Bonjour à toutes et tous
Je me demandais si comme moi il y a parmi vous des personnes non binaires qui souffrent de dysphories?
Je m'explique:
Biologiquement je suis un garçon.
J'ai des dysphories "en bas", je détourne toujours le regard de cette partie de moi. Je ne l'aime pas au sens où je n'ai jamais ressenti de fierté comme cela semblait être le cas des autres garçons au sujet de leur membre, je le trouve laid et il me gêne dans mes mouvements. Quand je croise les jambes, quand je conduis, ou quand je me sens comprimé par mes vêtements.
J'ai du mal à me mettre nu et à avoir des rapports intimes...
Sauf que je suis dans un entre deux, je ne me sens pas dans un genre ou dans l'autre aussi bien intérieurement que physiquement.
Je ne peux pas envisager de chirurgie de réassignation étant donné que je me m'identifie pas totalement au genre féminin. En tout cas pas au point de vouloir une poitrine et un vagin.
Je ressens beaucoup de honte au moment où j'écris ce message, même anonymement.
Citation de Anonyme #508528
Je commencerais comme Narikya, il est difficile de pouvoir t'éclairer sans connaître ton age et si ta dysphorie t'accompagne depuis longtemps.
Je suis également non binaire et j'ai connu des dysphories énormes quand j'en ai pris conscience. Je ne savais plus qui j'étais. J'ai même songé être une femme Trans binaire refoulée en discutant avec nos sœurs.
Justement aujourd'hui je suis certaine d'être Trans non binaire et c'est là que mon cas diverge totalement du tien. Je n'ai jamais autant aimé mon corps que depuis que je ne me sens plus un homme. Cette puissance phallique, cette adjonction de bander sur commande, cette nécessité de pisser plus loin que son voisin, je les ai mis au placard définitivement et quel bonheur. Ainsi je suis en harmonie avec mon corps même si j'aurais aimé avoir une crinière qui vole au vent plutôt qu'une perruque. Aujourd'hui ce que je trouvais laid autrefois je trouve que c'est simplement un joli zizi de filles. Et je me sens plus à ma place dans un vestiaire de fille que de garçons.
Pour moi tu n'as pas à avoir honte de ce que tu es, redécouvre ton corps sous un autre angle, tu verras qu'il n'est pas si mal que cela.
Bonjour Narikya et Harmonique et merci de m'avoir lu et répondu.
J'ai effectivement eu des pensées suicidaires tout au long de ma vie.
J'ai déjà beaucoup lu le forum et je n'ai jusque là lu aucun témoignage dans lequel je me suis reconnu.
La honte que je ressens c'est par rapport à la bizarrerie de mon "cas".
Je suis obsedé par l'idée d'avoir recours à une orchidectomie mais je crois qu'elle doit être obligatoirement accompagnée d'un traitement hormonal. Mais quel traitement? Si en contrepartie je dois recevoir de la testo non merci.
Et je ne suis pas sûr qu'un médecin accepterait une telle intervention sur quelqu'un qui n'est pas déjà hormonée
et dans un parcours de transition mtf.
Bonjour,
Je te rassure, tu n'es pas le seul biologiquement mâle à avoir une dysphorie au niveau du bas. Je ressens comme toi beaucoup de gêne, je ne l'aime pas, je trouve ça laid et quasiment inutile a pendouiller comme ça. Je voudrais avoir une vulve.
J'ai, par contre, plus de facilité à être nu.e avec d'autres personnes dans un contexte sexuelle car ces personnes apprécie mon corps alors je l'accepte dans ce contexte. Ceci peut être une piste de réflexion pour toi.
Difficile de savoir quoi dire d'autre ici en public, si tu veux venir en discuter en privé ça sera avec plaisir et bienveillance .
Coucou cher Anonyme,
Citation de Anonyme #508623 La honte que je ressens c'est par rapport à la bizarrerie de mon "cas".
Il m'est impossible d'effacer ce sentiment de honte, probablement très ancré, mais je vais tenter malgré tout de le questionner un peu...
Ton cas est-il si "bizarre" que cela ?
Dans un ouvrage paru à la Découverte; (Transfuges de sexe : https://www.editionsladecouverte.fr/transfuges_de_sexe-9782348057373), Emmanuel Beaubatie a utilisé une étude datant de 2010, menée par l'Inserm, concernant la santé des personnes transgenres ("Trans' et santé sexuelle") pour essayer de "penser la pluralité des trans" loin des clichés habituels et se baser sur des données objectives.
(pp. 135-166) Parmi les 381 personnes ayant répondu au questionnaire de l'étude, seules 52 (13,7%) correspondent à l'image classique du "trans" en s'identifiant clairement à l'un des deux sexes et en ayant recours à une chirurgie d réassignation permettant une transition totale.
La moitié des autres essayent d'instrumentaliser le parcours de transition en jouant le jeu de la parfaite conformité attendue par une partie du corps médical et surjouent leur volonté de s'assimiler totalement à l'autre genre pour obtenir ce qu'ils veulent et qui est souvent un peu moins tranché.
Et l'autre moitié (154 individus, soit 40% des individus interrogés), qu'Emmanuel Beaubatie a désigné sous le qualificatif de "non-binaires", ne recourt pas forcément à la chirurgie (seulement la moitié). Et quand ils transitionnent, ne le font pas totalement, restent dans un entre-deux. Ne s'identifient pas de manière absolue à l'autre genre.
L'impression que tu me donnes, c'est que tu fais tout simplement partie de ces 40%. Alors, il faudrait croiser plus d'études pour savoir s'il n'y a pas un biais et que les personnes comme toi, moi, Aurélucie ou Harmonique représentent une part moindre des personnes dites trans. Néanmoins, cette étude montre que tu es loin d'être le seul.
Et les études américaines que j'ai lues allaient aussi dans ce sens : celui de l'existence à côté des personnes qui transitionnent d'un archipel non négligeable de personnes qui ne se retrouvent pas dans le modèle binaire et une transition totale vers l'autre genre.
Évidemment, dans la mesure où nous sommes une minorité dans la minorité et que nous échappons encore plus au modèle binaire dominant, notre voix, notre singularité est encore plus complexe à saisir et connaître. Peu de textes, de modèles, de sites, de témoignages dont s'inspirer.
D'autant que les trois personnes qui ont commencé à te répondre sont elles aussi différentes les unes des autres.
Mais le point qui me semble essentiel est que des éléments tangibles de sociologie ou de psychologie tendent à prouver que tu es bien moins bizarre que tu ne le ressens, voire que tu appartiens à une part non négligeable que la grande famille trans'. Juste une famille peu connue.
Pour le reste, je ne suis pas la personne adéquate pour t'apporter des réponses sur le point le plus fondamental de ta dysphorie, n'hésite pas à contacter nos deux autres sœurs ici présentes.
Bon courage
Citation de Anonyme #508528
"Je me demandais si comme moi il y a parmi vous des personnes non binaires qui souffrent de dysphories?"
Comme Narikya, Harmonique et AurélieLucie, ce sujet me concerne de près.
Je parle facilement de tous les sujets au quotidien, j'aime converser, échanger.
Le seul sujet dont je n'ai presque jamais parlé dans ma vie, c'est celui-ci.
Je n'ai pas envie de ressentir cela, c'est inhérent à la double nature je crois,
donc j'évite de m'y attarder et j'évite encore plus d'en parler, je vis avec.
Jusqu'ici, tant que je fais mon petit bonhomme de chemin au jour le jour,
j'arrive à savourer les moments agréables avec chacun de ces deux "esprits",
et je serre les dents quand ça fait mal, quand j'aimerais poser quelques heures
ces formes apparues 'en haut' à l'adolescence, ou que j'aimerais me fondre
quelques heures dans cette "peau d'homme" si joliment exprimée dans la BD
J'ai eu l'occasion (et la chance !) de vivre en couple avec des personnes
elles-mêmes non-binaires et respectant cette façon d'être, de ressentir,
ce qui a permis de traverser sans trop de dysphorie ces belles années.
Merci à toi Anonyme d'avoir initié ce post, très parlant quand on est concerné.e.s !
Citation de DodoRéMi #508798 donc j'évite de m'y attarder et j'évite encore plus d'en parler, je vis avec.
Dodo, tu mets le doigt sur quelque chose que je pense de plus en plus. J'espère ne pas troubler Narikya. La non binarité est un bonheur quand on ne cherche plus à l'expliquer mais quand on veut juste la vivre.
Trop heureuse Dodo de te connaître et de te ressembler.
Citation de Harmonique #508802 espère ne pas troubler Narikya. La non binarité est un bonheur quand on ne cherche plus à l'expliquer mais quand on veut juste la vivre.
^^
J'aurais tendance à penser que l'on est véritablement heureux.se quand on cesse de se revendiquer non-binaires ou autre, quand on n'a plus besoin d'en parler tout le temps ou de se renseigner à ce sujet, mais que ça fait juste partie de nous comme d'avoir les cheveux châtains ou d'être gaucher.
Alors, ce n'est plus un problème, juste une facette.
Cependant, même si je pense que la lumière au fond du tunnel ressemble à cela, pour ma part, je suis encore dans le tunnel. 😁😎
Et puis, je suis un pur esprit, un vieil intello, plus à l'aise avec les livres et les idées qu'avec la vie. Voilà tout. 😂😇?
Cependant dans le témoignage de Dodoremi, j'entends plutôt la persistance d'une blessure qui semble moins douloureuse quand on essaie de ne pas trop s'y attarder.
Alors chacun.e fait comme il peut avec sa situation particulière et les outils qui lui sont les plus adaptés.
Je crois que j'ai la chance d'avoir une dysphorie moins profonde.
Mes pensées sont avec vous quatre.
Votre conversation est 1000x plus éclairante que 100 vidéos Youtube sur la non-binarité. Vous n'avez tous qu'une vie, alors ne la vivez pas en étant quelqu'un d'autre. Soyez vous, votre authenticité sera ce qui vous attirera le meilleur.
Cc
Suite une discussion avec une personne non binaire du forum je me permets d'intervenir même si je n'ai jamais été vraiment non binaire au sens que les personnes trans binaires peuvent parfaitement ressentir la non binarité, sauf qu'à un moment on choisit son genre de préférence en rejetant l'autre, on perd notre fluidité assez rapidement.
Par exemple quand j'étais un homme par obigation sociale, j'étais un mec incapable d'être fluide pour me laisser aller à ma féminité au grand jour, pour me protéger, inconsciement je savais que si j'ouvrais les vannes j'allais me faire trop de mal vu que j'avais dû renoncer à ma féminité (et à ma sexualité) quand j'avais 20 ans.
Maintenant que je suis une femme, c'est différent, je pourrais m'amuser à faire l'androgyne parce que je n'ai plus de sexe masculin et que je suis dans mon genre choisi mais ce n'est pas évident car j'ai un corps trop androgyne d'après moi ^^ et cela pourrait réveiller ma dysphorie.
C'est très complexe la dysphorie car c'est un état provoqué par la dystopie de notre vie sociale par rapport à notre ressenti de genre ou corporel.
La dysphorie corporelle peut très bien toucher une personne cis si cette personne n'a pas le corps qu'elle voudrait avoir.
La non binarité a toujours existé, des hommes féminins ou des femmes masculines, cela existe depuis la nuit des temps. Je simplifie dans mes exemples.
Par contre pour les femmes c'est plus facile maintenant d'être non binaire car elle ont une expression du genre plus étendue que les hommes. Pour un homme c'est très difficile dans notre société d'exprimer sa féminité, souvent pour se justifier à soi même on peut être tenté de se dire trans mais non cela serait une erreur si on a pas une dysphorie marquée.
Il y a des non binaires féminins qui font l'erreur de prendre des hormones parce qu'ils adorent leur ressenti féminin et après ils gèrent mal le fait d'avoir des seins, surtout qu'ils sont souvent gays, bonjour la cata pour eux si après on les prend pour des femmes trans.
Etre non binaire, c'est compliqué et il faut assumer, il y a beaucoup de femmes trans qui ont été non binaires pendant une longue période avant de franchir le cap vers une transition.
En plus quand on veillit, si on est un homme féminin, plus c'est difficile d'exprimer notre féminité avec un corps de vieux mec dans notre société bourrée de prèjugés sexistes, misogynes et homophobes.
Moi je n'ai jamais pu assumer une non binarité, j'ai préféré choisir dans quel genre j'allais finir ma vie, celui que j'aurais voulu avoir à 20 ans ou dès ma naissance.
Comme je ne suis pas non binaire j'ai sûrement dit des bêtises, je m'en excuse par avance :/.
Citation de ClaraTrsOp #509120 Comme je ne suis pas non binaire j'ai sûrement dit des bêtises, je m'en excuse par avance :/
A titre personnel, je dirais que non, au contraire, ce que tu nous partages me parle vraiment.
Et puis, toujours à titre personnel, le concept de discussions dans lesquelles seul.e.s les concerné.e.s auraient droit à la parole m'a toujours semblé stupide. Même si c'est une question d'équilibre aussi : être noyé sous le commentaire des gens qui remettraient en cause la non-binarité et n'y connaitraient rien serait plus que pénible. Mais bon, tout commentaire construit de bonne foi, avec le minimum de politesse et d'empathie élémentaires est bon à prendre.
Surtout qu'en l'espèce, tu es quand même une sœur qui a une expérience très proche des nôtres.
Citation de ClaraTrsOp #509120 Par exemple quand j'étais un homme par obligation sociale, j'étais un mec incapable d'être fluide pour me laisser aller à ma féminité au grand jour, pour me protéger, inconsciemment je savais que si j'ouvrais les vannes j'allais me faire trop de mal.
Voilà une pensée qui occupe une grande partie de mes réflexions depuis deux ou trois ans (avant je ne parvenais même pas à mettre des mots sur le souci, juste qu'être un homme était compliqué).
Citation de ClaraTrsOp #509120 Par contre pour les femmes c'est plus facile maintenant d'être non binaire car elle ont une expression du genre plus étendue que les hommes.
Le concept de "garçon manqué" passe souvent mieux que celui de "garçon efféminé".
Et la mode féminine permet plus d'expérimentations et d'expressions différentes que la mode masculine, moins variée.
Citation de ClaraTrsOp #509120 Pour un homme c'est très difficile dans notre société d'exprimer sa féminité, souvent pour se justifier à soi même on peut être tenté de se dire trans mais non cela serait une erreur si on a pas une dysphorie marquée.
Clairement, au moment où j'écris ces lignes, j'ai l'impression d'être dans ce cas de figure. Suffisamment dysphorique pour ne pas être cis, pas assez pour me lancer dans une transition. Hybride. Une minorité dans la minorité.
Citation de ClaraTrsOp #509120 En plus quand on vieillit, si on est un homme féminin, plus c'est difficile d'exprimer notre féminité avec un corps de vieux mec dans notre société bourrée de préjugés sexistes, misogynes et homophobes.
Là aussi, tu frappes juste. C'est une des autres raisons qui me tient à l'écart de l'idée de transition... Quel intérêt pour moi à transitionner vers un corps qui ne répondrait pas à mes envies/fantasmes de féminité et serait à mes yeux probablement très décevant, tout ça pour un prix social énorme ?
Évidemment, cela marche avec une dysphorie physique faible comme la mienne. Ma dysphorie est plus sociale : en terme d'attentes en terme de comportement, d'attitudes, etc.
Si je ressentais une dysphorie physique bien plus aiguë ou si j'avais eu de longue date l'envie/besoin d'être une femme, ma position serait sans doute différente.
Merci, donc pour ton partage, qui éclaire mes pensées.
Citation de Narikya #509139
Merci, il y a tellement de débats stériles sur le genre que je me protège, je sais juste qu'il faut rester humain, éviter la politique et le militantisme qui lance des dogmes à la face des cisgenres, c'est un discours mal contrôlé avec des médecins qui font n'importe quoi, en fait maintenant j'ai compris qu'ils en avaient rien à faire de nous et donnent des hormones à des personnes fragiles qui ne seront pas capables de gérer si leur corps est modifié et ils se retrouvent assimilés trans alors qu'au départ ils pouvaient rester non bi sans TH, c'est juste que la socété n'est pas cool avec nous, c'est dangereux de se faire influencer par nos désirs et par la société.
Je suis réaliste, je tiens compte de mon environement, il y a des choses que j'ai faite uniquement pour me sentir mieux mais c'est aussi pour mon passing, les cis sont très violents avec nous, je ne suis pas protégée par la communauté, non je vis entourée de cisgenres qui ont toujours des préjugés transphobes et homophobes, ils les mettent en sourdine parce qu'ils sont ouverts d'esprit et cultivés mais nous on n'a pas le droit à l'erreur avec eux.