Comme un journal du soir

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Ancien membre
07/05/2018 à 00:09

Parce cela ne me semble pas interdit. Parce que ça pourrait plaire à certains. Parce que ça me plait à moi, pour commencer.

Dimanche 6 mai 2018, 23h15.

Pas un nuage. Nuit noire. Mon téléphone indique 24°C. Je suis en débardeur et en jogging, assis sur une chaise, sur ma terrasse et je ne fais rien. J’entends quelques voitures, au loin, de l’autre côté de l’immeuble. Et quelques enfants qui jouent encore, profitant de la lumière des réverbères de leur rue. Ma rue à moi est calme. J’aime ça. Je m’y sens bien. Je regrette presque de ne pas avoir pris le temps de m’assoir ici avant, une autre nuit, ou même un soir. Je ne prends jamais le temps de contempler les choses. Pourtant, que c’est apaisant.

Une voiture approche, elle ralentit, tourne et s’éloigne. Puis, à nouveau, le calme.

Je me sens bien. Vivant. C’est un sentiment étrange que je n’ai pas ressenti très souvent. Mais il est de plus en plus fréquent. Comme si l’âge me faisait me sentir bien. Je remarque que j’ai tendance à moins me soucier des choses, et je pense en être plus heureux. Je les ferai plus tard, c’est tout.

Ma vie me suffit. Il manque, certes, encore quelques petites choses pour être parfaite. Mais j’y suis presque. J’ai juste besoin de temps pour les trouver. Ça viendra, je ne m’inquiète pas. Je ne m’inquiète plus.

Il y a quelques jours, j’ai mis un terme à ma relation. Si on peut appeler ça comme ça. Après 8 mois, ce garçon ne voulait toujours pas de quelque chose de sérieux, et il continuait à rencontrer d’autres personnes. Je l’attendais sans cesse, m’en rendant malade. J’ai pleuré, le soir où je l’ai quitté, comme beaucoup d’autres. Mais ce soir, je vais mieux. Je ne suis attaché à personne. Du moins, pas suffisamment fort pour en souffrir. Des fois, je me dis que c’est le moment idéal pour mourir. Comme si j’avais atteint un état de satisfaction. C’est bizarre. Je ne le ferai pas. J’ai des trucs à faire pour demain, encore.

Je suis officiellement célibataire, et heureux. J’ai de nouveaux projets fous plein la tête. Certains me prendront une semaine et me permettront de profiter de mes amis. D’autres me prendront des mois et me permettront de m’enfuir. J’espère pouvoir les réaliser un jour, avant de revenir.

Un chat marche sur le trottoir d’en bas. Je n’avais jamais vu de chat dans ma rue. Je n’ai jamais vu de chat en ville.

L’immeuble d’en face me rend nostalgique. Les fenêtres sont éteintes pour la plupart. Seules quelques-unes sont allumées. Mais, vu l’heure, nous tendons vers une extinction progressive. Et cela me rappelle le dessin animé que je regardais quand j’étais enfant « Bonne nuit, les petits ». Dans le générique, qui se déroulait de nuit, on voyait des immeubles et leurs lumières s’éteindre. J’y suis. Les gens vont dormir les uns après les autres. Mon tour va suivre. Je n’ai pas envie. Je me sens bien.

Mon voisin, sur le balcon d’à côté, est au téléphone. Je ne l’ai jamais vu. Là, je peux seulement voir sa pantoufle. Je crois qu’il parle chinois. Je ne peux pas entendre clairement. Et une moto approche. Tant pis. On s’en fiche.

Je viens de me faire aborder sur une appli. Par un touriste. Il a une très jolie photo de profil. Celle de face me plait beaucoup moins.

Oui, mon voisin parle chinois.

Cet après-midi, j’ai semé des graines de fleurs dans les pots de mon coloc. Il y a déjà des fleurs, mais il y avait de la place, alors… Il aura la surprise. J’ai aussi mis des pépins de pomme à germer. On ne pourra jamais planter un pommier sur ce balcon, mais tant pis.

Je plais au mec de l’appli, on dirait. Je ne suis pas d’humeur à rencontrer des gens, en ce moment. Je suis bien tout seul, qu’on me laisse un peu tranquille. Je vais lui recommander des endroits à voir. Montmartre et sa vue sur la ville, pour commencer.

Et hop, je viens de lui filer mon insta. On verra bien.

Premier bâillement. Je ne vais pas tarder à rejoindre mon lit. L’immeuble d’en face compte encore moins de fenêtres allumées. Encore une moto qui rentre. Encore une voiture. Encore une fenêtre qui s’éteint. Minuit a sonné. Aucun coup n’a retenti. Je vais quitter le balcon, laisser la fenêtre ouverte. Filer dans ma chambre, faire mon sac pour demain, et dormir la fenêtre ouverte. Comme si c’était l’extérieur qui me faisait me sentir bien, ce soir. Vivement cet été. Où je pourrais profiter des soirées sans me préoccuper du travail.

Lundi 7 mai, 00h07

Commencer à faire des rencontres ?
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Ancien membre
07/05/2018 à 19:07

Lundi 7 mai, 19h05.

Je viens de finir de lire ton texte (sans la musique. Impossible de faire les 2 en même temps avec ma tablette).

J'aime toujours autant lire tes textes !

Merci !

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Ancien membre
07/05/2018 à 19:35

Lundi 05 mai 2018, 19h23

J'ai réfléchis toute la journée en faisant mes cartons. Est-ce que je devrais leur dire ? J'aurais le même débat par écrit... J'ai chaud donc j'ai attaché mes cheveux. Mais ça ne résoudra pas mon problème. Je dois leur dire ou pas ? J'en ai envie mais je ne veux pas les décevoir... Alors je ne leur dis rien... J'élude les questions. Donne des réponses bâteaux. Reste distante... Je crains la prochaine qu'on me demendera :" alors tu as un petit-ami ?". "NON NON ET NON je n'ai pas de petit-ami j'aime les femmes !" j'aimerais leur dire. Mais je ne peux pas. J'ai peur de leur réponse. Alors je ne dis rien et reste distante.

Même par écrit je n'ai pas de réponse... ce problème va tourner un moment dans ma tête ...

19h34

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Ancien membre
07/05/2018 à 22:12

C'est sympas comme texte. C'est un exercice que j'aime bien aussi.

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Ancien membre
01/06/2018 à 00:47

Vendredi 1er juin, 00h35

Mort de fatigue. Je reviens de chez mon amoureux. Mon plan cul régulier exclusif depuis 9 mois. Celui qui me rend dingue et me fait tourner en rond. Celui qui me fait du mal et me fait me sentir bien. Le même. Encore. Toujours.

J’ai passé une très bonne soirée chez lui. Très courte. Trop courte. On a à peine parlé. On a juste baisé. Il m’avait manqué. Ses câlins aussi. Beaucoup. Il a été très doux avec moi. Ça ne m’aide pas.

En sortant de chez lui, dans sa rue, j’ai croisé un pote. J’ai dû inventer une excuse pour expliquer ma présence à Paris un soir de semaine. Je suis venu voir un pote, rien de plus.

Sur le trajet, devant une salle de sport, alors que je passais en vélo, je vois un de mes élèves qui sort de la salle avec un de ses amis. Je crois qu’il ne m’a pas vu. J’espère.

Puis, après 40 minutes en vélo, à quelques mètres de chez moi, je croise un autre ami, qui se promène avec des copines à lui. Je lui fais un signe de la main, qu’il me renvoie. C’est dingue le monde qu’on peut rencontrer, quand on veut être discret et ne croiser personne.

Je suis enfin arrivé chez moi. L’estomac vide, je grignote un peu sur ma terrasse, après avoir allumé des bougies. Je me sens bien, ce soir. Peut-être parce que j’ai baisé.

On est bien sur ma terrasse. Avec toutes ces nouvelles jardinières que j’ai achetées. Un vrai petit potager. Mon coloc en est tout fier. Moi aussi.

La fatigue me prend par surprise.

Je vais aller rejoindre Morphée.

Vendredi 1er juin, 00h45

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Ancien membre
01/06/2018 à 09:03

😌 je plussoie ta morale

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Ancien membre
21/06/2018 à 05:46

Excellents!

L'idée du journal de bord, du soir, à plusieurs mains, est agréable, novatrice même.

****Jeudi 21 Juin 2018, 04:56 - 05:46.

Le chant lointain des oisillons me berce encore. Eux semblent si sereins.

Ici bas, la nuit est noire, mais, au Nord de ma fenêtre, la face visible de la lune, en croissant, rêvet une blancheur qui semblerait éternelle, inépuisable.

Toute à l'heure, la campagne avoisinante m'a offert un coucher de soleil orangé presque camaïeu, irradiant mes iris, alors que je dégustais un nouveau bouquin. Sauvé de ce garage plus que poussiéreux, "H.M.S. Ulysses" devait s'envoler pour Emmaüs, mais je l'ai soigneusement récupéré. La suave odeur de ses pages m'évoque les anciens enluminures inaccessibles que l'on préserve derrière des vitres de verres dans certains musées. Je ne sais pas ce qu'il me réserve, si ce n'est une belle expédition nautique mouvementée, imaginaire.

Le froid ardent de la nuit n'existe plus pour cette saison. Déjà, l'aube vient, à tâton.

Un souvenir remonte à la surface, issu de la semaine passée, qui me sert de refuge passager.

Je revois ce groupe de musique aux teints afro clôturer la soirée. "Osemako" c'est cela. Le saxophone couplé au patois de je ne sais quelle langue africaine allait de pair. Que de bonnes ondes en ce soir-là. La jeune femme aux longues et fines locks rousse est encore là. Elle me donne envie d'esquisser son portrait, le temps d'un court instant. La salle rougeâtre, aux lustres imitant le cristal, est d'un froid réconfortant, d'une fraîcheur propre. Je ne cherche pas le contact, je suis bien ainsi. Alors le peuple continue à danser, les enfants paraissent emplis de joie, en paix dans leur ignorance partielle. J'observe, à l'affût. Les coeurs semblent se dégivrer, le chant en symbiose nous transportent un moment. J'aimerais figer le temps, parfois, ne garder que le meilleur.

Désormais, la clarté du jour arrive, doucement. Un court sommeil m'attend. Retour à la vie diurne, bientôt.

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