Bonjour !
Ce sujet est à moitié une demande d'aide et à moitié un débat.
Pensez-vous qu'il soit possible de comprendre, par déduction, par intuition, qu'on est homo, sans avoir jamais ressenti d'attirance ou de sentiments pour quelqu'un du même genre ?
Je m'explique : je me questionne pas mal sur mon orientation sexuelle/amoureuse (je suis une femme). J'ai l'impression, suite à plusieurs relations avec des hommes, que je ne suis pas hétéro, que je ne suis pas réellement attirée par eux, ou que je ne peux pas être dans une relation avec un homme, pour plein de raisons différentes. Je pense de plus en plus que je dois être lesbienne.
Pour autant, je n'ai jamais eu réellement d'attirance pour une fille. Ni été amoureuse d'une fille. Je me suis pas mal questionnée sur les sentiments que j'ai ou ai eu pour certaines de mes amies, mais je crois honnêtement que c'était vraiment de l'amitié.
J'ai pensé être asexuelle ou aromantique aussi. Mais je ne sais pas, intuitivement, ça me paraît moins "probable".
Donc je retourne à ma question : pensez-vous qu'il soit possible de le "comprendre" presque intellectuellement, avant même de l'éprouver, de le ressentir ?
Bonjour,
As tu déjà eu de l'attirance, du désir pour une femme? une envie de rapprochement envers une en particulier?
Si non je ne comprends pas bien pourquoi tu déduis d'emblée que tu es lesbienne, comme si lesbienne était le contraire d'hétéro? La séxualité est un spectre large.
Les cases sont des inventions des hommes (et des femmes) pour ranger dans leur petite tête ce qui est inclassable.
Laisse les choses venir telles que tu les ressens ou telles que tu ne les ressens pas.
Tu peux ne pas aimer mille hommes et un jour rencontrer celui qui te fera monter au ciel rien qu'en te touchant.
Ne te force pas à aimer qui que ce soit.
Tu peux aimer mille femmes et un jour en rencontrer une qui te dégoute complétement.
Donc tu es seulement toi.
Etre lesbienne, hétéro, bi, je ne sais quoi... quelle importance.
C'est un humain qu'on aime avant tout homme ou femme.
Merci de vos réponses !
Pour répondre à la question de ce qui me fait penser que je suis peut-être homo, ça peut vous paraître étrange, mais je me suis beaucoup reconnue dans les vidéos de coming out de sur YouTube. J'ai pleuré devant le coming out de Ingrid Nilsen, sans trop savoir pourquoi, mais j'avais l'impression que quelque chose résonnait en moi. Ensuite j'ai binge watché plein d'autres vidéos de lesbiennes qui parlent du questionnement par lequel elles sont passées...
Je me reconnais surtout dans la partie où elles racontent comment elles se sentaient quand elles étaient avec des hommes. Il y a certaines choses qui reviennent régulièrement, le fait de se dire qu'on arrivera jamais à être réellement soi avec un homme et à être réellement amoureuse d'un homme, le fait d'aimer flirter mais de ne surtout pas vouloir qu'il se passe quelque chose après, le fait de "déconnecter" quand il se passe quelque chose de physique.
Je ne me reconnais pour l'instant pas dans la partie "attirance pour une fille", que ce soit une attirance physique ou sentimentale.
D'où ma question : peut-on l'avoir "compris" sans jamais l'avoir ressenti ?
peut-on l'avoir "compris" sans jamais l'avoir ressenti ?
J'ai envie de répondre NON. Je crois qu'on peut ressentir son homosexualité sans la comprendre tout de suite.
Mais se croire homo sans jamais avoir éprouvé un désir ou une atttirance homo... à moins d'être dans le cas de Guillaume Gallienne dans le film « les Garçons et Guillaume à table »... je trouve ça compliqué.
Je ne me reconnais pour l'instant pas dans la partie "attirance pour une fille", que ce soit une attirance physique ou sentimentale
Et toi, comprends-tu ce que tu ne ressens pas ?
J'hésitais à répondre parce que je ne suis pas bien sûre de comprendre ton ressenti mais moi j'aurais envie de dire que ça ne me semble pas absurde, dans une certaine mesure.
Je dis ça parce que pour ma part j'ai compris plus ou moins que j'étais plus ou moins pan avant d'avoir la moindre attirance, parce que je ne voyais pas pourquoi je n'aurais aucune attirance pour les hommes, aucune attirance pour les femmes ou aucune attirance pour n'importe quel genre. J'ai cependant un peu de mal à comprendre comment tu peux être certaine d'être attirée exclusivement par un genre sans jamais n'avoir été attirée par ce genre. Eventuellement tu peux être certaine de ne pas te retrouver dans une relation avec un homme... mais ça ne te dit pas pour autant que tu serais mieux dans une relation avec une femme, finalement, si ?
Qu'est-ce qui ne te convient pas, quand tu es en relation avec un homme ? Est-ce que ce sont réellement des choses en rapport avec le fait que ce soient des hommes ? Pourquoi est-ce que tu ne te sens pas toi même avec un homme ? Qu'est-ce qui t'empêche d'être toi ? Est-ce que c'est simplement "être avec un homme" qui ne serait pas toi ?
Peut-être es-tu malgré tout lesbienne, mais peut-être pas. Ressentir un certain bien être à écouter les témoignages de femmes lesbiennes peut aussi être dû au fait qu'elles t'apportent une autre façon de voir la sexualité, qu'elles te valident en quelque sorte, dans tes ressentis. De plus, l'homosexualité c'est aussi quelque part le bout de la communauté LGBT+ le plus représenté, et donc pour lequel on trouve le plus de représentations. Quand j'étais plus jeune et que je me cherchais un peu, moi aussi ça me faisait du bien, ce genre de témoignages, et pourtant je ne suis pas lesbienne.
Ceci étant dit, il n'y a aucune raison de t'empêcher de te dire lesbienne si présentemment c'est ce que tu penses de toi. Peut-être que ça changera, peut-être pas, dans le fond on s'en moque bien, l'important c'est que toi tu sois à l'aise avec le terme. J'aurais tendance à dire que rien ne sert de te mettre dans la case lesbienne, surtout si tu n'as jamais ressenti d'attirance envers une femme, mais les cases ne sont pas des prisons, seulement des aides de construction, tu peux t'y mettre si tu le désires et voir ce qu'il adviendra pour toi.
(Par ailleurs, pour le côté physique, je t'invite - amicalement - à dire non, plutôt qu'à te "déconnecter")
Merci pour votre aide et votre bienveillance, c'est chouette de pouvoir s'exprimer ici je trouve.
Mon ressenti avec les hommes est un peu embrouillé. Ma première expérience avec un homme a été un désastre. Ce n'était pas réellement consenti, ni le premier baiser qui est arrivé un peu par surprise, ni le fait de sortir avec lui, ni non plus les relations sexuelles. J'avais 17 ans (j'en ai 23), je n'ai pas réussi à dire non, je sais qu'il ne faut pas que je me culpabilise pour ça mais en tout cas voilà, je n'avais pas envie de tout ça. J'ai détesté être avec lui, l'embrasser, etc.
Après j'ai fréquenté des hommes beaucoup plus sains et qui m'ont respectée, mais voilà, j'ai toujours ressenti un blocage, impossible d'être amoureuse, d'avoir du désir, à cela s'est ajoutée une dépression.
Mais du coup, aujourd'hui, j'ai du mal à faire la part des choses entre ce qui m'appartient à moi, et ce qui est dû à cette histoire. Parce qu'avant que je sorte avec ce gars-là, je n'avais pas de désir ni de sentiments non plus, pour personne. Et je me pose plein de questions : est-ce que j'ai détesté cette expérience parce que c'était un homme, ou parce que j'en avais pas envie à la base, ou un peu les deux ? Est-ce que sans cette histoire je me poserais des questions quand même maintenant ?
Je suis en train d'apprendre à dire "non" mais c'est encore difficile parfois car j'ai tendance à me mettre sur "pilote automatique" assez rapidement...
Je sais qu'on s'éloigne pas mal du sujet de l'orientation sexuelle. Mais voilà, aujourd'hui j'ai un certain malaise avec les hommes, qui va mieux avec le temps, mais qui reste un peu là quand même, l'impression de ne pas aimer être avec eux dans le fond. Et je n'arrive pas à savoir si c'est parce que je suis comme ça, que je suis asexuelle par exemple ou juste qu'en ce moment je n'ai pas envie de relation avec un homme ou avec qui que ce soit, ou si c'est dû à cette histoire, enfin probablement un peu des deux.
Alors c'est vrai, ça paraît absurde de penser que je suis peut-être lesbienne tant que je n'ai eu aucune attirance ou aucun sentiment pour une fille, vous avez probablement raison sur ce point.
J'espère que ce n'est pas trop confus, et désolée de dévier autant du sujet.
Bonsoir Anonyme,
C'est beaucoup de violence que tu décris, il ne faut pas la minimiser...
Alors homme ou pas homme, tu n'avais visiblement pas conscience que tu pouvais dire "non". Cest pas etonnant dans ce contexte de ressentir un malaise. Il me semble que la priorité cest de comprendre pourquoi afin de pouvoir poser tes limites..
Je ne crois pas que le pb soit different avec une femme, du seul fait de son genre..
Cette experience que tu decris me parait trop violente pour en tirer des generalités..
Bref. Essaie de creuser cette question des limites et de l'affirmation des besoins, envies et desirs.. le reste suivra.
Plume
Bonsoir Anonyme,
C’est ton sujet ! Tu n’as pas besoin de t’excuser de dévier du sujet, surtout que tu ne peux pas réellement en dévier, puisque c’est toi qui le mènes !
Par ailleurs, te concernant je ne suis pas sûre en réalité qu’il n’y ait aucun lien. Comme dit Plume, ce que tu décris c’est beaucoup de violences. Et malheureusement les violences c’est aussi quelque chose qui forge ce vers quoi on tend ou ce vers quoi on se sent à l’aise.
Avant cette personne tu avais 17 ans, 17 ans c’est tôt. Quelque part, sexuellement parlant tu t’es construite sur cette violence, alors c’est compréhensible, que tu ne saches pas ce qu’il serait advenu de tes désirs si tu n’avais pas subi cette violence, que tu ne saches pas ce vers quoi tes envies et désirs auraient pu te mener en naissant ou non.
Je pense cependant que tu ne devrais pas te torturer avec cette question : « Est-ce que c’est à cause de ça ? » Parce que finalement, que ce soit à cause de ça, en partie à cause de ça ou pas du tout à cause de ça, ce que tu ressens reste ce que tu ressens et « ça » ça fait désormais partie de toi et de ton vécu. Qu’est-ce qui se serait passé si tu étais née dans une autre culture ? Une autre religion ? Une autre famille ? Tout cela aussi ça aurait pu influencer tes désirs finalement (puisque nos désirs sont – je crois – au moins en partie influencés par nos sociétés). Une violence comme tu l’as décrite c’est certes beaucoup plus malheureux mais ça reste quelque chose que tu ne pourras pas ôter des choses qui t'ont forgées. La seule chose que tu peux faire toi, maintenant, c’est apprendre à apprivoiser cette part de ton passé, à comprendre où sont tes limites et comment les respecter, et à accepter tes ressentis comme ils sont aujourd’hui. Parce que avec ou sans ça, avec ou sans influence de X ou Y, ils restent totalement valides, tes ressentis. Tu n’as pas besoin de savoir d’où ils viennent pour qu’ils le soient.
Cependant Plume a raison : creuser la question de tes limites c’est important. Tu as totalement le droit de ne pas savoir exactement où elles se situent, surtout étant donné ton expérience, mais c’est important, pour toi, pour avoir des relations saines, d’apprendre à les trouver et de les respecter. Si tu ne respectes pas tes propres barrières tu auras à mon avis toujours en toi ce malaise, quelque soit le genre de ton partenaire.
Est-ce que tu as déjà évoqué ce point avec les partenaires que tu as pu avoir ? Pour qu’ils puissent éventuellement t’aider en étant un peu plus précautionneux, en te demandant un peu plus régulièrement si tout est ok pour toi, si tu veux telle ou telle chose, continuer tel ou tel rapprochement, etc ? Ça peut paraître un peu fastidieux, dit comme ça, sauf qu'en réalité c'est un peu la base... comme diraient les campagnes de prévention de mon établissement scolaire « Le consentement c’est sexy ». Si tu as du mal à savoir où commence ton consentement et où il s’arrête, je crois que tu devrais en faire part à tes partenaires. Et s'ils n'y font pas attention, il y a un soucis qui n'est pas dû à toi mais à eux. (Et tout bêtement, si tu ne te sens pas à l'aise rien qu'en étant dans une relation amoureuse avec un homme, ne rentre pas en relation amoureuse avec des hommes ? Rien ne t'y oblige, après tout)
Je te souhaite de réussir à apprivoiser tes limites, dans tous les cas. Bon courage à toi.
Je comprends ce que vous voulez dire par rapport à apprivoiser mes limites, j'y travaille en ce moment.
J'ai pu parler de tout ça avec mes partenaires, j'ai eu des partenaires très à l'écoute et hyper bienveillants, ce qui est chouette.
Malgré tout, la question de mon orientation sexuelle me pèse pas mal. J'ai beau relativiser, me dire que tout ça n'est pas si grave, que je finirai bien par trouver de toute façon peu importe le temps que ça prendra, il y a toujours une autre part de moi qui est dans le malaise, qui a BESOIN de savoir MAINTENANT TOUT DE SUITE. Comme si le fait d'être trop dans le flou sur ce point là, maintenant, m'empêchait de me projeter dans mon futur dans d'autres aspects de ma vie.
Je tourne en rond depuis presque 5 ans, à alterner entre périodes où je me pose pas trop de questions, et périodes où je pense quasiment tout le temps à ça et où je passe presque chaque minute de mon temps libre à regarder des vidéos Youtube "comment j'ai su que j'étais lesbienne", "10 signes que tu es lesbienne", "mon coming out" etc (ou à écumer les forums comme ici !). C'est assez bizarre, j'en ai presque besoin comme une drogue de ces vidéos, comme si ça pouvait m'apporter une réponse maintenant alors que ça ne peut pas.
J'ai un peu l'impression d'avoir un poids sur la poitrine à longueur de journée, de devoir faire comme si de rien n'était pour poursuivre mes activités, mais d'avoir toujours cette question-là qui me travaille en "tâche de fond", même quand je fais autre chose. Et bien sûr, dès que je me retrouve sans avoir rien à faire, ça revient et ça prend toute la place.
En tout cas, je vous remercie encore de votre écoute, c'est très précieux !
Citation de Anonyme #358986
Je comprend tout à fait ton trouble, et le fait que ce trouble puisse devenir obsessionnel. Comment t'aider ?
Beaucoup plus qu'à tes expériences passées, je placerais ce doute (celui de ton homosexualité) plutot dans l'inconscient. Je crois beaucoup à tout ce qui peut se passer dans la petite enfance. Des choses qui ont été incrite dans la mémoire quand tu était toute petite mais auxquelles tu n'as plus accés dans ta vie actuelle. ça peut etre une image, un propos clairement homophobe, un mini (ou gros) trauma, etc...
L'idée première qui me vient à travers tes propos serait une homosexualité qui est tienne depuis toujours mais que tu refoulerais. Bien-sur c'est la première lecture, celle qui parait la plus évidente. (Tes relations hétéro ne semblent pas top du tout et si tu refoules complètement l'homosexualité, tu peux aussi ne pas du tout pouvoir porter ton désir sur les femmes).
Mais Il se peut tout à fait que ton trouble vienne de tout autre chose aussi.
Si tu as envie de causer en mp, pas de souci.