L'Italie en croisade contre « la propagande de genre dans les écoles »
Publié le 13/09/2024 à 13:15 - Édité le 13/09/2024 à 13:30Points clés à retenir :
- Une motion controversée anti-LGBTQ+ a été adoptée par la Commission Culture de la Chambre des députés italienne le 29 septembre, principalement soutenue par des membres de la coalition de la Ligue, un parti politique conservateur.
- Rossano Sasso, sous-secrétaire à l'Éducation, appuie cette motion, qui vise à supprimer toute forme d'enseignement sur les questions LGBTQ+ dans les écoles italiennes.
- Les partisans de la motion prétendent vouloir protéger les jeunes italiens d'une prétendue "idéologie nuisible", qu'ils associent à une sexualisation précoce, notamment à travers des initiatives comme Erasmus DragTivism, un projet éducatif artistique.
- Des opposants politiques et des organisations LGBTQ+ comme Arcigay, l'une des principales associations italiennes de défense des droits LGBTQ+, condamnent la motion, la considérant comme une attaque directe contre les droits et l'identité des personnes non-hétérosexuelles.
- Cecilia D'Elia, membre du Parti Démocratique, et Marta Rohani, représentante d'Arcigay, se sont publiquement opposées à cette motion, appelant à plus de reconnaissance et d'inclusion dans une société démocratique.
- Cette motion intervient dans un climat de plus en plus hostile envers la communauté LGBTQ+ en Italie, marqué par une hausse des violences homophobes.
La situation en Italie et les enjeux de cette motion
Le 29 septembre dernier, la Commission Culture de la Chambre des députés italienne a adopté une motion très controversée, initiée par des membres de la Ligue, un parti d'extrême droite dirigé par Matteo Salvini. Ce texte, soutenu par Rossano Sasso, le sous-secrétaire à l'Éducation, propose de supprimer tout contenu lié aux personnes LGBTQ+ dans les écoles italiennes. Ce geste est perçu par beaucoup comme un recul des droits et des libertés pour les jeunes LGBTQ+ en Italie.
La justification des partisans de cette motion repose sur l'idée de protéger la jeunesse italienne contre ce qu'ils considèrent comme une "idéologie dangereuse" qui sexualiserait les enfants de manière prématurée. Ils critiquent notamment des initiatives comme Erasmus DragTivism, un programme éducatif artistique qui combine la culture drag et les valeurs d'inclusion pour sensibiliser les jeunes à la diversité.
Arcigay et la résistance face à la motion
Cette motion a suscité une opposition forte, notamment de la part de Arcigay, la plus ancienne et influente association italienne pour la défense des droits des personnes LGBTQ+. Fondée en 1985, Arcigay lutte pour l'égalité des droits, la reconnaissance légale des couples de même sexe, et la fin des discriminations basées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.
Selon Arcigay, cette motion fait écho à des politiques répressives similaires mises en place en Russie et en Hongrie, deux pays qui ont récemment adopté des lois limitant les droits des LGBTQ+. Marta Rohani, responsable des questions éducatives chez Arcigay, a critiqué cette initiative comme une attaque contre les principes de diversité et de respect mutuel qui devraient être au cœur du système éducatif.
Elle a également dénoncé l’apparition de la "théorie du genre" dans le discours politique italien. Ce concept, souvent utilisé par l'extrême-droite et certains mouvements religieux conservateurs, est brandi comme une menace pour la famille traditionnelle. Toutefois, pour Marta Rohani, cette théorie est une construction idéologique destinée à marginaliser davantage les personnes LGBTQ+.
Réactions politiques et implications pour la communauté LGBTQ+ en Italie
Dans le paysage politique italien, plusieurs figures de l'opposition ont également pris la parole pour condamner cette motion. Cecilia D'Elia, membre du Parti Démocratique, a fermement critiqué ce texte en soulignant qu'il s'agissait d'une tentative sournoise de restreindre les droits civils, déguisée en mesure éducative.
Elle a insisté sur le fait que l'éducation à la diversité et à l'inclusion est essentielle pour une société démocratique moderne, et que les écoles doivent rester des lieux où l'on apprend à respecter les différences. Pour elle, cette motion représente un danger pour les jeunes LGBTQ+ en Italie, qui risquent d'être privés d'une éducation leur permettant de comprendre et d'accepter leur identité.
Cette opposition s'inscrit dans un contexte plus large de montée des violences homophobes en Italie. Ces derniers mois, plusieurs incidents tragiques ont fait la une des journaux. À Palerme, un jeune homme gay s'est suicidé après avoir subi des pressions et des discriminations en raison de son orientation sexuelle. À Crémone, une agression homophobe contre un couple gay a également choqué l'opinion publique.
Ces événements soulignent la vulnérabilité accrue de la communauté LGBTQ+ dans un pays où les discours politiques de plus en plus conservateurs encouragent une atmosphère de rejet et d'intolérance. Le gouvernement italien actuel, qui est dominé par des partis de droite et d'extrême-droite, adopte une posture ambivalente sur les droits LGBTQ+, ce qui inquiète les défenseurs des droits humains.
La motion adoptée par la Commission Culture de la Chambre des députés italienne constitue une menace pour les droits des personnes LGBTQ+ en Italie. En cherchant à bannir tout enseignement sur ces questions dans les écoles, les partisans de ce texte tentent de freiner la progression des droits civils et de limiter la visibilité des identités non-hétérosexuelles.
Face à cela, des organisations comme Arcigay et des figures politiques progressistes continuent de résister, défendant une société plus inclusive et égalitaire. L'enjeu est crucial pour la communauté LGBTQ+ italienne, qui fait face à un climat de plus en plus hostile, tant sur le plan politique que social.
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