Bonjour à toutes et à tous,
Je viens vers vous aujourd'hui peut-être non pas tant en recherche d'une aide quelconque, mais plutôt pour me confier. C'est en tout cas mon but premier, mais d'éventuels conseils avisés sont tout à fait appréciables ! Je me rends compte en me relisant que parfois, on peut croire que je m'appitoie un peu. Ca arrive certainement, je ne suis pas au-dessus de ça, mais ma démarche, je le répète, est plutôt de me confier et de me comprendre en posant une partie de mes pensées par écrit.
Je suis une personne. Jusque là ça va. En terme d'âge, je suis dans la première moitié de ma vingtaine. Maintenant un peu plus de contexte : je n'ai été amoureux qu'une fois dans ma courte vie (il était hétéro, le sagouin) et depuis ... rien. Je n'ai été "en couple" qu'une fois et demi (c'est une longue histoire).
Parfois, je me fiche de ne pas avoir d'amoureux parce que, étant dans le spectre autistique comme on dit de nos jours, une telle situation peut facilement devenir difficile pour moi et pour la personne qui assumerait ce rôle. Disons que je passe très vite de "gnnn j'ai besoin de compagnie et de contact" à "tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire" en passant par "Ôte-toi de mon soleil".
Malgré tout, de temps en temps, je me sens capable de faire semblant d'être un peu sociable, alors je sors de ma grotte et je rencontre des gens. Ou alors j'apparais sur ce site et j'attends qu'on vienne me parler, ça dépend de ma volonté. J'ai de la chance (si on peut appeler ça comme ça) de ne pas trop galérer, en général, à trouver des gens qui m'apprécient au premier abord.
Et c'est là que ça foire parce que très vite, les conversations m'épuisent. Ecrire un message me prend des heures parce que je ne veux pas voir un mot de travers. Ou bien encore, je n'arrive plus à me concentrer sur des conversations qui ne m'intéressent pas. Bref, soudainement, je ne peux plus faire semblant.
C'est un problème sur plusieurs points. D'abord parce que j'aimerais, à un moment dans ma vie, vivre l'expérience d'être avec quelqu'un que j'aime, que je comprends et qui m'aime et me comprenne en retour. Ensuite parce que je finis par couper court aux échanges que j'ai avec ces gens de manière parfois abrupte et j'imagine que c'est déconcertant. Je sais aussi qu'il m'est arrivé de blesser certaines personnes alors que ce n'est évidemment pas mon intention.
Alors après mon excursion dans le monde fascinant de la sociabilité, je finis par me retirer pendant quelques mois à chercher ce qui ne va pas, à repenser à tout ce que j'ai dit, à comment je l'ai terminé, pourquoi, et comment je pourrais arrêter de faire ça.
J'entends ou je lis souvent des gens dire à d'autres : "sois toi-même". Oui, bon, on a quand même rarement d'autre choix que d'être soi-même. Je vais l'interpréter comme "ne fais pas semblant d'être ce que tu n'es pas".
Mais dans un environnement (social en tout cas) qui non seulement n'aide pas les personnes moins adeptes socialement mais en plus rejette les différences presque quelles qu'elles soient sans même prendre le temps de les comprendre, il est difficile de faire autrement. On s'adapte. Ou en tout cas, j'essaye de m'adapter, je ne suis pas le porte-parole du reste du monde. Mais l'expérience montre que ça m'est insoutenable.
C'est terrible à dire et à écrire et ça fait peut-être très adolescent, mais je me sens bloqué, à la limite d'être condamné. Ce qui est idiot parce que je suis, si tout se passe bien, loin d'arriver à la fin de ma vie. Qui sait ce qui va arriver demain ? Pour autant, je ne vois pas comment sortir de cette alternative. Des ami.e.s m'ont dit "il y a quelqu'un pour tout le monde" ou autre phrase de ce genre sortie d'un conte de fée ou d'un livre de développement personnel (ça dépend à qui je demande). C'est joli. Le romantique en moi a envie d'y croire, mais pourquoi ce serait vrai ? Je me dis qu'après tout, l'Histoire est pleine d'exemple de monstres (dans tous les sens du terme) qui ont vécu une histoire d'amour. Mais personnellement, je me sens plutôt comme un personnage de littérature, un Aurélien entouré de Bérénice(s).
Je vous remercie de m'avoir lu. Comme je l'ai dit, parfois, cette situation ne me gêne pas. Il est très probable que demain, je ne pense même pas à cette histoire. Mais pour aujourd'hui et tous les jours à venir pendant lesquels je me sentirai prisonnier, j'avais besoin de l'écrire.
Mais pourquoi faire semblant d'être un peu sociable ?
Tu sembles être lucide sur tes capacités au relationnel et tes limites.
Tu goûtes aux autres et ils te saturent facilement.
Sur cette base, il faut que tu trouves un espace qui t'apporte des satisfactions sans trop aller vers un exercice impossible qui va te faire dissoudre une relation que tu inities.
C'est une démarche qui ne te mènera pas loin maintenant.
Mais, dans cet espace, tu trouvera sans doute quelques petits plaisirs qui te donneront envie de faire un pas de plus, puis un autre, puis un autre…
Les efforts que tu fais doivent te donner des satisfactions.
Si tu ne les trouves pas, peut-être que tu avances plus vite que tes possibilités réelles et que cela a pour conséquence de te bloquer.
C'est une hypothèse de travail car je ne te connais pas et suis possiblement à coté de la plaque.
Réfléchis à cela et, si cela peut te faire avancer, j'en suis heureux.
Je me retrouve totalement dans tes problèmes relationnels... Cependant je ne suis pas autiste mais Haut Potentiel Intellectuel.
Dis toi que pour moi, c'est bien plus difficile à vivre. J'ai l'impression de dépendre des autres et pourtant de ne pas réussir à communiquer avec eux. Être entourée de gens représente une épreuve pour moi et pourtant je ne supporte plus d'être seule. J'ai l'impression de toujours être à des kilomètres d'eux et malgré ma volonté de ne jamais pouvoir les atteindres.
Il y a énormément de choses qui se sont passées dernièrement dans ma vie, des changements que la logique m'ont conduite à faire mais que je ne supporte plus actuellement. Je tourne en rond chez moi, j'arrive plus à me concentrer, tout ça parce qu'il y a une personne qui occupe toutes mes pensées, alors que je sais que lui ne ressens pas du tout les choses comme ça...
Au contraire de toi, je deviens facilement dépendante des autres. J'aimerais tellement pouvoir me détacher de tout ça et pourtant, je ne peux pas.
J'en ai marre d'être différente.
T'es pas le seul dans ce cas ne t'en fais pas...
Merci à vous toutes et tous pour vos réponses !
SuzanneTD :
Je ne suis pas certain de comprendre ce que tu entends par "notre bulle". Merci pour la bienvenue en tout cas !
Sociable30 :
Pour reprendre tes mots, je dirais que je fais semblant d'être sociable précisément dans l'espoir de trouver un espace satisfaisant en la forme d'une conversation, d'une rencontre. Mais tu as raison, je me fourvoie peut-être en essayant d'aller trop vite et m'obstiner dans ces tentatives ne me mènera à rien dans l'immédiat. Sauf dans le cas d'un miracle, mais je pense qu'au fond je n'y crois pas.
J'ai pu rejoindre un atelier dans ma fac qui me permet de poursuivre une passion. J'imagine que je peux trouver là-dedans le genre d'espace dont tu parles. Il me faudra "juste" changer d'état d'esprit : l'activité en question est collective et si je sais jouer avec les autres quand c'est à mon tour d'entrer en scène, dès que j'en sors et sans être froid pour autant (en tout cas pas volontairement), je n'essaye pas vraiment d'aller vers eux.
Alors maintenant, il faut décomposer ça en étapes gérables et là, sur l'instant, j'ai du mal à les visualiser. Mais ça fait partie du travail ! Merci pour cette piste, elle me donne de quoi réfléchir !
DzRaven :
Je ne sais pas si c'est plus difficile à vivre ou non puisque je ne le vis pas, et au fond peu importe. En revanche, je peux comprendre la contradiction entre le fait de ne plus vouloir être seul.e et le fait de ne pas supporter la compagnie en même temps. C'est bizarre les cerveaux. J'espère qu'on finira par leur faire entendre raison. Merci pour ta participation !
Citation de Anonyme #325032
Non, non, c'est pas ça. Ce n'est pas ne plus vouloir être seule et ne pas supporter la compagnie en même temps.
C'est ne plus supporter être seule et devoir affronter les autres alors que les relations sociales sont très dures pour moi.
Un peu comme si mon cerveau était sado maso 😟