Personnes trans : le parcours législatif du combattant

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Ancien membre
02/11/2015 à 02:09

Étant entre 25 000 et 45 000 en France selon les estimations, ces personnes expriment toutes un besoin de reconnaissance, que la loi ne leur permet que difficilement.

Leur combat pose des questions de droit fondamentales, qui provoquent des débats passionnés, comme on l'a vu il y a deux semaines, lorsque le Tribunal de Tours a reconnu pour la première fois en France l'existence d'un sexe « neutre », ni masculin ni féminin.

Pascal Dervieux et Lionel Thompson, les présentateurs de l'émission le disent : « C'est à la façon dont les minorités, quelles qu'elles soient, sont traitées que l'on peut juger une démocratie. » Reportage :

<iframe src="http://www.franceinter.fr/player/export-reecouter?content=1177967" width="481" height="137"></iframe>

Si vous ne voyez pas le lecteur, vous pouvez vous rendre à cette adresse : Interception - Mauvais genre - 01/11/2015

L'exemple de Michèle et Flora

Flora (Florent) a toujours été mal dans son corps, ce dès le plus jeune âge. N'arrivant pas à définir ce malaise, elle passe une enfance inquiète dans un corps d'homme, avec quelques moments de bonheur. Elle se marie avec une femme, pensant que ce trouble s'arrangera, mais cela ne s'arrange pas. Elle a vécu 55 années ainsi, dans un corps et une identité qui n'étaient pas les siennes. Quand elle part à la retraite, elle décide de changer de vie et d'accepter son genre, se brouillant au passage avec sa femme et ses deux enfants, qui ne comprennent pas cette transformation.

Son amie, Michèle (Michel) appelle les personnes transidentitaires tendrement « la famille des biscornus ». Elle n'a pas le même parcours que Flora. Pour elle, cela s'est révélé plus tard, à 45 ans, après une vie heureuse avec femme et enfants. Ne comprenant pas trop ce qu'il lui arrive, elle décide d'accepter, d'aller droit devant elle, et se présente à son travail un jour habillée en femme. Elle constate avec surprise que ses proches et son entourage prennent bien la chose. En revanche, comme Flora, sa famille s'éloigne complètement, ne comprenant pas.

Le Docteur Cordier, Hôpital Foch à Suresnes, est responsable d'une unité SOFECT (Société Française d'Études et de prise en Charge du Transsexualisme). Il y a six unités en France, regroupant endocrinologues, psychologues et chirurgiens, et sont parfois décriées par la communauté trans [voir les commentaires]. Ces unités ont été mises en place pour les personnes souhaitant entamer un « parcours de transition », remboursé par la Sécurité Sociale. Le docteur Cordier précise que la transidentité est un « mystère », il précise toutefois que ce n'est en aucun cas un « trouble psychiatrique ».

Une procédure intrusive et humiliante pour légaliser sa réassignation

Condamnée en 1992 par la CEDH (Cour Européenne des Droits de l'Homme), la France est depuis sommée d'examiner les procédures de changement de sexe. Pourtant, dans la législation française, cela demeure un véritable parcours du combattant : il faut passer devant un juge, apporter des preuves, une attestation psychiatrique, montrer que son changement de sexe est irréversible, ce qui, selon certaines associations, est considéré comme une obligation de stérilisation. De plus, certains tribunaux demandent des examens complémentaires humiliants comme par exemple des rapports médicaux sur la profondeur, ou la longueur des organes génitaux après opération...

Michèle a subi une opération de réassignation, « moins douloureuse qu'une rage de dents ». Pourtant, la procédure de changement de genre sur sa carte d'identité a pris deux ans supplémentaires. Du début des symptômes jusqu'à l'obtention des papiers d'identité, sa transition a duré neuf ans. « Neuf ans où tout autour s'écroule. [...] C'est sûr que cela ne peut pas se faire en huit jours, mais neuf ans, c'est beaucoup trop long. »

Timéo, qui a procédé à un réassignement inverse, a rusé : il a choisi le tribunal devant lequel il devait se présenter, afin d'obtenir une chance plus favorable dans la décision. Ses démarches n'ont duré qu'un an, même si cela lui a coûté, comme à beaucoup, quelques milliers d'euros en frais d'avocat pour la procédure. Comme Michèle, il a dû produire devant le juge un ensemble de preuves, des attestations d'endocrinologues, de médecins, de psychiatres, des comptes-rendus d'opération. Sa voix est teintée de colère : « En vertu de quoi une personne qui ne m'a jamais rencontré puisse me voir pendant une dizaine de minutes et estimer que j'ai le droit d'être l'homme que je revendique être ? Cette personne prend une décision qui impacte toute votre vie. »

Simplifier les démarches

La CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme) a rendu un rapport en 2013 sur le changement d'État Civil des personnes transidentitaires. Cet avis présente l'insécurité juridique de ces personnes : comme il n'y a pas de loi, on s'appuie sur la jurisprudence, et tous les tribunaux ne rendent pas le même jugement. La CNCDH préconise le vote d'une loi, qui démédicaliserait la procédure, afin qu'il n'y ait plus d'expertises intrusives et humiliantes pour la personne. Le deuxième pan de la loi devrait déjudiciariser partiellement la procédure : une personne désirant changer de genre passerait d'abord devant un officier d'État Civil afin d'effectuer une déclaration, qui devra simplement être homologuée par un juge.

Philippe Régnier, professeur de Droit et spécialiste des questions de genre, dénonce le « besoin de critères » des parlementaires, quand il s'agit de voter les lois. En l'absence de critères médicaux ou juridiques, ces derniers s'attardent sur les critères sociaux, « le comportement social » de la personne.

« Qu'est-ce que c'est, aujourd'hui, le comportement social d'une femme ? Celui d'un homme ? Ces critères qui ne sont pas légalement précisés sont inapplicables. [...] Les parlementaires ne veulent pas abandonner la logique des critères, parce que c'est une logique de contrôle. [...] Dans une société qui cherche à lutter contre les stérotypes de genre, c'est comme la main droite qui ignore ce que fait la main gauche. »

Un projet de loi bientôt examiné

Erwann Binet, député socialiste de l'Isère et déjà rapporteur, en 2013, du projet de loi pour le mariage pour tous, a récemment déposé avec Pascale Crozon une proposition de loi pour encadrer le changement d'État Civil pour les personnes transgenres. « Il n'y a pas une ligne de texte dans le Code Civil qui actuellement concerne le changement de sexe, d'État Civil. [...] Aujourd'hui et depuis 1992, les juges sont en face d'eux-mêmes, créant le droit. [...] Le législateur doit prendre ses responsabilités. »

Ce projet de loi, qui même s'il va dans le bon sens, n'est pas parfait. Il donnerait la possibilité à une personne désirant une réassignation sexuelle de prouver, devant le Procureur de la République, qu'elle est « socialement » désormais dans un autre genre, à travers son propre témoignage et ceux de ses proches. Ce serait ainsi la société, et non plus le tribunal qui regarderait cette personne, en démédicalisant et déjudiciarisant de manière effective la procédure. Le Procureur aurait ensuite à statuer, dans un délai de trois mois suivant l'audition, si la personne peut être réassignée.

Les associations transidentitaires ont déjà critiqué ce projet de loi, jugeant qu'elle « ne va pas assez loin ». Erwann Binet répond qu'il « aimerait que nous puissions aboutir un jour à un simple changement d'État Civil par déclaration. [...] Ce n'est hélas pas applicable dans notre situation juridique. »

Il poursuit : « Ma pensée personnelle, c'est que je ne comprends même pas pourquoi la mention du sexe figure à l'État Civil. Il ne devrait pas y figurer et il n'est pas – ou très peu – impliqué dans la législation. [...] Notre objectif, c'est de faire une loi qui peut aboutir. »

 

Merci à Laera, pour avoir proposé ce documentaire à l'écoute !

Illustration : Image du film Tomboy, de Céline Sciamma (2011).

Crédits de l'émission :

France Inter - Reportage de Sandrine Etoa-Andegue. Prise de son : Philippe Etienne. Mixage : Delphine Baudet. / Réalisation d’Anne Lhioreau, assistée de Stéphane Cosme et de Zohra Bensmaïli. / Invité : Erwann Binet, député socialiste de l’Isère, auteur avec Pascale Crozon, députée socialiste du Rhône, d’une proposition de loi sur le changement d’identité pour les personnes transidentitaires.

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Étant entre 25 000 et 45 000 en France selon les estimations, ces personnes expriment toutes un besoin de reconnaissance, que la loi ne leur permet que difficilement.

Leur combat pose des questions de droit fondamentales, qui provoquent des débats passionnés, comme on l'a vu il y a deux semaines, lorsque le Tribunal de Tours a reconnu pour la première fois en France l'existence d'un sexe « neutre », ni masculin ni féminin.

Pascal Dervieux et Lionel Thompson, les présentateurs de l'émission le disent : « C'est à la façon dont les minorités, quelles qu'elles soient, sont traitées que l'on peut juger une démocratie. » Reportage :

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L'exemple de Michèle et Flora

Flora (Florent) a toujours été mal dans son corps, ce dès le plus jeune âge. N'arrivant pas à définir ce malaise, elle passe une enfance inquiète dans un corps d'homme, avec quelques moments de bonheur. Elle se marie avec une femme, pensant que ce trouble s'arrangera, mais cela ne s'arrange pas. Elle a vécu 55 années ainsi, dans un corps et une identité qui n'étaient pas les siennes. Quand elle part à la retraite, elle décide de changer de vie et d'accepter son genre, se brouillant au passage avec sa femme et ses deux enfants, qui ne comprennent pas cette transformation.

Son amie, Michèle (Michel) appelle les personnes transidentitaires tendrement « la famille des biscornus ». Elle n'a pas le même parcours que Flora. Pour elle, cela s'est révélé plus tard, à 45 ans, après une vie heureuse avec femme et enfants. Ne comprenant pas trop ce qu'il lui arrive, elle décide d'accepter, d'aller droit devant elle, et se présente à son travail un jour habillée en femme. Elle constate avec surprise que ses proches et son entourage prennent bien la chose. En revanche, comme Flora, sa famille s'éloigne complètement, ne comprenant pas.

Le Docteur Cordier, Hôpital Foch à Suresnes, est responsable d'une unité SOFECT (Société Française d'Études et de prise en Charge du Transsexualisme). Il y a six unités en France, regroupant endocrinologues, psychologues et chirurgiens, et sont parfois décriées par la communauté trans [voir les commentaires]. Ces unités ont été mises en place pour les personnes souhaitant entamer un « parcours de transition », remboursé par la Sécurité Sociale. Le docteur Cordier précise que la transidentité est un « mystère », il précise toutefois que ce n'est en aucun cas un « trouble psychiatrique ».

Une procédure intrusive et humiliante pour légaliser sa réassignation

Condamnée en 1992 par la CEDH (Cour Européenne des Droits de l'Homme), la France est depuis sommée d'examiner les procédures de changement de sexe. Pourtant, dans la législation française, cela demeure un véritable parcours du combattant : il faut passer devant un juge, apporter des preuves, une attestation psychiatrique, montrer que son changement de sexe est irréversible, ce qui, selon certaines associations, est considéré comme une obligation de stérilisation. De plus, certains tribunaux demandent des examens complémentaires humiliants comme par exemple des rapports médicaux sur la profondeur, ou la longueur des organes génitaux après opération...

Michèle a subi une opération de réassignation, « moins douloureuse qu'une rage de dents ». Pourtant, la procédure de changement de genre sur sa carte d'identité a pris deux ans supplémentaires. Du début des symptômes jusqu'à l'obtention des papiers d'identité, sa transition a duré neuf ans. « Neuf ans où tout autour s'écroule. [...] C'est sûr que cela ne peut pas se faire en huit jours, mais neuf ans, c'est beaucoup trop long. »

Timéo, qui a procédé à un réassignement inverse, a rusé : il a choisi le tribunal devant lequel il devait se présenter, afin d'obtenir une chance plus favorable dans la décision. Ses démarches n'ont duré qu'un an, même si cela lui a coûté, comme à beaucoup, quelques milliers d'euros en frais d'avocat pour la procédure. Comme Michèle, il a dû produire devant le juge un ensemble de preuves, des attestations d'endocrinologues, de médecins, de psychiatres, des comptes-rendus d'opération. Sa voix est teintée de colère : « En vertu de quoi une personne qui ne m'a jamais rencontré puisse me voir pendant une dizaine de minutes et estimer que j'ai le droit d'être l'homme que je revendique être ? Cette personne prend une décision qui impacte toute votre vie. »

Simplifier les démarches

La CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme) a rendu un rapport en 2013 sur le changement d'État Civil des personnes transidentitaires. Cet avis présente l'insécurité juridique de ces personnes : comme il n'y a pas de loi, on s'appuie sur la jurisprudence, et tous les tribunaux ne rendent pas le même jugement. La CNCDH préconise le vote d'une loi, qui démédicaliserait la procédure, afin qu'il n'y ait plus d'expertises intrusives et humiliantes pour la personne. Le deuxième pan de la loi devrait déjudiciariser partiellement la procédure : une personne désirant changer de genre passerait d'abord devant un officier d'État Civil afin d'effectuer une déclaration, qui devra simplement être homologuée par un juge.

Philippe Régnier, professeur de Droit et spécialiste des questions de genre, dénonce le « besoin de critères » des parlementaires, quand il s'agit de voter les lois. En l'absence de critères médicaux ou juridiques, ces derniers s'attardent sur les critères sociaux, « le comportement social » de la personne.

« Qu'est-ce que c'est, aujourd'hui, le comportement social d'une femme ? Celui d'un homme ? Ces critères qui ne sont pas légalement précisés sont inapplicables. [...] Les parlementaires ne veulent pas abandonner la logique des critères, parce que c'est une logique de contrôle. [...] Dans une société qui cherche à lutter contre les stérotypes de genre, c'est comme la main droite qui ignore ce que fait la main gauche. »

Un projet de loi bientôt examiné

Erwann Binet, député socialiste de l'Isère et déjà rapporteur, en 2013, du projet de loi pour le mariage pour tous, a récemment déposé avec Pascale Crozon une proposition de loi pour encadrer le changement d'État Civil pour les personnes transgenres. « Il n'y a pas une ligne de texte dans le Code Civil qui actuellement concerne le changement de sexe, d'État Civil. [...] Aujourd'hui et depuis 1992, les juges sont en face d'eux-mêmes, créant le droit. [...] Le législateur doit prendre ses responsabilités. »

Ce projet de loi, qui même s'il va dans le bon sens, n'est pas parfait. Il donnerait la possibilité à une personne désirant une réassignation sexuelle de prouver, devant le Procureur de la République, qu'elle est « socialement » désormais dans un autre genre, à travers son propre témoignage et ceux de ses proches. Ce serait ainsi la société, et non plus le tribunal qui regarderait cette personne, en démédicalisant et déjudiciarisant de manière effective la procédure. Le Procureur aurait ensuite à statuer, dans un délai de trois mois suivant l'audition, si la personne peut être réassignée.

Les associations transidentitaires ont déjà critiqué ce projet de loi, jugeant qu'elle « ne va pas assez loin ». Erwann Binet répond qu'il « aimerait que nous puissions aboutir un jour à un simple changement d'État Civil par déclaration. [...] Ce n'est hélas pas applicable dans notre situation juridique. »

Il poursuit : « Ma pensée personnelle, c'est que je ne comprends même pas pourquoi la mention du sexe figure à l'État Civil. Il ne devrait pas y figurer et il n'est pas – ou très peu – impliqué dans la législation. [...] Notre objectif, c'est de faire une loi qui peut aboutir. »

 

Merci à Laera, pour avoir proposé ce documentaire à l'écoute !

Illustration : Image du film Tomboy, de Céline Sciamma (2011).

Crédits de l'émission :

France Inter - Reportage de Sandrine Etoa-Andegue. Prise de son : Philippe Etienne. Mixage : Delphine Baudet. / Réalisation d’Anne Lhioreau, assistée de Stéphane Cosme et de Zohra Bensmaïli. / Invité : Erwann Binet, député socialiste de l’Isère, auteur avec Pascale Crozon, députée socialiste du Rhône, d’une proposition de loi sur le changement d’identité pour les personnes transidentitaires.

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Étant entre 25 000 et 45 000 en France selon les estimations, ces personnes expriment toutes un besoin de reconnaissance, que la loi ne leur permet que difficilement.

Leur combat pose des questions de droit fondamentales, qui provoquent des débats passionnés, comme on l'a vu il y a deux semaines, lorsque le Tribunal de Tours a reconnu pour la première fois en France l'existence d'un sexe « neutre », ni masculin ni féminin.

Pascal Dervieux et Lionel Thompson, les présentateurs de l'émission le disent : « C'est à la façon dont les minorités, quelles qu'elles soient, sont traitées que l'on peut juger une démocratie. » Reportage :

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L'exemple de Michèle et Flora

Flora (Florent) a toujours été mal dans son corps, ce dès le plus jeune âge. N'arrivant pas à définir ce malaise, elle passe une enfance inquiète dans un corps d'homme, avec quelques moments de bonheur. Elle se marie avec une femme, pensant que ce trouble s'arrangera, mais cela ne s'arrange pas. Elle a vécu 55 années ainsi, dans un corps et une identité qui n'étaient pas les siennes. Quand elle part à la retraite, elle décide de changer de vie et d'accepter son genre, se brouillant au passage avec sa femme et ses deux enfants, qui ne comprennent pas cette transformation.

Son amie, Michèle (Michel) appelle les personnes transidentitaires tendrement « la famille des biscornus ». Elle n'a pas le même parcours que Flora. Pour elle, cela s'est révélé plus tard, à 45 ans, après une vie heureuse avec femme et enfants. Ne comprenant pas trop ce qu'il lui arrive, elle décide d'accepter, d'aller droit devant elle, et se présente à son travail un jour habillée en femme. Elle constate avec surprise que ses proches et son entourage prennent bien la chose. En revanche, comme Flora, sa famille s'éloigne complètement, ne comprenant pas.

Le Docteur Cordier, Hôpital Foch à Suresnes, est responsable d'une unité SOFECT (Société Française d'Études et de prise en Charge du Transsexualisme). Il y a six unités en France, regroupant endocrinologues, psychologues et chirurgiens, et sont parfois décriées par la communauté trans [voir les commentaires]. Ces unités ont été mises en place pour les personnes souhaitant entamer un « parcours de transition », remboursé par la Sécurité Sociale. Le docteur Cordier précise que la transidentité est un « mystère », il précise toutefois que ce n'est en aucun cas un « trouble psychiatrique ».

Une procédure intrusive et humiliante pour légaliser sa réassignation

Condamnée en 1992 par la CEDH (Cour Européenne des Droits de l'Homme), la France est depuis sommée d'examiner les procédures de changement de sexe. Pourtant, dans la législation française, cela demeure un véritable parcours du combattant : il faut passer devant un juge, apporter des preuves, une attestation psychiatrique, montrer que son changement de sexe est irréversible, ce qui, selon certaines associations, est considéré comme une obligation de stérilisation. De plus, certains tribunaux demandent des examens complémentaires humiliants comme par exemple des rapports médicaux sur la profondeur, ou la longueur des organes génitaux après opération...

Michèle a subi une opération de réassignation, « moins douloureuse qu'une rage de dents ». Pourtant, la procédure de changement de genre sur sa carte d'identité a pris deux ans supplémentaires. Du début des symptômes jusqu'à l'obtention des papiers d'identité, sa transition a duré neuf ans. « Neuf ans où tout autour s'écroule. [...] C'est sûr que cela ne peut pas se faire en huit jours, mais neuf ans, c'est beaucoup trop long. »

Timéo, qui a procédé à un réassignement inverse, a rusé : il a choisi le tribunal devant lequel il devait se présenter, afin d'obtenir une chance plus favorable dans la décision. Ses démarches n'ont duré qu'un an, même si cela lui a coûté, comme à beaucoup, quelques milliers d'euros en frais d'avocat pour la procédure. Comme Michèle, il a dû produire devant le juge un ensemble de preuves, des attestations d'endocrinologues, de médecins, de psychiatres, des comptes-rendus d'opération. Sa voix est teintée de colère : « En vertu de quoi une personne qui ne m'a jamais rencontré puisse me voir pendant une dizaine de minutes et estimer que j'ai le droit d'être l'homme que je revendique être ? Cette personne prend une décision qui impacte toute votre vie. »

Simplifier les démarches

La CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme) a rendu un rapport en 2013 sur le changement d'État Civil des personnes transidentitaires. Cet avis présente l'insécurité juridique de ces personnes : comme il n'y a pas de loi, on s'appuie sur la jurisprudence, et tous les tribunaux ne rendent pas le même jugement. La CNCDH préconise le vote d'une loi, qui démédicaliserait la procédure, afin qu'il n'y ait plus d'expertises intrusives et humiliantes pour la personne. Le deuxième pan de la loi devrait déjudiciariser partiellement la procédure : une personne désirant changer de genre passerait d'abord devant un officier d'État Civil afin d'effectuer une déclaration, qui devra simplement être homologuée par un juge.

Philippe Régnier, professeur de Droit et spécialiste des questions de genre, dénonce le « besoin de critères » des parlementaires, quand il s'agit de voter les lois. En l'absence de critères médicaux ou juridiques, ces derniers s'attardent sur les critères sociaux, « le comportement social » de la personne.

« Qu'est-ce que c'est, aujourd'hui, le comportement social d'une femme ? Celui d'un homme ? Ces critères qui ne sont pas légalement précisés sont inapplicables. [...] Les parlementaires ne veulent pas abandonner la logique des critères, parce que c'est une logique de contrôle. [...] Dans une société qui cherche à lutter contre les stérotypes de genre, c'est comme la main droite qui ignore ce que fait la main gauche. »

Un projet de loi bientôt examiné

Erwann Binet, député socialiste de l'Isère et déjà rapporteur, en 2013, du projet de loi pour le mariage pour tous, a récemment déposé avec Pascale Crozon une proposition de loi pour encadrer le changement d'État Civil pour les personnes transgenres. « Il n'y a pas une ligne de texte dans le Code Civil qui actuellement concerne le changement de sexe, d'État Civil. [...] Aujourd'hui et depuis 1992, les juges sont en face d'eux-mêmes, créant le droit. [...] Le législateur doit prendre ses responsabilités. »

Ce projet de loi, qui même s'il va dans le bon sens, n'est pas parfait. Il donnerait la possibilité à une personne désirant une réassignation sexuelle de prouver, devant le Procureur de la République, qu'elle est « socialement » désormais dans un autre genre, à travers son propre témoignage et ceux de ses proches. Ce serait ainsi la société, et non plus le tribunal qui regarderait cette personne, en démédicalisant et déjudiciarisant de manière effective la procédure. Le Procureur aurait ensuite à statuer, dans un délai de trois mois suivant l'audition, si la personne peut être réassignée.

Les associations transidentitaires ont déjà critiqué ce projet de loi, jugeant qu'elle « ne va pas assez loin ». Erwann Binet répond qu'il « aimerait que nous puissions aboutir un jour à un simple changement d'État Civil par déclaration. [...] Ce n'est hélas pas applicable dans notre situation juridique. »

Il poursuit : « Ma pensée personnelle, c'est que je ne comprends même pas pourquoi la mention du sexe figure à l'État Civil. Il ne devrait pas y figurer et il n'est pas – ou très peu – impliqué dans la législation. [...] Notre objectif, c'est de faire une loi qui peut aboutir. »

 

Merci à Laera, pour avoir proposé ce documentaire à l'écoute !

Illustration : Image du film Tomboy, de Céline Sciamma (2011).

Crédits de l'émission :

France Inter - Reportage de Sandrine Etoa-Andegue. Prise de son : Philippe Etienne. Mixage : Delphine Baudet. / Réalisation d’Anne Lhioreau, assistée de Stéphane Cosme et de Zohra Bensmaïli. / Invité : Erwann Binet, député socialiste de l’Isère, auteur avec Pascale Crozon, députée socialiste du Rhône, d’une proposition de loi sur le changement d’identité pour les personnes transidentitaires.

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Ancien membre
02/11/2015 à 17:47

Oh c'est cool comme article ! Merci ! :D Par contre, juste un petit bémol, j'ai vraiment du mal avec les expressions " est devenu.e homme / femme " et " dans un corps d'homme/femme ", parce qu'en soit c'est juste aux yeux de la société qu'on devient tel genre, en réalité on l'a toujours été mais mais pas accepté en tant que tel.
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Oh c'est cool comme article ! Merci ! :D Par contre, juste un petit bémol, j'ai vraiment du mal avec les expressions " est devenu.e homme / femme " et " dans un corps d'homme/femme ", parce qu'en soit c'est juste aux yeux de la société qu'on devient tel genre, en réalité on l'a toujours été mais mais pas accepté en tant que tel.
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Oh c'est cool comme article ! Merci ! :D Par contre, juste un petit bémol, j'ai vraiment du mal avec les expressions " est devenu.e homme / femme " et " dans un corps d'homme/femme ", parce qu'en soit c'est juste aux yeux de la société qu'on devient tel genre, en réalité on l'a toujours été mais mais pas accepté en tant que tel.
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Ancien membre
02/11/2015 à 20:51

Chers NothseC et Evangeline, J'ai lu attentivement vos remarques. Effectivement, malgré toute les pincettes que j'ai prises dans la rédaction de cet article, notamment : - parler de transidentité plutôt que de transsexualisme, qui n'est pas le bon terme, - parler d'opération de réassignation, plutôt que d'opération de changement de sexe, - parler de « personne », « personne trans, transidentitaire » , afin d'harmoniser les MTF et les FTM – j'espère que vous acceptez ces termes –, et éviter les accords malheureux Il reste toujours des maladresses, des « errances » de vocabulaire, qu'une personne (votre humble serviteur, qui n'est pas trans), bien que très sensible à la cause transidentitaire et qui côtoie des personnes trans, filles, garçons, neutres, ne peut pas forcément identifier au premier abord. Vos deux témoignages sont précieux, car ils permettent d'identifier le malaise qui existe lorsque l'on parle de ce sujet complexe, sensible, et délicat à formuler sans offusquer les personnes concernées, dont vous faites partie. Mon intention première n'est juste qu'un compte-rendu des points forts de cette émission de France Inter, de ce que j'ai pu en entendre en écoutant ces témoignages, Je comprends parfaitement NothseC, lorsqu'elle évoque son malaise avec l'expression « est devenue femme / homme ». N'étant pas à votre place, je suis totalement d'accord que cela peut-être blessant, même si les deux témoins – certes, d'une autre génération mais pas moins touchants – évoquent ces bouleversements qui ont modifié leur existence. C'est pourquoi j'ai reformulé les passages de l'article, afin de mieux correspondre à cette vérité qu'on est/naît avec une identité définie, et qu'on ne le devient pas. En ce qui concerne la reprise des prénoms masculins, c'est surtout pour exprimer le parcours effectué par les personnes citées, afin que le lecteur se rende compte aussi que, dans ces deux exemples précis que sont Flora et Michèle, elles ont eu toutes deux un long passé dans un corps qui n'était pas le leur. Je suis d'accord que cela ne représente en aucun cas entièrement la communauté trans. Dans le reportage, les prénoms masculins des deux personnes dont j'ai retranscrit le portrait sont évoqués, sans honte par les intéressées. De même, on évoque dans le documentaire clairement « devenir femme », et « devenir homme » à certains moments, ce que, après coup, comme vous et puisque vous me l'avez fait remarquer, je trouve maladroit. Je ne pense pas néanmoins, dans ces courtes descriptions qui résultent de ce que j'ai pu entendre, avoir trahi leur parole dans le reportage de France Inter, et si j'ai pu blesser les personnes transidentitaires qui lisent cette réponse, sachez que cela a été sans volonté aucune de vous discriminer, ou de vous humilier. Sachez également que c'est à la base, un article pour vous défendre. Ce n'est pas un article 100% militant puisque, comme vous je considère qu'il n'est pas parfait. Je te trouve néanmoins de mauvaise foi, Evangeline, lorsque tu penses que je – moi, et pas BeTolerant – me « gourre sur toute la ligne ». Chaque parcours, chaque transition, réassignement est différent(e). Est-ce que seules les personnes trans ou les personnes qui connaissent « à fond le sujet » sont les seules autorisées à évoquer ce sujet ? N'est-ce pas le meilleur moyen de se tirer une balle dans le pied et refuser d'avancer, quitte à s'énerver contre ceux qui en parleraient mal (moi le premier) afin de faciliter le débat et apporter un champ lexical et un mode de pensée respectueux de vos vies et de vos combats ? Ne peut-t-on pas s'entendre sur un terrain commun afin de, si ce n'est banaliser la transidentité, au moins apaiser le débat et avancer – politiquement, sociétalement, légalement ? Pour l'OFECT : j'ai déjà précisé dans l'article, comme j'ai entendu dans l'émission : « parfois décriées par la communauté trans ». Je t'invite, si tu le désires, à devenir toi-même chroniqueuse et décrire ce qui ne va pas à l'OFECT. J'ajouterai volontiers des liens et des sources décriant ses pratiques si tu m'en fournis dignes d'intérêt. J'avoue, en écoutant, que le Docteur Cordier n'avait pas l'air très au clair sur la définition de la transidentité et je l'ai inclus uniquement dans l'article parce qu'il disait uniquement que celle-ci n'était pas un « trouble psychiatrique ». J'ai peut-être eu tort, mais ton commentaire clarifie, en partie, en tout cas le rôle incertain de ces unités. BeTolerant est tout à fait disposé pour relayer, accueillir des articles, des rendez-vous, des événements transidentitaires. N'hésitez pas à devenir chroniqueuse-eur, vous aussi, qui serez sans doute plus à même de parler de ces sujets. Je n'arrêterai, pour ma part, pas d'en parler lorsque l'actualité s'y prêtera, et serai toujours à l'écoute de vos remarques.
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Ancien membre
02/11/2015 à 20:51

Chers NothseC et Evangeline, J'ai lu attentivement vos remarques. Effectivement, malgré toute les pincettes que j'ai prises dans la rédaction de cet article, notamment : - parler de transidentité plutôt que de transsexualisme, qui n'est pas le bon terme, - parler d'opération de réassignation, plutôt que d'opération de changement de sexe, - parler de « personne », « personne trans, transidentitaire » , afin d'harmoniser les MTF et les FTM – j'espère que vous acceptez ces termes –, et éviter les accords malheureux Il reste toujours des maladresses, des « errances » de vocabulaire, qu'une personne (votre humble serviteur, qui n'est pas trans), bien que très sensible à la cause transidentitaire et qui côtoie des personnes trans, filles, garçons, neutres, ne peut pas forcément identifier au premier abord. Vos deux témoignages sont précieux, car ils permettent d'identifier le malaise qui existe lorsque l'on parle de ce sujet complexe, sensible, et délicat à formuler sans offusquer les personnes concernées, dont vous faites partie. Mon intention première n'est juste qu'un compte-rendu des points forts de cette émission de France Inter, de ce que j'ai pu en entendre en écoutant ces témoignages, Je comprends parfaitement NothseC, lorsqu'elle évoque son malaise avec l'expression « est devenue femme / homme ». N'étant pas à votre place, je suis totalement d'accord que cela peut-être blessant, même si les deux témoins – certes, d'une autre génération mais pas moins touchants – évoquent ces bouleversements qui ont modifié leur existence. C'est pourquoi j'ai reformulé les passages de l'article, afin de mieux correspondre à cette vérité qu'on est/naît avec une identité définie, et qu'on ne le devient pas. En ce qui concerne la reprise des prénoms masculins, c'est surtout pour exprimer le parcours effectué par les personnes citées, afin que le lecteur se rende compte aussi que, dans ces deux exemples précis que sont Flora et Michèle, elles ont eu toutes deux un long passé dans un corps qui n'était pas le leur. Je suis d'accord que cela ne représente en aucun cas entièrement la communauté trans. Dans le reportage, les prénoms masculins des deux personnes dont j'ai retranscrit le portrait sont évoqués, sans honte par les intéressées. De même, on évoque dans le documentaire clairement « devenir femme », et « devenir homme » à certains moments, ce que, après coup, comme vous et puisque vous me l'avez fait remarquer, je trouve maladroit. Je ne pense pas néanmoins, dans ces courtes descriptions qui résultent de ce que j'ai pu entendre, avoir trahi leur parole dans le reportage de France Inter, et si j'ai pu blesser les personnes transidentitaires qui lisent cette réponse, sachez que cela a été sans volonté aucune de vous discriminer, ou de vous humilier. Sachez également que c'est à la base, un article pour vous défendre. Ce n'est pas un article 100% militant puisque, comme vous je considère qu'il n'est pas parfait. Je te trouve néanmoins de mauvaise foi, Evangeline, lorsque tu penses que je – moi, et pas BeTolerant – me « gourre sur toute la ligne ». Chaque parcours, chaque transition, réassignement est différent(e). Est-ce que seules les personnes trans ou les personnes qui connaissent « à fond le sujet » sont les seules autorisées à évoquer ce sujet ? N'est-ce pas le meilleur moyen de se tirer une balle dans le pied et refuser d'avancer, quitte à s'énerver contre ceux qui en parleraient mal (moi le premier) afin de faciliter le débat et apporter un champ lexical et un mode de pensée respectueux de vos vies et de vos combats ? Ne peut-t-on pas s'entendre sur un terrain commun afin de, si ce n'est banaliser la transidentité, au moins apaiser le débat et avancer – politiquement, sociétalement, légalement ? Pour l'OFECT : j'ai déjà précisé dans l'article, comme j'ai entendu dans l'émission : « parfois décriées par la communauté trans ». Je t'invite, si tu le désires, à devenir toi-même chroniqueuse et décrire ce qui ne va pas à l'OFECT. J'ajouterai volontiers des liens et des sources décriant ses pratiques si tu m'en fournis dignes d'intérêt. J'avoue, en écoutant, que le Docteur Cordier n'avait pas l'air très au clair sur la définition de la transidentité et je l'ai inclus uniquement dans l'article parce qu'il disait uniquement que celle-ci n'était pas un « trouble psychiatrique ». J'ai peut-être eu tort, mais ton commentaire clarifie, en partie, en tout cas le rôle incertain de ces unités. BeTolerant est tout à fait disposé pour relayer, accueillir des articles, des rendez-vous, des événements transidentitaires. N'hésitez pas à devenir chroniqueuse-eur, vous aussi, qui serez sans doute plus à même de parler de ces sujets. Je n'arrêterai, pour ma part, pas d'en parler lorsque l'actualité s'y prêtera, et serai toujours à l'écoute de vos remarques.
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Ancien membre
02/11/2015 à 20:51

Chers NothseC et Evangeline, J'ai lu attentivement vos remarques. Effectivement, malgré toute les pincettes que j'ai prises dans la rédaction de cet article, notamment : - parler de transidentité plutôt que de transsexualisme, qui n'est pas le bon terme, - parler d'opération de réassignation, plutôt que d'opération de changement de sexe, - parler de « personne », « personne trans, transidentitaire » , afin d'harmoniser les MTF et les FTM – j'espère que vous acceptez ces termes –, et éviter les accords malheureux Il reste toujours des maladresses, des « errances » de vocabulaire, qu'une personne (votre humble serviteur, qui n'est pas trans), bien que très sensible à la cause transidentitaire et qui côtoie des personnes trans, filles, garçons, neutres, ne peut pas forcément identifier au premier abord. Vos deux témoignages sont précieux, car ils permettent d'identifier le malaise qui existe lorsque l'on parle de ce sujet complexe, sensible, et délicat à formuler sans offusquer les personnes concernées, dont vous faites partie. Mon intention première n'est juste qu'un compte-rendu des points forts de cette émission de France Inter, de ce que j'ai pu en entendre en écoutant ces témoignages, Je comprends parfaitement NothseC, lorsqu'elle évoque son malaise avec l'expression « est devenue femme / homme ». N'étant pas à votre place, je suis totalement d'accord que cela peut-être blessant, même si les deux témoins – certes, d'une autre génération mais pas moins touchants – évoquent ces bouleversements qui ont modifié leur existence. C'est pourquoi j'ai reformulé les passages de l'article, afin de mieux correspondre à cette vérité qu'on est/naît avec une identité définie, et qu'on ne le devient pas. En ce qui concerne la reprise des prénoms masculins, c'est surtout pour exprimer le parcours effectué par les personnes citées, afin que le lecteur se rende compte aussi que, dans ces deux exemples précis que sont Flora et Michèle, elles ont eu toutes deux un long passé dans un corps qui n'était pas le leur. Je suis d'accord que cela ne représente en aucun cas entièrement la communauté trans. Dans le reportage, les prénoms masculins des deux personnes dont j'ai retranscrit le portrait sont évoqués, sans honte par les intéressées. De même, on évoque dans le documentaire clairement « devenir femme », et « devenir homme » à certains moments, ce que, après coup, comme vous et puisque vous me l'avez fait remarquer, je trouve maladroit. Je ne pense pas néanmoins, dans ces courtes descriptions qui résultent de ce que j'ai pu entendre, avoir trahi leur parole dans le reportage de France Inter, et si j'ai pu blesser les personnes transidentitaires qui lisent cette réponse, sachez que cela a été sans volonté aucune de vous discriminer, ou de vous humilier. Sachez également que c'est à la base, un article pour vous défendre. Ce n'est pas un article 100% militant puisque, comme vous je considère qu'il n'est pas parfait. Je te trouve néanmoins de mauvaise foi, Evangeline, lorsque tu penses que je – moi, et pas BeTolerant – me « gourre sur toute la ligne ». Chaque parcours, chaque transition, réassignement est différent(e). Est-ce que seules les personnes trans ou les personnes qui connaissent « à fond le sujet » sont les seules autorisées à évoquer ce sujet ? N'est-ce pas le meilleur moyen de se tirer une balle dans le pied et refuser d'avancer, quitte à s'énerver contre ceux qui en parleraient mal (moi le premier) afin de faciliter le débat et apporter un champ lexical et un mode de pensée respectueux de vos vies et de vos combats ? Ne peut-t-on pas s'entendre sur un terrain commun afin de, si ce n'est banaliser la transidentité, au moins apaiser le débat et avancer – politiquement, sociétalement, légalement ? Pour l'OFECT : j'ai déjà précisé dans l'article, comme j'ai entendu dans l'émission : « parfois décriées par la communauté trans ». Je t'invite, si tu le désires, à devenir toi-même chroniqueuse et décrire ce qui ne va pas à l'OFECT. J'ajouterai volontiers des liens et des sources décriant ses pratiques si tu m'en fournis dignes d'intérêt. J'avoue, en écoutant, que le Docteur Cordier n'avait pas l'air très au clair sur la définition de la transidentité et je l'ai inclus uniquement dans l'article parce qu'il disait uniquement que celle-ci n'était pas un « trouble psychiatrique ». J'ai peut-être eu tort, mais ton commentaire clarifie, en partie, en tout cas le rôle incertain de ces unités. BeTolerant est tout à fait disposé pour relayer, accueillir des articles, des rendez-vous, des événements transidentitaires. N'hésitez pas à devenir chroniqueuse-eur, vous aussi, qui serez sans doute plus à même de parler de ces sujets. Je n'arrêterai, pour ma part, pas d'en parler lorsque l'actualité s'y prêtera, et serai toujours à l'écoute de vos remarques.
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Ancien membre
02/11/2015 à 21:10

La SOFECT*, pardon (quand un texte devient trop long dans une case si petite, on a de plus en plus de mal à se relire. :D
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Ancien membre
02/11/2015 à 21:10

La SOFECT*, pardon (quand un texte devient trop long dans une case si petite, on a de plus en plus de mal à se relire. :D
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02/11/2015 à 21:10

La SOFECT*, pardon (quand un texte devient trop long dans une case si petite, on a de plus en plus de mal à se relire. :D
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Ancien membre
07/02/2016 à 17:21

Très bon article et c'est vrai que les FTM doivent faire une hysterectomie (ablation des totales ou partielles organes internes) donc être stérile pour changer de genre légalement... Je trouve ça complètement stupide... je pense que c'est pour palier les grossesses des FTM et que les enfants issus d'un FTM soit considéré comme issu d'une femme et non d'un homme. Après je ne connais pas les conditions exacts pour les MTF. Je suis navré si ces termes vous déplaisent... personnellement j'accepte le fait d'être FTM et ce terme me convient mais ce n'est pas pour tout le monde :/
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Ancien membre
07/02/2016 à 17:21

Très bon article et c'est vrai que les FTM doivent faire une hysterectomie (ablation des totales ou partielles organes internes) donc être stérile pour changer de genre légalement... Je trouve ça complètement stupide... je pense que c'est pour palier les grossesses des FTM et que les enfants issus d'un FTM soit considéré comme issu d'une femme et non d'un homme. Après je ne connais pas les conditions exacts pour les MTF. Je suis navré si ces termes vous déplaisent... personnellement j'accepte le fait d'être FTM et ce terme me convient mais ce n'est pas pour tout le monde :/
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07/02/2016 à 17:21

Très bon article et c'est vrai que les FTM doivent faire une hysterectomie (ablation des totales ou partielles organes internes) donc être stérile pour changer de genre légalement... Je trouve ça complètement stupide... je pense que c'est pour palier les grossesses des FTM et que les enfants issus d'un FTM soit considéré comme issu d'une femme et non d'un homme. Après je ne connais pas les conditions exacts pour les MTF. Je suis navré si ces termes vous déplaisent... personnellement j'accepte le fait d'être FTM et ce terme me convient mais ce n'est pas pour tout le monde :/


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