Shubh Mangal Zyada Saavdhan : La première histoire d'amour homosexuelle du cinéma populaire indien

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Ancien membre
30/04/2020 à 02:44

Le film "Shubh Mangal Zyaada Saavdhan" littéralement "Méfiez vous du mariage trop parfait" n'est pas le premier film indien en langue Hindi à parler d'homosexualité.

Traditionnellement, les hommes homosexuels ont toujours été représentés de deux façons dans le cinéma indien.

Dans le "cinéma d'art", version plus "sérieuse" de l'industrie cinématographique indienne, des acteurs relativement peu connus du public jouaient des rôles d'homosexuels déprimés et opprimés. Des rôles bienveillants mais tragiques et des films destinés à un public de convaincus. Deux classiques me viennent en tête, "My Brother Nikhil", basé sur une histoire vraie d'un champion de natation séropositif et "Aligarh", à nouveau basé sur une histoire vraie d'un enseignant d'université s'étant donné la mort quand sa vie privée fut révélée au grand jour dans la presse.

Dans le cinéma commercial en langue Hindi, l'homme homosexuel, personnage rare, était relativement efféminé, souvent un ami loyal de l'actrice principal, dont la présence servait de "comic relief", une sorte de touche d'humour gênante. Mention spéciale pour les hijras, les travestis et eunuques indiens qui font des apparitions bienveillantes bien qu'humoristiques.

Il manquait donc à Bollywood, la machine industrielle du cinéma commercial en langue Hindi, son premier "Jori", à savoir son premier couple gay dans une comédie-romantique avec acteurs célèbres. C'est maintenant chose faite.

La star s'appelle Ayushmann Khurrana, un des acteurs les plus populaires du moment en Inde, habitué à jouer des rôles d'hommes ordinaires mais bien hétérosexuels dans des blockbusters indiens mais aussi récipiendaire d'un National Award, plus haute distinction cinématographique du gouvernement indien. Il forme maintenant avec Jitendra Kumar, nouveau venu dans le monde du cinéma mais célébrité de l'internet indien, le premier couple gay non tragique et surtout non caricatural du cinéma indien.

Le film est loin d'être parfait. Le scénario est un peu confus et les dialogues pourtant très drôles et travaillés sont souvent maladroitement masqués par des brutages sonores un peu cartoonesques. Le film reste néanmoins complet et présente l'amour homosexuel sous tous ses angles.

L'humour qui joue sur plusieurs clichés indiens et repères culturels bien "désis" ne survit pas au sous-titrage et passera au dessus des têtes non indiennes. Néanmoins, le films réussit à faire passer plusieurs messages sérieux avec drôlerie.

Ainsi, l'amour homosexuel est défendu par des raisons romantiques - les parents conservateurs d'un des hommes homosexuels ayant sacrifié leurs propres amours de jeunesse pour un mariage arrangé, des raisons biologiques - le père homophobe est scientifique et se voit mis face à ses contradictions et des raisons légales, l'histoire se déroulant juste avant l'arrêt majeur de la Cour Suprême Indienne dépénalisant les rapports sexuels homosexuels.

Les deux personnages homosexuels sont loin d'être efféminés, bien au contraire, ils ressemblent à monsieur-tout-le-monde et ne sont pas des expatriés petits bourgeois coupés de l'Inde véritable. L'un est d'un père forgeron, l'autre d'un père petit scientifique dans un village perdu du Gujerat, là où l'histoire se déroule.

On a droit à une version hindoue des thérapies de conversion, grosso merdo, une cérémonie religieuse de "renaissance" pour le fils homosexuel censée le convertir en hétérosexuel. Cérémonie ouvertement moquée par l'une des jeunes femmes libérées du film. Une mère hindoue, qui fait honneur à l'idée de Mother India, l'Inde Mère, déesse généreuse et aimante à l'égard de tous ses enfants, hétérosexuels comme homosexuels. Un prêtre hindou qui reconnaît que le mariage dans l'hindouïsme n'est pas l'union d'un homme et d'une femme mais celle de deux âmes.

Au delà du fait que les deux acteurs principaux jouent naturellement les amoureux sans forcer, il n'échappera pas au cinéphile indien, que c'est finalement le grand séducteur des plus belles actrices d'Inde, Ayushmann Khurrana, qui n'hésite pas à porter un sari et à être le "plus gay" des deux. Il était jusqu'à présent inimaginable qu'un "macho man" du cinéma indien, viril et séducteur, joue le rôle d'un homo fier de l'être.

C'est d'ailleurs ce dernier point qui restera dans les mémoires, avec une scène mémorable d'Ayushmann Khurrana, torse nu, une cape arc-en-ciel dans le dos, en mode superhéro qui fait la leçon au père homophobe de son petit ami du haut d'une terrasse. Le film compte aussi les trois premières chansons Hindi où un homme chante et danse en proclamant son amour à son petit ami même en présence du père contrarié de ce dernier.

Le père homophobe finit par accepter son fils tel qu'il est et le film sorti fin février en pleine crise du coronavirus a été un succès commercial. Comme quoi le public a suivi et même Donald Trump y est allé de son tweet encourageant.

Je déconseille à ceux qui n'ont jamais vu de comédies indiennes de le regarder. Le cinéma commercial en langue Hindi est déjà un autre monde et les comédies en langue Hindi, avec leur mélange de sarcasme élaboré très culturellement localisé et leur humour slapstick très primaire sont déroutantes pour les profanes.

J'ai voulu néanmoins partager ce grand moment du cinéma indien et de la cause homosexuelle dans le deuxième pays le plus peuplé du monde, civilisation cinq fois millénaires à la croissance économique galopante. C'est un petit pas pour le cinéma indien mais un grand pas pour les 80 millions d'hommes homosexuels de l'indosphère.

Le mini article de Têtu: https://tetu.com/2020/02/24/et-voici-la-premiere-comedie-romantique-bollywoodienne-avec-un-couple-gay/

La première chanson plus intimiste et romantique:

La deuxième chanson avec le père contrarié:

La troisième chanson avec une famille devenue plus tolérante:

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Ancien membre
30/04/2020 à 10:56

Encore un UP 👍

Shubh Mangal Zyada Saavdhan : La

J'aime les films indiens, même s'ils sont longs. C'est toujours l'occasion de se taper une bonne glace devant 😋 . Je vais essayer de voir Shubh Mangal Zyaada Saavdhan

En tout cas, bel article ! Merci Manish 😉

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Ancien membre
01/05/2020 à 20:32

Merci Manish, je ne connaissais rien de La vie en sari rose

Moins drôle, les mesures autoritaires de confinement prises par le premier ministre Modi empêchent les petits paysans d'aller sur leurs terres et menacent leurs famille de famine. J'ai entendu cette info par l'association Ekta Parishad, inspirée par Gandhi.

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Ancien membre
02/05/2020 à 14:33

Citation de Naftaly #331266

J'avoue ne pas voir le lien entre ce que vous racontez et ce film....

Les mesures autoritaires dont vous parlez sauvent des milliers de vies. L'Inde compte à ce jour 1218 décès liés au Covid-19 pour une population d'1,3 milliard d'habitants. La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement Modi a été jusqu'à présent admirable et même saluée par l'Université d'Oxford qui note moins bien le gouvernement français.

Vous devriez arrêter d'écouter les associations qui ont un agenda politique et dont la partialité n'est plus à prouver.

Je soutiens ouvertement le Bharatiya Janata Party.

Jai Hind.

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Ancien membre
02/05/2020 à 14:48

Merci du partage.

"Au delà du fait que les deux acteurs principaux jouent naturellement les amoureux sans forcer"

Bah justement on aimerait en savoir plus du dossier ^^ :

https://bollywoodbio.se/jitendra-kumar-shares-his-fan-moment-with-shubh-mangal-zyada-saavdhan-co-star-ayushmann-khurrana-reveals-they-discussed-homosexuality-10-years-ago/

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Ancien membre
02/05/2020 à 15:27

Citation de Lindos #331300

On aimerait bien fantasmer sur le sujet mais ça va être compliqué 😅

Ayushmann Khurrana est marié à Tahira Kashyap depuis 2008. Bien avant qu'il ne devienne une célébrité du cinéma indien. Ils se connaissent depuis l'enfance et ont eu deux enfants ensemble, un fils, Virajveer, né en 2012 et une fille, Varushka, né en 2014.

Quant à Jitendra Kumar, bien que sa vie privée soit justement très privée, ça ne m'étonne pas qu'ils aient parlé de sujets comme l'homosexualité ensemble vu que par la suite les deux vont essayer d'aborder des sujets tabous de la société indienne dans leur travail.

Mais j'avoue que ça me déplairait pas qu'il soit gay ! J'aimerais bien qu'un homme me regarde comme lui regarde Khurrana dans le film 😍

En attendant, je regarde "Panchayat" où il joue le rôle d'un jeune urbain muté comme secrétaire du Conseil de village au fin fond de l'Inde rurale avec ses habitants adorables mais aussi un peu cinglés. Série très simple mais aussi très authentique et les acteurs sont d'une justesse extraordinaire.

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