Je suis un jeune homme de 18 ans.
Je suis de plus en plus préoccupé par ma sexualité : je n'ai aucun désir éveillé, conscient, je ne sais pas comment et ne me masturbe pas, les rares fois où j'ai essayé de regarder un film porno, je n'ai ressenti que du dégoût. Je ne comprends aucune conversation qui parle de sexe, c'est quelque chose qui m'est inconnu, étranger même avec moi-même.
Pourtant j'ai de l'attirance physique, enfin esthétique pour les silhouettes de garçons habillés et bien dessinés à mon goût plus que pour les filles que je peux trouver jolies mais je ne regarde pas leurs formes car ça ne m'attire pas du tout.
Là nuit aussi, il m'arrive d'avoir du désir, quelque chose d'inconscient car le matin je suis parfois sali et toujours réveillé en érection il me semble.
Je trouve qu'un sexe c'est hideux, qu'un corps c'nu c'est sale et moins attirant à voir (sexe, poils, tétons...) et que le sperm pue.
Je crois que ce qu'à part le côté tactile, rien dans le sexe ne pourrait m'exciter, à part toucher, porter, caresser. Tout le reste me dégoûte rien qu'aux mots.
A part ça, je pense pourtant que j'ai un problème et que l'asexualité est peut-être un énorme blocage ou quelque chose comme ça qui agit sur le psychisme, le sur moi, l'inconscient avec le refoulement car j'ai quand même un désir pour les garçons et non pour les filles.
C'est une angoisse permanente et de plus en plus prégnante : tout le monde ne parle que de ça partout tout le temps, je ne comprends même pas les histoires de plans culs que se racontent les gars hétéros.
J'ai besoin d'aide et de réponses, s'il vous plait.
Dans la série "Fuong répond encore et toujours avec une expérience personnelle", j'ai éprouvé un truc similaire étant jeune. Ce n'était pas le sexe, le corps des mecs, ça non, j'étais frustré de ne pas y avoir accès. Mais un truc me dégoutait au plus haut point, me donnait la nausée rien que d'y penser : rouler une pelle. Je m'étais fait la promesse de ne jamais me laisser embrasser tellement ça me paraissait répugnant. Et avant 24 ans, je n'avais embrassé personne, ni homme, ni femme. Lors de ma première fois, le mec m'a d'abord tenu la main, j'ai été paralysé comme un chaton que sa mère chope par la nuque et je me suis laissé embrasser. A ma grande surprise, tous mes dégouts et préjugés volaient en éclats sur l'instant et à la fin de son baiser, c'est moi qui l'attirait pour l'embrasser de nouveau. C'est maintenant une pratique érogène pour moi et peut-être le seul moyen de me décoincer si je suis trop timide.
Je pense qu'il y a une phase où on peut trop intellectualiser, se mettre des barrières sur le truc qu'inconsciemment, on désire le plus. A moins qu'en réaction à ce qui nous répugnait un temps, on compense en se mettant à fantasmer dessus, voire à le fétichiser. Je pense que seule l'expérimentation, les sens, pourra te retourner l'esprit. Peut-être que la sensation de la peau, son odeur, le crissement des poils de l'autre, sa chaleur, son souffle ou je-ne-sais-quel autre stimuli balaiera tes dégouts avec une facilité déconcertante.
Concernant le contexte, il va de soi qu'il faut qu'il soit optimal. Mon premier mec (dont je n'étais pas amoureux) savait que j'étais puceau et s'est bien occupé de moi, ça m'allait parfaitement. Peut-être que d'autres auraient préféré quelque chose de plus primal. D'autre de plus romantique. C'est en fonction de chacun.
J'ajouterai, hors du contexte de la sexualité, que dans la vie, il y a pas mal de choses qui nous paraissent dégoutantes, répugnantes, terrifiantes, éprouvantes, que la vie nous oblige à expérimenter. Par instinct de survie mais aussi par effort d'objectivation, on se prend plus ou moins rapidement à relativiser, à rationnaliser. Je pense par exemple aux gens qui travaillent dans la santé et qui ont dû être confronté plus ou moins tôt à tout ce qui est anatomie, puis plus tard aux corps meurtris, souillés, avilis... et qu'ils doivent toucher, soigner voire cajoler. Pour ma part, au début, je trouvais tout ce qui était touché par les microbes répugnant mais maintenant, je bosse dans la microbiologie et ce qui est dégueux, répugnant, ça n'existe pas, mais à la place, j'ai la notion de dangereux, des types d'odeurs avec les molécules qui en sont la cause, etc. Je ne vais pas m'en faire des cataplasmes mais il n'y a plus de répulsion handicapante, pas de phobie.
Pour revenir sur la sexualité et tes blocages, le sperme, t'es pas obligé d'aimer ça, d'avaler ou d'accepter une faciale. Les capotes t'en préservent. Un corps sale, ça se lave. J'en connais qui sont tellement obsédés par ça que leur trip, c'est les calins sous la douche, ils s'y sentent en sécurité, à l'abri de toute souillure. Le sexe de l'autre que tu trouves laid, c'est subjectif, ton partenaire ne pensera pas la même chose du tien. Les pratiques soft (sans pénétration) existent tout comme les relations basées sur le voyeurisme. A te lire, tu n'es pas un extraterrestre mais quelqu'un qui a besoin à la fois d'être apprivoisé et d'apprivoiser le corps de l'autre. Ce dont tu as besoin, c'est quelqu'un d'attentionné et compréhensif capable de progresser sans te brusquer et d'accepter tes limites.
Pourquoi vouloir absolument rentrer dans une case? C'est ça la vraie question.
Parce que le sentiment d'appartenance est très rassurant...
Bof, récemment (pas plus tard que vendredi soir), j'ai discuté avec des amis et au contraire, l'idée de vouloir à tout pris se coller une étiquette nous gonfler un peu, mais chacun a le droit de penser différement.
C'est plus facile de rejeter une étiquette quand on s'en est donné une que d'avancer sans comprendre ce qu'on vit et sans repère par rapport à cela.
Merci de vos réactions qui sont très pertinentes.
C’est vrai que m’adresser à un psychologue ou sexologue pourrait m’éclaircir et peut-être me rassurer. Mais de ce(ux) que j’ai entendu, si pour certains « il y a autant de façon d’aimer et d’avoir une sexualité qu’il y a de personne », pour d’autres, les orientations amoureuses (Poly) et sexuelles (A, Bi, semi) etc tiennent de blocages et de refoulements à cause des parents ou de personnes qui se cherchent encore.
Oui la question des étiquettes c’est vrai que c’est idiot, même en général et Fregegui a complètement raison.
En tout cas ça me rassure de lire que vos expériences sur ce qui vous dégoûte vous ont permis de le dépasser et la notion d’apprivoiser est très importance et juste. Il faut tomber sur quelqu’un de patient.
J’admets que les stimulis attirants et les dégoûts peuvent exister et oui même dans la vie, c’est très juste. Après il se trouve que je suis plus exposé aux seconds entre tout ce que j’entends et ce que je ne saurais regarder.
Et ce que j’ai pu constater dans mes rencontres, c’est que ne pas avoir d’expérience autre que affective à 18 ans semble hors norme et ça rebute…
"J’admets que les stimulis attirants et les dégoûts peuvent exister et oui même dans la vie, c’est très juste. Après il se trouve que je suis plus exposé aux seconds entre tout ce que j’entends et ce que je ne saurais regarder."
Parce que le commerce exploite aisément les excès inverses, alors que pour toi les charlatants qui ont existé par le passé n'existent presque plus à part quelques redoutabes extrémistes religieux, et ont été remplacé par des psy qui pour être infiniment plus honéreux sont tout de mêmes plus efficaces et moins sectaires.
Tout le monde n'a pas la même libido autrement dit les mêmes besoins sexuels, mais quand on a un corps en état de marche qui le prouve tous les matins ou à la façon immature des jeunes adolescents, on peut en effet soupsonner que la peur ou le dégout de la sexualité est un blocage psychologique dont on gagnerait à atténuer les effets.
"Et ce que j’ai pu constater dans mes rencontres, c’est que ne pas avoir d’expérience autre que affective à 18 ans semble hors norme et ça rebute…"
Il y a de tout chez les hommes, y compris des machos ou frustrés qui ne rêvent que de "dépuceler" les filles comme les mecs, quoique dit comme ça cela risque aussi d'alimenter tes peurs. Comme il existe des hommes patients et protecteurs, généralement d'un âge plus mature que le tient.
Si avant de t'étiqueter hors norme tu te définissais comme un peu timide, ayant besoin d'être rassuré, de découvrir progressivement, de rester en-deça de limites qui ne t'excitent pas (typiquement la pénétration, cela concerne 20 pour cent des gays) ?