Bonjour,
Que de témoignages, que de mots échangés, que de perspectives, douloureuses, mais riches et humaines aussi !
Merci du fond du coeur à tous et toutes !
Oh là là, la surinterprétation... la moindre dispute se transforme dans ma tête en drame intergalactique. Et tout est de ma faute évidemment. On s'étonnera que j'ai été toujours très accommodante, la crème de la crème. Une vraie carpette, oui !
Des désaccords vieux de trente ans, des broutilles, tournent encore dans ma tête à ce jour.
Cependant, à force d'introspection, de réconfort aussi, j'ai changé, insensiblement, depuis quelques années. J'ai réalisé cette chose qui semblait aller de soi chez mes interlocuteurs: parfois, c'est moi qui ai raison. Ma façon de faire EST la bonne. Ils ont eu TORT. Ou bien, un compromis est trouvé, sans animosité. Et tout cela n'est pas bien grave.
Et surtout, surtout... si je me dispute avec une personne qui m'aime, pour une petite chose, un évènement anodin, ça ne change rien à l'amour qu'on me porte. J'ai le droit de commettre des erreurs. J'ai le droit, putain. ça n'est pas grave.
C'est ce droit que je ne m'accordais jamais, avant. Parce que si je me trompais, c'était la fin du monde. J'avais failli, comprenez-vous. Le pire, évidemment, c'est qu'on ne m'a jamais blâmé pour mes erreurs dans ma jeunesse. J'ai imaginé ce tissu de conneries toute seule. Les grilles de la prison de la culpabilité imaginaire, je les ai scellées moi-même.
Parce que j'avais peur, voyez-vous. Peur que tout le monde sache l'horrible vérité. Peur qu'on abandonne la fille qui n'en était pas une.
La femme que je suis à présent garde des scories de cette construction bancale. Il n'y a cependant plus de prison. Juste de vieilles peurs. Heureusement, je les possède bien plus qu'elles ne me possèdent, désormais.
Citation de Occamj #460052 J'ai le droit de commettre des erreurs. J'ai le droit, putain. ça n'est pas grave. C'est ce droit que je ne m'accordais jamais, avant. Parce que si je me trompais, c'était la fin du monde. J'avais failli, comprenez-vous.
Je suis tellement semblable !!!
Chaque erreur était une apocalypse. Bon, je suis encore pas mal comme ça, mais je me soigne. Lentement.
Parce que cette névrose de morale germanique protestante est fortement ancrée en moi.
Mais aussi parce que j'adhère toujours en partie à cette idée que sans cette culpabilité je deviendrais un gros con de mâle dominant imbu de lui-même manipulateur et tout ça.
Ça se superpose magnifiquement avec ma dysphorie de genre ! 😁
Dis-moi, Occamj, tu n'aurais pas été de ces élèves toujours désireuses de bien faire ? Tétanisée à l'idée de décevoir, de mal faire, tout ça ?
Histoire de savoir si en plus de l'usage de pusillanime, d'un penchant scientifique (j'ai fait maths sup à la base), et de notre crainte devant l'amour des autres, on a encore d'autres petits travers communs ?
Citation de Deelinph #460070 Même sur Beto, lorsque j'entame un mp avec une personne que j'apprécie (je précise) j'ai l'impression d'être en trop.
C'est vrai que cela aurait plus de sens si je continuais mes conversations avec toi tout seul... 🤔🙄🙃😂😁
Comme ça tu me contredirais moins !
Après, provocation lutine mise à part, oui, effectivement, cela peut être effrayant de se laisser aller à créer un lien avec quelqu'un, ça rend vulnérable. Et comme tu le dis si bien, plus on se sent proche plus le prix d'être désaimée sera lourd, douloureux, déchirant.
Et en même temps, cela fait tellement de bien de se sentir comprise, ou moins seule sur une manière de voir, de sentir un moment de connivence.
Surtout si on se sent sur le fil. Si on ne sait pas comment il faudra nous ramasser en cas de rejet.
Je comprends.
Dis-moi, Occamj, tu n'aurais pas été de ces élèves toujours désireuses de bien faire ? Tétanisée à l'idée de décevoir, de mal >faire, tout ça ?
Histoire de savoir si en plus de l'usage de pusillanime, d'un penchant scientifique (j'ai fait maths sup à la base), et de notre >crainte devant l'amour des autres, on a encore d'autres petits travers communs ?
Oui, damned, je suis démasquée. ça ne m'a pas tétanisé, car j'ai eu la chance de naître avec le cerveau approprié pour réussir brillamment ma scolarité... j'ai eu la tête dans le guidon des études de 7 à 26 ans, en effet. Avec le recul, j'aurais du faire ça un peu plus cool. Bref, ce qui est fait... je ne regrette pas, ça me permet de côtoyer des gens très brillants (et comme il se doit, je me sens en totale position d'imposture... un grand classique).
Cela peut être effrayant de se laisser aller à créer un lien avec quelqu'un, ça rend vulnérable. Et comme tu le dis si bien, plus >on se sent proche plus le prix d'être désaimée sera lourd, douloureux, déchirant.
Hé bien, figurez-vous que la vie a mis sur mon chemin l'antidote à ce sentiment de vulnérabilité que tu décris si bien: une personne qui m'a juré, les yeux dans les yeux, amour éternel et assistance inconditionnelle. Comment puis-je être certaine qu'elle sera là pour toujours ? Je ne peux le dire. Mais cette personne-là, voyez-vous, je la crois. Peut-être est-ce de l'aveuglement, peut-être ai-je désespérément besoin de le croire. Cependant, il me semble bien que non.
Il y aura probablement encore des angoisses ici ou là. Quelques naufrages de l'âme. Mais son phare brille dans la nuit de mon éternité.
J'aurais une question sur les âmes qui rôdent en ces terres d'imposture, de doute, de fragilité, d'effroi et d'image cruelle de soi : votre angoisse d'abandon, que nous partageons frères et sœurs des grises landes du mal être, est-elle liée à un fort besoin de communion, de connivence, d'acceptation, de compréhension ?
La créature désarticulée que je suis, sombre et solaire à la fois, a ce besoin viscéral, profond, effrayant par sa force d'être accepté comme l'anomalie masculine féminine qu'il est, comme la drôle de chose intello et fragile qu'il est. Que quelqu'une voit sa nature profonde et lui dise : c'est ok. Je te garde quand même petite fleur tourmentée et étrange. Ne t’inquiète pas, cela me va.
Une envie, un besoin qui effraient par leur intensité et qui paradoxalement m'ont souvent poussé à esquiver, ne pas me lancer. Qui nourrissent ma peur d'abandon par l'intensité même de ce besoin en moi. Parce qu'il est angoissant de sentir pareille vulnérabilité, pareille fragilité.
Je crois qu'une fois de plus, c'est Deelinph, qui par ses réflexions me met sur la voie de cette interrogation intérieure, de cette introspection. C'est décidément une muse psychique bien singulière que cette demoiselle...
Et je me demande si ce n'est pas en prise direct avec mon côté romantique, demi-sexuel comme on dit en ces terres.
Cette impossibilité de m'offrir si je ne ressens pas une parenté d'âme profonde avec ma partenaire, une connivence, un pont de lumière.
Comment s'offrir autrement qu'en s'abandonnant, en faisant le grand saut.
En espérant de cette union des corps, une sorte de ballet magique. D'harmonie féerique. Une fusion. Un abandon mutuel?
Ma première expérience fut un désastre.
Je m'offris pour répondre au besoin de ma partenaire, pour lui complaire, parce qu'elle insistait, désirait, voulait, était pressée. Parce que j'avais peur qu'elle m'abandonne, ne se lasse.
Ce fut douloureux.
Il est douloureux de chercher la fusion, même maladroitement, mais de se sentir surtout oppressé, un peu usé...
Il est des êtres qui sont certainement plus à l'aise avec leur corps, leurs désirs, qui auraient su mieux gérer tout ça.
Moi. Cela m'a juste dévasté.
Avant que l'on ne me jette sur le bas côté.
J'aurais dû résister plus. Mais bon, moi, je ne fais pas vraiment partie des balèzes. Ou alors seulement quand ce n'est pas moi que je défends, là, oui, je peux être balèze.
Mais au-delà de ma petite expérience personnelle, dites-moi, esprits avisés, votre effroi d'abandon, fut-il lui aussi lié à un besoin de communion autant sexuel que spirituel et émotionnel ?
Ou est-ce qu'il se construit autrement ?
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Citation de Deelinph #460241 Tu es bien la seule créature étrange à penser ça...
Oh, tu sais, cela fait bien longtemps que j'ai conscience de mon statut d'anomalie en ce monde. ^^
Pour le reste, nous sommes en bonne partie sur ce thread une belle bande de poupées défectueuses. On pourrait se constituer en sororité punk ! 😄 😎
Je me reconnais dans pas mal des témoignages. Après, il y a plusieurs niveaux dans cette peur de l'abandon.
Je coche pas de cases du post d'ouverture.
Perso, je dédeste les conflits. J'ai tendance à dire "oui" ou "d'accord" pour éviter le conflit, que la personne se fache et me ghoste de sa vie. J'ai souvent peur de contredire un proche, d'affirmer une opinion "impopulaire", de m'affirmer de peur qu'il "m'abandonne". Pour moi, cette peur de l'abandon va de pair avec une difficulté d'aller vers les autres, d'engager la conversation avec des inconnus (l'impression de géner, d'être de trop) et une confiance en moi proche de 0, ce qui peut accentuer la peur de l'abandon au final je pense. Tout ça peut être lié. Peut être que j'évite d'aller vers les autres par peur du rejet ou de l'abandon après une acceptation initiale.
Après je travaille sur moi. Je pense que j'ai progressé depuis quelques années, surtout grâce à mon copain. Le fait d'être en couple avec une personne qui t'aimes, qui le dit mais surtout qui te le montre m'aide beaucoup.
Sinon je sais pas trop d'où vient ce sentiment mais la réalité (cruelle pour moi) est que tout mes "amis" de la période qui va de mon école maternelle jusqu'à la fin de mes études supérieures m'ont "ghosté" tout simplement. Ça s'est pas fait violemment en régle générale, le lien se perd petit à petit, il y a distance etc Après, c'est compliqué de se faire de très bons amis à l'âge adulte (chacun a son groupe d'amis etc). J'ai le projet de me marier avec mon copain et je me suis rendu compte de la chose quand j'ai réfléchi au choix du témoin (on choisit un très bon ami en général). En fait, j'ai quasiment personne à qui choisir donc voilà.
Bref, j'avais besoin de parler un peu de tout ça. Désolé si mon post peut donner l'impression de me "plaindre".
C'est étonnant vos impressions et ressentis (peur d'être abandonnés, de ne plus être aimé, avoir du mal à se faire des amis, vouloir que tout doit être planifié, peur de faire mal faire les choses, d'être jugé, d'être totalement décalé par rapport avec la société etc...) ça me rappelle à 100% mon ex copain avec qui on a partagé 15 ans de vie. Pour moi ça n'a pas toujours été évident j'avais souvent l'impression d'être un psy, car on était tout les deux diamétralement opposés, mais d'un autre côté ce rôle d'aidant me convenait aussi parfaitement.
Mon ex était surdoué (il avait déjà sauté 2 classes avant d'aller au lycée), mais il était aussi fils unique et surprotégé par sa mère ("tout ce qu'il faisait était magnifique"). J'ai l'impression qu'un jour durant son enfance, il a comprit que même en étant surdoué et différent qu'il allait quitter ce cocon protecteur. Que dans la société l'on peut-être très doué dans certains domaines mais pas partout.
Cette hypersensibilité n'est pas évidente à gérer et accepter, il lui a fallut des années avant de comprendre notre monde et ses relations humaines. Le fait qu'on soit totalement différent nous a aussi apporté beaucoup, mais il a été obligé de sortir de sa zone de confort dans 80% du temps. Maintenant lorsque je le vois je suis fier de lui (il a un nouveau copain et fait partie des cadres dirigeants dans une grosse entreprise). La cause de ce mal être en fait n'est pas vraiment importante, le plus important c'est quoi faire pour se trouver une place plus confortable avec les autres.
Le plus important c'est de se faire violence, arrêter de penser à ses peurs mais leur faire face, prendre sur soi et faire des activités, aller à la rencontre des autres. Et ce n'est pas d'une grande évidence lorsque l'on sait que tous les autres sont différents (pas intéressants, stupides, superficiels, excentriques, extravertis...) il faut prendre conscience que des liens peuvent se créer avec une personne totalement différente en apparence. En fait patauger dans son simple sort, se plaindre d'être différent et mal aimé n'a jamais fait avancer. Par contre prendre toute son énergie, aller vers des activités, associations, métiers qui nous semblait inaccessibles fait énormément de bien et évoluer dans le bon sens.
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Citation de Sn@ilm00n #462209
😆 😊 😘
J'ai lu aujourd'hui plusieurs passages d'un livre qui ont résonné avec ce thread. Il s'agit de l'ouvrage suivant :
https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807328150-psychologie-du-haut-potentiel
Le chapitre 27 (pp. 445-458) aborde la théorie qui repose derrière les thérapies cognitives et comportementales, notamment l'idée que certains symptômes (autodévalorisation, isolement, craintes, agressivité...) d'une psychopathologie peuvent aussi être considérés "comme des comportements visant à s'ajuster à un environnement et, notamment, à faire baisser le niveau de souffrance ressenti." (p . 467)
Dans le cas qui nous intéresse, l'auto-dévalorisation peut être un comportement qui vise à rendre moins douloureux un éventuel rejet. Si on se juge soi-même très bas, on espère que l'éventuel jugement des autres sera moins impactant puisqu'il ne détruira pas une bonne image ou estime de soi.
De même une difficulté à se lier, à établir des relations peut être un moyen de réduire les chances d'être abandonné.e.
Ce ne sont pas des comportements qui visent à rendre heureux, mais à limiter la souffrance.
Et ces comportements peuvent être étayés par des raisonnements les justifiant. L'ouvrage propose un cas concret de personne HPI (Betty) fonctionnant ainsi p. 454:
a) en démontrant le peu de fiabilité des gens à travers des exemples, des récits, des faits divers, des études... Ce qui justifie le fait de ne pas prendre le risque de leur faire confiance.
b) en analysant en détail la liste de tous ses défauts, ses faux pas pour démontrer son manque de valeur. Et justifier son isolement.
c) en focalisant sur "l'atteinte de deux objectifs inatteignables qui la protègeraient à vie de la douleur de l'abandon : 1) être parfaite et 2) trouver une personne qui comblera tous ses désirs. Elle intellectualise à outrance le fait que ce qu'elle attend des autres (valorisation, amour) existe bel et bien et qu'elle a raison de l'attendre !"
"Mes seuls moyens pour que je puisse être aimée telle que je suis, c'est que je puisse être aimée telle que je suis, c'est que je sois parfaite. c'est en étant parfaite que quelqu'un m'aimera en comblant tous mes désirs. Je vais souffrir et m'isoler tant que je n'aurai pas atteint ces deux objectifs, pour ne pas être confrontée à un nouvel abandon. Tant que la vie ne comblera pas mes deux désirs, je resterai dépressive, négative."
C'est visiblement ce qu'on appelle une position pro-symptôme : un renforcement des stratégies de limitation de la douleur par un raisonnement consolidant.
Ce qui rend tout changement et transition vers des comportements plus adaptés à un certain bonheur difficiles.
Je sais que cet exemple précis ne colle pas avec toutes les intervenantes, mais il m'a semblé que ces mécanismes et ce cas méritaient d'être soumis à votre sagacité.
Et pour ma part, cela me ressemble de manière troublante.
Peut-être que mon véritable prénom est Betty, finalement ?
🤔
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Citation de Sn@ilm00n #462411
J'adore. 😂 😘
Cate, on t'attend !!!
Après, qu'on s'entende : "psychopathologie", c'est un problème psy. Pas une forme de psychopathie.
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Je trouve ce raisonnement plus qu'intéressant et s'il te trouble Narikya c'est qu'il te touche... Il s'appuie sur des faits et du concret.
Commençons par se fixer des objectifs atteignables.
Je dirais que tout objectif est réalisable mais je ne suis pas là mieux placée pour dire cela ;)
Citation de Occamj #460052
Toujours dans le même ouvrage (https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807328150-psychologie-du-haut-potentiel), j'ai déniché un autre passage qui résonne avec ton émouvant témoignage, pp. 535-536 :
L'une des autrices y donne quelques exemples de stratégies dysfonctionnelles visant à maîtriser une émotion douloureuse. Dysfonctionelles parce que si elles permettent éventuellement de mieux se sentir sur le moment, elles demeurent une stratégie d'évitement néfaste pour la pensée psychique sur le long terme. (Mais bon, nous sommes humains et nous faisons bien comme nous pouvons.)
Exemples :
a) la pensée du tout ou rien : pour être aimée, il faut que je sois parfaite.
Tentative désespérée pour maximiser ses chances d'être aimée, acceptée, et donc pas abandonnée ou rejetée.
Voilà typiquement un comportement que je peine à abandonner. Encore aujourd'hui à chaque accroc avec quelqu'un je me sens toujours en partie fautif et parfois pathétique. Il faut vraiment que je sois face à un con pour imaginer que le problème n'est pas d'abord moi.
Et je peine d'autant plus à abandonner ce biais que j'ai vraiment du mal avec les gens qui sont sûrs d'eux et ne se posent pas de questions sur leur manière d'être.
b) La minimalisation : même si on me félicite, je rappelle que j'ai eu de la chance, ou que ce que j'ai réussi est banal, ou très imparfait.
Efficace pour limiter la chute le jour inévitable où je vais décevoir. Ou je vais sentir moins de compliments, de chaleur dans l'attitude de l'autre.
Là aussi un biais difficile à briser. Parce que c'est juste aussi de pointer les déterminismes, ses facilités dans un domaine, éviter de trop se la péter.
Et puis parce que sans cesse, on déçoit. Et la personne qui vous témoignait une certaine chaleur, ou une part de respect sur un ou deux éléments vous réévalue et vous sentez bien que finalement elle devient distante.
c) L'intellectualisation quand on noie le ressenti dans de vastes raisonnements et introspections comme je le fais ici en ce moment : ce moyen d'essayer de dissoudre l'émotion dans la raison...
Tant de stratégies cognitives pour tenter de réduire la peur de l'abandon, survivre aux plaies anciennes qui se réactivent si aisément au contact des autres êtres humains et de la difficulté à établir avec eux des rapports profonds, harmonieux et complices...
Citation de Enden41 #463866
Bien sûr qu'il me trouble parce qu'il pourrait bien être vrai...
Quant aux objectifs atteignables, j'ai déjà joué à cela à 20 ans : progresser sur le plan affectif et dans l'affirmation de soi d'ici deux ans ou me flinguer pour de bon.
En deux ans, j'avais trouvé l'amour, abandonné des études scientifiques en deserrance et réussi ma première année de lettres, je m'étais mis à écrire, à être bénévole à la Croix Rouge...
Et ces 30 dernières années, je suis devenu prof, j'ai acheté une maison, j'ai eu et élevé deux filles, je suis devenu un pilier reconnu de mon établissement, j'ai écrit 12 pièces de théâtre...
J'ai progressé. Je me suis accroché.
Pourtant, régulièrement, je me sens à nouveau pathétique ou je suis terrifié à l'idée qu'on me rejette ou m'abandonne.
Avancer ne résout rien. Cela maintient en vie.
Parfois cela érode certaines névroses.
Mais c'est en plongeant dans mes plaies ouvertes depuis deux ans que je progresse un peu, ongle après ongle. En ouvrant les plaies purulentes, en acceptant de renoncer à l'évitement de la douleur en jetant un œil dans mes dysfonctionnement que je gratte un peu de compréhension ou de force, mais au prix de subir le maelstrom.
Il faut pour moi trouver ce qui nous ronge ensuite savoir ce qui nous fait du bien et enfin trouver en soi la force de comprendre et dépasser ces effets. Se documenter et prendre tout ce qui se rapproche de notre histoire produira forcément un résultat ou donnera forcément une partie de la réponse...et j'espère que tu l'a trouveras 😘
je up
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a) la pensée du tout ou rien : pour être aimée, il faut que je sois parfaite.
Voilà typiquement un comportement que je peine à abandonner. Encore aujourd'hui à chaque accroc avec quelqu'un >je me sens toujours en partie fautif et parfois pathétique.
Ce sentiment me hantait dans ma jeunesse et a largement contribué à mes excellents résultats scolaires. Avec l'âge, je m'en suis largement débarrassé. Et puis certaines personnes m'ont largement rassurées sur ce point: elles m'aiment malgré mes imperfections et mes faiblesses. J'ai eu cette chance !
b) La minimalisation : même si on me félicite, je rappelle que j'ai eu de la chance, ou que ce que j'ai réussi est banal, >ou très imparfait.
ça, c'est tellement moi... Alors bon à force, quand même, quand on atteint ses objectifs, on arrive à se dire que "c'est pas si mal au fond". Y a du progrès !
c) L'intellectualisation quand on noie le ressenti dans de vastes raisonnements et introspections comme je le fais ici >en ce moment : ce moyen d'essayer de dissoudre l'émotion dans la raison...
C'est avec une certaine surprise que j'ai réussi à franchir l'étape qui consiste à me passer de raisonnements tortueux pour juste avouer combien j'aime quelqu'un... récemment. Une digue s'est rompue, une combinaison de choses, de rencontres, de circonstances. Je suis stupéfaite de voir combien l'accueil est positif. ça a changé beaucoup de choses.
Donc: rien de figé dans le marbre. Tous ces traits de personnalité, je les possède, mais je les ai verbalisés, et à force, et avec sûrement un peu de chance (parce que bon , moi je suis nulle 😛 ), ça s'arrange...
Visiblement, avec un peu de chance, une belle rencontre, beaucoup de temps, de réflexion, de volonté de voir clair en soi, tu sembles finalement pas mal gérer tout ça.
En tout cas, il émane de tes réponses une auto-ironie apaisée et clairvoyante qui fait plaisir à voir.
Moi, aussi, quand je serais grand, j'espère que je deviendrais quelqu'un de sage, de bien et de lumineux !
Et je ne sais pas toi, mais à mesure que j'avance sur mon sentier lointainement voisin du tien, sur les crêtes, au bord des précipices anciens, je me rends compte que je commence à avoir un rapport plus sain et plus confiant avec mes émotions.
Et que je commence à comprendre que je peux les utiliser pour saisir parfois ce que je ne parviens pas à me formuler. Une sensation étrange avec quelqu'un par exemple, dont je ne tenais pas compte auparavant (parce qu'on ne va pas s'abaisser à surréagir de manière émotionnelle sans raison rationnelle au risque de se comporter comme un con... 🙄🙄). Et parfois, à présent, j'y repense. Et cela peut m'amener à mieux observer cette personne et comprendre ce qui me met mal à l'aise et finalement adapter ma posture de manière à minimiser les frictions tant pour elle que pour moi.
Comme si une prise en compte plus naturelle de mes émotions me rendait finalement moins confus émotionnellement... 😁
Après, y a du boulot avant que je devienne sociable et psychologiquement stable, je vous rassure. Mais peut-être qu'un jour j'aurais un passing de mec agréable. 😂