Quand la mort, rencontre une douce mélodie

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Montana
24/10/2025 à 20:53 - 25/10/2025 à 21:29

Clara se tenait face au gouffre, ses cheveux brun encadrant son visage aux traits fatigués. Ses yeux d’un vert vif scrutait l’immensité qui s’étendait devant elle. Elle se sentait si petite et seule. À ses pieds s’arrêtait la falaise qui tombait abruptement dans la mer. Les bras ouverts à son destin, elle hésitait entre rester les pieds rivés au sol où rejoindre les anges en un vol plané. Des larmes de désespoir ruisselaient le long de ses joues. Son âme se mourrait et son être tout entier réclamait une issue. Elle regarda les marques fraîches sur ses avant bras, le sang n’était pas tout à fait séché et elle pouvait toujours sentir le fil du rasoir couper la chair tendre. Pour un instant il semblait qu’elle avait des ailes pour librement décider de sa vie. Plus jamais elle ne les laisserait se moquer d’elle. Plus jamais il ne taperait sur ses pauvres os jusqu’à les briser, lui enlever son innocence.

Denis l’avait regardé dans l’ombre scrutant son âme de mortelle. Certes cette jeune femme souffrait. Mais il était si dommage de gâcher une telle haine envers l’humanité. Il en était surprenant pour une personne de son envergure. Le regard vide, il s’avançait alors vers la falaise, ses yeux posés sur la jeune femme. Il se rappelait la première fois où il l’avait aperçue. C’était par une nuit comme celle-ci. Clara se tenait au même endroit répétant les mêmes gestes mais n’avait point eu le courage de sauter. Il l’avait alors suivi et à chaque fois que le soleil s’éteignait pour faire place à la lune, il l’épiait dans l’ombre, s’abreuvant de ses souffrances.

Clara se tourna lentement, quelqu’un approchait. Il semblait jeune , grand et empreint de confiance. Elle le dévisagea un moment sans trop savoir pourquoi il se trouvait là. Il fit de même , scrutant son visage à la recherche d’un je-ne-sais-quoi. Un sourire glacial se dessinait sur ses lèvres alors qu’il prit la parole. « Alors vais-je devoir te pousser, Clara ?. Ou trouveras-tu le courage de le faire ?».

Le sang dans les veines de la jeune femme se glaça sans trop comprendre comment cet homme mystérieux pouvait connaître son identité. Les mots se coincèrent dans sa gorge pour ne laisser échapper qu’une plainte de stupeur. Ses yeux vert, noyés par des larmes naissantes.

Denis souriait toujours de cet air cruel qui était propre aux vampires devant les émotions humaines en posant un index sur la bouche de Clara. « Je peux mettre fin à tes souffrances si tu es trop faible d’esprit pour y parvenir. Je me ferai un plaisir de chasser tes soucis en goûtant à ce sang que tu te plais tant à faire couler de tes jolis bras ». Il savait très bien qu’elle découvrirait qui il était, sentant que sa chair froide contre la sienne la faisait frissonner.

Le tonnerre se fit entendre, et de sombre nuages cachèrent la lune qui avait pris une couleur ensanglantée. Clara regardait toujours l’inconnu. Un seul mot s’échappa de sa bouche au moment où l’orage commençait à tomber. " Vous… ".

Le vampire souriait toujours en acquiesçant de la tête sachant très bien qu’elle parlait d’un de ses rêves dans lequel il s’était immiscé.

Les yeux vert de Clara se rivèrent au sol. Elle ne savait que faire et frissonnait maintenant de peur. Pour un instant, elle avait pensé prendre la fuite, mais il était certain qu’il la rattraperait. Denis se mit à rire sans scrupule avec un mouvement de tête désapprobateur. « Je sais à quoi tu penses, Clara, et t’enfuir n’est pas la solution, je t’aurais sans aucun effort.»

Elle regarda alors le vampire dans les yeux, tentant de chasser sa peur au plus profond d’elle-même. « Alors quelle est la solution ? ». Sa question paraissait idiote aux yeux du vampire et il se mit à rire de nouveau. « Ma chère enfant, tu n’as maintenant aucun autre choix que de rejoindre les damnés ou de laisser tes pauvres os se rompre contre les rochers au pied de la falaise. Car, déjà dans cette vie tu es condamnée à souffrir .»

Un larme coula le long de sa joue gauche se figeant telle de la glace lorsque Denis la toucha. Il souriait à pleine dent. « Pourquoi verser tant de larmes qui te seraient inutiles dans cette autre existence que je t’offre ? ». Il s’approcha d’elle doucement laissant sa bouche s’aventurer près de son oreille. « Celle de voir les années passer sans vieillir et de pouvoir te venger d’eux. De ton père qui se plait tant à te faire souffrir et de ta mère, celle qui ferme les yeux sur ces atrocités. Et il y a Xavier, il t’a laissé tomber pour Cécile. Je ne te laisserais jamais tomber Clara, jamais. Car je partage ta souffrance. ». Elle leva les yeux vers lui pour les refermer aussitôt. Clara inclina sa tête vers la droite, dénudant la peau tendre et rosée de son cou, les gouttes de pluie glissant sur le satin de son corps. Il la comprenait. Il savait tout d’elle, ce que personne auparavant n’avait pu déceler de cette douleur inconcevable qui lui rongeait les tripes. Elle allait accepter son offre.

Denis eut un sourire intérieur. Ravi, il se pencha vers Clara. Ses canines acérées effleurèrent sa chair doucement. Il la sentait frissonner à nouveau au contact de celles-ci mais cela ne l’empêcha point de les enfoncer profondément dans sa chair, laissant les effluves du sang de sa victime délecter son palais. Un petit cri de douleur s’échappa de la bouche de Clara mais s’évanouit spontanément. La morsure étant plutôt perçue, par la jeune femme, comme une jouissance en soit plutôt qu’une douleur.

Denis enlaça ses bras autour de Clara pour éviter que tout son être ne s’effondre au sol. Il sentait les battements de son cœur se faire de moins en moins insistants. Il s’arrêta de boire à cette merveilleuse source qu’était la vie, pour la regarder. Elle lui faisait tant penser à Jade, sa défunte femme . Il n’avait pas eu le courage de donner l’existence éternelle à cette dernière. Pauvre Jade, il l’avait vu vieillir et mourir tandis que sa propre personne gardait ses traits de vingt deux ans.

Denis déchira la chair de son poignet droit pour le poser sur les lèvres de Clara, qui était maintenant dans un état second. Le sang perla sur les lèvres pour s’insinuer dans sa bouche et glisser doucement le long de sa gorge. Elle ouvrit les yeux, ramenée à la vie par le goût aigre du sang. Elle laissa sa langue étreindre doucement la plaie au poignet de Denis en l’ultime désir de s’abreuver davantage de ce nectar. Il la repoussa tendrement, laissant son bras droit tomber le long de son corps.

Clara le regarda avec insistance, cherchant dans les yeux de Denis la certitude qu’elle avait fait le bon choix. Elle était venue à douter, il y a quelques secondes de cela, qu’il lui aurai été préférable de se jeter en bas de la falaise plutôt que d’avoir à se nourrir de ceux de sa propre espèce. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert. IL eut un petit rire glacial. « Tu apprendras à te dissocier de tes émotions et de ces humains pour ne voir en eux que du bétail. Certes, quelques un mériteront ton attention mais très peu. ». Il s’écarta de Clara et regarda au loin. « Le soleil se lèvera bientôt, nous ferions mieux de nous abriter ». La pluie ne cessait de tomber, et le tonnerre grondait toujours.

Il était, là, tapis dans l’ombre les observant. Il avait tout vu. Il avait vu Denis changer cette inconnue en l’un d’eux. En les voyant s’éloigner, ensemble, il grogna de haine. Denis avait toujours tout ce qu’il voulait. « Pas cette fois-ci… » se promit-il.

Clara était étendue dans l’ombre, à la frontière entre les rayons de ce soleil mortel et de l’ombre apaisante. Elle laissa ses doigts s’aventurer dans le sillage chaud et lumineux, les regardant, attendant de sentir le picotement de la brûlure dans sa chair. Cela ne prit que quelques secondes. Elle les retira, ramenant ses doigts meurtris dans la pénombre. Elle souriait paisiblement. Elle avait touché le soleil. Mais l'astre lui manquait. Mais Clara ne se plaignait pas de cette vie que Denis lui offrait depuis déjà quatre mois. Sa compagnie était bonne et il semblait plus que tout comprendre sa détresse.

Après quelques minutes Clara se releva et traversa dans la chambre d’à côté où elle ouvrit la trappe de la cave. Elle y descendit. Denis dormait, paisiblement sur le lit. Il avait aménagé, il y a longtemps de cela, une petite chambre bien confortable et décorée pour y passer ses journées le plus loin possible de la clarté naturelle, n’accordant la place qu’à une lampe à l’huile ancestrale. Et pourtant, elle n’était pas si fatale qu’on peut le croire pour les vampires. Ils peuvent la contempler dans l’ombre. Clara referma la trappe et se tourna vers le lit pour y voir Denis qui s’était éveillé, son regard posé sur elle. « Le soleil t’a une fois de plus ravi à moi ma chère Clara. ». Elle esquissa un sourire paisible et s’étendit sur le matelas à ses côtés , son regard d’un vert vif posé sur lui. « Je ne suis pas encore habituée à son absence ». Elle posa sa tête sur l’oreiller et le fixa, posant la paume de sa main gauche contre la joue droite de Denis, le caressant doucement. Il frissonna et ferma les yeux. Elle lui rappelait tant Jade mais elles étaient pourtant très différentes, en dehors du physique. Clara était beaucoup plus réservée et calme. Elle apaisait sa hargne et aurait réussi à faire battre son cœur s’il en eut un. Elle le voyait comme un ange, son sauveur. Il lui avait offert beaucoup plus que ce que la vie lui avait jadis donné. Il eut un petit rire sonore, les yeux clos, et un sourire effleura sa bouche. « Un ange ?. Mais je ne suis pas un ange. Car si j'étais un ange, la destinée ne m’aurais pas châtié ainsi ».

Clara semblait heureuse , mais il manquait effectivement quelque chose à sa vie. Denis ouvrit les yeux et la regarda, de son regard noir et transperçant. « Qu’y a-t-il ? ». Elle soupira, le regardant toujours. « Mon violon, il me manque. ». Elle avait toujours affectionné cet instrument si riche en émotion qui la faisait vibrer. Il sourit et lui baisa le front. « Je t’en offrirai un cette nuit, mais pour l’instant, repose toi. ». Il ferma les yeux, enlaça Clara et plongea dans un sommeil.

Elle n’avait pas trouvé le sommeil de la journée. Elle était restée éveillée à fixer les ténèbres, ne bougeant pas même d’un cil pour ne pas éveiller son compagnon. Il s’éveillait maintenant que la lueur de l’astre lumineux s’était éteinte pour laisser les ténèbres envahir la terre. Il se leva promptement, relâchant son étreinte et s’habilla. Il n’avait point perdu ce style soigné malgré le changement de la mode selon les époques.

Denis se dirigea vers la malle en cèdre, contre le mur face au lit, et l’ouvrit pour en sortir un coffret. Il l’ouvrit pour en sortir une merveille. Il tendit vers Clara un violon. Elle le prit frissonnant de joie. Ses yeux vert s’accrochèrent aux siens en reconnaissance et se reposèrent sur l’instrument. Elle laissa ses doigts effleurer le corps si doux et encore vernis malgré les années car il semblait très ancien. Elle tendit les cordes et les pinça en un ultime désir d’accorder le violon à la précision. Elle souriait, comme si elle fut heureuse. Clara se détachait tranquillement de ses émotions, mais elle savait pertinemment qu’elle ne saurait ne faire totale abstraction pour des années peut-être même des siècle. Denis ne s’imaginait point lui faire autant plaisir en lui offrant cet objet.« Fait par Antonio Stradivari lui-même ». Elle posa son regard de nouveau sur son bienfaiteur avec un sourire. « Si ce violon a été fait de ses mains, tu es beaucoup plus âgé que je ne le pensais. ». Cette dernière réplique cingla Denis au plus profond de lui-même. Il n’en fit rien et tourna l’instrument pour montrer à Clara l’étiquette.

Antonius Stradivari Anno 1710. Elle se sentit tout à coup mal à l’aise, sentant le désarroi de Denis. Elle se pencha vers lui et déposa sur ses lèvres froides un doux baiser. « Merci ». Il la regarda et sourit. « Joue pour moi. Je t’accompagnerai au piano. ». Elle gravit les marches de la cave, ouvrant la trappe et il la suivit. Il s’installa au piano entamant la Sonate en sol majeur pour piano et violon de Ravel. Elle posa le corps du violon sur son épaule droite, le manche la paume de sa main. L’archet dans la main gauche, elle le laissa glisser sur les cordes en pinçant doucement du bout des doigts produisant de parfaites notes. Denis se sentit secoué par l’agilité de son jeu. Il laissait ses doigts, tel un automate, glisser sur les notes du piano. Il était bouleversé. Les yeux vert émeraude de Clara étaient posés sur lui, brillants d’émotion. Certes, vous direz que les vampires n’ont pas d’émotions, mais ils ont été humains et la nostalgie est telle qu’ils se souviennent. Ils veulent garder la seule portion qui ne fait pas d’eux des morts à part entière. La seule raison qui pourrait justifier ce désir qu’ils ont d’annihiler tout ressentiment serait la facilité de survivre au temps. Il regarda la robe blanche dans laquelle elle dansait doucement au son des notes , telle une ballerine mais sans les entrechats, laissant ses doigts effectuer des arabesques virevoltantes sur les cordes tendues du violon. Il aurait tant voulu être cet instrument sur lequel elle semblait déverser ses passions les plus profondes, être chaque corde sur lesquelles elle laissait ses doigt doucement se plaire. Le vampire s’égara dans ses pensées, manquant la note. La violoniste s’arrête pour le regarder. Il sourit, comme un enfant extasié murmurant. « Joue pour moi Clara. ». Elle s’exécuta, laissant son talent s'exprimer.

Denis se leva et s’approcha de Clara la délestant de son instrument à la dernière note. Il laissa ses lèvres s’aventurer vers son cou. Ce cou dont il s’était délecté auparavant. Il laissa ses canines s’enfoncer dans cette chair déjà empoisonnée. Elle soupira tendrement d’extase et ferma les yeux pour laisser sa propre bouche fureter vers la carotide battante de désir de son compagnon. Elle brisa la chair avec tendresse pour s’abreuver de ce nectar. Ceci n’est pas une manière de se nourrir j’en conviens mais la sensation est comparable à l’ultime moment orgasmique chez l’acte d’amour charnel humain.

Les deux amant envenimés par le plaisir sanglant que chacun se procurait n’avait point remarqué l’homme qui les regardait à la fenêtre. L’homme se dirigea vers la porte pour l’ouvrir et entra. Surprise par son intrusion, Clara laissa son regard sur l’inconnu se demandant qui il pouvait bien être. Denis on ne peut plus déconcerté mais certes moins que sa compagne s’avança vers l’homme . « Ah Grégory, mais quelle surprise. Depuis ces mois que je ne vous avais point vu. ». Grégory regarda Denis avec un regard amical mais tout changea lorsqu’ils se posèrent sur Clara. Il y avait cette hargne quand il la regardait. « Oui maître, excusez ces quatre longs mois d’absence mais il le fallait. ». Denis acquiesça sans demander aucune justification sachant très bien que Grégory devait avoir de très bonnes raisons pour son absence.

Clara avait senti sa chair fraîche et humaine et cela la faisait saliver. Elle s’était habituée au goût quelque peu métallique du sang . Elle le fixait avec envie. Mais elle se disait que Denis n’accepterait point qu’elle se jette sur son ami pour étancher ses désirs. Grégory avait remarqué le regard que Clara jetait sur lui. Il se retourna vers le vampire abruptement. « Maître, vous excuserez mon effronterie mais je vous souhaite la bonne nuit. J’ai grand sommeil. ». Sur ce, l’homme se dirigea à l’étage, vers ses quartiers.

Lorsque Grégory fut hors de la vue de Clara, elle se tourna vers Denis. « Qui est-ce ? » demanda-t-elle doucement. Denis eut un rire cynique . « Il s’appelle Grégory c’est l’un de mes plus fidèles servants. Je vois que tu as eu soudainement une envie de t’abreuver à lui. ». Clara ne broncha pas , les vampires ne rougissent pas . « Oui, et j’en conviens que d’avoir perçu les battements de son cœur m’a donné envie de l’alléger de quelques litres de son sang. ». Denis approchât doucement ses lèvres contre l’oreille droite de Clara. « Bientôt ma tendre moitié, il t’appartiendra. Tu en feras ce que tu voudras. ». Elle esquissa un sourire malin et quitta la maison pour errer jusqu'à l’aurore.

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avatar contributeur de The Blob
The Blob
25/10/2025 à 16:31

mdr ci tout le monde met ses texte ça va être la fête pour le plagiat xD

avatar contributeur de Montana
Montana
25/10/2025 à 20:45

Citation de Enden #541899

Merci beaucoup de ton commentaire, ça me fait toujours plaisir que tu aimes mes histoires et que tu les lises à chaque fois en entier.

Citation de The Blob #541932

Mais c'est pas la première fois que je mets mes histoires. Effectivement, mais c'est pas comme si j'avais écrit un bouquin.

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