Bonjour,
Bisexuel, je le suis.
Mais surtout, je suis sexuel. Autrement dit, ouvert d'esprit sur les jeux et les plaisirs sensuels (ce qui inclut le "sexuel" : disons tout ce qui relève du génital et du genre).
Alors voilà ma question : est-ce que les gens qui m'entourent forment une "sous-culture" particulière , et du coup ma perception est déformée, ou bien est-ce le cas que la culture qui nous entoure (aujourd'hui, en France) ne permet pas vraiment de parler de désir (un doute est jeté sur la normalité de celui qui veut le faire), autrement qu'en empruntant les "autoroutes" des discours à la fois normatifs (dire ce qui est normal ou pas, ce qui est souhaitable, ce qui convient), et éloignés du sujet du plaisir (des sensations) ?
Un seul exemple (qui n'est certes pas le plus anodin) : le plaisir anal. Tous les discours que j'ai rencontré dessus sont emprunts de gêne sur la question de l'homosexualité : ça voudrait dire des choses sur les désirs homosexuels (inconscients ou pas, assumés ou pas) si c'est pour les hommes. Mais quand c'est pour les femmes, le principal angle d'attaque est celui de la satisfaction du fantasme masculin, ou le degré de bestialité de ce qui est éprouvé par la femme (en passant par : "je suis une salope qui aime les trucs comme ça", et ça procure du plaisir, ou du dégoût, ou de la douleur). J'ai lu quelques femmes qui parlent directement des sensations de plaisir qu'elles éprouvent à la sodomie. Mais chez les hommes (et la plupart des femmes), la question de l'homosexualité est première. Pour ma part, j'avais démarré comme ça aussi : j'ai eu (avec plaisir) des relations homosexuelles, avant d'être en couple avec une femme, qui a aimé le plaisir anal pendant plusieurs années, mais on ne l'a l'exploré que sur elle.
Moi, ça m'étonne. Pas vous ?
L'exploration du plaisir anal chez l'homme est complexe.
Quand tu prends l'expression : "Va te faire enculer" ou même "PD" cela renvoie à l'idée que l'autre en se faisant sodomier (par celui qui profère l'insulte) lui est inférieur.
Quand on parle de sexualité chez les gay les mots Actif/Passif en corrélation avec Dominateur/Soumis sont évoqués.
L'idée de la sodomie reste donc pour la majorité dégradante, doulouresue et preuve d'infériorité.
Et pourtant beaucopu d'hommes aiment se faire titiller la prostate... Arf les normes de la société
@Romangel
Ah ben là je comprend de quoi il est question ! ^^
C'est vrai que déconstruire les normes qu'on nous a inculqués c'est difficile ... Mais je comprend toujours pas pourquoi il parle de secte.
Je parle de secte parce avec l'idée suivante : dans la vie de tout le monde ("la vie normale"), le sexe et le désir sont des choses normales, légitimes, on n'a pas à avoir honte d'en parler, de s'interroger. Or j'ai l'impression que ce n'est pas du tout le cas autour de moi. C'est peut-être que, sans que je m'en sois rendu compte, mon entourage vit dans une sorte de monde parallèlle, dans lequel il est inconvenant, voire tordu, de parler de sexe et de désir, ou de truver que c'est des sujets ouverts, qu'on peut aborder autrement que par le jugement moral.
(désolé, c'est peut-être embrouillé...)
Le mot secte n'est pas ce qui me vient à l'esprit, je pense juste que le degré d'information et/ou d'ouverture d'esprit n'est pas homogène selon les milieux.
je trouve juste qu'on vit dans une société plus sexualisée (pour le meilleur comme le moins bon : l'injonction à être super sexuel / super curieux de tout alors que c'est pas la nature de tout le monde),
par contre on a des siècles d'héritage de préjugés, de trucs en -phobe (car seule une partie de la société devient réellement plus ouverte d'esprit sur la "liberté du corps" qu'avant, de l'autre côté y'a toujours des gens qui manifestent contre les droits d'homos ou contre l'avortement, donc bon...), donc le mélange de tout ça donne le joyeux monde des préjugés et des insécurités, pas toujours de façon méchante mais surtout parce qu'on est pas si informé que ça ! Et que même les informations qu'on trouve sur internet, c'est un beau mélange des avis plus ou moins subjectifs de tout le monde, du dernier des machos ou conservateur au plus "démonstratif" style "le sexe c'est la vie, maintenant la norme c'est de d'avoir pleins de plans-cul et tout".
Bref, entre "les PD c'est impur et la sodomie est un péché" et "la sodomie est une pratique sexuelle tout à fait acceptable entre deux personnes consentantes, et n'est d'ailleurs pas liée à une orientation sexuelle vu qu'il s'agit que d'une façon de faire, et pas des personnes qui nous plaisent", on a cette transition bizarre-erronée du style "je comprends que des mecs aiment le plaisir anal, après tout ils ont bien le droit d'être homo" x)
Edit: en fait je pense qu'on vit tous dans des "mondes parrallèles", juste que dans notre culture y'a un "monde" beaucoup plus majoritaire que les autres, et que dans celui là effectivement les conversations autour du sexualité tendent à se normaliser. Mais moi qui croyait être dans la "bulle majoritaire", dès que je sors de ma ville pour aller chez ma famille et que je rencontres leurs amis etc, je ressens souvent comme un gros décalage sur le types de préjugés et tout, pourtant c'est déjà souvent des personnes plutôt ouvertes, mais tu vois bien que la référence ou le moule n'est pas le même, et j'me sens vite extraterrestre parmis eux. Peut-être qu'on fait parties de petites bulles differentes au sein de la même grosse bulle "mainstream" (où tout le monde n'a pas les mêmes délires mais rien qui empêche trop de vivre ensemble), et qu'à côté y'a d'autres bulles beaucoup plus radicales (dans le sens "vraiment à l'extérieur de la grosse bulle mainstream", sinon c'est un jugement de valeur et c'est subjectif), comme par exemple les vraies sectes, mais aussi des gens qui rejettent en bloc la société et le fait de vivre dans des maisons, d'acheter des trucs etc. Pourtant quel que soit la bulle où on se trouve, c'est pas parce qu'elle est minoritaire qu'elle est moins vraie !