Les rues sont décorées et ont des allures festives, je n’ai jamais vraiment aimé cette période. Je ne peux cependant pas expliquer pourquoi. L’envie d’une hibernation temporaire pour me ressourcer, ou est-ce une fuite pour éviter à tout prix cette période de prétexte à cadeaux ?. Je décide de me servir un verre de cet élixir de jouvence dont les bulles me caressent les lèvres et se laissent descendre jusqu’au fond de ma gorge pour y déposer un goût perlé de champagne. Ce breuvage royal est définitivement exquis. Remercions encore tout le génie de ces Champenois qui ont pu maîtriser, au cours des siècles, cette effervescence régulière avec une extrême finesse et l’ont doté d’une excellente persistance. Ces vins de Champagne furent consacrés un soir de Noël en 496.
La nuit précédente, la neige nous a prodigué un épais manteau blanc immaculé. Un soleil radieux y a jeté son dévolu toute cette belle journée. C’est magnifique. Je regarde dehors, du moins j’essaie, car d’énormes flocons viennent déposer leur dernier soupir sur les fenêtres, et rendent ma curiosité inassouvie.
Petit à petit la nuit tombe. Dans la cheminée, les flammes crépitent et je suis de plus en plus songeuse.
Un somptueux parfum raffiné à base d’huiles essentielles aux vertus dites «érotiques et tonifiantes » s’est répandu doucement dans le salon et imprègne l’atmosphère de divines saveurs orientales.
Bon sang !. Comment ai-je pu oublier ?. Ce soir, on produit La Traviata à Paris. C’est étrange car c’est mon opéra favori et pourtant je ne ressens pas l’envie d’y assister. Mais ma place est réservée, et j’ai rendez-vous avec mon amie, alors je fonce.
Combat contre la montre. Je grimpe l’escalier, une marche sur deux, direction salle de bain. Je décide néanmoins de veiller à mon petit rituel habituel, je me glisse dans un bain chaud, et me recouvre d’une mousse onctueuse, parfumée au Monoï, ensuite je m’enduis le corps d’une crème, me bichonne par-ci par-là, et enfin parfaire mon plumage devant l’incontournable miroir. Je m’arme de patience et attaque ma tignasse. Opterais-je pour un chignon romantique, sophistiqué ou pour une chevelure ébouriffer beaucoup plus adaptée à un look artistique ?. Je refais, je défais pour finalement
laisser libre cours au mouvement naturel des mèches. Une pince toute simple ramène les épis vers l’arrière et voilà le tour est joué.
Mais que vais-je mettre ce soir ?. Je regarde l’horloge, le taux d’adrénaline est au maximum. Je cours ouvrir ma garde-robe que je découvre affreusement vide !. J’ai un dernier espoir. Mais l’inévitable abomination devait se produire, ma robe rouge en satin s’est volatilisée.
Une énorme malle de linge non repassé et quelques tickets jaunis du nettoyage à sec m’éjectent hors de mon dressing. Cela ne résout pas du tout mon problème. Mon smoking fera l’affaire.
Vite, vite. Je dois quitter dans une demi-heure. Je cours partout. Mon corps devient une vraie bouilloire !. Du coup, mon montage capillaire se décompose littéralement. Restons zen. J’inspire et expire un bon coup. J’en profite entre-temps pour déposer mes lèvres sur la coupe de champagne qui, je ne sais comment a pris place sur le bord de la baignoire. Je décide de m’octroyer quelques minutes de pause.
Dehors, il règne un silence pittoresque. La ville semble se confondre avec un tableau. Un rêve nocturne. Une vision apocalyptique. Le ciel est rougeâtre avec des reflets dorés, mêlés de coups de pinceau orange et noir. Des lueurs sulfureuses traversent les nuages que bouscule et lacère la tourmente. Le ciel se ferme comme une alcôve et devient fauve, avec la lune comme unique proie. Le vent glacial souffle de plus en plus fort. Mais toute cette nature face à ce déluge hivernale nous offre un concert harmonieux de ses instruments vivants, les craquements des branches nous jouent du violoncelle, le vent, du pipeau, les claquements successifs d’une porte mal fermée.
Il est peut-être temps pour moi de presser le pas. Dans dix minutes les portes seront closes. Je démarre, du moins j’espérais. Ah non, ce n’est pas le moment. Je me renfrogne en regardant les étoiles pour bien faire comprendre que des soucis de ce genre ne sont guère de mise à cet instant même. Je redoute cependant la fiabilité habile de mon ange dans les problèmes mécaniques.
Je l’implore malgré tout de me venir en aide. Je réitère moult fois le mouvement rotatif de ce bout de métal stupide que l’on nomme une clé. En vain. Un dernier essai, ensuite je déciderai d’abandonner cette chariote et retournerai vaquer à mes occupations nettement plus douillettes.
Le moteur de cette bonne vieille Polo se décide enfin à vrombir. Cette fois, nous sortons tous les propulseurs, plein gaz, et gare aux obstacles.
Je rêve. Une place de choix m’attend devant l’opéra. Madame la chance aurait - elle enfin décidé de pointer le petit bout du nez.
Je cours sur les marches qui me mènent à l’entrée de cette institution sacrée.
«Dépêchez-vous mademoiselle», le rideau se lève dans une minutes, me crie l’ouvreuse. J’arpente aussitôt le sol de marbre de ces interminables couloirs revêtus de tapis rouge. De gigantesques fresques inspirées du Néoclassicisme, quelques toiles impressionnistes, des gravures de la Renaissance, et tant d’autres trésors encore habillent ces longs et hauts murs. Cette galerie est une véritable extase pour les esthètes. De plus, ce subtil mélange éclectique se marie parfaitement avec les cariatides, ces hôtesses immobiles qui nous accueillent à chaque nouvelle volée de marches.
Mon cœur se joint aux souvenirs de ces solistes et de tous ces magiciens du spectacle qui ont autrefois déambulé dans ce corridor avant de rejoindre la scène. Quelques marches majestueuses encore à gravir, et je ne ferai plus qu’une avec ce chef d’œuvre de Verdi.
La tête dans les nuages, je me rends compte malgré tout qu’une autre personne rivalise aussi avec le temps pour rejoindre son siège. Elle arrive en courant, je n’y prête pas trop attention, sauf lorsque je sens son regard se poser sur moi avec insistance.
Je lève les yeux et aperçois un visage d’ange dont les yeux noisettes me fixent davantage, ils paraissent lire mon âme. Une longue chevelure bouclée sombre aux légers reflets dorés cache légèrement des épaules carrées, mates, recouvertes d’un surcot transparent de toile couleur or. Une fois à ma hauteur, est-ce volontairement qu’elle adopte une démarche plus lente, plus déhanchée, plus féline. N’en déplaise à ma curiosité espiègle. Cette approche, disons quelque peu enjouée me permet de remarquer une superbe robe de velours rouge moulée sur un corps parfaitement galbé, ferme, et aux formes gracieusement prometteuses.
Les ouvreuses étouffent les dernières chandelles. Cette odeur de soufre me rend vulnérable. Ou est-ce tout simplement cette inconnue que mon retard m’a permise de croiser un soir d’hiver.
« Allons Mesdemoiselles, prenez place ! », nous interpelle l’ouvreuse, d’une voix éraillée et sur un ton presque injonctif. Nous échangeons un premier sourire complice avant de disparaître chacune dans notre loge respective.
Dès l’ouverture, La Traviata m’emporte dans un tourbillon de torpeurs oniriques et sensuelles, caressées par les doucereuses notes et les voix d’une tessiture parfaite. Je crois que j’ai dû voir cet opéra quatre fois déjà, mais je suis certainement plus encore sous le charme cette fois-ci. Des frissons me parcourent tout le corps. Ma pudeur est comme mise à nu.
Je ne peux cependant cesser de repenser à cette femme intrigante dont le regard m’a bouleversée. D’ailleurs, comment expliquer le fait que je sois autant perturbée par cette brève rencontre. Aucune parole ne fut échangée, juste un regard, c’est étrange.
Dans la pénombre de l’amphithéâtre, il m’est impossible de reconnaître les visages. J’aurais peut-être dû lui proposer de se joindre à moi lorsque j’ai enfin constaté que le siège à mes côtés demeurait vide. Mais il est trop tard. A propos, pourquoi mon amie n’est-elle pas venue ?. Impossible de la contacter.
J’ai hâte que sonne l’entracte. J’en profiterai pour vite m’offrir une petite coupe de champagne et peut-être y retrouver ces yeux noisettes.
« Damnation ! » Voilà notre chère lippue et pansue Emilie, qui lorsqu’elle ne nous soûle pas de ses folles aventures en pleine brousse, son campement mis en péril par deux grands babouins posés en sentinelle scrutant une compagne de jeu peu ordinaire, passe alors le plus clair de son temps à nous réciter les menus détails de tous les potins de la Jet-Set, quand elle n’est pas plongée dans un sommeil lourd parce qu’une nouvelle amante lassé de ses palabres sarcastiques lui a fait ingurgiter un peu trop de vin.
Ce madré stratagème sauve en effet cette compagne de bonne fortune en lui évitant ainsi de passer une nuit entière dans les bras de cette pie prolixe et de l’entendre soliloquer inlassablement. Malheureusement pas moyen de m’en défaire. Et à mon grand regret, l’éducation m’oblige à rester stoïque en toutes circonstances et ce, même, devant un éboulement d’élucubrations semblables.
De plus, elle est d’une outrecuidance telle que j’ignore par quel miracle personne encore, ne lui a aplati le panache sur la tête. Par contre, je ne peux m’empêcher de ricaner au fond de moi en scrutant sa robe, du moins cet accoutrement de perruche qui à lui seul représente toute une volière de premier choix en terme de couleurs plus qu’extravagantes qu’indescriptibles.
Sauvée par la sonnerie, je prends congé d’elle et rejoins ma loge, triste de pas avoir revu ma mystérieuse et jolie inconnue. La représentation recommence. Je décide que mon ange ne serait plus que la vision d’un soir.
Et puis, j’en suis certaine, elle devait être attendue. Toutefois, je veux garder en mémoire la pudeur de sa bouche, de ses joues. Je revois cette étincelle dans ses yeux, ce visage innocent, et puis toute cette grâce. Ma tête tourne. Je me construis un souvenir farouche de cette idylle trop vite imaginée. De toutes façons, tout ce qui est parfait ne dure jamais longtemps, me persuadais-je vainement. Je replonge dans la Traviata sans ne plus perdre une minute et sans plus aucune envie d’être ailleurs.
A un moment si délicat de l’histoire, la porte de la loge s’ouvre. Je distingue à peine les mots de l’ouvreuse qui invite une spectatrice retardataire à prendre place silencieusement dans le fauteuil situé derrière moi.
Depuis cette intrusion inopinée, un mystérieux parfum se diffuse autour de moi. Cela me semble être un savoureux mélange épicé. Je ferme les yeux. J’aime beaucoup.
Quelques instants plus tard, je sens un souffle chaud dans mon cou, étrange sensation, la musique m’inoculerait-elle de sa partition à ce point ?. Une chaleur intense m’envahit. Je sens une respiration allègre et envoûtante devenir bouillante, et cette essence suave est si proche. Un regard de braise devine que je vais me retourner. Je me retourne. C’est à ce moment précis que l’inconnue prend mon visage entre ses mains et se rapproche de ma bouche pour y déposer ses lèvres.
Je devine son corps qui se veut déjà plus offrant, plus câlin. Quelle chasteté cruelle, nous sommes obligées d’avoir en public. L’opinion nous y contraint, nous restons figées.
Pourtant cela nous mène au comble d’une excitation plus que troublante. Alors dans une discrétion absolue elle me prend la main. Nous perdons tout sens de la réalité. Nos mots en deviennent sourds.
Les ovations puissantes et chaotiques nous sortent brutalement de notre bulle féerique. C’est un réel succès, les gens n’en finissent pas d’acclamer les performances lyriques et scéniques de ces jeunes talents.
Les portes s’ouvrent. Nous quittons notre balcon. Très vite, nous étouffons dans cette foule qui se disperse par vagues féroces dans les corridors. Au sortir de l’obscurité totale de notre alcôve, je la découvre encore plus belle.
Par un subterfuge ingénieux, ma meilleure amie Patricia que le hasard nous a permis de rencontrer lorsque nous nous dirigions vers la sortie, m’a confié un jeu de clé du théâtre. Toute l’équipe privilégie un bon festin avant d’entamer quelconque remise en ordre des lieux.
Tant mieux. Nous pouvons ainsi procéder à une petite visite privée des coulisses. Un clin d’œil complice de Patricia me fait prendre conscience que nos regards ont dû révéler nos intentions.
J’attrape la main de Caroline, nous courons comme deux adolescentes, quelque peu apeurées par leurs premiers désirs, expertes et maladroites. Nous commençons par le superbe plafonnier, après, nous visitons la loge des artistes, puis nous filons sous la scène, ensuite nous montons découvrir les cintres où les perches, les cordages et autres accessoires actionnent chaque soir ces magnifiques décors et ressuscitent les époques révolues.
Au loin, on entend les mots des derniers techniciens s’éloigner, leurs pas deviennent plus légers, puis muets. Je lui demande si elle veut aller sur la scène. Elle acquiesce d’un clignement des yeux.
Je l’emmène dans ce décor parisien, dans le Quartier Latin de la fin du 19ième siècle, où quelques flocons, et quelques pétales jetés par les boutiquières et les enfants sont les derniers vestiges vivants du spectacle.
Dans ce retour au passé, la magie s’opère. Comme par enchantement, une musique jaillit de l’imaginaire et nous transporte au firmament. Le plancher respire encore le talent des acteurs, les spots à peine éteints dégagent encore une source de chaleur intense, leurs timides faisceaux de lumière jaune orangé nous encerclent.
Sans un mot, elle me saisit doucement les hanches, et m’attire contre elle, son regard perçant me paralyse.
Elle me dirige dans un coin plus secret de la scène, sur les plis du grand rideau de velours rouge pas encore entièrement rehaussé, qui nous offre une voluptueuse couche d’amour. Elle m’embrasse. Elle dépose un genou et m’entraîne sur cette masse de tissu et s’incline sur moi. Mes bras entourent ses épaules, je l’embrasse à mon tour timidement. Au deuxième baiser, elle entre sa langue plus profondément, toujours très délicatement.
Mes mains explorent tendrement son dos que je devine parfaitement sculpté. Je caresse son cou, je respire sa peau satinée. Elle ôte précieusement l’attache de mes cheveux.
La paume de sa main redessine le pourtour de ma clavicule avec une sensualité peu commune, et ne tarde pas à se faufiler vers deux petits monts dodus qui l’incitent à ouvrir très langoureusement l’étoffe de soie qui les protège.
Ses gestes me désarment. Très lentement, chaque bouton se dérobe sous ses doigts qui aussitôt enveloppent mes seins roses. Sous cette entremise délicate, je sens leur petite pointe se durcir. Son autre main m’entrouvre légèrement les jambes. Mon dos se cambre. Je sens des gouttes de plaisir couler le long de mon échine.
Je la bascule volontairement pour m’étendre à mon tour sur elle, je serre sa taille entre mes cuisses, ma bouche convoite son corps à travers ses vêtements. Sa taille insolente mollement couchée sur ce sol attise le feu en moi. Notre désir monte, je la sens frissonner. Du bout de mes lèvres je veux savourer sa peau, l’aimer jusqu’au bout.
Ma langue devient gourmande, conquérante. Le bois devient tiède sous nos ébats frémissants, la peur que quelqu’un nous surprenne nous rend plus impatientes, plus sauvages.
Ma main oscille le long de sa robe pour ensuite la faire remonter lentement jusqu’à hauteur du fruit défendu.
Son ventre qui se veut servile, ondoie sous mes attentions. Nos yeux sont si aveuglés par notre délectable petit délire, que nous n’apercevrons même pas un technicien distrait, venu rechercher ses cigarettes, marchant sur la pointe des pieds, comme par excès de prudence et de crainte, les mains empêtrées dans des manches trop longues. Il ne voudrait pour rien au monde interrompre le charme de cette sérénade amoureuse, et pour cause, il nous épiera durant les quarante minutes suivantes. Cette étreinte à présent, est la vraie preuve d’une volonté réciproque d’un don total.
Pourquoi la vie n’est-elle jamais parfaite, et pourquoi les opéras doivent-ils toujours être le reflet de la vie réelle, et se terminer en véritable tragédie. L’opéra n’est-il pas après tout le miroir de nos passions humaines biseauté d’inspirations communes classiques ou modernes, où les rires, les déchirements et l’amour en sont les instruments vivants.
Pour Caroline et moi, le temps s’est arrêté sur la scène. Nous devenons les protagonistes anonymes pour un soir, d’une nuit d’amour qui ne s’achève pas tout de suite.
Tout cela me semble avoir la nature d’une improvisation inspirée, car il est vrai, cette vision, maintes fois, a hanté mes songes et mes chimères.
En effet, certains soirs, je m’imagine en héroïne, semblable aux personnages très diversifiés de mes films favoris, tantôt frugale à la recherche du simple bonheur dans un monde plus magique, sans plus aucune persécution, ni avarice, tantôt plus intrépide en sillonnant le monde entier en quête du Graal des temps modernes. Pour ce faire, l’insomnie est ma meilleure complice. Il va de soi que les lendemains matins, une bonne dose de caféine s’impose et me fait rejoindre aussitôt la réalité.
Certes, ma main frôle ce triangle divin timidement, néanmoins je ne peux que succomber prestement à la tentation devant cette plastique exquise. Je fais rouler ses bas, sa peau est lisse, son string disparaît doucement le long de ses jambes. Elle me presse très fort contre elle, mes hanches sont posées sur les siennes, je lui dépose de tendres et longs baisers.
Elle me saisit par la taille légèrement dévoilée par une coupe taille basse et m’invite à m’allonger sur le ventre. Sa langue d’abord contourne mes omoplates, pour ensuite mieux dévorer chaque vertèbre impétueusement, et prolonge ce délicieux rituel coquin au niveau des petites fossettes de la région sacrée. Mes ongles éraflent un peu le plancher, je ne peux emprisonner plus longtemps ces soubresauts devenus maîtres d’une excitation suprême. Elle couvre mon corps de baisers enflammés, et me fait tourner progressivement jusqu’à ce que sa chevelure sauvage atteigne à nouveau ma bouche et vienne l’émoustiller.
Sa main cible l’ouverture de mon pantalon et s’y aventure très lentement, elle perdure mon attente incessante. Par à-coups elle progresse tantôt sur mon pubis, tantôt plus bas, elle me nargue et joue avec mon plaisir, sa main sillonne partout sur ma peau. Elle s’agenouille et me débarrasse enfin avec véhémence de toutes ces couches encombrantes.
Sa langue douce, chaude et humide finit par se réfugier sur ce calice d’argent, ce nectar d’amour caché dans ce bas ventre si fragile, là où se loge l’écume de mes désirs les plus ardents.
Elle vient en moi, ses doigts me comblent de plaisir durant de longues minutes, mes jambes agrippent ses hanches, elle me regarde, je voudrais lui parler, mais je ne le peux, je ne veux pas me soustraire à ce tendre traité de caresses.
Mon ventre est un véritable volcan, mon plaisir est rythmé par ses va-et-vient continus, je me mordille le bout de la lèvre, mes yeux brillent, mon cœur s’embrase, je sens notre étreinte m’aspirer dans les tourbillons d’une jouissance sans trêve, mais je nous veux toutes les deux ensemble dans cette invitation au voyage. L’idée de nous appartenir mutuellement nous obsède. Dans les nœuds du plaisir et de l’amour, nous voilà enchaînées.
Ma bouche brûlante se promène dessus sa poitrine. Je relève davantage sa robe, je suis maintenant au creux de ses reins, son sexe se rapproche du mien, nous entrons en transe, dans une danse presque tribale, des perles de sueurs viennent faciliter nos mouvements de glisse et de frottement, je tiens sa tête penchée en arrière dans mes mains, sa lourde crinière me rend folle. Elle bouge comme une ondine.
Je viens en elle, mes doigts s’introduisent plus profondément, et dans chaque lueur de son regard, au moment propice, je porte une caresse supplémentaire guidée par ses gémissements. Ses palpitations deviennent de plus en plus régulières et fortes.
Nous sommes totalement nues. Le curieux s’en est allé, le théâtre est maintenant vide. Pour seuls témoins de nos deux souffles mélangés, des ombres chinoises éparses qui apprivoisent nos corps à contre-jour.
Elle se penche sur moi, me regarde intensément, elle semble vouloir me susurrer de douces paroles, mais une petite larme coule le long de sa joue.
Elle fait pivoter une de mes jambes vers la gauche, me replie l’autre jusqu’au milieu des reins, à présent son sexe caresse le mien, nous activons la cadence, nos corps fébriles se meuvent sans répit. Les spasmes de son ventre m’excitent. Je suis émue à mon tour devant sa beauté et sa candeur qui s’offrent à moi. Caroline me murmure successivement mon prénom et son oui d’amour au creux de l’oreille.
Deux respirations saccadées, bruyantes, puis de petits cris de plus en plus aigus confus et mêlés semblent s’élever jusqu’au lustre central aux centaines de larmes de cristal. Une flamme s’illumine dans nos yeux. Ce fût pour nous, le plus bel opéra qu’il nous ai été donné de vivre.
Citation de Concorde #534407
Merci tout de même de l'avoir lu en entier.
Citation de Montana #534405
Quelle belle histoire, magnifique récit, j'ai adoré 😍
Citation de Montana #534408
Non pas en entier seulement quelques lignes, j'ai tout de suite compris de quoi il s'agissait.
Beau texte érotique, avec des pointes historiques et culturels. Le style est fluide. Ça se lit d'une traite. Bravo Montana 👏
Citation de Montana #534405
Waouh !!! magnifique histoire avec toute une sensualité du début à la fin, c'est magique car on peut pratiquement la vivre intellectuellement, merci à vous @Montana pour ce très bel écrit qui se lit d'une traite, au plaisir de vous retrouver 😉.
Bonne soirée et nuit à vous 💫