est qu’elle soit partagée par le plus grand nombre, cela suppose que le « vivre ensemble » soit diffusé, prêché et popularisé par l’éducation, par les institutions, par les arts, par le droit, par toutes les composantes de l’environnement. » « Vivre ensemble suppose d’abord de sortir des peurs et d’en avoir envie; (...) nos sociétés invitent au repli sur soi, s’ouvrir au monde et aux autres devient au contraire un véritable acte de résistance. »
? On est bien d'accord !!!
« Au libéralisme et au repli sur soi s’ajoute la question du nationalisme, celle du culte de l’identité nationale. » « Le nationalisme uniformise, cela crée une appartenance »
? Ça ne devrait pas être un 'culte', mais juste une culture, une appartenance culturelle, une simple référence : 'voilà comment on cuisine là où je suis né, voilà comment on danse, comment on chante par chez moi'. Plusieurs appartenances peuvent cohabiter en chacun, être italien, être d'origine africaine, être sportif de haut niveau, être défenseur des droits des animaux, être militant LGBT+, etc...
« Ce qui me rassure, c’est l’existence de celles et ceux que vous appelez « les bâtisseurs de paix ». Cette locution me fait sourire, car mes bâtisseurs de paix ne sont peut-être pas les vôtres; ils convergent pourtant vers une société plus égalitaire, plus libre, davantage bienveillante et dans laquelle vivre ensemble serait possible. »
? C'est tout l'intérêt de la l'unité dans la diversité - que les démarches et actions vers la paix des uns diffèrent de celles des autres : viser une meilleure entente, un peu plus d'harmonie, par 10001 chemins, ce sera déjà très bien !
« Faut-il dégager le terreau gangrené par la haine à coup de pelle pour y mettre le nouveau terreau sain ou faut-il gentiment parsemer le terreau florissant sur les couches putrides de l’ancien ? » « les deux sont légitimes et non-exclusifs l’un de l’autre, les deux sont nécessaires »
? Oui, ne pas laisser les sirènes de la bien-pensance diaboliser et réduire au silence ceux qui crient une vérité trop longtemps étouffée (sinon c'est à qui aura la 'façade' la plus illusoire) / et ne pas laisser ceux qui usent de violence comme principal moyen de communication dénigrer et réduire au silence ceux qui usent de plus de douceur, en les traitant de 'bisounours' (sinon c'est à qui criera le plus fort) : le vivre ensemble, ça demande de la bonne volonté, de la remise en question et des efforts à tout le monde, pas seulement à telle ou telle catégorie de population.
@Ocean Waves :
« Je sais que la communication non-violente aide beaucoup. »
? Oui, pile poil, on est au cœur de « l'éducation à une culture de paix » !
@The Blob :
« pour te repondre ont ne peux pas vivre sans les autres ni ensemble c’est souvent un éqjilibre instable »
? Hihihi, c'est vrai ! C'est la Voie du Tao : un subtil mélange de yin et yang, perpétuellement changeant...
Citation de Anonyme #509246
Bonjour Anonyme 😍😍
Pour répondre à vos questions, ça ne va pas être simple..
Je n ai pas encore vue le documentaire, mais, je le regarderais plus tard...
J ignore si la Paix sera possible un jour, Puisque, les guerres avantages certaines personnes ou idéologies ou permettent de faire des profits au dépends de l humanité....
Je pense qu'il y aussi des personnes qui ont des "solutions" provisoires ou durables pour penser la Paix dans les zones de conflits et de guerres ou pour le vivre ensemble.... Mais il doit y avoir des raisons pour que l on ne trouve jamais de l'apaisement et pour que l on ne prenne jamais en compte les propositions de paix...
Les motifs de guerres sont tellement variées que je ne pense pas qu ils soient possibles de trouver la paix partout .... Surtout, lorsque nous constatons tous et toutes que nous vivons dans un monde de fous dans des sociétés sans guerres et que l on a du mal à s entendre sur les réalités visibles ou pas....
Je me demande même , s il y a déjà Existé un jour sans guerre dans le monde et quel que soit les époques ?
Devant des fusils , y a seulement des rapports de forces et je ne crois pas à la communication devant de l artillerie.... La force n est pas du côté des bons raisonnements, les armes intellectuelles ne font pas le poids devant des mitrailleuses....
Donc après des guerres, les atrocités ne s oublient pas et par conséquent, il faut pas mal de décennies pour trouver de l apaisement dans les esprits et les cœurs
Exemple : imaginons que je possederais une solution de Paix grâce au super Pouvoir de la noble communication bla bla bla bla , mais, que je me retrouve à discuter avec des forcenés armés.... Baaaaah je crois que les armes de ma communication ne seront pas du tout de taille à rivaliser devant des trognes qui seraient sur le pied de guerre et qui en veulent à ma peau et à la terre entière ....
Ce que je veux dire, c est que si les armes sont inégales et que la motivation de paix n est pas un minimum existante dans le camps des guerriers, baaaaah, toutes les discussions du monde entier ne serviront pas à grand chose.... On peut être avec les meilleures intentions du monde et ne parvenir à Rien....
Pour que la Paix est une chance de gagner, il faudrait qu elle donne des Avantages Supérieurs aux Avantages qui peuvent se trouver dans la guerre et les violences.... Car ceux qui attisent et participent aux conflits, aux guerres et à un mode de vie fait de violences ne le font pas sans avoir des avantages certains ou Alors, ça relève de la folie pure et dure et là aussi, je ressens une grosse montée d impuissance devant ce genre de situations...
Mais bon, peut être qu avec une distribution de bonbons, on peut peut être parvenir à quelque chose ?
Merci pour votre post qui est fort intéressant
Je poste pour suivre et afin de retrouver les liens de vos vidéos que je visionnerai plus tard. Merci pour vos contributions en tout cas.
Citation de Anonyme #509685
Bonsoir,
Vous lire m'a fait du bien et je crois que vous avez une vision très équilibrée et juste de ce que l'on considère aujourd'hui comme des impasses; je suis d'accord avec l'ensemble de vos réponses.
Citation de AnonymeOups, je me suis mal exprimé : je parlais de conflit armé, comme en Ukraine ou en Palestine, pas du conflit démocratique entre des idées, entre les gens#509685
J'avais mal compris, je ne sais pas si cela est possible. Je ne sais pas ce que c'est de vivre en temps de guerre, il est difficile d'envisager la manière de cultiver un vivre ensemble au chaud chez moi pour celles et ceux qui subissent directement les bombes. Je crois que les pistes de réponse ne peuvent se trouver qu'en chaque peuple lui-même. Mais je trouve toujours intéressant de réfléchir à ces questions, sans nécessairement rechercher de réponses.
Citation de Anonyme Oui, ne pas laisser les sirènes de la bien-pensance diaboliser et réduire au silence ceux qui crient une vérité trop longtemps étouffée (sinon c'est à qui aura la 'façade' la plus illusoire) / et ne pas laisser ceux qui usent de violence comme principal moyen de communication dénigrer et réduire au silence ceux qui usent de plus de douceur, en les traitant de 'bisounours' (sinon c'est à qui criera le plus fort) : le vivre ensemble, ça demande de la bonne volonté, de la remise en question et des efforts à tout le monde, pas seulement à telle ou telle catégorie de population.#509685
🌼
Citation de Nujabes #509402
Je ne peux qu'applaudir à votre long post, si circonstancié et reflétant exactement ma propre pensée, donc je ne vais pas vous reprendre et vous re citer....
Il est effectivement fascinant, dans l'Histoire, que les plus grandes avancées Sociales, Humaines, en terme de Droit, de Démocratie... etc... ont toutes eu lieu pendant une période de Grouvernement extrèmement Centralisé, et quasi dictatorial. Un moyen "d'obliger" à mettre tout le monde d'accord pour enfin arriver à une Paix ? Je ne sais pas, mais je me suis souvent interrogé là dessus...
Il y a un peu là derrière la notion "d'imperator" dans le Droit Romain de la République Romaine... Considérablement déformé par la suite, dans l'Empire...