Je prenais un café par une belle journée...

• PAS POUR LES ÂMES SENSIBLES, VOUS ÊTES PREVENU(E)S *

Par une belle journée de septembre, avant d'exercer mon travail d'avocat, je venais d'entrer dans ce luxueux restaurant avec son mobilier des années 80, toujours aussi indémodable et chic.

Il y avait moins de monde qu'à l'accoutumée aujourd'hui, quelques personnes étaient déjà installées aux tables séparées par des rebords modernes. Parmi elles, deux courtiers discutaient ensemble des affaires récentes au sujet de leurs nouveaux clients. À une autre table, il y avait une vieille dame aisée qui mangeait des oeufs toastés en lisant le journal. Plus loin, près des fenêtres, un technicien portoricain buvait son café.

Les serveurs effectuaient leur travail avec dignité, tous vêtus de leur tunique blanche et pantalon noir. Ils venaient de différentes régions du monde et avaient des âges différents.

Il était huit heures et demie environ, je venais de m'installer sur l'un des sièges pour prendre mon petit déjeuner : une brioche toastée à la française avec du sirop d'érable à 7$, accompagnée d'un café colombien à 1,75$.

Je pris commande auprès du serveur. C'était un homme latino dans la vingtaine, plutôt beau garçon.

Il me demandai si je voulais autre chose, je lui répondis que non, puis il repartit en me faisant un sourire.

Pendant ce temps, je regardais par une des fenêtres. Je voyais des bâtiments sous un soleil radieux.

Cela me remplit d'optimisme pour ma mission à venir. Je devais m'occuper d'une demande de divorce pour raisons d'adultère. Je me dis que l'affaire allait vite être réglée.

Cinq minutes plus tard, le serveur revint et apporta ma commande.

Je le congédia et me prépara à manger.

Je dégustai la brioche toastée avec appétit. C'était vraiment succulent et le sirop d'érable était de haute qualité.

Pendant ce temps, je pensais à l'hiver qui arrivait, la période de Noël et ce que j'allais offrir à ma petite fille de 4 ans avec l'avis de mon épouse.

Aucune idée ne me vint à l'esprit, les jouets de fille, ce n'est pas vraiment mon truc. Je demanderais l'avis de Katarina, mon épouse, qui s'y connait bien mieux sur le sujet.

La vieille dame que j'avais aperçue tout à l'heure se leva, replia son journal, le rangea dans son sac à main, et sortit du restaurant.

Le technicien discutait avec le barista qui préparait les cafés.

Vers neuf heures moins le quart, alors que je prenais mon café, une vague secousse fit trembler le bâtiment et cela se répercuta sur tout le mobilier. Tout le monde fut surpris un bref instant, puis fit comme si de rien n'était. Après tout, ce n'était peut-être qu'un petit tremblement de terre.

Un homme entra dans le restaurant, il demanda à un des serveurs : "Vous avez senti la secousse ? Je viens juste de sortir de l'ascenseur et tout tremblait autour de moi."

Le serveur lui répondit : "Oh, ce n'est rien, c'est sûrement le vent".

Ensuite l'homme prit commande et s'installa à une table non loin de la mienne.

Le temps passa, je terminai mon café, puis laissait un pourboire avec l'addition sur la table.

Je me dirigea vers la sortie.

Dans le couloir, il y avait une cohue autour des ascenseurs. Je demanda à une comptable ce qu'il se passait.

Elle me répondit que les ascenseurs étaient en panne et qu'il fallait attendre qu'ils soient réparés ou prendre les escaliers.

Je descendis alors vers les escaliers, plusieurs personnes faisaient de même.

Je marchais pendant environ quinze minutes, il faisait de plus en plus chaud et l'air devenait irrespirable.

Arrivé au 86eme étage, malgré tous mes efforts, je remarquai qu'on ne pouvait plus descendre, tous les accès étaient bloqués.

Une épaisse fumée noire se dégageait et remontait vers l'étage où je me trouvais.

Des débris volaient dans tous les sens.

Dans ce brouillard, j'aperçus des personnes méconnaissables gravement blessées qui hurlaient.

Je commença à remonter en panique après avoir trébuché sur un corps.

Je courus dans les escaliers en bousculant ceux qui descendaient et en hurlant : "N'y allez pas, les escaliers sont condamnés, il y a du feu en bas !"

Après avoir remonté tous les étages jusqu'au restaurant, j'avais sous les yeux une véritable vision d'horreur : des gens qui avaient cassé les fenêtres sautaient dans le vide en panique.

Il était 10h15 sur ma montre.

Je ne savais plus quoi faire, l'air se réchauffait de plus en plus. Le serveur qui m'avait servi tout à l'heure n'était plus là, il avait sans doute sauté par une des fenêtres.

J'avais entendu dans le couloir une rumeur selon laquelle un avion avait percuté la tour où je me trouvais, la tour Nord du World Trade Center.

C'était peut-être des terroristes, comme en 93 ?

Je n'en savais pas plus. Mon ultime espoir était l'arrivée d'un hélicoptère pour nous sortir de là, mais le temps passait et toujours rien.

Peu après 10h25, j'avais de plus en plus de mal à respirer, j'étouffais dans cet enfer et je regrettais presque de ne pas avoir sauté comme les autres par les fenêtres. Je sentais des brûlures sur ma peau, mais je ne les voyais pas, car j'avais tellement mal aux yeux que j'étais obligé de les fermer.

Je savais que j'allais mourir.

Je sentis ensuite la tour trembler, elle commença à s'effondrer et, dans une ultime prière, je souhaitais que ma femme et ma fille se portent bien.

Fin.

J'avais vraiment envie d'écrire quelque-chose sur les évènements du 11 septembre 2001. Désolé si quelques fautes d'orthographe se sont glissées, je ne suis plus habitué à écrire des histoires aussi longues (et plus vraiment habitué à écrire d'histoires du tout). C'est un premier jet. J'espère que l'histoire vous a plu. En hommage aux victimes de ces horribles attentats terroristes.

C'est seulement à la fin de l'histoire quand il dit où il se trouve que l'on comprends où il est et à quel moment historique ça se passe.

Cette histoire est bien trouvé.

Citation de Reloteb #516567

Merci pour ce commentaire.

C'était l'effet recherché, pour avoir une sensation d'immersion dans l'histoire et un effet de surprise à la fin.

Citation de SirPanther #516574

On peut dire que c'est réussi.