25 décembre
Punaise, ça y’est, c’était reparti !
Encore !
Les décos dans les rues, les sapins qui pointent leurs aiguilles un peu partout, les supermarchés et les commerçants qui peignent leurs vitrines, et accrochent toutes sortes de niaiseries partout pour attirer le chaland.
Ben moi, ça avait plutôt tendance à me faire fuir.
Problème c’est que pas un commerce n’échappait à cette coutume ridicule de décorer, non pardon, de se déguiser, de boules, guirlandes, sucres d’orges et autres absurdités pour faire péter leur chiffre d’affaire.
Parce que concrètement, le vieux barbu sur un traîneau volant tiré par des rennes, il faut être complètement con pour penser que ça puisse exister.
D’ailleurs personne n’est dupe, mais tout le monde joue le jeu.
« C’est pour les enfants, tu comprends ? »
Ben non justement, je ne comprends pas.
Comment on peut faire croire à des enfants que la magie existe et les confronter 6 ou 7 ans plus tard à la violente réalité ?!
« Ah ben non en fait, le père noël, c’est papa et moi. ».
Sérieux !?
Aucun commentaire ! Je l’ai fait aussi pour mes Filles !
L’autre moitié génétique de mes enfants, à fond dans le truc, voulait absolument qu’on fasse un sapin, qu’on décore la maison…. et ce, dès le 25 novembre !
Ouaaaiis. C’était long. Trèèèèèèèès long !
En ville, les employés municipaux avaient commencé leurs acrobaties en commençant à accrocher des trucs à lumière dès la mi octobre. Ils ne risquaient pas d’être pris au dépourvu.
Depuis la mi novembre, des balcons et des maisons se voyaient polluer de ces mêmes guirlandes.
Ça me filait juste la gerbe en fait.
Bon j’avoue, on est loin du délire des ricains, mais j’avais l’impression que chaque année c’était de pire en pire.
Comme halloween. Punaise ! Ça aussi c’était une catastrophe !
Mais là, depuis quelques jours, à chaque fois que je croisais quelqu’un·e, ça se soldait systématiquement par un claironnant « Joyeux Noël ! »
…
Je me contentais de pincer des lèvres pour esquisser un sourire hypocrite et éviter de balancer une vacherie… oui enfin… jusqu’à maintenant.
Le pauvre jeune homme qui venait de me servir au rayon DVD chez EDUQUERA venait de prendre en pleine gueule tout mon venin accumulé au cours de ces années, payant à lui tout seul la facture de tous ceux qui ne l’avaient pas acquittée en temps et en heure.
Le jeune homme resta sans voix pendant qu’un râle de mécontentement parcourut l’assemblée qui venait de se former quand j’avais commencé à élever la voix.
Vous devriez avoir honte Madame ! - me menaça une vieille dame avec le bout de sa cane.
Quoi ?! Que vous aimiez ces niaiseries c’est votre problème ! Moi ça me laisse de marbre, je demande simplement qu’on respecte mes choix.
Mais vous n’aviez pas à être odieuse avec ce jeune homme ! - enchérit un autre client.
Dans la foule, une femme d’une cinquantaine d’année me regardait bizarrement.
Elle était rousse, des petites taches sur les joues et les yeux d’un bleu que je n’avais jamais encore vu.
Elle ne semblait pas en colère comme les autres, mais dépitée, comme si je lui avais collé un direct du gauche, sonnée, une larme roulant sur sa joue.
Hein ?
Je tournais la tête et comme une connasse, je me contentais de prendre mes DVD pour de me diriger vers les caisses où un agent de sécurité m’attendait.
Madame, nous ne pouvons tolérer un tel manque de respect à l’égard de notre personnel...
Je quittais le magasin sans mes films, avec une pointe de satisfaction d’avoir été au moins une fois, ouvertement à contre courant.
S’il existait un concours de CONNASSES, j’aurais, incontestablement, décroché la médaille d’or !
Je m’amusais toute seule de ma bêtise en me dirigeant vers la CNAF pour acheter mes films.
Hors de question de me taper leurs films cons à la con à la télé. Toujours basés sur la même trame, soit un mec soit une nana est allergique à noël et rencontre l’autre qui, au contraire, est à fond dedans.
La rencontre débute toujours par un clash et l’accroc finit toujours par convaincre l’autre que la magie existe, à le pervertir et ils tombent amoureux. Parfois même, ils ont l’outrecuidance de faire intervenir un type barbu qui joue le rôle du père noël, laissant croire que le bonhomme existe et que tout est possible en cette période.
….
No comment !
Tous les ans mon ex était collé devant la télé, attendant avec impatience des épisodes inédits… alors que concrètement, la recette était toujours la même, seule l’apparence différait de temps en temps.
Et dire que mes Filles avaient été embarquées là dedans elles aussi.
Depuis notre divorce, mes Filles avaient pris de la distance, et les mois de décembre suivants, déjà pénibles avant, devinrent un véritable cauchemar.
Et là, ça avait été plus fort que moi, il fallait que ça sorte.
Pas de chance c’est tombé sur lui.
Est ce que j’avais des regrets ?
Non !
Pas le moindre !
Est ce que je recommencerais ?
Assurément !
S’ils veulent croire au père fouettard et au grinch, pourquoi devraient ils être des hommes ?
Les femmes seraient elles condamnées à aimer les trucs idiots sans pouvoir exprimer leur colère ?
Je furetais dans les bacs de DVD, les films que j’avais laissés chez la concurrence avant de gagner la sortie de la CNAF.
Gagner était le mot juste.
Ce magasin était une horreur architecturale !
Un véritable labyrinthe !
Je m’y rendais rarement pour cette raison.
Pour ne pas avoir ce « joyeux noël » de la part d’un·e humain·e, je choisis les caisses automatiques.
Putain sans déconner !
Joyeuses fêtes ! s’était invité sur le ticket !
Je le froissais, le fourrant de rage dans mon sac avec mon portefeuilles en cuir… acheté deux ans auparavant… sur le marché de noël.
Oui, il était joli. Et je traînais là avec mon compagnon de l’époque. Rien de plus.
Je descendis les escaliers au petit trot, traversant la galerie marchande du rez de chaussée au pas de course pour ne pas me faire prendre dans la lenteur et l’inertie des clients qui flânaient, discutaient, admiraient les vitrines mais qui me gênaient plus qu’autre chose.
Une vieille femme traversa devant moi pour se diriger vers la boutique sur ma droite, avant de faire un demi tour tour total, m’obligeant à stopper net pour ne pas la percuter.
Sans même se soucier d’avoir pu ici même, finir sa vie, la morue poursuivit son chemin.
Je fermais les yeux et soufflais aussi calmement que je le pus. Je n’avais pas envie d’inscrire le meurtre à mon palmarès du jour.
Je me remis en marche, un chouilla plus lentement, arrangeant mon écharpe, remettant mon bonnet et mes gants avant la sortie parce que le contraste entre l’intérieur surchauffé et l’extérieur glacial était violent.
Le Soleil était au rendez vous, lui. Maigre consolation vues les températures polaires.
J’aime l’hiver. C’est une saison merveilleuse où les lumières pastels dues à la faible hauteur du Soleil dans le ciel, sont vraiment uniques.
Mais j’aimais aussi les paysages de neige, autant avec un ciel noir plombé de nuages, qu’avec un ciel d’un bleu pur ou timidement coloré par les pastels dont je parlais.
Je cherchais mes lunettes de pétasse pour profiter du Soleil sans m’exploser les rétines à cause de la luminosité. Mais perdues dans mon sac XXL, je me concentrais plus sur ma recherche que sur ma trajectoire et je percutais quelqu’un.
Pardon. Je suis désolée. - dis je machinalement, toujours à la recherche de mes lorgnions teintés.
Mais ça ne suffit pas Jude, il va falloir faire mieux que ça. - répondit une voix de femme.
Je levais les yeux pour savoir quelle copine j’avais pu heurter. Parce que pour m’appeler Jude au lieu de Judeline, il n’y avait bien que mes copines ou ma sœur, mais elle, habite à Aix-en-Provence…
Ne reconnaissant personne sur l’instant, je me mis en mode reconnaissance faciale à la TERMINATOR.
La focale se fit sur la femme rousse qui m’avait marquée chez EDUQUERA.
Son visage était impassible, mais son regard était dur.
Heu… On se connaît ?! - bafouillais-je. - Vous m’avez suivie depuis tout à l’heure ?!?
C’est de cette façon que tu présentes tes excuses ?
Et oh ! J’me suis excusée. Si ça ne vous convient pas, je suis désolée, il n’y a pas de SAV.
Toujours en train de fouiller mon sac, je mis enfin la main sur le boîtier que je voulais.
Je l’ouvris prestement pour chausser mes lunettes négligemment, avec dédain diraient certains, avec classe préférais je penser.
Du coup, je ne noyais, anonyme dans la foule, pour rentrer chez moi, laissant cette grognasse en plan.
Mais arrivée au pont de fils je la vis arriver de la rue sur ma droite.
Sérieux ?
Nous n’avons pas fini notre discussion Judeline.
Mais j’étais piégée !
Quelque soit la direction que je prendrais, elle me suivrait et une fois engagée sur le pont, la seule vraie sortie était l’autre extrémité.
Je tentais une manœuvre pour m’en débarrasser une bonne fois pour toutes, réunissant toute ma bonne hypocrisie volontaire pour souffler :
Je suis désolée. Désolée de vous avoir bousculée, et désolée de m’être emportée contre le mec chez EDUQUERA. Ça y’est ? Ça vous va ? Vous pouvez rentrer chez vous maintenant.
Ça va être compliqué, j’habite loin.
Oui bon l’hôtel, chez une copine… Vous avez compris quoi ! - balançais je en levant les yeux au ciel.
Pourquoi tu n’aimes pas Noël ? - la façon dont elle le disait était tellement étrange qu’on aurait dit que le mot venait d’être inventé dans sa bouche.
C’est pas que… Mais qu’est ce que ça peut vous faire en fait ? Ecoutez, je vous propose un truc. Vous faites demi tour, vous oubliez qui je suis et vasta !
Je ne peux pas Jude.
Elle me fixa un instant dans les yeux.
C’était perturbant, intrusif, comme si elle cherchait à lire dans mes pensées.
Puis sans un mot, fit demi tour et disparut dans la foule bien que moins nombreuse dans cette partie de la ville.
J’avais le cœur qui battait plus fort et la marche rapide n’était pas l’unique responsable. Cette bonne femme m’avait vraiment perturbée. Agacée, serait plus juste.
Afin de penser à autre chose et me détendre un peu, je réfléchissais au DVD que j’allais mettre ce soir.
J’hésitais entre Aladin (avec, entre autre Will Smith en génie, Naomi Scott dans le rôle de Jasmine et Mena Massoud dans celui d’Aladin) ; Bad Moms (avec Mila Kunis, Kathryn Hann et Kristen Bell) ; Breaking in (avec Gabrielle Union) et M3GAN (avec Allison Williams, Violet McGraw et Amie Donald qui joue la poupée diabolique).
Je connaissais tous ces films, simplement j’aime les posséder pour les visionner quand j’en ai envie.
Ce soir j’avais besoin de me détendre et de rire un bon coup, Bad Moms était le plus approprié.
Complètement déjanté, des mères à contre courant total, comme moi en ce moment, la maternité en moins.
Mon potage maison était une petite douceur dans cette journée marquée par l’adrénaline. Je ne suis pas douée en cuisine, mais ça je savais le faire. Un poireau, 6 carottes, 500 grammes de pommes de terre et une courgette, le tout mixé comme un velouté après une bonne heure de cuisson.
Je ne saurais décrire le plaisir de découvrir malgré mes bases identiques, que jamais mes soupes n’avaient le même goût. Je ne sais pas, je pense que la taille des poireaux ou des carottes influe ?
Pour profiter pleinement de mon film, je mangeais en hâte dans la cuisine minuscule, enchaînant sur des pâtes et un cordon bleu décongelé. Je sais, je déprimerais un chef étoilé.
Le film passa trop vite, il était encore tôt, j’embrayais donc sur le 2…
Amy et ses copines devaient lutter contre leurs propres mères pour que noël ressemble à ce qu’elles voulaient en faire. Evidemment, ça tourne à la catastrophe, mais là au moins, il n’y avait pas de magie de noël, de père noël ou d’histoire d’amour aussi improbable que de gagner à l’Euro Millions lors de sa première participation.
Je passais une nuit agitée et pas réparatrice du tout. Au réveil j’étais aussi crevée qu’en me couchant la veille au soir.
J’avais décidé de me faire une petite sortie VTT, histoire de me fatiguer un peu et perdre des fichus kilos qui me plombaient le ventre comme si j’étais enceinte de quatre mois.
A ce propos, l’année dernière on aide Roger, un collègue à Florent, mon ex, à emménager chez sa chérie qui habite à quelques pas de mon appart.
On est cinq au total. Lyse, mal voyante nous regarde faire. Oui, j’adore la faire celle ci.
Le soir Lyse et son chéri nous invitent à manger. Alors qu’ils servent l’apéro je dis :
Non merci, je ne bois pas d’alcool.
C’est à cause du bébé ? - me demande alors un pote à Roger.
Pardon ?
Tu es enceinte ? - insiste-t-il.
Maintenant je rentre mon ventre à chaque fois que je sors, même dans Elle, ils disent qu’il faut faire un effort.
Comme ça c’est une chanson ?
Etre une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile.
Pour rejoindre le peu de verdure qu’on a ici, il faut se taper au moins cinq kilomètres. Donc du béton, du goudron, du bitume et un peu de forêt dont on a fait le tour en dix minutes.
Bon après on a plusieurs chemins qui se coupent et se recoupent mais en clair on tourne en rond.
Autant avant, quand j’avais une maison, j’habitais à deux cents mètres de la forêt. Je traversais le champ et j’y étais. Mais le champ était privé, je devais prendre la route pour m’y rendre en réalité, mais ça me prenait deux minutes, pas plus. Je prenais un chemin, traversais la forêt et rentrais chez moi en ayant fait une grande boucle, ne passant pas deux fois au même endroit.
Là, non seulement je tournais en rond dans cette forêt citadine mais en plus je devais rentrer par le même chemin. J’ai horreur de ça !
Du coup, j’ai un parcours à peu près défini, et je commence toujours de la même façon, en enquillant à droite avant la cabane des gérants de l’accrobranche, en hibernation depuis mi septembre.
J’attrapais les deux freins en même temps, appréciant la fourche à suspension à sa juste valeur, puisqu’elle m’épargna une terrible humiliation en ne dessinant pas un magnifique soleil autre que notre Astre.
Juste devant moi, sortie de nulle part, la rouquine chiante !
J’étais furieuse !
Elle venait de me gâcher ma journée !
Il y avait des glands et des petits gravillons que je sentais glisser sous mon pneu arrière.
Peste, j’accélérais pour lui en projeter dessus.
Puérile je sais mais tellement rigolo !
Deux alternatives. Elle était sur le départ et je ne la croiserais plus. Au contraire, elle sillonnait les allées et nos chemins se recroiseraient fatalement.
Cependant, les marcheurs et les coureurs se cantonnaient généralement aux grandes allées dégagées, alors que je m’aventurais plutôt sur les petits sentiers sinueux et souvent détrempés qui pimentaient les sorties.
Un fossé aux trois quart asséché et juste après une jolie petite descente à pic d’un mètre cinquante.
Avec la boue je ne la fais que dans un seul sens celle ci. La montée est impossible.
J’ai comme l’impression que tu cherches à m’éviter ?!
Putain mais c’est pas possible ça ! Qu’est ce que vous me voulez à la fin ?! Je ne vous connais pas alors foutez moi la paix !
Je soupirais de colère. Mon rythme cardiaque déjà bien agacé par le VTT, venait de se prendre une claque d’adrénaline en plus.
Je repris ma route, fonçant aussi vite que je le pouvais à l’autre bout de la forêt… peu de chance, à moins qu’elle ne se téléporte, qu’elle y soit en même temps que moi. Arrivée près de la mare glauque, je fis une halte, prenant une bonne gorgée de grenadine de la gourde suspendue à mon cadre. Je pris mon temps, espérant lui en donner pour avancer, du coup, si cette fois ci je faisais demi tour, au pire je la doublerais. Mais je ne me retrouverais pas face à face.
Cette idée me plaisait bien.
On aurait dit une gamine de cinq ans d’un seul coup !
Tu en veux un ? - me demanda-t-elle en sortant deux sucres d’orge de sa poche.
Je repris ma gourde et la plantais sur son support, constatant au passage sa soudaine légèreté.
Tu ne m’as pas répondu.
Je vous ai dit non. Je ne veux pas de votre bonbon de gamine.
Je levais les yeux au ciel. Une schizo ! Putain !
Je fais quoi j’appelle le 15 ou je me casse ?
Encore cette prononciation particulière ?
C’était vraiment curieux.
Tu me fais beaucoup de peine tu sais !
De la p… non mais n’importe quoi ! Vous ne me connaissez même pas !
Mais j’aime pas voir les gens tristes, alors qu’on va célébrer une des plus belles journées de l’année.
Elle encaissa la nouvelle comme un boxeur aurait encaissé un direct de Mike Tyson.
Ses yeux bleus virèrent au presque noir.
Elle était sincère la bougresse !?
Elle se releva comme si elle devait porter le Monde sur ses épaules.
Elle me regarda droit dans les yeux puis regarda au dessus de moi. Le bleu incroyable de ses yeux revint comme par magie, illuminant au passage son visage d’un sublime sourire.
Oh ! - s’exclama-t-elle – Une boule de gui ! Tu connais la tradition ?!
Elle m’embrassa à pleine bouche. J’étais stupéfaite.
Ce baiser !?… Unique, puissant, incroyable !
On aurait dit qu’elle venait de définir l’Amour avec ce seul baiser !?
Non mieux!
C’était l’Amour en personne !
La chaleur de sa bouche m’avait envahie toute entière, révélant des sentiments cachés, comme la fonte des glaciers dévoilaient leurs trésors parfois enfermés depuis des siècles.
Etait il possible que ce soit ça l’Amour ?
Au bout d’un long moment qui me sembla malgré tout trop court, elle me rendit ma bouche, mes sens reprenant difficilement leurs repères.
Je… je dois partir. Je suis désolée. - dis je soudain en enfourchant mon VTT pour partir le plus vite possible.
Mais je ne l’écoutais plus.
Je pédalais comme une folle pour échapper à une autre folle.
Des sentiments inconnus m’envahissaient soudain ! J’avais envie de sourire au premier quidam qui s’arrêterait à côté de moi au feu, le regard des passants ne ressemblaient plus à de l’agression mais juste une marque de bienveillance.
C’est quoi ce bordel ? Elle m’a jeté un sort ou quoi ?
Je ne savais plus quoi penser. J’étais en train de tomber amoureuse de cette femme qui depuis la veille semblait me poursuivre, qui m’exaspérait au plus au haut point pour finalement se révéler la Douceur incarnée. L’Amour en Personne... Je ne connaissais même pas son prénom !
Je m’arrêtais à la station de lavage pour nettoyer mon vélo avant de le ranger.
Après ce sera mon tour et comme aurait dit ma Grand-Mère, « C’est pas du luxe ! »
J’étais dans un état !
Le jeton me permettait de laver et rincer mon vélo recto-verso.
Ce qui m’avait toujours amusée, c’était le regard des gens avant mon passage au karcher. « Punaise ! Elle n’a pas fait semblant ! » essayais je d’imaginer… et celui après...avec un vélo propre et une bonne femme dégueulasse !
Une bonne femme propre sur un vélo sale, ça pouvait se comprendre mais le contraire…
Je me marrais souvent toute seule quand une voiture passait à côté de moi et surtout quand elles ralentissaient pour bien vérifier.
J’hésitais à faire demi tour, repartir vers la forêt, retrouver mon inconnue, lui présenter mes sincères excuses, la laisser m’envahir de son baiser, de ses mains et plus si elle le souhaitait…
Mais il y avait trois parkings et je ne savais même pas quelle voiture elle pouvait avoir.
C’était voué à l’échec. Je pris donc la direction de mon appart. Dépitée d’avoir encore une fois été si nulle.
Bien que je fasse attention à la couleur des feux pour traverser, je ne regardais pas les voitures, perdue dans mes pensées. S’il leur avait pris l’envie de griller le leur de feu, je passais sous les roues, assurément.
Encore deux rues, après le giratoire à gauche, je descendais les derniers deux cents mètres avant de bloquer la roue arrière pour amorcer mon entrée à droite par le portail électrique mais très lent, de la résidence.
Un coup de klaxon genre « COUCOU » et non « Dégage connasse » me fit tourner la tête.
Une magnifique Volvo C70 coupé-cabriolet d’un rouge très foncé, bordeaux, ralentit à hauteur du portail.
Les vitres étaient très sombres. Impossible de voir à l’intérieur, jusqu’à ce que la vitre passager ne s’abaisse, laissant apparaître ma belle rouquine.
Jude ! Il faut vraiment qu’on discute !
Je…
J’appréhendais autant que j’en avais envie.
Quand elle arriva devant la grille elle portait une longue jupe rouge sur des bottes de cuir noir et un manteau rouge avec une fourrure blanche… Ne pas rire. Surtout ne pas rire !
Mais quand diantre, avait elle trouvé le temps de se changer ?
Tout à l’heure elle avait une tenue adaptée à la marche, un survêt Adada rouge et blanc et des baskets assorties… Elle était à fond dans le thème !
Je l’imaginais mal se changer dans sa voiture, encore moins devant son coffre ouvert.
J’aurais voulu lui sauter au cou, l’embrasser aussi passionnément qu’elle quelques minutes auparavant. Mais elle regardait la résidence et le chemin que je lui indiquais pour me suivre, me stoppant nette dans mon élan.
Je l’invitais à se mettre à l’aise, lui proposant quelque chose à boire, un café, un thé...
Je le lui préparais et m’excusais mais j’avais besoin d’une bonne douche, je ne me sentais pas à l’aise pleine de boue. Et je ne voulais pas non plus en mettre partout en m’asseyant sans faire attention.
Elle opina en serrant son mug brûlant comme elle aurait serré un trésor.
Je n’avais pas pour habitude de fermer ma porte de salle de bains quand je prenais une douche. Déjà parce que j’étais seule et comme c’était une pièce aveugle, le fait de garder la porte ouverte permettait à la vapeur de se dégager dans l’appart et de ne pas pourrir la salle d’eau.
Croyez vous que j’aurais pensé à la présence d’une inconnue dans mon salon pour la fermer… ma porte, hein…
Il est vraiment très bon ton chocolat chaud. Presque aussi bon que celui de ma mère.
Heu pardon mais je suis sous la douche là !
Oui. Et il y a un rideau. - ironisa-t-elle. - Tu n’as vraiment aucune décoration !? C’est triste.
Elle ne répondit pas.
Mais il était probable qu’elle ait cette même expression de KO que tout à l’heure.
Là c’est moi qui prit un uppercut de Mike.
Je laissais couler l’eau encore quelques secondes pour ne pas sortir la mine déconfite.
Mais je ne pouvais rester éternellement dans ma baignoire. J’attrapais ma serviette sans ouvrir le rideau, me drapant dedans comme une Princesse et ouvrant le rideau lentement pour lui faire comprendre qu’il était temps pour elle de rejoindre le salon.
Mais elle ne bougea pas.
Détaillant mon corps à mesure que le rideau le lui offrait.
Avec précaution, je posais le pied sur le tapis de bain… merde !
Habituellement, j’en profitais pour m’essuyer les jambes, mais là, la serviette était rivetée sur moi.
Elle avait fait un pas ou j’ai…
Elle m’embrassa fougueusement. Plus intensément, plus passionnément encore que tout à l’heure.
Son Amour me brûlait de l’intérieur, la rencontre de la lave et de la glace.
Pas assez froide pour la refroidir, en revanche, elle, me faisait fondre.
Elle ouvrit les yeux, plongeant ses Saphirs dans mes châtaignes quelconques.
Sa main se posa sur mes fesses humides, remontant le long du dos jusqu’à la bordure de la serviette, qui n’était même pas un garde folle réglementaire…
Lorsqu’elle en trouva le bord, un doigt plus agile que les autres s’aventura à passer la frontière sans présenter son passeport aux douanes… la serviette ne résista pas longtemps, m’exposant nue à son regard gourmand.
Sa bouche brûlante se posa sur mon sein droit, l’effleurant de douceur, titillant le mamelon qui fut ravi de répondre à son appel en pointant fièrement, ressortant du fin fond de mon corps, toutes les sensations de plaisir enfouies il y a bien longtemps.
Ma chambre était juste à côté, elle m’y attira avec un magnétisme tel que même je l’avais voulu, je n’aurais pas pu résister.
Mais je le voulais. Je la voulais !
Je voulais la toucher, sentir sa peau, caresser ses seins, goûter son intimité.
Elle me fit tourner pour me présenter dos au lit où elle mima de me jeter. Je jouais le jeu en caricaturant une chute violente.
J’étais nue, allongée sur mon lit, pendant qu’elle me mangeait du regard avant de me manger tout court.
Elle retira son pull de noël avec un renne au pif rouge, découvrant deux magnifiques seins ronds dans un soutien gorge en dentelle rouge. Elle retira sa jupe avec une sensualité que je lui enviait.
La dentelle de sa culotte me laissant deviner de petits poils fins joliment dessinés.
Quand l’avait elle retirée ? Je ne sais pas. J’ai senti la chaleur de son corps qui s’asseyait sur mon intimité. Nos lèvres fusionnant en parfaite harmonie avant que les autres ne se conjuguent à nouveau, les langues se trouvant, dansant une farandole improbable encore quelques heures auparavant.
Nos seins se tutoyèrent, les mamelons voulant se prouver qu’ils étaient plus grands et plus fiers que leurs alter égos.
Sa jambe bascula. Elle s’écartait pour laisser la place libre à sa main qui se posa direct sur mon sexe en pleine effervescence. Son doigt aventurier suivit le contour de mes lèvres intimes, les autres, jamais bien loin, le rejoignirent rapidement pour dessiner une majuscule au mot Caresse.
La caresse d’une femme était bien différente de celle d’un homme, sensuelle, douce, autant pudique que téméraire. Elle connaissait mes zones érogènes, elle en usait et en abusait.
PU TAIN !
J’ouvris de grands yeux de surprise ! Une explosion du Pôle Sud venait de déclencher un tsunami de chaleur !
Non ! C’était une coulée de lave qui venait de réécrire les règles de la physique élémentaire en un millième de seconde, quand elle me pinça le clito.
Mon cœur fut flashé en grand excès de vitesse. Ma peau devint hypersensible. Mes muscles se déconnectaient les uns après les autres, me laissant en proie à son désir.
Des petites perles s’accrochaient à ses poils, je voulais les boire, goûter ce nectar inédit.
Mais elle me précéda. Plongeant entre mes jambes, embrassant mes lèvres intimes comme personne ne l’avait jamais fait.
Sa langue se fraya un chemin dans mon tunnel d’amour qui lui exhibait sans gêne le plaisir qui me trahissait. Encore que… je ne cherchais plus à me cacher, je voulais juste profiter.
Tel un pantin désarticulé entre ses mains, je me laissais manipuler, caresser, embrasser…
Je voulais qu’elle arrête, qu’elle continue, qu’elle accélère, qu’elle ralentisse, qu’elle… OUAH !
J’avais le souffle court, la gorge sèche, la peau hyper sensible, et une chaleur inédite entre les jambes.
Il me fallut plusieurs minutes pour redescendre et commencer à reprendre contact avec mon corps.
Quand elle estima que j’étais de nouveau opérationnelle, elle s’assit sur ma bouche, ne me laissant d’autre alternative que de lui montrer que j’étais à la hauteur moi aussi.
Son nectar coulait depuis un moment, je récupérais ce que je pouvais pour me concentrer sur l’essentiel. C’était doux, légèrement sucré, unique, magique.
La douceur de sa peau n’avait pas d’équivalent dans ma mémoire qui ne se perdit pas plus longuement en réflexion.
Je dessinais les contours de ses lèvres, titillant, mordillant le clito…
Ses gémissements timides, devinrent plus affirmés, elle prenait du plaisir… Ses mouvements sur mon visage en témoignaient également, elle ondulait, se comprimait contre moi, s’écartait pour me laisser revenir à la charge…
Se laissant manger comme elle l’avait fait à l’instant, avant de se figer dans un magnifique cri de jouissance, suspendant le temps au décompte de son orgasme.
Je ne bougeais plus pour ne pas briser la magie, la laissant reprendre vie, quelques minutes, heures (?) plus tard.
Quand elle s’allongea à mes côtés, elle était rayonnante.
Je levais les yeux au ciel, signe que je n’étais pas de cet avis.
Tu es belle ! Et tu l’es encore plus ici. - ajouta-t-elle en posant sa main sur mon cœur.
Tu sais quoi ? - murmurais je pour détourner le sujet. Elle me fixa en silence, non manifestement pas. - Je ne connais même pas ton prénom !
Mais c’est vrai ! - s’exclama-t-elle en riant avant de m’embrasser en guise d’excuse. (acceptée) - Louison. Je m’appelle Louison. Je vais te faire vivre le plus merveilleux Noël que tu n’aies jamais connu !
Sa peau était douce. Son parfum était un mélange subtil de vanille et de chocolat.
Le temps n’existait plus. Je fermais les yeux…
Quand je les rouvris, j’avais l’impression que des heures s’étaient écoulées tellement j’avais dormi !?
Mais le radio réveil m’indiquait une différence de trente minutes ??
Tu devais être bien crevée pour dormir si fort si vite. - me fit elle en m’embrassant.
Je ne dors que trois ou quatre heures par nuit en ce moment.
Elle me prit par la main, m’aida à enfiler ma robe de chambre en pilou et… à peine franchie la porte de la chambre…
Las Vegas était dans mon appart !
Des guirlandes, des lumières partout, mais dans le salon un sapin qui frôlait le plafond croulait sous une déco simplement magnifique !
Les chats cherchaient déjà son point faible en sautant à travers les branches !
Heu… tu sais… un sapin avec des chats…
Ne t’inquiète pas ! C’est un sapin conçu pour les chats. - fit elle mystérieusement. - Alors !? Ça te plaît ?
C’est magnifique !…
Mais ??
Mais tu ne penses pas que c’est un peu trop ? C’est vrai, je n’ai jamais fêté noël et d’un seul coup, c’est…
Quelques minutes plus tard, on embarquait dans sa voiture.
L’intérieur était en cuir blanc, la planche de bord en alu brossé et le son du 5 cylindres, une mélodie que je ne connaissais pas.
Elle se gara à quelques pas du terminus du tram, nous prit deux billets et s’engouffra dans la rame surchauffée en me tirant par la main.
Il nous restait à traverser la Loire, mais déjà la grande roue se détachait sur l’autre rive.
Alors que le tram ralentissait pour s’arrêter Portes de Loire, Louison se leva et me prit la main.
Un homme nous jeta un regard noir, alors qu’une vieille dame nous souriait, manifestement contente pour nous.
Je n’avais jamais vu ce genre de regards avant.
Avant quoi ? me demandais je. Avant maintenant. Avant Louison…
Les gens allaient et venaient dans tous les sens, le froid nous saisit de sa main glacée. Je réajustais mon écharpe, fermais mon manteau et remis mes gants.
Louison avait le manteau ouvert, affichant sans complexe son pull à tête de renne sous lequel, je le savais, ne se trouvait qu’un soutien gorge en dentelle rouge.
Tu n’as pas froid ? - m’inquiétais je.
Noooon ! Penses tu ! Il fait doux ici ! Il fait beaucoup plus froid chez moi.
Mais tu habites où exactement ? Tu ne m’as pas dit.
J’avais l’impression d’être avec une gamine de cinq ans électrisée par ce que les gens auraient appelé la magie de noël.
Je n’y voyais rien de magique, cependant, aussi curieux que cela puisse paraître, je n’avais plus cette sensation de dépit ou d’aversion.
Avant même que je comprenne, elle avait acheté les tickets pour la grande roue dans laquelle on embarquait déjà.
Le moteur se mit en branle, nous élevant lentement au dessus du sol nous offrant un point de vue unique de la Loire et de la place qui portait son nom.
J’étais glacée. Le vent me frigorifiait. A ce rythme là, il me faudrait un décapeur thermique ou un marteau piqueur pour m’extraire du siège où je commençais à fusionner.
Elle me prit dans ses bras, comme je l’avais fait avec mes Filles quand elles étaient petites, mais elle m’embrassa avec passion comme sa femme.
Son souffle me redonna vie, je me sentais bien, je me sentais exister.
Au revoir Mesdames ! - nous salua le vieil homme qui nous avait aidées à descendre de la nacelle, retirant son chapeau comme autrefois.
Le vieil homme s’illumina. On aurait qu’il avait rajeuni de 20 ans tant il était heureux !
C’était juste un petit bisou hyper chaste qu’une gamine de cinq ans aurait pu faire sur la joue.
Mais c’était peut être cette innocence qui lui avait plu.
Quoi qu’il en soit ses yeux brillaient et c’était vraiment sympa.
Ma femme m’entraîna vers le marché gourmand qui se trouvait au pied de la grande roue et dont les arômes de toutes sortes nous chatouillaient le nez depuis notre descente du tram mais encore plus quand nous étions à 40 mètres du sol.
Elle se dirigea tout droit vers un chalet où deux hommes aux yeux verts nous accueillirent avec un sourire jusqu’aux oreilles… pointues. Ils étaient déguisés en lutin de père noël, avec une veste verte, un bonnet à clochette et de ce que je pouvais en voir d’immenses chaussettes blanches rayées rouge.
Louison sembla soupirer de soulagement.
Bonjour Mesdames ! Qu’est ce qui vous ferait plaisir ? - demanda l’autre en me regardant.
Heu…
Tu me fais confiance ? - me demanda Louison.
Evidemment !
J’aimerais deux maxi cookies aux pépites de chocolat et deux chocolats chauds s’il vous plaît. Tu vas voir, ils sont presque aussi bons que ceux de ma mère !
J’ai eu comme l’impression que son collègue venait de lui balancer un coup de coude.
J’allais sortir ma carte bancaire pour payer, mais Louison posa sa main sur la mienne.
Laisse c’est pour moi !
Mais tu paies déjà tout depuis tout à l’heure ! - protestais je.
S’il te plaît. - ses Saphirs étaient hypnotisant.
Bon d’accord. - soupirais je. - Mais le prochain truc c’est pour moi !
Si tu veux !
Il nous tendit deux canes de sucre d’orge géantes !?
????
Cette curieuse façon de prononcer noël… dans la bouche d’un inconnu ??
Ils se sont donné le mot ou est ce moi qui étais tellement insensible que je ne le prononçais pas correctement ?
Il me sembla cependant voir Louison le foudroyer du regard, le laissant pantois, regrettant probablement déjà son cadeau.
Le chocolat chaud était une tuerie !
Louison avait une moustache de mousse tellement il était crémeux.
Pour le coup, elle ne m’avait pas menti. Il était vraiment très bon. Quant au cookie…. il était presque trop petit malgré ses 20 centimètres de diamètre…
La nuit nous drapait lentement de ses étoiles, effaçant discrètement les dernières couleurs pastels du Soleil couchant.
Depuis un moment les rues avait revêtu les leurs, d’étoiles.
La rue nationale était superbe. Je ne l’avais jamais regardée.
Je tournais la tête dans tous les sens pour les découvrir, prenant conscience que je ne rattraperais pas mon retard cette année. Il était trop tard.
Nous jetâmes nos gobelets en carton géants dans une poubelle et déambulâmes dans la rue animée.
La joie des gens était palpable.
Les enfants étaient beaux de joie, leurs yeux étaient plus brillants que les lumières de la ville.
Tout leur semblait magie.
Je le découvrais pour la première fois de ma vie, un pincement d’amertume me serra le cœur.
Louison dut percevoir mon malaise. Elle me regarda inquiète.
Ça va ma Chérie ?
Oui. - murmurais je. - Mais je n’avais vu ça… avant.
Je sais.
Hein ?
Dans la galerie marchande de la CNAF, on annonçait la présence du père noël.
Les enfants faisaient sagement la queue pour attendre de pouvoir s’asseoir sur les genoux du bonhomme en rouge et lui demander de leur apporter le jouet qu’ils voulaient.
Il risquait, cette année encore, d’y avoir beaucoup de déçus.
Les lutins et manifestement lutines qui l’accompagnaient, étaient habillés comme ceux du chalet où nous avions acheté nos cookies et nos chocolats chauds. Au moins ils avaient réussi à faire un truc raccord sur plusieurs sites.
Louison était en pleine discussion avec l’une d’elle quand elle me dit :
C’est bon ! Tu peux y aller aussi !
Mais elle m’installa dans la fille d’attente, du même côté que les enfants, me tenant la main pour ne pas que je m’échappe.
J’étais morte de honte !
Les enfants chuchotaient et rigolaient pendant que les adultes étaient soit amusés soit dépités.
Je crois que je l’aurais été aussi, dépitée, si j’avais vu une adulte d’un mètre quatre vingt, faire la queue pour s’asseoir sur les genoux du barbu à bientôt cinquante piges.
Mon tour arriva trop vite à mon goût.
J’ouvris de grands yeux étonnés.
Punaise !
J’avais failli marcher !
Les messes basses de Louison avec la lutine...
N’aies pas peur mon enfant. Viens t’asseoir ici. - fit il en tapotant sa cuisse.
Je préfère ici… - chuchotais je en montrant le bras du fauteuil.
Devant ma surprise il ajouta :
Allons ! Tu sais très bien que je sais tout. Et je sais aussi que tu n’es pas celle que tu veux bien montrer. Tu as le cœur pur. Pourquoi le caches tu derrière une fausse colère ?
Alors si vous le savez, pourquoi posez vous la question ? - rétorquais je piquée au vif.
Une boule se forma dans ma gorge, me serrant le cœur et faisant vibrer tout mon corps.
Moi qui n’avais jamais rien souhaité, une idée saugrenue s’emparait de mon esprit. Du coup je décidais de le mettre à l’épreuve.
Le père noël éclata de rire.
C’est pas drôle ! - m’écriais-je vexée en voulant me relever. Mais le barbu me retint.
Il s’approcha de mon oreille et de la même façon mis sa main devant pour chuchoter.
Il avait les yeux d’un bleu que je n’avais jamais v… heu si ! J’ai justement déjà vu ce bleu !?
Je suis le plus heureux des Hommes pour Louison et toi ! Mais je n’ai aucun pouvoir sur les sentiments. Seules ta Chérie et toi avez les clefs pour faire de votre vie le Bonheur que vous voulez qu’il soit. Et je vous souhaite d’être heureuses toutes les deux. Elle te mérite. Et tu la mérites. Vous êtes deux jeunes femmes exceptionnelles ! Vous formerez un couple magnifique !
Oui enfin jeunes… on va avoir 50 ans quand même.
Oh ! Oh ! Oh ! Si tu connaissais mon âge, ma petite, je t’assure que tu comprendrais !
Père Noël ! Je peux faire une photo de t… vous et Jude s’il vous plaît ?
J’avais oublié ma honte, j’avais juste profité de l’instant.
Un instant hors du temps, comme jamais je n’en avais connu.
Un instant… magique.
Je lui fis un bisou sur la joue comme Louison l’avait fait avec l’homme de la grande roue.
Mais je vis ses yeux briller et une larme se faufila sous ses lunettes rondes, roula une seconde sur sa joue pour disparaître dans sa barbe.
Un Gros. Super. Méga. Câlin !
Un de ceux qui nous marque à vie parce qu’il a été gravé au fer rouge dans notre cœur.
Il m’embrassa sur le front avant de me libérer.
Louison m’embrassa sous le regard attendri du vieux bonhomme.
J’étais sonnée !
Le mec avait joué son rôle à fond. Mais je suis une hypersensible. Je ressens les émotions quand elles sont sincères. Autant les positives que les négatives. Par contre si la personne est fausse ou hypocrite, je le sais tout de suite et je reste de marbre.
Mais là, mes larmes coulaient sans que je ne les contrôle tant les émotions, si longtemps refoulées, ressurgissaient tels les maux libérés sur Terre par Pandore.
Et même si je savais que ce n’était qu’un comédien, un type lambda avec juste le bon look pour jouer le rôle, il avait su trouver les mots pour me toucher.
Ça va ma Chérie ? - me demanda Louison en s’écartant un peu de moi. - Qu’est ce qu’il t’a dit pour que tu te mettes dans un tel état ?
Alors que je m’attendais à ce qu’elle insiste, au contraire, son sourire était radieux. Elle échangea un regard curieux avec le bonhomme et m’emmena vers la sortie.
Puis elle m’embrassa avec passion, provoquant un tonnerre d’applaudissements.
Elle salua les badauds et nous exfiltra vers la place Jean Jo’.
A l’angle de la rue nationale et de la place Jean Jaurès, il y avait régulièrement un courant d’air…
Les dames comprendront de quoi je veux parler.
J’anticipais donc le passage en plaquant discrètement ma jupe sur mes fesses.
Celle de Louison était bien plus longue, aucun risque qu’elle ne se retrouve dans le dos au dessus des fesses au lieu d’être simplement dessus.
Le boulevard Heurteloup qui s’allongeait vers l’Est de la ville en passant devant la gare abritait d’autres chalets de noël.
Deux énormes blocs en béton peu accueillants marquaient notre quotidien depuis plusieurs années maintenant. Les attentats du 14 juillet 2015 à Nice, quand un connard avait prit pour cible des gens au volant d’un camion. Depuis ces blocs en béton avait poussé un peu partout, pour nous protéger de ce type d’abruti, dès qu’une manifestation regroupant une foule importante était organisée.
Un agent de sécurité contrôla nos sacs… oui, enfin, jeta un œil furtif dedans. Si j’avais planqué un flingue, une machette ou une grenade sous mon parapluie et mes totes bags, dans l’obscurité, il aurait vu que dalle. Mais bon.
Louison s’arrêta sur chaque chalet qui n’était pas de la bouffe. Je crus comprendre que seul celui des lutins avait son aval.
Bon au moins, ça nous empêchait de bouffer tout et n’importe quoi.
Louison avait cette faculté de discuter avec tout le monde. Elle abordait les gens d’une telle manière qu’il était impossible de la rembarrer.
Oui… Enfin correction… Presque tout le monde !
Quand je pensais à la façon, dont justement, nous nous étions rencontrées…
J’étais épuisée. On venait de faire le dernier chalet et je n’avais qu’une hâte, me poser dans mon canap’.
Je lui montrais l’arrêt de tram à côté de la gare qui nous épargnait le retour en sens inverse du marché de noël et la rue nationale qui s’était plus que remplie depuis notre entrevue avec le père noël.
Elle sembla pinouser, mais finit par accepter, voyant que j’étais vraiment crevée.
Dans le tram je posais la tête sur son épaule et fermais les yeux.
Bercée par la machine et la chaleur de ma Chérie qui en plus me caressait le visage, je m’endormis.
C’est un doux baiser qui n’avait rien à envier à celui qui réveille Aurore dans La Belle au bois dormant, qui me tira des bras de Morphée.
Nous étions au terminus, nous devions impérativement descendre.
De retour à hauteur de la résidence, elle ralentit un peu plus tôt, semblant hésiter entre se garer et descendre ou juste me laisser descendre.
A son sourire, je compris que c’était ce qu’elle voulait entendre.
Elle trouva une place et m’accompagna au deuxième étage.
Il n’était pas tard, mais entre le VTT du matin, le froid de la rue et les émotions, j’étais épuisée.
Je m’allongeais sur mon lit et m’endormis pour de bon.
Au réveil, j’étais nue. Ma Chérie, nue elle aussi, me regardait dormir.
Bonjour mon Cœur ! - me dit elle. - Tu es tombée comme une masse hier soir.
J’ai cru comprendre. - répondis je confuse.
Elle m’embrassa sensuellement… réveillant la chaleur qu’elle avait diffusé la veille.
Caressant mes seins, mon corps… La musique de Jingle Bells retentit. Heu la quoi ??
Punaise ! Il faut que je réponde ! C’est mon père.
Ton… ??? - j’éclatais de rire
Elle s’éloigna dans le salon et je n’eus pas la suite.
Moi j’étais toujours en train de me marrer quand elle est revenue cinq bonnes minutes plus tard.
Mon père nous invite pour le Nouvel An.
Nous ?
Oui, il veut te connaître. Et ma mère aussi d’ailleurs !
Cela fit rire ma Chérie.
Justement. On fonctionne un peu à contre courant chez nous. Et ils pensent que ça t’aiderait à mieux découvrir la Magie de Noël.
J’ai une question stupide !
Dis moi. Si elle est stupide je te le dirais.
Louison sembla gênée par ma question. Mais me répondit :
Mon père a une activité qui lui prend beaucoup de temps à cette période de l’année. Il n’est réellement tranquille que le 25. Après il prend quelques jours pour préparer le Nouvel An avant de prendre des vacances avec ma mère et mes sœurs qui le souhaitent.
Tes sœurs ? Vous êtes combien ?
On est une famille nombreuse ! - rit elle. - Ton passeport est en règle ?
Mon… passeport ?
Oui. Je te l’ai dit. J’habite loin.
Heu… non je ne crois pas ! - paniquais je soudain.
Mais c’est pas grave ! La carte d’identité suffit ! - se moqua-t-elle.
C’est pô drôle.
Alors hier, les genoux du Père Noël aujourd’hui, boudi-boudin… Mais c’est pas grave tu sais…
Elle planta son regard abyssal dans le mien et prit mon menton dans sa main pour me tirer vers elle, fusionnant nos bouches…
Le reste, je vais le garder pour moi…
Quelques jours plus tard, nous primes l’avion à Orly, direction… La Laponie !?
La Finlande d’abord, puis La Laponie Finlandaise. Oui, je venais d’apprendre que La Laponie avait une partie Suédoise aussi.
Avec un peu de chance on le verra peut être le père noël !? - lui avais je rétorqué, morte de rire, à l’annonce de la destination
Je ne comprenais rien.
D’abord ils sont à fond dans noël et tout le cirque qui va avec, mais ils ne profitent du réveillon pour le fêter ensemble et maintenant, ils n’iraient pas chercher à voir le père noël qui est censé habiter justement dans cette région ?!
J’avais vraiment du mal à suivre.
Le 26 décembre, depuis ROVANIEMI, la capitale de la Laponie Finlandaise, nous avons prit un autre avion direction IVALO… encore plus au nord.
Hyvät naiset ja herrat, olemme juuri ylittäneet napapiirin. - dit le commandant de bord dans son micro.
Qu’est ce qu’il a dit ?
Le cercle polaire… Jamais je n’aurais pensé le franchir un jour.
Et là, en quelques jours… je rencontrais une femme géniale, en plus d’être belle comme un cœur et je passais les plus magiques fêtes de noël et aujourd’hui je partais pour rencontrer ses parents.
Oui je sais, c’est un peu tôt.
Mais le nouvel an approchait et selon Louison, elle avait une très vieille tradition familiale à respecter.
Par le hublot c’était une terre blanche, des arbres couverts de neige que je pouvais admirer avant que l’avion ne se pose.
La lumière ici était encore plus particulière que sous nos latitudes.
J’avais dépassé le Cercle Polaire !?
Combien de personnes pouvaient s’en enorgueillir ?
Un homme roux aux yeux verts nous attendait dans le hall des arrivées.
Il avait un bonnet vissé sur la tête jusqu’aux oreilles et un costume vert. Probablement un costume folklorique pour la période ?
Bonjour Louison. Bonjour Judeline. J’espère que vous avez fait bon voyage ?
Bonjour Eetu. Oui, ça va je te remercie. Et toi comment vas tu ?
Il prit nos sacs et nos valises qu’il plaça sur un chariot et nous conduisit jusqu’au parking où il déverrouilla un gros pick up GMC bordeaux.
Pourquoi n’étais je pas surprise que l’intérieur soit en cuir blanc ?
Je ne savais pas comment il faisait pour conduire, on ne distinguait pas la route en fait. Tout était blanc.
Quand je lui fis la remarque qu’en France on pleurait quand trois flocons bataillaient, alors qu’ici je ne voyais même pas la route, il éclata de rire.
Un rire franc, pur, presque enfantin.
Louison était montée devant à côté de lui.
La cabine était vaste, je savais qu’ils discutaient mais je n’entendais pas grand-chose. De toutes façons je crois qu’ils parlaient en finnois, alors…
Avez vous déjà vu des Aurores Boréales Judeline ? - me demanda le conducteur.
Non, jamais. C’est même la première fois que je viens aussi au nord.
Oh ! Ici l’Hiver est Roi vous savez – ajouta-t-il sur le ton de l’excuse
C’est une saison que j’adore !
Aah ! Alors vous allez.. kiffer ? C’est comme ça qu’on dit en français ?
Oui ! C’est comme ça ! - répondis je en riant. - Et vous, avez vous déjà vu le père noël ? Il paraît qu’il habite dans le coin. - continuais je toujours en riant.
Oui bien sûr ! Tous les jours même. - répondit il sérieusement.
Eetu ! - gronda Louison. Le conducteur me dévisagea depuis son rétro.
Une grille immense s’ouvrit devant la voiture qui s’immobilisa quelques minutes pus tard au pied d’un chalet de bois immense. Des dépendances impressionnantes avaient été bâties non loin.
Des rennes gambadaient librement, indifférents à notre présence.
A peine eut il finit sa phrase, que deux rennes bondissant vinrent nous renifler.
Ils mesuraient environ un mètre cinquante, mais leurs bois étaient démesurés !
Celui qui me regardait bizarrement avait une encolure blanche, la tête et le reste du corps qui tiraient entre le gris et le marron.
Je le remerciais par un sourire. J’aimais bien ces petites histoires. Le renne qui était venu me voir posa sa tête contre moi en fermant les yeux. J’entourais sa tête de mon bras pour lui rendre son câlin.
Vous devez être quelqu’un d’extraordinaire Judeline. Furie n’aime pas grand monde.
Furie ?
Le renne que vous câlinez.
Eetu ! Es tu fou de laisser notre invitée dans le froid après un tel voyage ?! - pesta une voix de femme derrière nous. - Allons ma Chérie ! Venez vous réchauffer près du feu et laissons Eetu s’occuper des bagages.
Mais j’étais déjà à l’intérieur qui sentait bon le bois, le pain d’épices, le chocolat chaud et les cookies.
Mais quel rustre franchement ! - tempêta-t-elle toujours après m’avoir installée dans un confortable fauteuil devant l’âtre.
Ce n’est rien Madame. Un renne est venu me faire un câlin et Eetu me donnait des informations que je ne connaissais pas.
Un renne ? Savez vous lequel ?
Furie. - la vieille dame sembla surprise.
Furie ? - Ça alors ! Vous devez être quelqu’un d’extraordinaire !
Elle planta ses yeux bleus saphir dans les miens. La réplique n’était manifestement pas recevable.
Mais je savais de qui ma Belle tenait ses yeux.
Sachez Très Chère que nous sommes ravis de vous accueillir ! Nous sommes vraiment très contents que vous ayez ouvert votre cœur à La Magie de Noël !
Oui, enfin c’est vite dit…
Balivernes mon Enfant ! Si tel n’avait pas été le cas, jamais vous n’auriez pu entrer.
Jude ! Je te présente Victoire, une de mes sœurs ! - chanta Louison tirant par la main une femme de son âge.
Enchantée ! - me dit elle – Tu es rayonnante !
Elle est où ??? - hurlait une femme en courant dans le chalet. Je la vis descendre en glissant sur la rampe de l’escalier. - Aaah ! La voilà ! - s’exclama-t-elle en me serrant dans ses bras. - Je m’appelle Jaana !
Moi c’est Judeline.
Quelque chose me semblait bizarre. Jaana semblait avoir une trentaine d’années, mais dans son comportement, elle en avait sept !?
Quant à Victoire, elle ne semblait pas avoir beaucoup de différence avec ma Douce pourtant, elle m’avait été présentée comme étant une de ses sœurs aînées. Combien étaient elles donc ?
Papa est là ? - demanda Louison
Encore fourré à l’atelier. Il avait pourtant promis de ne pas y retourner avant au moins un mois. - pesta la maman.
Viens ! Je t’emmène le voir ! - s’exclama Jaana en me prenant la main.
Jaana râla comme une gamine et traîna des pieds pour aller se poser sur le canapé que sa mère lui indiquait.
Dans quelle famille de frapadingues étais je donc arrivée ?
Je réalisais soudain, que si j’avais un problème quelconque… personne ne viendrait me chercher ici. Je ne savais déjà même pas où j’étais !?…
On voit ça souvent dans les films d’horreur, la victime innocente qui est mise en confiance et invitée chez les parents… comme par hasard en plein milieu de nulle part, et toi devant ta télé tu te dis mais putain elle est con sérieusement, elle aurait bien dû se douter que c’était un piège d’aller si loin ! Et là ! PAF ! Les gens adorables qui l’accueillent, la torturent et la tuent ou la transforme en esclave sexuelle.
Heu… j’étais où déjà ???
OH PU TAIN !
Ça va mon Cœur ? - me demanda ma Chérie – Tu es toute pâle.
Louison n’avait pas menti !
Je n’avais jamais bu de chocolat chaud aussi bon !
Encore plus crémeux et onctueux que celui des lutins du marché de Noël à Tours.
Madame, c’est un pur délice ! Jamais je n’ai bu de chocolat si délicieux ! Et ce cookie ! C’est une folie pure ! Impressionnant !
Merci ma Chérie, mais tu sais je n’ai aucun mérite. Avec le temps, j’ai trouvé la technique.
ALORS ! OÙ SONT MES FILLES CHÉRIES ?! - chanta une voix d’homme très grave.
Je faisais ça aussi moi… jusqu’à 8 ans, bon allez 9 peut être… mais pas à 50 !? oO
Après une cacophonie étourdissante et une joyeuse anarchie l’homme ajouta :
Ké ? Comment ça ?
Elle est devant la cheminée…
Maman lui a dit de se poser et de manger un cookie…
Les voix des filles se mélangeaient et se complétaient, créant une phrase collégiale, comme des enfants. Ça devenait vraiment flippant là !
Je clignais des yeux pour bien comprendre…
Bonjour Monsieur ! Je vous remercie de m’accueillir ! Ça me touche vraiment !…
Appelle moi Chris ce sera plus simple ! - il suspendit sa phrase. - Et ? Tu as une question, n’est ce pas ?
Heu… Oui… à vrai dire… c’est vous qui faisiez le père noël à Tours l’autre jour ? - je vis aux regards de Victoire, Jaana et leur maman, que j’avais dit une connerie. Laquelle je ne le savais pas encore.
Comment elle le prononce !? C’est pas encore gagné La Magie de Noël. - bougonna Jaana en levant les yeux aux ciel.
C’est normal mes Filles Chéries ! Mais vous remarquerez néanmoins, qu’elle est là. Ce qui aurait été impossible si son cœur était aussi insensible qu’elle le laisse croire. Elle a besoin d’un peu de temps encore. Demain nous irons voir les Aurores Boréales.
Ses parents me regardèrent gênés. Je me concentrais sur la mousse de mon chocolat pour faire mine que rien… N’empêche qu’il n’avait pas répondu à ma question le loustic.
Du coup je me demandais, si c’était lui, pourquoi n’avait il pas fait le voyage avec nous le 26 ?
Si c’était lui, pourquoi dans la galerie marchande de la CNAF, ils n’employaient pas directement des pères noël autochtones, plutôt que de les importer de Finlande ??
Et si c’était lui, pourquoi Louison ne me l’avait elle pas dit ce jour là ?
Pour me faire croire à la magie de Noël, peut être ?
C’est vrai que si je l’avais su, le message ne serait probablement pas passé de la même façon. Je devais leur concéder ça. Même si maintenant je connaissais la supercherie, il n’en demeurait pas moins que c’était un très beau moment. Presque… magique.
Ça y’est ! Le mot était lâché !
Comment avais je pu passer à côté de tout ça pendant toutes ces années ?
Je devais me rattraper !
Je devais faire honneur à leur invitation et accepter chaque journée comme un cadeau.
L’homme me regarda bizarrement avec un sourire tendre, complice, mais surtout qui semblait dire « Tu as enfin compris ! » du moins « Tu es sur la bonne voie ! Continue, tu y es
Citation de Harmonique #525423
Et oui ma Harmonique, tu aurais dû lire la nouvelle de Transparente jusqu’au bout avant de te prononcer 🤣😂 Tu as fait ton mea culpa, personne n’est parfaite 😄
Citation de TransParente #525052
Je n’avais pas le moral hier soir et je me suis dit : « Tiens, je vais lire un texte de ma Transparente ». Je n’ai pas été déçue. C’est une très belle histoire. Cela m’a fait du bien, m’a redonné goût à la vie, foi en l’humanité. Cette nouvelle est faîte pour contenter tout le monde : il y a de l’humour, de l’amour, de la sensibilité, de la magie, beaucoup. Et cerise sur le COOKIE, il y a de l’érotisme pour pimenter tout ça.
C’est un très beau conte de Noël. Si j’enlevais certains passages 😉, je pourrais même lire cette histoire à mes gamins.
Je suis une grande fan des écrits de Transparente. Je trouve qu’elle a beaucoup de talent
Punaise en fait je me rends compte que l'histoire n'est pas complète !
Je suis dégoutée !
Je publie la fin ou j'essaie de modifier pour intégrer la fin, il manque la chute !🤬
Je rentre en France ce week end je vois ça la semaine prochaine.
Citation de TransParente #525427
Et oui, il manque la fin, je l’attends avec impatience 😄
Je n'arrive pas à modifier le texte, je dois être au max du nombre de mots.
La suite ici.
J'ai repris quelques lignes au dessus.
Ça y’est ! Le mot était lâché !
Comment avais je pu passer à côté de tout ça pendant toutes ces années ?
Je devais me rattraper !
Je devais faire honneur à leur invitation et accepter chaque journée comme un cadeau.
L’homme me regarda bizarrement avec un sourire tendre, complice, mais surtout qui semblait dire « Tu as enfin compris ! » du moins « Tu es sur la bonne voie ! Continue, tu y espresque ! ». Enfin quelque chose comme ça.
Sa femme posa un regard tendre sur lui.
Elle était amoureuse, ça ne faisait aucun doute !
Lui aussi, ça ne faisait aucun doute non plus.
J’ignorais depuis combien de temps ils étaient mariés, et je me garderai bien de poser la question, mais leur Amour était pur et sincère comme au premier jour. Et ça… ça, c’était magique !
« AAH ENFIN !! »
Qu’avez vous dit ? - lui demandais je
Pour une famille nombreuse, la table était bien petite.
En fait, Petite Jude, cette table est magique. Plus on est nombreux, plus elle grandit !
Jaana pouffa de rire.
Cette fois on avait perdu Jaana qui était partie en fou rire.
Un rire communicatif, doux, enfantin, qui contamina toute l’assemblée.
Je ne savais pas ce qui avait provoqué ce fou rire.
Depuis mon arrivée, j’avais cette sensation désagréable qu’on me cachait un truc énorme, que c’était juste devant mes yeux mais que je ne le voyais pas !
C’était hyper frustrant !
Après le repas, délicieux, Chris invita ses enfants et moi à nous asseoir devant la cheminée, pendant qu’il nous lisait des histoires. Il n’y avait pas de télé de ce que je pouvais voir. Leur mère nous rapporta encore des cookies, du chocolat chaud et du pain d’épices.
En fait, malgré les années, ils avaient conservé un mode de fonctionnement parents/enfants… mais modèle 5/8 ans… alors que concrètement elles les avaient allègrement dépassés.
Pourtant rien ne choquait vraiment. Atypique, certes, mais si tout le monde y trouvait son compte. Après tout.
Tant que ça ne nous porterait pas préjudice à Louison et moi. Parce que je me projetais, moi.
J’avais beau tourner la question dans tous les sens : ELLE était au centre de toutes mes pensées.
Chaque moment de ma vie future je la voyais à mes côtés. Imaginer un instant la perdre m’était insupportable ! Mon cœur en saignait de douleur tant la chose n’était pas envisageable.
J’étais folle amoureuse d’elle. Je voulais finir ma vie avec elle.
Alors je décidais de jouer le jeu. Je m’étais promis d’honorer leur invitation et de profiter pleinement de chaque instant.
A mesure que Chris tournait les pages, changeant sa voix en fonction des personnages, je sentais une chaleur particulière m’envahir. J’étais bien. Je regardais les filles à côté de moi.
Jaana était allongée sur le ventre, un sourire jusqu’aux oreilles, sa tête posée sur ses mains, les pieds battant l’air au dessus de ses fesses.
Louison, était assise en tailleur. Elle buvait les paroles de son père avec une béatitude que je ne connaissais pas. Quant à Victoire, plus dans la retenue, les jambes simplement pliées sous ses fesses. Sauf que… Jaana avait vraiment sept ans !! Ma Chérie ne semblait pas en avoir plus de dix, Victoire onze, douze, à tout casser !?
Il y avait quoi dans la bouffe ??
Je regardais mon corps. Je n’avais pas l’air bien grande non plus !
Heu… là non faut pas déconner ! j’étais plus petite que Jaana !?
J’avais quoi, cinq ans ou quoi ?
C’est quoi ce bordel ?!
Je clignais des yeux pour chercher mes mots… En fait, malgré les positions, les filles étaient de taille adulte… Et moi aussi ! OUF !
Je… je suis désolée. Je suis fatiguée. Je… je crois que je vais aller me coucher. Je suis désolée.
Ma chambre ?
Elle n’allait pas me faire dormir toute seule quand même.
Louison se leva et m’embrassa.
????
J’avais dit ça tout haut ?
Sa mère lui lança un regard de reproche alors que son père était tout sourire.
Moi je n’avais plus les trous en face des yeux, je devais dormir et le plus tôt serait le mieux.
C’étaient des cris de joie d’enfants qui me servirent de réveil.
Les sœurs de ma Chérie avaient dû arriver avec leurs enfants… ça allait devenir sportif.
J’étais seule dans le lit. Mais je n’avais aucun doute sur le fait de ne pas l’avoir été pendant la nuit…
Mon intimité s’en souvenait aussi.
Je m’enveloppais d’une robe de chambre en pilou vieux rose et descendis le magnifique escalier en me guidant aux odeurs de cookies et de pain chauds qui émanaient de la cuisine. J’aurais pu la rejoindre les yeux fermés.
Je fus accueillie par la maîtresse de maison, déjà aux fourneaux, ses trois filles à table avec des gâteaux rigolos dans les assiettes.
J’embrassais ma femme avec passion, avant de faire la bise à ses sœurs et à leur mère qui me serra fort dans ses bras.
As tu bien dormi Jude ? - me demanda-t-elle quand elle me rendit l’usage de mes poumons.
Très bien oui ! Je vous remercie. Ce sont les enfants qui m’ont réveillée, mais c’étaient des cris de joie, c’était presque une mélodie.
Il n’y a pas d’enfant Jude. Tu devais être encore endormie.
La journée passa vite.
Au sens littéral du terme. Le Soleil s’est levé super tard et s’est couché super tôt.
On n’était pas sur la nuit 24/24 mais on s’en rapprochait bien en tout cas !
Je devinais des allées et venues dehors, une activité très intense, mais dès que je m’approchais d’une fenêtre, Jaana, ou sa mère, quand ce n’était pas ma Chérie, m’emmenait dans une autre direction.
Il y avait un gros atelier cuisine où deux fours énormes tournaient quasi en permanence, mais les quantités visibles ne correspondaient pas. Seule l’explication des personnes dehors pouvait expliquer une telle disparition de gâteaux.
Chris entra dans un râle hésitant entre le dépit et la résignation.
Nom d’un cookie ! Il fait un temps à ne pas mettre un lutin dehors !
Le ciel est couvert ? - s’inquiéta Louison
Non, mais il fait un froid de canard !
On va se couvrir et on va montrer les Aurores à Jude ?
Papa !? On prend le traîneau pour y aller ? S’il te plaît ! - s’emporta Jaana
C’est d’accord ! On prend le traîneau ! Qui prépare les rennes ?
Moi !!!! - s’exclamèrent en même temps les filles devant leur père qui éclata de rire.
Une sortie en traîneau !?
Tiré par des rennes ?
Au pays du Père Noël ?!
Les Filles étaient déjà dans une dépendance à gauche du chalet quand on en sort, à une bonne centaine de mètres… sous une épaisseur de neige que je n’avais jamais connue en France.
Des hommes et des femmes, bonnets rivés sur les oreilles, se hâtaient dans le froid pour se rendre d’un autre bâtiment, que je ne voyais pas, à celui ci. Tous étaient habillés pareil.
En ouvrant la porte, je me pris une claque.
Mes yeux s’ouvrirent en grand pour être certains d’envoyer les bonnes infos au cerveau qui commençait à buguer.
AAH ! Tu as enfin compris ! - me dit Chris.
Vous êtes le… vous êtes le…
Dis le !
Vous êtes le… Père Noël !?
Les gens autour retirèrent leurs bonnets, découvrant leurs oreilles pointues.
Ceux du Marché de Noël vinrent me saluer.
Eetu vint me serrer dans ses bras.
Heureusement que tu as deviné, on n’aurait pas tenu le secret longtemps.
Mais pourquoi tant de mystères ? - demandais je. - Pourquoi ne pas m’avoir dit la vérité tout de suite ?
Si je t’avais dit, « Bonjour Jude, je suis le Père Noël »… tu m’aurais cru ? Avec toutes les barrières dont tu avais entouré ton cœur ?!
Non. Vous avez raison. J’aurais tout rejeté en bloc.
Il fallait que tu découvres la Magie par toi même ! Qu’elle vienne de ton cœur et de ton âme. Il ne faut pas voir pour Croire. Il faut Croire pour Voir.
Mais Louison ???
Je ne savais pas quoi dire !?
Je pleurais de joie autant que de surprise.
Comment avais je pu passer à côté de toute cette Magie pendant toutes ces années ?
Comment avais je pu être à ce point odieuse alors que les choses étaient tellement plus simples avec un sourire et un minimum de douceur…
Je ne voulais plus être la connasse que je montrais jusqu’à présent.
Avec Louison à mes côtés, j’espérais entretenir cette Magie longtemps.
Mais attachés, prêts à partir en traîneau, les rennes perdaient patience de nos palabres et commençaient à s’agiter.
Alors que je m’approchais pour caresser celui qui était près de moi, il secoua la tête et me poussa violemment contre le mur.
Je sentis ma tête cogner et…
?
C’est sous une lumière tamisée que je rouvris les yeux.
Je cherchais à comprendre où je pouvais être.
Un bip régulier et un masque sur le visage me donnaient de gros indices. En tournant la tête et en voyant les perfusions et les machines, je n’avais plus de doute.
Mais je ne parlais pas Finnois moi. Ça allait être compliqué d’échanger.
Une infirmière brune entra sans frapper.
Oh ! Vous êtes réveillée ! Comment vous sentez vous ?
Vous parlez français ?
Heu oui… - me fit elle surprise. - Devrais je parler une autre langue en France ?
En France ? Je suis revenue en France ? Mais je suis rentrée quand ? Louison est là ?
Qui ? Nous n’avons pu joindre personne, votre téléphone a été perdu dans les égouts lors de l’accident.
Mais de quoi parlez vous ? Quel accident ? On est quel jour d’abord ?
Deux mois.
25 décembre.
Pas besoin d’en dire plus, j’avais compris.
J’avais rêvé ma rencontre avec Louison pendant mes deux mois de coma.
Elle n’existait pas plus que le barbu.
J’étais dégoûtée !
Je voulais vomir, mourir, mais en aucun supporter ce nouveau coup de poignard de la vie.
Magie de noël ?!
Tu parles !
Mon cul oui !
Citation de TransParente #525665
J'aimais bien sans la fin, ce n'était pas la peine de la rajouter 😋
Je pense que c'est le père Noël qui t'a réveillé du coma. C'est même sûr.
Citation de Harmonique #525667
🤣
Désolée.
Mais c'est justement la partie que je préfère ! 🤣
J'ai vraiment adoré ce texte.
Il y a des moments où l'on se demande si c'est une histoire vraie (Polysémie du mot histoire pouvant désigner une histoire vraie ou une fiction) notamment au début avec la rencontre entre Judeline et le vendeur du magasin.
Au bout d'un moment , on comprends qu'il s'agit bien d'une fiction.
Citation de TransParente #525699
"Et à quel moment as tu compris qui était Louison ?"
Je crois ne pas avoir compris la question. Qui est cette personne dans quel sens ? Par rapport à Judeline , par rapport à la psychée du personnage principal , la métaphore que Louison peut représenter ?
Je pense que cette nouvelle littéraire relève à la fois d'une autobiographie fictionnelle sur quelques jours , histoire de noël , érotisme.
Cette nouvelle rentre dans au moins 3 catégories et ce n'est pas courant.
Citation de Reloteb #Je crois ne pas avoir compris la question
😳
Louison est un personnage particulier, son père en tout cas...
J'essaye de retarder l'annonce le plus possible parce que Jude ne voit pas.
Mais le lecteur est censé avoir compris assez rapidement.
Mais sinon oui, j'aime bien mélanger les genres. 🤣
Citation de TransParente #525704
Est-ce que je dois dire que j'ai compris au vu des autres lecteurs ?
Je ne veux pas spoiler.