Culte et diabolisation de l'argent, phénomènes d'attraction-répulsion - Page n°2

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Ancien membre
14/04/2018 à 13:24

Pourtant, entre ces deux objets, bois et blé, quand on regarde bien attentivement leurs composition, leur poids, leur forme, etc. il n'y a pas de dénominateur commun. Pour établir un échange, il faut quelque chose qui puisse permettre d'établir une équivalence.

S'ils se mettent d'accord sur 10 kilos de bois contre 1 kilo de blé, ils ne peuvent l'établir sur les propriétés des deux objets, ils n'en ont pas. En fait, ils font appel à un étalon extérieur à ces objets. Ils comparent la seule chose qui puissent être comparée : ils évaluent ce qu'il y a d'humain et qu'ils connaissent bien de cet objet, le travail.

Selon moi, justement, il faut prendre les choses dans l'autre sens. La valeur de quelque chose n'a de sens que si la demande existe. La fonction travail est secondaire. C'est à dire que d'abord on estime la demande, puis on évalue la quantité de travail et on l'optimise pour produire le plus avec le moins de travail possible. Ensuite si la demande diminue, car on produit davantage, alors la valeur de ce quelque chose s'effondre. Puis remonte et s'effondre à nouveau, jusqu'à trouver un équilibre qui ne sera en rien stable dans le temps.

Si les récoltes de blé s'effrondrent subitement et qu'on ne parvient plus a subvenir aux besoins du groupe, il y a fort à parier que le bois aura alors moins de valeur que le blé, car celui ci est indispensable à la survie du groupe. En revanche si tout va bien au niveau de la survie du groupe alors des biens plus "nobles" pourront augmenter en valeur.

C'est pour cela que le travail n'est pas toujours récompensé comme on dit "à sa juste valeur". Car le travail ne se dissocie de la demande. Un travail "simple" pour peu qu'il soit suffisemment rare, sera récompensé à une haute valeur. Par exemple inventer facebook n'était pas quelque chose de difficile en terme de travail brut à réaliser mais pourtant son caractère novateur et universel ont fait sa rareté donnant alors à facebook une valeur très élevée. Encore une fois pas stable dans le temps, dépendant des modes, des tendances, et en ce moment on peut d'ailleurs voir facebook chuter en bourse à cause des événements récents qui font le bonheur de nos médias.

C'est aussi pour cela que un iphone n'aura de valeur que si on en a l'utilité. Si l'utilité existe, alors la demande existera et ainsi la valeur augmentera en fonction de sa rareté. Si quelque chose est difficile à produire ou coûteux, alors sa rareté le sera d'autant plus. Pourtant, si on supprime l'electricité dans notre société, la valeur d'un iphone n'effondrera malgré la quantité de travail sous jacente.

Bien sûr, l'utilité d'un bien peut être aisément boostée par le désir irrationnel propre à l'homme. Alors parfois on se retrouvera dans des situations paradoxales ou le bien n'est pas utile, par exemple les phénomènes sociaux de mode comme les hand spinners et où le prix dépasse l'utilité qu'on peut en avoir. C'est comme cela que marche la consommation en général.

Ravi d'avoir pu échanger sur le sujet Phebus. A bientôt !

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Ancien membre
14/04/2018 à 15:24

Phoebus,

"si tu allais au fin fond d'une forêt d'Amazonie, dans un des coins les plus reculés de ce désert vert, où des hommes n'ont pas encore rencontré notre société, eh bien, ils penseront que c'est toi qui a fait tes vêtements, que c'est toi qui fait tes chaussures, etc. Ils ne peuvent même saisir la division du travail. L'échange, en tant qu'échange de mesures du travail, n'existe pas. On fabrique en fonction de ses capacités des outils qui serviront en fonction des besoins du groupe. Il faudrait les convoquer pour s'expliquer"

Si tu disais "peu" il n'y aurait pas de soucis, mais "pas" ne reflète pas la réalité.

En Amazonie les derniers indiens étaient semi-sédentaires avant d'avoir été sédentarisés dans des villages (ayant chacun une piste d'atterrissage). Les déserts verts comme les déserts de sables sont cadriés de pistes piétonnières et ponctués de haltes.

Leur mode de vie était plutot de type néolithique, et c'est tout-à-fait vrai que chaque homme était capable de fabriquer son arc, ses flèches et son poison, sa protection pénienne, ses bijous identitaires, son filet ou panier de transport, sa hutte de chasse ou de foyer, etc, et chaque femme de fabriquer les parures de plumes, fils et tissus rudimentaires (vu qu'ils allaient nus), poteries, cultivier le manioc et les bananes a cuire, etc, outre cuire la nourriture, et s'occuper des enfants. Sans oublier de macher des féculants en vue de la préparation de la bière (chicha) sans laquelle son homme serait incapable de fonctionner mdr.

Ils sont ou plutot étaient a peu près autosuffisants, et avaient peu de surplus à échanger. Mais si une hache ou machette d'acier apparait, soit avec un voyageur qui demande hospitalité, soit avec un marchand qui vient acheter ce qui lui semble valorisable, ou soit un religieux qui vient vendre sa soupe, etc, ils feront l'effort de l'échanger. Même chose avec les aiguilles à coudre qui seront toujours mieux qu'un os ou une arêtes de poisson.

Et il est assez probable qu'il se passait la même chose avec les outils de pierre des Inca, idem avec les pré-inca ou en remontant dans le temps.

Le chaman qui a précédé le prètre venait vendre sa science des esprits et médicale contre ses moyens de subsistance et élever sa famille.

Lors des grandes cérémonies de mariage ou funérailles ou rites de passafe des jeunes, les invités viennent de villages situés à plusieurs jours de marche et ne viennent pas les mains vides, mais chargés de cadeaux.

Il y a environ 12000 ans à Gobekli Tepe, les chasseurs cueilleurs déjà sédentarisés mais n'ayant pas encore domestiqués animaux et végétaux, sont capables de "se procurer" de l'obsidienne produite à des centaines de km : en se déplaçant sur ces mêmes distances pour se rassembler, construire des structures sacrées monumentales, festoyer avec ce qu'ils avaient transporté, et probablement faire des échanges.

Dans les sites paléolithiques vieux de plusieurs dizaines de milliers d'années, l'ocre et l'obsidienne pouvait venir de loin, sans qu'ils aient nécessairement besoin de se déplacer :

Mais bien entendu on est passé du stade familial et artisanal local au stade industriel au néolithique.

Et qu'en effet les gens ayant une culture de chasseurs cueuilleurs ont une lecture plus claire que nous sur les objets de fouille. Je pense par exemple aux fameux énigmatiques bâtons percés que les esquimaux ont utilisés jusqu'au début du XX siècle, ainsi qu'aux pierres rainurées, propulseurs, symboles de pieds ou de mains, des rêves, etc, qui n'étonnaient pas les aborigènes il y a encore quelques dizaines d'années.

Et je suis d'accord avec Duolmins, le prix dépend beaucoup de son besoin et sa rareté



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