Géorgie: une influenceuse trans tuée après le vote d'une législation anti-LGBT

Points clés à retenir :

• Kesaria Abramidzé, personnalité influente de la communauté transgenre de Géorgie, a été assassinée dans son domicile.
• Cet homicide a suivi l’adoption d'une loi controversée réprimant la promotion de relations homosexuelles en Géorgie.
• Le crime a été qualifié de "meurtre prémédité commis avec une cruauté singulière" par le ministère de l’Intérieur géorgien.
• La Géorgie connaît une montée des tendances conservatrices et une répression accrue de la communauté LGBT+, soutenues par le parti au pouvoir, le "Rêve Géorgien".
• Abramidzé, qui avait vécu une relation toxique, était une voix forte contre la violence domestique dans son pays.
• Le communiqué sur la transition de genre d'Abramidzé avait permis à la Géorgie d’être représentée au concours de Miss Trans Star International en 2018.
• L'avenir des droits des communautés LGBT+ en Géorgie continue de susciter des inquiétudes, particulièrement après l'adoption de cette loi contre l'homosexualité.

Le 17 septembre dernier, une nouvelle loi réprimant la "promotion de relations homosexuelles" a été vedette des bulletins d'informations en Géorgie. Mais une tragédie est venue éclipser cette lutte pour les droits. Kesaria Abramidzé, figure populaire de la communauté transgenre de Géorgie, reconnue influenceuse, actrice et mannequin, a été retrouvée morte dans son domicile, seulement un jour après la mise en place de cette loi controversée.

Son corps a présenté des signes de multiples blessures par armes blanches, a déclaré le ministère de l'Intérieur de cette nation caucasienne. Un suspect a été mis dans les filets des forces de l'ordre - identifié en tant que petit-ami par des médias locaux. Plus d'un demi-million de personnes se sont retrouvées orphelines du coloré contenu de Kesaria sur Instagram, en raison de cette tragédie.

"Un meurtre prémédité commis avec une cruauté singulière et des circonstances aggravantes liées au genre", telle est la description officielle qui a suivi ce sombre événement, selon le communiqué du ministère de l’Intérieur.

Alors que l'ombre tombe sur la liberté de la communauté LGBT+

Ce fait divers désolant intervient dans un contexte législatif marqué par des récents changements. Si aucune preuve n'établit à l'heure actuelle un lien entre l’adoption de la loi restrictive anti-LGBT+ et le décès de Kesaria, l'afflux simultané de ces deux événements a suscité des inquiétudes parmi la communauté LGBT+.

La première nation chrétienne orthodoxe à briser les chaînes de l'Union soviétique pour rechercher un rapprochement avec l'Occident, dont des visées sur l’adhésion à l’UE et l'OTAN, la Géorgie fait face à un revirement conservateur. Ce soutien national naissant pour les valeurs anti-occidentales est alimenté par le parti au pouvoir, le "Rêve Géorgien".

La figure suivie et respectée que fût Kesaria Abramidzé avait ciblé, à plusieurs reprises avant sa disparition, l'insuffisance de l'action législative contre la violence domestique. En avril, tel un cri dans la nuit, elle avait écrit sur les réseaux sociaux vivre dans une relation toxique depuis deux années, voyageant même à l'étranger pour mettre de la distance entre elle et son violent partenaire. "Non au féminicide qui est devenu si fréquent dans notre pays!" avait-t-elle clamé. Blason de la diffusion d'information sur sa transition de genre, elle avait valu à la Géorgie une représentation lors du concours de Miss Trans Star International en 2018.

Les tumultes actuels que connaît la Géorgie ne sont pas une surprise pour le commissaire aux droits humains du pays. Un rapport daté de 2022 qualifiait cette violente réalité sulfureuse d’être des "violences persistantes" à l’encontre de la communauté LGBT+. Cette communauté retrouve sa place au cœur des débats avec une nouvelle loi, toujours en attente d'officialisation, réprimant la promotion de relations homosexuelles tout en établissant des restrictions concernant les "rassemblements et manifestations". L'inceste et l'homosexualité ont été malheureusement placés, par cette loi, sur le même échiquier législatif, provoquant l'indignation de groupes de défense des droits.

Ainsi aujourd'hui, le destin de la Géorgie reste incertain quant à son rapport à ses citoyens LGBT+, un nuage tenant en échec le soleil de la liberté pour cette communauté.