Cette nuit, je pensais dormir. C'était sans compter sur un rêve, sans compter sur ce rêve qui m'a perturbée, ce rêve auquel tu appartenais. Et je me suis réveillée avec ce mélange d'imaginaire et de réalité, cette difficulté à discerner l'existence ou non d'un fantasme, d'un réel sentiment ou aucun des deux, un rêve comme les autres, rien de plus.
Je suis face à ce doute qui apparaît parfois, au lendemain d'une de nos rencontres. Je reste partagée entre le désir de t'avouer que tu me perturbes et la peur de commettre des erreurs, comme tout empathique stressé, peur d'être ridicule, peur de perdre cette amitié que j'apprécie ; peut-être un peu déroutée de n'avoir pu maîtriser des sentiments, ne serait-ce qu'à travers un rêve.
En écrivant ce matin, j'étais presque décidée à t'envoyer cette lettre ; cette lettre qui se transforme peu à peu en exutoire, en déballage pêle-mêle de contradictions, de doutes, avec cette extraordinaire et déroutante impossibilité à comprendre.
Je réalise à l'instant que le simple fait de retranscrire ces interrogations allège ce poids d'incompréhension. Mais relire ces quelques lignes me renvoie cette désorganisation mentale qui persiste au delà de la pointe du crayon. Malgré tout, je ne me sens pas en proie à une réelle déstructuration, bien au contraire.
Je m'aperçois que je t'écrivais et finalement, c'est à moi que j'écris...
Aujourd'hui, je me suis retrouvée seule, seule face à moi-même, seule face à mes désirs et mes craintes, sans honte mais avec un brin de gêne, sans retenue mais avec un soupçon de pudeur ; je suis angoissée et sereine.
Mon équilibre, c'est peut-être cette ambiguïté impossible à définir, désespérément floue et impalpable, démesurément incertaine. Je ne sais pas. Cette contradiction, ce mélange d'attirance et de mal-être, cette sérénité régénératrice et rassurante, ce tourbillon destructeur et bouleversant ; je reste dubitative, chahutée entre venir et partir, indécise entre aimer et haïr.
Quelques semaines sans te voir et ce sentiment indéfinissable, troublant et revitalisant, s'estompe peu à peu. Mais tu reviens et mon esprit s'emballe à nouveau, envahi et débordé par ces fantasmes si déroutants mais tellement agréables, ces interrogations toujours sans réponse, cette ambivalence, ce gouffre sans fin si chaleureux si douloureux. Ce tourment me ronge parfois si fort... Mais cela, tu ne le sais pas. J'aime ces moments incontrôlables de désir, frémir de peur sur cette limite que je souhaiterais malencontreusement franchir sans jamais la dépasser. Je rêve de gestes anodins, de regards impromptus qui me laisseraient imaginer une éventuelle réciprocité pourtant si redoutée. Je sens tes mains sur ma peau, tes lèvres sur les miennes et c'est si bon... Cette ambiguïté dévorante l'habite de manière latente et resurgit après chacune de nos rencontres. Disparaitra-t-elle un jour ?
Cette attirance n'est-elle qu'un fantasme qui s'évaporerait au moindre mot ? Cet équilibre précaire mérite-il d'être rompu au risque de perdre cette frêle complicité que nous semblons apprécier ? Je pense que ce mal-être est nourri par cette éventualité suffocante de tout perdre à vouloir tout gagner.
Les jours passent et la tourmente s'efface peu à peu sans réellement disparaître, laissant place à une bien fragile sérénité. Malgré tout, ton image me hante, ta voix me manque, ton absence m'envahit parfois, me rappelant qu'à la moindre étincelle le feu reprendra ; et c'est douloureux... Lorsque le calme semble revenu, tout recommence, toujours aussi fort, toujours aussi perturbant, comme une houle dans un mouvement perpétuel ; et je nage, je dérive, sans réellement me perdre mais sans l'ombre d'une île qui me protégerait des vagues incessantes qui me ballottent inlassablement, sans trouver de remède à ce mal au cœur. Et pourtant la caresse de l'océan est parfois si douce, si apaisante, si enivrante que je voudrais ne jamais atteindre l'horizon ; ou alors, m'échouer sur le sable chaud du Sahara et contempler cette histoire qui restera un mirage, toujours présent, loin devant, indéfiniment flou, éternellement impala, irréel. Quel bonheur de rêver ! Quelle dure réalité...
Petit à petit je m'apaise. J'aime ces montées d'adrénaline, ce je ne sais quoi si dopant, euphorisant qui embrase mon corps tout entier dans une ascension sublime ; ce sentiment qui me fait parfois oublier la chute chaotique et blessante, inévitable qu'il me faudra ensuite endurer, laissant min âme endolorie et meurtrie, cette douce sensation d'être en vie...
Non
ouahooo ! j'ai commencer la lecture de ton ecrit et me suis laisser prendre a toute cette poesie... je n'ai qu un mot
TOUCHANT!
un reel plaisir de sentir tant d'emotions.
Touchant, c'est le mot, en effet. Les mots et les tourments qu'ils expriment, ces tiraillements qui mènent au supplice mais qui sont en même temps le signe de la vie et de l'amour. Tout cela peut faire écho aux personnes qui lisent ce beau texte.
Bravo !
Je ne m'attendais pas à de tels retours... Je suis étonnée et en même temps heureuse si j'ai réussi à transmettre des émotions. J'aime être émue et j'aime émouvoir, cela rend vivant.
Merci à vous
Non. Merci a toi !
J'ai posté 2 phrases puis un petit texte plus court que celui-ci sur "écrivains, poètes et slameurs" mais très différents. Les deux phrases concernent le deuil de mon grand père et le texte était un doux coup de gueule au gouvernement...
wow!! que d'émotion, je suis arrivée pour lire rapidement le titre et frôler juste une petite lecture pour conclusion , mais , j'ai pris place,vautrée pour apprécier cette plume, cette imagination à laquelle je me retrouve pile dedans...
MERCIIII, je ne me sens pas seule dans ce texte, très plaisant j'avoue, si seulement ma "ELLE" a des ressentis pareils!!
👏🏼👏🏼👏🏼?
multicolor,
cette missive est agréable à lire , elle mène à la réflexion sur ce sentiment amoureux si mystérieux , elle nous submerge d'un flot d'émotions , captivant ...Une sensibilité qui émeut . La naissance du désir qui enflamme tellement beau quand la réciproqueté est du voyage ....