Pour ma part, le seul moment où je me suis senti bien dans mon corps, sans complexe, c'est quand je pesais 15 kg de plus qu'aujourd'hui. J'étais en couple depuis une dizaine d'année, heureux, on bouffait n'importe quelle merde comme on le voulait (fromage et Nutella, jus d'orange à volonté, etc.), je sortais avec mes potes et enchainais les pintes. Si on m'avait poussé en haut d'une colline, j'aurais roulé jusqu'en bas... J'avais lâché prise parce que j'étais heureux dans la vie, je n'étais plus sous la "pression de sélection" du célibat, je me voyais déjà en vieux couple, chauve, avec une bedaine, à profiter des bonnes choses de la vie en râlant pour le cholestérol, la menace du diabète et les articulations qui font mal.
A côté de ça, quand j'avais la petite vingtaine, que je découvrais ma sexualité, que je pesais 55 kg pour mon 1m73 mais sans muscle (parce que nerd sédentaire depuis ma naissance), j'étais rongé par les complexes. Je me cachais sous des cheveux longs jusqu'au bas du dos, un bouc, des fringues de bucheron et de grosses lunettes (y avait pas de hipster à l'époque, c'était vraiment hasbeen… ça l'est toujours… -_-), etc. A l'époque, le sport, la muscu, c'était quelque chose d'inaccessible, un truc inefficace visuellement si tu n'avais pas commencé à l'âge de 12 ans à jouer dans le club de foot du village... Puis déjà, je me donnais corps et âme aux études, à la science (et surtout aux jeux de rôles faut bien l'avouer). Une fois résolu à rentrer sur le marché du sexe et de l'amour, pour me donner un semblant de confiance en mon physique, je me suis servi du discours des autres : les premiers mecs avec qui j'ai couché avaient 10 ans de plus de moi, 20 kg de plus et pas forcément très avenants (mais ils étaient gentils, même maintenant, c'est non négociable). C'était inconscient tout ça, hein, je rêvais quand même sur des profils de beaux mecs de mon âge ou plus jeunes mais dire un "salut", "ASV ?" ou même l'équivalent d'une tape, c'était impossible pour moi, trop de trac, trop de crainte de décevoir dès qu'il faudrait tomber le t-shirt. Mais lentement, grâce aux retours positifs de mes daddies (j'utilise le pluriel mais ne vous trompez pas, je n'ai connu en tout et pour tout qu'une douzaine de mecs ^^'), puis un changement de look drastique (coupe rase, lentilles, fringues moins larges selon les conseils de mon petit frère plus coquet que moi), j'ai accepté l'idée que je pouvais plaire à quelques uns et pas forcément un faire-valoir. J'ai plu et je me suis casé.
Sur cette histoire de physique, il y a deux trucs utilisables : la première c'est que quand on est heureux, on gagne en estime ou du moins, on perd en mésestime (on se fout du regard des autres). Et être heureux, ça dépend d'autres facteurs que le physique (épanouissement social, familial, financier, intellectuel, professionnel, etc.). On peut travailler sur ces autres facteurs, surtout si on a plus de prises là-dessus. On parle de manque d'estime, de confiance en soi mais si on regarde bien, si on fait preuve d'introspection, on n'est pas totalement en manque de confiance en soi, il y a toujours un domaine où on maitrise quelque chose. Souvent, on ne s'en rend pas compte puisque quand on maitrise quelque chose, cette réussite est tellement naturelle qu'on ne considère pas ça comme une réussite. Pour s'en rendre compte, c'est le deuxième point, il faut un regard extérieur pour objectiver la situation. Idéalement, c'est un travail à faire soi-même, savoir prendre du recul. J'avoue que c'est plutôt un truc qu'on apprend avec l'âge à force de connaitre différentes personnes, différentes situations. Quand on est en bonne santé alors que tout le monde est malade, avoir des amitiés de 20 ans avec qui on ne "compte pas les points", une famille soudée, des collègues qui ont la larme à l'oeil le dernier jour du CDD, etc. autant de signaux objectifs et de ressources pour ne pas se considérer naturellement comme de la merde (notez que j'ai élargi au-delà du physique). Certes, on a des défauts, parfois insurmontables (j'aurais beau faire, je ne ferais jamais plus d'1m73… et encore, j'ai dû me tasser depuis ^^') mais il ne faut pas s'en créer d'autres. Il ne faut pas déresponsabiliser nos interlocuteurs, leur ôter toute forme de perspicacité en niant systématiquement et irrationnellement tout ce qu'ils peuvent dire de positif sur nous. Ici, si on vous donne des Bekiss, acceptez l'idée que ce n'est pas parce que vous faites pitié mais juste que ce que les photos que vous avez montrées, les mots écrits sur votre profil, ont suffit pour vous rendre intéressants aux yeux d'un inconnu. Ces images, ces mots, ne sont certes que la partie émergée de l'iceberg de ce que vous êtes mais ils ne représentent pas la seule partie potable de votre Etre. Ce que vous n'avez pas eu l'opportunité de montrer (non je ne parle pas de la bite >_< (quoique… :3) mais de votre gestuelle, de votre sourire, votre voix, etc. pour le physique, de votre manière d'être, de vos valeurs, etc. pour le savoir-être) est un réservoir où autrui aura l'opportunité de puiser pour y trouver ce qui l'intéresse, sans que vous n'ayez à vous contorsionner pour essayer de vous adapter à ses désirs. Pour ça, faut se laisser approcher, lever des barrières inutiles que personne ne vous a enjoint à dresser.