Assumer ? Pourquoi ? Où est la faute ?

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Ancien membre
18/06/2014 à 22:00

J'ai personnellement fait mon coming-out pour des raisons de simplicité. Certes en soit faire son coming-out n'est jamais simple, ce qui n'est pas normal, tout comme "devoir" faire son coming-out d'ailleurs mais nous y reviendrons plus tard. Pourquoi le coming-out ? Je précise que cet avis est très personnel, chacun vit sa situation comme il l'entend. Moi j'ai dû le faire pour couper court définitivement aux situations où je devais me taire lors des blagues graveleuses homophobes ou lorsqu'un ami, un collègue ou même un proche me parlait nana et compagnie... Sortant d'une relation longue avec une femme (je n'ai pas toujours "assumé" mon homosexualité), il fallait bien que j'annonce la couleur pour couper court à toutes ces discussions, sous-entendus ou situations que je trouvais grotesques et sans intérêts. Mais bon assez parlé de moi... Entrons dans le vif du sujet, nous parlons tous aujourd'hui "d'assumer" ou non sa sexualité, et c'est justement là où le bât blesse ! Le verbe assumer selon le Larousse ça donne ça : "Se considérer comme solidaire d'un état, d'une situation, d'un acte et en accepter les conséquences". Voilà la définition "d'assumer" ! Pas très engageant n'est-ce pas !? On comprend que ceux qui sont encore "dans le placard" n'aient pas très envie de devoir "accepter des conséquences" X ou Y ! Tout est là, mais si on y pense, la sexualité (hors déviances pathologiques) a t-elle pour vocation d' être "assumée" ? La sexualité est-elle un devoir ? Une sexualité différente de la majorité est-elle une faute ? Dois-je accepter les conséquences de ma sexualité ? Mais quelles conséquences ? Si ce sont celles venant de mon point de vue, elles se composeront de bonheur, de liberté et de joie, si ces conséquences sont imaginées par une personne homophobe, elles auront un aspect honteux et haineux. Vous devez vivre votre vie, ne laissez pas les autres vivre la votre à votre place, demande t-on à un hétérosexuel "d'assumer" sa sexualité ? Bien sûr que non, alors que si je voudrais faire de l'humour je pourrais parler de certains enfants non désirés parfois fruits d' un manque de considération de ses actes... ce qui est je vous assure, une situation très difficile à observer dans un couple homosexuel ^^. Tout ça pour vous dire que faire son coming-out ne devrait pas exister, aimez et embrassez qui vous voulez et montrez vous quand ça sera le bon ou la bonne, ça ne devrait pas être plus compliqué que ça. Votre sexualité ne regarde que vous (hors pervers bien-sûr car là ça regardera votre psy également), je trouve ça rageant de devoir encore annoncer la couleur ! "Maman, papa, je sors avec un garçon" pour moi ça a le même son de cloche que "Maman, papa, je vais me marier avec Myriam qui est noire et musulmane". Si t'aimes Myriam et que tes parents sont pas racistes, ben tu t'en fous. S'ils sont racistes ben tu t'en fous aussi parce que t'aimes Myriam ! Et qu'on viennent pas me parler de l'argument de la famille frustrée parce qu'elle n'aura pas de petits enfants, les problèmes de stérilité dans un couple hétéro ne sont pas source des foudres parentales hein ! - "HEP HEP HEP ! Ta femme, elle est stérile non ?" -"oui papa" - "Ben tu vas me faire le plaisir d'arrêter de la voir et de te trouver une femme féconde !" Bref..... Tout ça pour vous dire que la langue française est parfois aussi bien utilisée qu'un Coran, une Bible ou une Torah dans les mains d'un extrémiste... Et tout ça avec un seul verbe : "assumer". Comme disait un ami : "je ne réclame pas le droit à la différence mais à l'indifférence."
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Ancien membre
18/06/2014 à 22:17

Le passage "-HEP HEP HEP [...] Féconde" m'a fait rire ^^ Bon sinon revenons au sujet. Ce que tu dis est très sympathique, et on ne peut qu'approuver le fond. Hélas faut pas oublier qu'on ne vit pas au pays des bisounours ... Oui il faut "assumer" être homo, non pas comme un tord que nous avons commis, mais il ne faut pas oublier que dans la conscience collective, tout le monde est hétéro jusqu'à preuve du contraire. Les gays sont jugés faibles, et les lesbiennes, "bourrues" ... La famille s'attend à priori à ce que l'on "perpétue la lignée", homophobe ou non. Donc non dans l'absolu nous n'avons rien à assumer, mais oui dans la pratique il faut le faire, et c'est loin d'être chose aisée. Après il y a tout le blabla sur "tu vis pour toi pas pour les autres", mais personnellement je ne pourrais pas vivre en me faisant regarder de travers par certains qui me jugeraient. Pour l'instant je suis adepte du "Pour vivre heureux vivons cachés" et ça me convient très bien.
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Ancien membre
18/06/2014 à 23:23

En effet, nous ne vivons pas au pays des Bisounours, et c'est en cela que le terme "assumer" son homosexualité prend sens. Mais chose très importante à savoir, votre sexualité ne gère pas le monde et je vous assure qu'il ne s'arrête pas de tourner quand vous déclarez au grand jour que vous aimez quelqu'un du même sexe. Quoi que vous fassiez, des gens casseront toujours du sucre sur le dos des homos alors quitte à supporter celà, autant prendre une position ferme sur sa situation et jouir de son identité complète au grand jour (sans pour autant avoir besoin d'entrer dans les détails bien sur ^^). Cependant, tu as raison et je ne remets pas ton choix en question, parfois il est plus facile de se cacher. Je n'oublie pas que dans certains pays, la "justice" récompense un geste d'amour avec une corde. Je sais aussi qu'en France, des hommes et des femmes se font agrésser ou renier pour des questions idéologiques douteuses à propos de leurs sexualités. Je n'oublie pas, mais je sais aussi qu'une personne de couleur ne peut pas cacher sa peau aux racistes. Alors je ne compte pas cacher mon coeur aux homophobes. Là, en disant celà, là nous pouvons dire que je décide "d'assumer", mais ce n'est pas ma sexualité que "j'assume", ce que "j'assume" ici c'est une prise de position ferme face à la bêtise humaine. Mais je ne prêche en aucun cas la bonne parole, comme je l'ai dit c'est un avis très personnel et je comprends tout à fait que tu puisses ressentir le besoin d'être discret pour diverses raisons.
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Ancien membre
18/06/2014 à 23:45

Je partage tout a fait ton point de vue mais ce n'est pas aussi simple malheureusement
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Ancien membre
19/06/2014 à 01:20

C'est cool te porter la réfléxion sur l'être, mais c'est mieux de la porter également sur autrui. Tu oublies complètement l'aspect de ta réflexion concernant la société dans laquelle nous vivons et plus important, des normes qui la composent. L'homosexualité est une déviance de fait, et doit être assumée dans notre société. C'est un peu simpliste de résumer la réflexion à un vulgaire aimons-nous tous.
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Ancien membre
19/06/2014 à 11:38

Je sais bien que ce n'est pas aussi simple, j'en suis ma propre preuve puisque j'ai attendu pendant 16 ans avant de faire le pas. La société et entre autres choses son image de la virilité et de la féminité qu'elle nous renvoi depuis notre plus tendre enfance nous maintient fermement dans "la norme" jusqu'au jour où... Je ne vois pas en quoi le fait de savoir respecter les choix personnels (et qui n’impacte pas celle des autres) de chacun est un problème pour autrui ? Et je ne vois pas non plus pourquoi une norme devrait guider mon comportement si le fait de ne pas la suivre ne nuit nullement à l'autre ? Pour ce qui est du caractère déviant, je vous invite à lire ce texte http://www.toupie.org/Dictionnaire/Deviance.htm La norme... Sachez que sans ceux qui ont bousculé ces normes, les femme seraient encore en robe 365 jours par an et n'auraient pas le droit de vote. Je n'aime pas le vin rouge, en France, la norme c'est d'aimer le vin rouge, faut-il vraiment que je boive du vin rouge pour être plus Français ? Je ne me sens pas moins moi même parce que j'aime un autre homme et pourtant ce n'est pas la norme, je dirais même que quand cet amour est partagé je me sens parfaitement bien. Je remets encore une fois tout au niveau de l'individu oui car ce n'est pas louable d'imposer à l'autre des choix dont on ne connait même pas soit même la portée. C'est comme si on me demandais de trouver ça normal qu'un groupe de poissons me disent que pour vivre je devrais respirer sous l'eau, ça n'a aucun sens ! Pourquoi suivre la norme si malgré tout ce que vous pouvez faire vous ne rentrez pas dans les critère de cette norme ? N'oubliez pas qu'on ne choisi pas sa sexualité. Par contre on peut choisir d'arrêter de la comparer avec celle des autres et juste la vivre.
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Ancien membre
19/06/2014 à 12:27

Pourquoi devoir assumer? C'est une excellente question. Mon avis sur la question, c'est: "pour vivre heureux, vivons cachés.". Pas par honte d'être homo, loin de là. Et d'ailleurs je n'en ressens aucune fierté non plus. Je pense juste qu'il est question de pudeur, et homo comme hétéro, on ne devrait pas étaler sa vie devant les autres, et ce que nous faisons de notre appareil génital ne devrait pas regarder les autres. On parle bien de "parties intimes", et à mon sens, ça porte bien son nom, c'est du domaine de l'intimité, et ça ne regarde que nous (et nos proches, si on en a envie). Mais je dois bien avouer que j'ai fait mon coming out, alors cette démarche détruit tout ce que je viens de dire, car pour moi, c'était vraiment un besoin de le dire, d'être acceptée. Mais je ne l'ai dit qu'à mes proches, et je ne compte pas du tout prendre un mégaphone et descendre crier que j'aime les moules dans la rue. Alors pourquoi certains homos/bis ressentent ce besoin de parler de leur sexualité à leur entourage? Pour moi, ça fait partie de ces sujets qui peuvent amener des parents (car c'est bien de faire son CO à ses parents qui se révèle être le plus dur - enfin pour moi) à se demander: "Mais est-ce qu'on a râté quelque chose?". Mais il y a d'autres révélations qui amènent à ce genre de questionnement: - Maman, je veux être intermittent du spectacle. - Papa, j'ai décidé de partir élever des chèvres en Ethiopie. - Maman, je fais du X. - Papa, tu sais les chèvres éthiopiennes, ben en fait c'est plus que de l'amitié entre nous. Et dans mon cas, j'avais besoin de savoir que je n'avais pas déçu mes proches. C'est peut-être stupide, mais c'est une question de caractère je pense. Et à mon sens, quand on s'éloigne du schéma de vie "sécurisée" que nos parents avaient imaginé pour nous (un boulot stable, une maison, un chien, des enfants), on peut se demander si on ne va pas les décevoir. Et ils peuvent s'inquiéter pour nous, voire se braquer, car cela représente leur échec. Où est la faute? Il n'y a pas de faute. Contrairement aux exemples que j'ai brillamment cités ci-dessus, la sexualité n'est pas un choix de vie. On peut débattre sur les origines biologiques, psychologiques (pas au sens maladie mentale hein) de l'orientation sexuelle, mais on est bien placés pour savoir qu'on a pas choisi d'être attiré(e) par telle ou telle personne. Et pour en revenir à la question d'assumer ou pas, c'est aussi parce que ça n'est pas un choix, qu'à mon sens, il n'y a pas à assumer ou pas, à en être fier ou pas... Ca reste mon opinion, hein ^^
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Ancien membre
19/06/2014 à 14:08

Voilà tout est dit, je suis entièrement et j'ai bien dit entièrement d'accord avec toi sur tous les points, enfin... peut-être pas pour les chèvres éthiopiennes quand même ^^. Si pour toi la phrase "pour vivre heureux, vivons cachés" signifie rester pudique sur sa sexualité je te rejoins. Mais comme tu l'as également écrit, il est question d'amour et de sentiments plus que de sexualité lorsqu'on fait son coming-out, ne pas devoir planquer la personne qu'on aime c'est quand même agréable ^^. Et comme toi, je trouve que la fierté homosexuelle a aussi peu de sens que la fierté hétérosexuelle ou Bi etc...


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