Pourtant, entre ces deux objets, bois et blé, quand on regarde bien attentivement leurs composition, leur poids, leur forme, etc. il n'y a pas de dénominateur commun. Pour établir un échange, il faut quelque chose qui puisse permettre d'établir une équivalence.
S'ils se mettent d'accord sur 10 kilos de bois contre 1 kilo de blé, ils ne peuvent l'établir sur les propriétés des deux objets, ils n'en ont pas. En fait, ils font appel à un étalon extérieur à ces objets. Ils comparent la seule chose qui puissent être comparée : ils évaluent ce qu'il y a d'humain et qu'ils connaissent bien de cet objet, le travail.
Selon moi, justement, il faut prendre les choses dans l'autre sens. La valeur de quelque chose n'a de sens que si la demande existe. La fonction travail est secondaire. C'est à dire que d'abord on estime la demande, puis on évalue la quantité de travail et on l'optimise pour produire le plus avec le moins de travail possible. Ensuite si la demande diminue, car on produit davantage, alors la valeur de ce quelque chose s'effondre. Puis remonte et s'effondre à nouveau, jusqu'à trouver un équilibre qui ne sera en rien stable dans le temps.
Si les récoltes de blé s'effrondrent subitement et qu'on ne parvient plus a subvenir aux besoins du groupe, il y a fort à parier que le bois aura alors moins de valeur que le blé, car celui ci est indispensable à la survie du groupe. En revanche si tout va bien au niveau de la survie du groupe alors des biens plus "nobles" pourront augmenter en valeur.
C'est pour cela que le travail n'est pas toujours récompensé comme on dit "à sa juste valeur". Car le travail ne se dissocie de la demande. Un travail "simple" pour peu qu'il soit suffisemment rare, sera récompensé à une haute valeur. Par exemple inventer facebook n'était pas quelque chose de difficile en terme de travail brut à réaliser mais pourtant son caractère novateur et universel ont fait sa rareté donnant alors à facebook une valeur très élevée. Encore une fois pas stable dans le temps, dépendant des modes, des tendances, et en ce moment on peut d'ailleurs voir facebook chuter en bourse à cause des événements récents qui font le bonheur de nos médias.
C'est aussi pour cela que un iphone n'aura de valeur que si on en a l'utilité. Si l'utilité existe, alors la demande existera et ainsi la valeur augmentera en fonction de sa rareté. Si quelque chose est difficile à produire ou coûteux, alors sa rareté le sera d'autant plus. Pourtant, si on supprime l'electricité dans notre société, la valeur d'un iphone n'effondrera malgré la quantité de travail sous jacente.
Bien sûr, l'utilité d'un bien peut être aisément boostée par le désir irrationnel propre à l'homme. Alors parfois on se retrouvera dans des situations paradoxales ou le bien n'est pas utile, par exemple les phénomènes sociaux de mode comme les hand spinners et où le prix dépasse l'utilité qu'on peut en avoir. C'est comme cela que marche la consommation en général.
Ravi d'avoir pu échanger sur le sujet Phebus. A bientôt !