Je n’ai rien d’un héros. J’aimerais bien, mais ce n’est pas le cas.
Je ne suis qu’un homme ordinaire, qui ne demandait qu’à vivre sa petite vie ordinaire. Mais le destin en a décidé autrement. Et le destin prend parfois des visages horrifiants.
Cela faisait plus de quinze ans que je vivais avec Valérie. Nous nous étions rencontrés lors de notre adolescence, et ne nous étions pas quittés depuis. Nous avions eu un fils, qui fêterait bientôt ses huit ans.
Nous préparions un voyage aux Seychelles, un voyage inoubliable. Puis c’est arrivé. Il est arrivé.
Est-il simplement possible de ressentir plus d’horreur, d’incompréhension et de rage que moi au moment où je rentrai à mon domicile après une dure journée de labeur pour retrouver ma femme et mon fils sauvagement décapités, gisant à même le sol dans une mare de sang.
À partir de ce moment, tout s’est passé très vite, et je n’ai pas gardé souvenir exact de tout ce qui m’arriva tandis que la police examinait, interrogeait, disséquait. Pour conclure, quelques semaines plus tard, que le meurtre de ma femme et de mon fils, était insoluble.
— Si nous avions un témoin, monsieur, ou au moins une empreinte digitale.
J’ai rarement détesté quelqu’un pour son incompétence, mais j’ai néanmoins longuement pensé à étriper cet inspecteur, pour voir si ses collègues seraient tous aussi incapables de retrouver le coupable.
Seul, j’étais seul au monde, sans amour à donner, et sans l’aide des « professionnels » à qui pourtant je payais des taxes depuis si longtemps. Je sombrai dans une profonde dépression. Je touchai le fond.
Je réussis à me procurer le dossier de la police. À part quelques analyses poussées pour retrouver des traces d’ADN, il n’y avait rien de vraiment neuf : la seule conclusion de la police était qu’il s’agissait bien d’un meurtre et non d’un suicide. N’importe quel imbécile serait arrivé à cette conclusion en voyant les corps.
Un détail attira alors mon attention : l’assassin s’était introduit par une des petites fenêtre du sous-sol. Or, cette fenêtre était défectueuse depuis des années et fermait mal. Il avait donc pu l’ouvrir avec facilité. J’en suis donc venu à la conclusion qu’il nous surveillait depuis quelques temps, qu’il ne s’agissait pas d’un simple coup de tête. Ce qui décupla ma rage.
Mais qui pouvait m’en vouloir à ce point ? Je fouillai ma mémoire.
Un seul incident vraiment marquant me revint à l’esprit. La promotion que j’aurais « volé » à Michel, pour s’exprimer en ses termes. Il avait attendu cette promotion depuis des lustres, mais, contre toutes attentes, c’est moi qui l’avait reçue.
Peu après ma promotion, à une fête de bureau, Michel, complètement saoul, avait tenté de m’assommer avec une bouteille. J’avais bien sûr compris qu’il m’en voulait. Que dire, presque un an plus tard, des multiples fois où je trouvais les pneus de ma voiture dégonflés ? Des dossiers disparus au bureau ? J’avais toujours plus ou moins soupçonné Michel pour ces délits, mais faute de preuves, je n’avais jamais pensé qu’il puisse aller si loin.
Je décidai de mener ma propre enquête. Si je trouvais la moindre preuve qu’il était le responsable de ma misère, justice serait faite.
Je le filai un soir après le bureau. Je notai son adresse, et dès le lendemain je m’absentai du travail et explorai sa demeure. J'ai dû casser une vitre pour y pénétrer, mais je ne m’en faisais pas : s’il n’était pas celui que je cherchais, il n’aurait qu’un carreau à remplacer.
Sa maison se séparait en six pièces principales : le salon, la salle de bain, la chambre à coucher, la cuisine, le bureau, et le sous-sol. J’explorai le bureau en premier lieu, mais n’y trouvai rien. Déçu, je me rabattis vers le salon, puis la cuisine, sans y trouver d’indice pertinent. C’est au sous-sol que je fis la découverte.
Au fond d’une vieille malle je trouvai un coffre de taille réduite muni d’un cadenas que je fis sauter avec empressement. À l’intérieur, soigneusement pliées et classées se trouvaient des photographies de moi, de ma femme, de mon fils, de ma maison.
Je le tenais.
Dans sa chambre à coucher, j’extirpai un revolver d’en dessous de son matelas. J’eus tôt fait de dénicher les munitions. Je chargeai l’arme, m’empressai de remettre un semblant d’ordre dans la maison et m’installai confortablement dans la cuisine en savourant à petites lapées le meilleur vin de sa cave.
Je ne l’attendis pas longtemps.
Il ouvrit sa porte, la referma et s’avança dans le couloir en sifflotant. Je ne pus réprimer un sourire.
Dès que je le vis, je fondis sur lui, l’immobilisai et lui plantai son revolver sur la nuque. Il ne réagit pas, probablement trop affolé par la perspective de sa mort prochaine.
Sans un mot, il m’écouta lui raconter ma misère, ma douleur, ma rage, ce que j’aurais fait à sa femme s’il en avait eu une.
Mais maintenant, voilà, le moment est venu d’appuyer sur la détente, et j’hésite.
Non que j’aie la moindre pitié pour la loque humaine qui sanglote sous moi en ce moment.
Mais je suis conscient que je pourrais agir autrement. Je pourrais l’épargner, et laisser d’autres décider de sa peine. Mais j’ai déjà donné une chance aux autres. Ils ont cru qu’il était impossible de retrouver l’assassin de ma femme, de mon fils. Pourtant, j’y suis parvenu. Il m’incombe donc la tâche de me faire justice.
Il existe encore une réticence à commettre l’irréversible. Si je tue cet homme, je franchirai la mince ligne séparant la civilisation de la bestialité. Passé cette frontière, dans quel monde atterrirais-je ?
Je n’ai rien d’un héros. J’aimerais bien, mais ce n’est pas le cas.
Je n’ai pas la force de faire ce qui est bien. Je suis devenu un fou, un criminel, au même titre que celui qui s’apprête à être ma première proie.
Et, considérant l’accomplissement de ma vengeance, je compte bien devenir d’ici peu ma seconde et dernière victime.
Merci Crossc33
Citation de Montana #481037
Oserais-je te demander si ce texte/livre est de toi? ;)
ps : un tout tout petit - ? - sur la culpabilité hypothétique de michel dûe en effet à la seule présence d'une malle que quelqu'un aurait pu placer là pour que cet homme commette l'irréparable vis à vis de michel ;(
bravoooo vraiment :)
Tout mes textes sont de moi Crossc33.
Mais un assassin peut aussi commettre des erreurs et ainsi laisser une malle bien en vue.
Merci en tout les cas, d'avoir lu mon texte.
Citation de Montana #481044
Oui c'est vrai 👍😉
Si tu as d'autres textes que tu as envie de partager je serais ravie de les lire :)
Bonne soirée 🌃
J'adore, merci
Je vais mettre d'autres histoires, patience....
En tout les cas merci d'avoir apprécier mon texte Crossc33
Avec plaisir Faith141
Citation de Montana #481162
Hello, je crois en avoir vu d'autres aujourd'hui sur le forum. Si c'est le cas j'essaierai demain de les lire 😉 bonne nuit 🌃
Merci Reloted d'avoir apprécier mon texte.
Hey! J'ai beaucoup aimé !
Salut Visitoramus, merci beaucoup.
Wouahou !
Vous me transportez avec vos récits...
Vous avez beaucoup de talent vraiment.
Bravo 👏
Encore 😁
Merci Enden41 d'apprécier mes écrits, ça fait toujours plaisir.
Je vous emmèneraient dans mon monde, pour celles et ceux qui aiment l'horreur.
J'adore lire les polars et là c'est trop réel.
Je me porte volontaire pour en lire d'autres
A la recherche d’amitiés sincères, pour des échanges enrichissants et de bons moments. Le reste....ce serait juste magnifique
Bravo, très belle plume ! On est pris dans le tourbillon de tes mots. J'aime bien ta dernière phrase qui, en très peu de mots, laisse parfaitement comprendre la fin tragique.
Je suis preneuse d'une nouvelle histoire également !
Merci Sunlight d'avoir apprécier mon texte.
D'autre histoire viendront très prochainement.
Merci Litote d'avoir aimé mon texte.
Encore un peu de patience.....
Tu as beaucoup d'imagination👌
Enormément d'imagination, il en faut de temps en temps
on s'y croit :)
C'est le but Largol, je vous emmènes dans mes histoires. Merci d'avoir lu mon texte.
Citation de Montana #481496
Une nouvelle histoire ? ☺️🙏
Très bientôt Enden, j'ai presque fini. Encore un peu de patience....
🤗 à très bientôt 😁
Prépare toi Enden....à ne pas dormir de la nuit.....
Citation de Montana #501882
J'adore tes histoires sache le 😊
J'attends avec impatience 🤩