Barbie plus forte que le Hezbollah évite la censure au Liban
Publié le 13/09/2023 à 10:28 - Édité le 13/09/2023 à 13:20Le blockbuster mondial "Barbie" réalisé par Greta Gerwig a miraculeusement survécu à l'étau de la censure au Liban. Malgré les efforts de Mohamed Mortada, le ministre libanais de la Culture, pour emboîter le pas à l'Algérie et au Koweït en interdisant un film qui "fait la promotion de l'homosexualité et des transgenres", l'organe de sécurité en charge des validations a refusé de plier. Quelle l'ironie! C'est presque comme si la répression avait ses proposes limites...
La campagne anti-LGBT+
D'une manière assez commode, cet épisode s'intègre dans une escalade de la campagne anti-LGBT+ qui a secoué le Liban cet été. Et qui sont les pom-pom girls de cette campagne, me demandez-vous ? Des politiciens de tous bords, du Hezbollah aux groupes chrétiens d'extrême droite. Leur message unifié : l'homosexualité, ou comme ils aiment à le dire, la "perversion", menace la société libanaise.
Hélas, ces appels virulents à combattre ce discours trouvent une oreille attentive auprès d'une large partie de la population.
Quand la discrimination détourne l'attention des véritables crises
Dans un pays déjà au bord de l'effondrement économique, cette escalade de stigmatisation a enterré un projet de loi visant à dépénaliser l'homosexualité. Mais ne vous inquiétez pas, les persécuteurs n'ont pas été inquiétés. Au contraire, ils continuent à sévir, harcelant même les députés qui osaient soutenir le texte. Barbie, ce film tant décrié, a fait plus que simplement échapper à l'interdiction. Il est devenu un symbole, un miroir tendu à une société qui, dans sa hâte à diaboliser une communauté déjà marginalisée, a oublié de se regarder elle-même.
Une once d'espoir : la télévision libanaise
Voilà une lueur d'espoir au milieu de la tempête: Murr TV (MTV), une chaîne d'information libanaise, a frappé fort en diffusant un court-métrage audacieux appelant à la dépénalisation de l'homosexualité. Imaginez la scène : deux hommes dans un ascenseur, un troisième les rejoint, brandit une arme puis repart. Le message est limpide : il y a des crimes, et puis il y a l'amour.
"Nous ne faisons pas la promotion de l'homosexualité, nous faisons la promotion de sa dépénalisation", précise Walid Abboud, le directeur de l'information de MTV. Car oui, il semble que cette nuance échappe à certains.
Un ministre de la culture... Sans culture
Le plus divertissant dans cette affaire, c'est la réaction de Mohammad Mortada, le ministre de la Culture. Il qualifie la dépénalisation de l'homosexualité de "crime de trahison" et accuse ceux qui appellent à cette dépénalisation de servir "l'agenda israélien". On aurait presque envie de le féliciter pour avoir trouvé une manière aussi originale de mélanger homophobie et ignorance. Un véritable deux-en-un d'intolérance !
Le court-métrage comme étincelle sociale
Ce petit film a suscité une avalanche de réactions. D'un côté, les voix progressistes ont qualifié cette initiative d'historique pour les droits LGBT au Liban. De l'autre, il y a ceux qui sont encore convaincus que l'amour entre deux adultes consentants doit être criminalisé. On vous laisse deviner quel camp a sérieusement besoin d'une mise à jour de son logiciel moral.
Pour conclure, ce court-métrage est peut-être une simple goutte dans l'océan, mais chaque goutte compte. Surtout lorsqu'on lutte contre un torrent d'ignorance et de haine. Et pour ceux qui s'offusquent de ce petit pas en avant, un petit rappel : l'amour triomphe toujours de la haine. Toujours.
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