Des avis sur ma nouvelle?

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Ancien membre
14/04/2017 à 10:56

Hello! Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins, que pensez-vous de ma nouvelle? En effet, elle fut écrite pour un concours de nouvelles (dans mon lycée rien de plus) et je ne souhaite pas envoyer n'importe quoi! Ne me cachez rien, si quelque chose vous dérange, ou si l'histoire vous a ennuyé(e), dites le moi. Ah oui! Si vous voulez la lire, venez en mp, et donnez moi votre adresse mail (rien de frauduleux, et l'on peut essayer de se l'envoyer autrement si le mail ne vous convient pas). Le récit traite de la Corée du Nord, je ne dirai rien de plus! Peut-ête à bientôt, Vivi :)
Commencer à faire des rencontres ?
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Ancien membre
14/04/2017 à 13:04

Bonne idée, :) Après tout, je me suis dit que la mettre en entier ne tuerait personne, cela rendrait les choses plus pratiques, non?! La voici: Du haut des tours de béton blanches et uniformes, Chin-Sun observait l’horizon. Le ciel s’étendait vers l’infini comme ses pensées, écrasant les Hommes par sa grandeur, les éblouissant par l’obscurité la nuit et les aveuglant par le jour. Sa couleur grisâtre ressemblait à une page vierge, attendant la plume et l’encre, pour que l’histoire s’écrive, pour que les mots forment des souvenirs, et des vérités résultant de l’imagination ou de la mémoire. Rien ni personne ne dominera le ciel, mais déjà, ses pupilles se risquent à l’exercice. C’est donc l’impossible que voulait Chin-Sun, conquérir la liberté, et rien qu’ici, penser à cela la ferait exécuter. Ce n’était plus le ciel qui régnait sur Chin-Sun mais la peur. Pas la peur, non, la peur. Cette émotion, profonde, qui arrache nos organes par ses griffes de malheur plus vite que la maladie, celle qui nous rend sourd de désespoir et aveugle de vérité. Un jus de détresse, d’anxiété et de tristesse. Voilà que ce monstre de malheur s’attaquait à elle. Voilà seize ans qu’elle vit en Corée du Nord et voilà deux jours que son père n’est pas rentré. Chin-Sun fixait son assiette. Elle fixait le vide, le néant et la faim, qui étaient, par cette forme abstraite d’argile, allégorisés. Rien, plus de riz. Depuis la disparition de son père, les rations de ces petits grains blancs n’étant plus distribuées à sa mère et elle, le fond du sac de la dernière ration, qui datait de la semaine passée, était fini. Le sac de tissu gisait sur le sol comme un cadavre, et bientôt, cela pourrait être elle, sur ce sol, mourante. La jeune fille se leva de table, se sentant rassasiée de trop de pensées, presque jusqu’à l’indigestion. Trop de questions se posaient : où était son père ? Où était passé le riz ? Allait-elle mourir ? Pourquoi sa mère ne disait-elle rien ? Le temps passait, les aiguilles tournant, sans cesse, une, deux, une, deux, sans s’arrêter. On ne peut pas arrêter le temps, jamais, le temps n’est pas une bête sauvage, qui fonce et utilise sa force pour ne jamais être arrêtée, non, le temps est plus subtil. Le temps est malin, comme un serpent, il se faufile, passe entre les gouttes, en silence, et, dès que vous avez le dos tourné, il vous transperce de toutes parts par sa réalité inévitable et ses conséquences indélébiles. Le temps est long pour Chin-Sun, elle compte les secondes, les minutes, puis les heures, mais rien ne change. Cependant, elle sait qu’un jour, à force de passer, il changera. Elle sait que quelque chose entre la seconde précédente et la seconde suivante aura changé, il suffisait juste d’attendre. Ses yeux quittaient l’horloge infinie pour la fenêtre. Sa mère avait fermé les volets et les rideaux, comme elle ferme son cœur : de manière instantanée, comme si l’inverse ne pouvait être possible. Sa mère n’avait jamais montré de signes d’affection à son égard. Comme si le seul rôle de Chin-Sun était d’être le trophée d’une famille, celui de contribuer à « l’expansion démographique du pays Soleil, la grande et forte Corée du Nord ». C’était ce qu’elle était, une brique écrasée par tant d’autres servant seulement à former un mur de plus en plus grand et fort. Le matin commençait toujours par le même son : une étrange onde sonore qui traverse la ville de part en part, réveillant chaque habitant au même instant. Chaque lumière de chaque appartement s’allumant, quelques secondes plus tard. Ces ondes n’étaient pas de la musique, mais juste un son continu, qui fait bourdonner les oreilles jusque dans les cauchemars. Chin-Sun ne connait pas la musique, mais elle connaît les chants de propagande, les sourires sur les lèvres des chanteuses et chanteurs de ces paroles répétitives, qui coulent dans le sang et dans l’esprit de Chin-Sun comme dans celui de tous les coréens du Nord. Elle en connait aussi les paroles, elle connait chaque milliseconde de chaque chant, même des moins connus, sa mère l’obligeant à les écouter et à les aimer. Les aimer, les adorer d’une telle manière qu’elle les connaîtrait par cœur. Le réveil du matin était donc sa chanson préférée : elle ne disait rien à propos de Kim-Jong Un. « Je m’en vais » cria Chin-Sun tout en ouvrant la porte de l’appartement, donnant sur la porte d’en face, identique à la sienne. « Ne crie pas si fort ! Tu veux nous faire arrêter ? » chuchota sa mère. Malgré le bas volume de sa voix, la colère et la peur dans celle-ci rendaient sourde Chin-Sun. « Non, bien sûr. Je ne veux pas finir comme… » mais la jeune fille fut stoppée dans son élan par le voisin du dessus qui descendait, et le regard de sa mère qui brûlait comme les flammes de l’enfer. Elle savait qu’elle venait de faire quelque chose de grave. La mort est un accident, c’est le prolongement de la vie, du moins, d’après la Corée du Nord. Le grand Soleil Kim Jong-Un n’aimait pas quand un de ses enfants, une personne du peuple, mourait. Si elle était exécutée c’était parce qu’elle se devait de mourir. Ce n’était rien, si le dieu Kim-Jong Un pensait que la mort d’un de ses enfants était nécessaire, c’était ainsi et la famille devait accepter. Parler de l’exécution d’un des enfants du pays, c’était raviver une douleur intense chez le Soleil. On ne fait pas souffrir le Soleil. Chin-Sun regarda alors le voisin partir, et le suivit, en direction de l’école. Les cuisses posées sur le banc, Chin-Sun avait froid et faim. Ses dents claquaient d’elles-mêmes, ses bras étaient enroulés autour de ses côtes saillantes, qui ressortaient sur sa peau, comme les montagnes qu’elle voyait au loin, du haut de sa chambre. La pauvre fille portait une simple jupe froissée, un pull troué, et, par manque de moyens, n’avait pas ne serait-ce qu’une écharpe. Elle sentait son visage se glacer et ses yeux semblaient ne plus vouloir se rouvrir. Elle ne pensait plus qu’à l’horloge, au temps qui passe. Son esprit attend le bus, certes, mais plus profondément, attend autre chose, qu’elle n’arrive pas à déceler. L’école de Chin-Sun est blanche. Sa structure est carrée, et le bâtiment est entouré de murs gris, creusés par une entrée, laissant passer les élèves et les professeurs. La jeune fille redoutait le monde dans lequel elle vivait, mais jamais celui de l’école. Bien sûr, les cours d’histoire parlaient exclusivement des règnes de Kim Il-Sung et Kim Jung-Il, et la propagande était la seule discipline la plus importante. En vérité, l’école leur apprenait les saisons, leurs conséquences sur les cultures de riz du pays et comment construire un mur qui ne tombera jamais, par exemple. Les écolières étaient dans un bâtiment spécialement dédié à elles, et les garçons étaient dans un autre bâtiment séparé. Ils partaient pour l’armée à douze ans, et plus jamais on ne les revoyait, à moins que leur destin soit d’être épousés. Certains ne partaient pas glorieux, alors ils travaillaient dans l’éducation, ou dans les champs, ce qui, pour tout homme nord-coréen, est une preuve d’inaptitude au combat pour le Soleil. Les professeurs de Chin-Sun étaient donc peu respectés de la société, mais l’étaient des élèves. Les tables et les chaises des salles étaient disposées en lignes, quatre tables, en quatre rangées. Il n’y avait pas beaucoup d’élèves dans la classe de Chin-Sun. Certaines filles avaient disparu dès leurs quatorze ans, sans que personne ne sache où elles se trouvaient. Yon, la meilleure amie d’enfance de Chin-Sun, avait-elle aussi été emportée autre part, sans que l’on sache réellement quel était son sort. On la croyait morte. Les cours ne duraient pas longtemps, mais pour Chin-Sun, cela semblait durer cent ans. Tous les ans, on lui répétait la même chose : « Kim-Jong Un est le grand Soleil, le grand maître, il sera la solution à tous nos problèmes ». Chin-Sun aimait l’école, mais au fur et à mesure qu’elle y retournait, la leçon devenait comme un disque répétant la même chanson en boucle, que l’on ne peut plus arrêter. Même si l’on aime la chanson, il vient toujours un moment où elle finira par nous insupporter. C’est ce qu’elle ressentait : comme la goutte de trop, comme la minute de trop qui laisse le plat brûler. Les chaises devenaient trop dures, les salles semblaient manquer d’oxygène, et jamais elle ne voulait retourner dans cette prison qu’était l’école. Pourtant, c’était son destin, et jamais elle ne sortirait d’ici. Les longues heures de leçons avaient rendu folle Chin-Sun. Celles qui étaient comme de douces caresses pour son cerveau étaient maintenant comme des coups de fouets ; ne cicatrisant jamais. La jeune fille marchait, elle ne voulait plus prendre le bus, elle ne voulait plus que ces maisons, que ces gens vides l’entourent, elle ne voulait plus que ce trottoir salisse ses chaussures, elle ne voulait plus que ce ciel la surplombe, comme une épée de Damoclès prête à la transpercer ; l’ignorance, le déni et l’acceptation avaient quitté l’esprit de Chin-Sun comme des démons qui la possédaient : voilà l’âme libre et le corps emprisonné. Le temps se dégradait ; la pluie coulait sur les cheveux ébène de la jeune nord-coréenne, glissant sur ses joues, se mêlant à ses larmes. Le ciel était son seul ami, non, son seul réel ami. Toujours là, à l’écouter, sans jugement. Il pleurait maintenant avec elle. Malgré la pluie, le soleil était toujours là, et Dieu, ce qu’elle ferait pour éradiquer le Soleil ! Après cinquante minutes de marche, Chin-Sun arriva enfin devant son immeuble. Tous les bâtiments ressemblaient aux autres : vert pâle, trois fenêtres à la suite, partagés en cinq étages maximum. Les familles ne devaient pas avoir plus de deux enfants chacune ; des garçons de préférence. Les femmes mangent trop de riz et ne servent qu’à faire des enfants, la guerre n’est pas faite pour elles. Les appartements ne comprenaient donc que quatre personnes, pas plus. Elle ouvrit la porte d’entrée, et traversa le couloir qui menait à l’escalier. Ses chaussures étaient boueuses et laissaient des traces sur le sol, ses habits lui collaient à la peau, et tout son corps frissonnait. Elle crut tomber dans les pommes tant le froid la griffait de ses pattes glacées. Elle s’agrippa à la rampe, et monta les escaliers. La porte de son appartement était à quelques mètres, et, dans un dernier effort, elle avança et tourna la poignée. La porte enfin ouverte, elle s’écroula sur le sol, et le peu de force qui restait en elle s’en alla. Chin-Sun sentit son corps reprendre vie. Ses yeux roulaient sous ses paupières, ses doigts bougeaient, ses poumons aspiraient l’air ; elle vivait. Elle voulut voir où elle se trouvait, elle ordonna alors à ses paupières de s’ouvrir et à ses pupilles d’apercevoir. Le plafond l’accueillit. Sa joie retomba du paradis aux enfers. Elle était encore là, dans cette chambre trop petite, dans ce pays qu’elle n’aimait plus, sous ce soleil brûlant qui ne faisait que des cendres de sa personne. Elle observa l’horloge : elle affichait vingt heures. C’était l’heure à laquelle le journal général du pays était diffusé sur les télévisions, le seul moment où quelque chose de différent était montré aux nord-coréens. La jeune fille posa ses pieds sur le parquet, et le froid qui l’accueillit lui rappela le froid qu’elle avait connu quelques heures auparavant, et elle se décida à mettre des chaussettes, tant ce sentiment lui était insupportable. Chin-Sun voulut regarder le ciel mais seule la Lune se présenta ; il faisait nuit tôt. La télévision criait depuis le salon et Chin-Sun sut que sa mère regardait les infos. C’était l’annonce officielle de Kim-Jong Un, et lorsque ce genre d’événements avaient lieu, tout le monde savait que ce n’était rien de bon. La mère de Chin-Sun était assise sur le canapé rouge de la pièce, et paraissait inquiète. Alors que la journaliste annonçait l’arrivée du grand Soleil, sa mère ferma les yeux, et laissa un long et douloureux souffle s’échapper de ses narines. Lorsqu’elle les rouvrit, Chin-Sun était assise à ses côtés, et aucun mot ne semblait convenir à la situation. La voix grave de Kim-Jong Un remplit la pièce ; et la tension de même. L’homme se lança dans un discours dont la lourdeur écrasait les âmes, mais seule une phrase écrasa celles de Chin-Sun et sa mère : « AUJOURD’HUI DES TRAITRES ONT ETE ARRÊTES, ILS ONT VOULU ATTENTER A LA VIE DE NOTRE SOLEIL A TOUS ; EUN SIL, DONG SOO AINSI QUE DONG YUL SERONT TUES DANS LA NUIT. » Il ne fallut pas une seconde pour que la jeune fille reconnaisse le nom de son père. Alors qu’elle pleurait depuis de nombreuses minutes, Chin-Sun dut faire ses bagages le plus vite possible. Sa mère était livide, et remplissait le sac de tout ce qu’elle pouvait trouver qui les tiendrait en vie au moins quelques jours. Sa mère s’arrêta de remplir des sacs d’habits pour se diriger vers le téléphone. Personne n’utilisait le téléphone en Corée du Nord ; on nous écoutait. La rumeur était que même raccrochés, les téléphones enregistraient ce que les gens autour de l’objet disaient. La mère de Chin-Sun décrocha l’appareil et le colla à son oreille ; des larmes mouillaient ses joues, puis son cou. Elle ferma de nouveau ses yeux et elle ne les rouvrit que quand une voix retentit au bout de l’appareil. « Je sais, j’arrive tout de suite. ». C’était une voix masculine. Sa mère n’avait pas eu le besoin de dire ne serait-ce qu’un mot. Ses fines mains reposèrent le téléphone sur le mur et ses yeux se rouvrirent. Elle regarda Chin-Sun intensément et elle agrippa les deux sacs à ses pieds, les soulevant, et partit en direction de la porte. Il était trop tard pour parler, alors Chin-Sun fit de même et sa mère ouvrit la porte. Le couvre-feu était passé depuis déjà une heure, et l’obscurité permit aux deux femmes de mieux cacher leur désespoir ; en partie. Les deux femmes n’eurent même pas le temps de regarder leur appartement une dernière fois. Chin-Sun pensa que ce n’était pas plus mal. Elle ne voulait pas que le dernier souvenir de son appartement soit celui d’une fuite en détresse, comme des lapins chassés de leur terrier ; mais des souvenirs d’elle et de son père, regardant le ciel ensemble. Cela faisait une heure que le bus roulait. L’homme à l’avant du véhicule n’avait pas dit bonjour, il n’avait même pas regardé les deux femmes. Son regard n’indiquait qu’un seul but, seulement, reste à savoir quel était ce but. Chin-Sun observait la lune. Elle se demandait si la vie était meilleure là-bas, si les Hommes avaient déjà pu fouler ce sol étranger. Elle rêvait de vivre là-haut, près des étoiles, et loin du Soleil. Cependant, elle était sur Terre, et ses pieds se devaient de rester bloqués sur ce sol boueux. La jeune fille tourna la tête vers sa mère, qui ne cessait de sangloter depuis le début du voyage. « Où allons-nous ? » demanda-t-elle, incertaine, la voix faible. « Je ne vais plus te mentir ; nous quittons ce pays. » répondit sa mère, d’un ton sûr. Chin-Sun écarquilla les yeux. « Comment ça ? Nous ne pouvons pas ! Nous allons mourir s’il on tente de fuir ! -Tu ne comprends pas. Ton père et moi avions prévu de partir avec toi après l’attentat qu’il avait commandité ; mais rien ne s’est passé comme prévu. » Sa mère éclata en un sanglot si fort, qu’il ressemblait plus à un cri, un cri primal. Elle continua tout de même : « Je ne sais pas qui les a dénoncés. Je crois qu’ils nous ont entendus par le téléphone ou quelque chose… C’est pas possible, je n’aurais jamais cru que cela finisse comme ça, sans lui. » Le conducteur regarda par le rétroviseur et tourna sur un chemin qui se trouvait vers la droite. Le véhicule s’arrêta net, et la mère de Chin-Sun ouvrit automatiquement la portière. La jeune fille fit de même, et, une fois qu’elles eurent récupéré leurs bagages, le conducteur descendit : « La frontière chinoise est à cent mètres. Je ne peux pas faire plus. Demandez mon ami Bai, c’est un chinois, il vous fera passer sans difficulté. » Les instructions étaient claires, et après cinq minutes de marche, Chin-Sun et sa mère arrivèrent devant des barrières grises. Un homme s’avança devant les deux femmes, et il comprit. « Vous êtes Bai ? » demanda la mère, d’un ton inquiet. « Non, mais je sais ce que vous voulez faire, je sais qui vous êtes. Je vous ferai passer en l’échange de la pureté de votre fille » répondit le garde. La mère de Chin-Sun se leva, et jamais la jeune fille n’avait vu sa mère dans un état pareil. Ses sourcils étaient froncés, et son expression grave. « Jamais. Vous ne toucherez pas à ma fille. -Alors vous ne passez pas et vous mourrez. -Où est Bai ? -Il n’est pas de garde ce soir. Décidez-vous. -Je me propose. Moi, mais pas ma fille. » Le garde se caressa la barbe, l’air suspicieux. Chin-Sun avait la gorge nouée. Si elle en avait eu la possibilité, elle aurait tué le garde sur le champ. Ce monstre, à la voix graveleuse, cet ennemi, cette bête, ce chien… Tous les mots passaient par la tête de la jeune fille. Le garde accepta, et elle vit partir sa mère, la tête baissée. Jamais elle n’aurait cru que sa mère se dévoue pour elle. Maintenant qu’elles n’avaient plus rien à perdre, les sentiments, eux, étaient à gagner. Une dizaine de minutes plus tard, elle revit sa mère et elle courut vers elle, tous leurs bagages en main. Aucune expression n’était lisible sur son visage. Le garde ouvrit une grille qui donnait sur des buissons, et aussitôt qu’elles furent passées, la referma. Voilà deux heures qu’elles marchaient. L’aube pointait le bout de son nez. Le silence servait de deuil ; toutes deux savaient qu’elles avaient perdu une partie de leur cœur cette nuit. Au loin, le premier village apparut. Elles accoururent vers les maisons, et les habitants tentèrent de les nourrir et de leur donner à boire. Elles passèrent le jour à dormir, et comptaient passer la nuit dans un autre camion. Pour remercier les villageois, elles avaient donné quelques habits de leurs bagages aux villageois. Elles ne donnèrent jamais leurs noms. Elles roulaient maintenant vers Pékin, entre des dizaines de caisses de riz. L’air manquait dans le fond du camion, mais pourtant, c’était l’air le plus frais qu’elles aient pu respirer jusqu’à maintenant. L’air des esprits, des sentiments libérés, l’air sans contraintes. Le chauffeur était habitué aux ressortissants nord-coréens, et leur avait dit qu’il savait comment les cacher. Cela ne les rassurait pas pour autant. La mère de Chin-Sun avait déjà fait un sacrifice, et elle ne se sentait pas prête à négocier son corps ou celui de sa fille. Soudain, alors que les pensées des deux femmes se mélangeaient entre elles, Chin-Sun leva les yeux vers le haut des caisses, et poussa un cri étouffé ; une caisse de quatre kilos de riz tomba au même moment, s’écrasant à quelques centimètres d’elle. La jeune fille fondit en larmes, sa mère tentant de se faufiler entre les caisses. Arrivée aux côtés de sa fille, elle l’enlaça ; et toutes deux pleurèrent, relâchant la haine, la tristesse, le désespoir, la détresse, l’incompréhension qui ne pouvaient plus rester au fond de leurs âmes plus longtemps. Les larmes de la mère coulaient sur les cheveux et le front de sa fille, son visage étant posé sur le cuir chevelu de celle-ci. Cela rappelait à Chin-Sun la pluie de la veille, et jamais elle ne voulait que sa mère soit aussi triste que l’orage. Cela faisait deux semaines qu’elles avaient quitté leur pays. Non, leur prison. Elles étaient maintenant à l’aéroport d’Hanoï, au Viêt Nam. Elles avaient fait tant de voyages, en bus, camion, entre des centaines de caisses de riz, patates douces, parfois des pièces bouchères dont l’odeur était insupportable. Elles devaient maintenant prendre un avion vers Bangkok, puis un autre vers Abu Dhabi, et enfin, un troisième vers New-York. Elles avaient été prises en mains par les autorités chinoises, puis vietnamiennes, qui décidèrent de leur payer des vols. Chin-Sun avait peur ; elle n’avait jamais pris l’avion. Certes, cela mènerait à la liberté, mais l’inconnu n’est-il pas la plus effrayante des choses ? Elles embarquèrent ; et le stress montait, et tordait l’estomac de Chin-Sun. Sa mère était impatiente et inquiète que quelqu’un les reconnaisse. Tout se fit automatiquement, elles s’assirent sur leurs sièges, à côté du hublot. Chin-Sun avait encore trop peur, alors elle laissa sa mère regarder le ciel, à côté de la petite fenêtre. Elles étaient maintenant dans le troisième vol vers New-York. Cette fois-ci, Chin-Sun voulait regarder le ciel, de plus près. Elle n’avait plus peur, elle était maintenant si heureuse. Le ciel ne l’avait pas quittée, il était le même qu’en Corée. Il pleuvait des cordes, mais peu importe, elle observait les nuages. L’avion décolla, et arrivé au-dessus des nuages, Chin-Sun ne voyait plus qu’une couche blanche, et le ciel bleu. Le soleil ne brillait pas. « Vous êtes prête Chin’ ? » demanda Phil, le commandant de bord. « Oui, je le suis. » répondit-elle. Sa position n’était pas des plus confortables, mais les fusées n’étaient pas connues pour cela. « Bien, nous allons décoller dans une dizaine de minutes. Il faut juste attendre que les télévisions filment tout cela, et on pourra mettre en place le protocole. » Chin-Sun ne voulait plus parler. Elle regardait encore le ciel, et pensait que de là-haut, elle ne le verrait plus, mais enfin, ce sera le ciel qui l’observerait. Elle se rappelait de la lune, en Corée du Nord, ronde, et éclatante. Ses pieds allaient la fouler, marcher, la toucher. Enfin, elle allait rencontrer sa vieille amie la lune. Il faisait beau ce jour-là, et Dieu, que le ciel était majestueux ! La fusée décolla, et, une fois en orbite, Chin-Sun observa la planète. Elle pensait que s’éloigner de la planète lui ferait oublier ses douloureux souvenirs de la Corée du Nord, mais maintenant que ces continents devenaient comme des fourmis, elle se rendait compte que cela n’effacerait rien de partir dans l’espace. Soudain, alors que des pensées la noyaient à petit feu, elle n’observa plus la Terre ; mais le soleil. Le feu brûlait sur cette forme ronde, qui éclairait tous les Hommes. Ses rayons donnaient vie aux fleurs, à la vie, réchauffaient. Alors c’était cela, le soleil ? Rien d’autre qu’une boule majestueuse, se brûlant elle-même ? Les planètes tournent autour de lui, mais ce n’est autre qu’une planète, elle aussi. Soudain, elle pensa à son père. Elle ne serait jamais aussi près de lui que maintenant, dans l’espace, là où les morts trouveraient la paix. Elle se rappela alors le lit de nuages qu’elle avait vu dans l’avion, le calme, la volupté, qui évoquaient une bonne nuit de sommeil, sans rêves. La lumière du soleil la tira de ses pensées trop profondes. Devant ses yeux l’astre brûlait, l’éblouissait. Et c’était la première fois qu’elle était réellement dominée et subjuguée par le soleil.
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Ancien membre
15/04/2017 à 15:17

Bonjour ;) Moi je l'ai trouvé prenante ta nouvelle. Les phrases ne sont pas toujours tournées comme j'aime mais au final j'ai lu jusqu'au bout sans décrocher car je voulais savoir ce qui allait se passer. Et le rapport entre le ciel, le soleil et Chin-Sun est intéressant. La 2nde partie de la nouvelle est superflue je trouve, enfin bon pour moi c'est positif
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Ancien membre
15/04/2017 à 16:27

Bonjour :) Déjà, merci d'avoir pris le temps de lire tout, c'est gentil! Pour ce qui est de la superficialité de la 2nd partie, je suis d'accord avec toi, en fait, je croyais avoir la possibilité d'écrire autant de pages que je voulais mais malheuresement, j'ai du me restreindre à 15 pages, j'ai donc raccourci le récit au maximum...
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Ancien membre
28/11/2017 à 11:43

C est un gros travail qui nous fait plonger dans une autre civilisation et ses croyances, donc bravo! J ai lu un peu vite, il faudra que je la relise à l occasion!
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